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AccueilNuméros56-1De l’Empire allemand à l’Europe :...Un théoricien libéral de la « col...

De l’Empire allemand à l’Europe : Strasbourg, Poznań et leur héritage allemand

Un théoricien libéral de la « colonisation intérieure » : Max Sering entre l’Alsace et la Posnanie, en passant par les grandes plaines de l’Amérique

Robert L. Nelson
Traduction de Alexandre Kostka (avec l’aide de Nathalie Roussel)
p. 56-75

Résumés

Cette contribution s’intéresse à l’un des plus importants théoriciens de la « colonisation intérieure », Max Sering (1858-1939). Il a été influencé de manière décisive par sa formation à l’Université Kaiser Wilhelm de Strasbourg auprès des économistes nationaux Georg Friedrich Knapp et Gustav Schmoller, libéraux de gauche, et qui plaidaient pour une exploitation rationnelle des grandes exploitations agricoles sur l’arrière-plan d’un espace alsacien trop densément peuplé. Lors d’une mission en Amérique du Nord en 1883, Sering avait vu une réalisation de cet idéal, les fermes de 160 acres (67 hectares) créées par le Homestead Act (1862), et qui avaient repoussé la frontière des terres colonisées de plus en plus vers l’ouest. À son retour en Allemagne, il s’est battu pour une mise en œuvre pratique d’une « colonisation intérieure » moderne dans les provinces orientales de l’Empire, la Posnanie et la Prusse-Occidentale. Là, les propriétés possédées par les junkers étaient exploitées par des travailleurs saisonniers polonais, une solution qui n’était avantageuse ni sur le plan économique ni sur le plan politique. Le pouvoir politique des junkers ne permit cependant pas de réforme en profondeur. Les efforts intensifiés à partir de 1886 pour racheter des biens polonais et les distribuer à des colons allemands furent tout aussi infructueux. Les victoires allemandes pendant la Première Guerre mondiale semblaient dans un premier temps permettre une solution qui prévoyait un déplacement à grande échelle de la population polonaise des provinces orientales prussiennes vers les territoires « vides » créés par le traité de Brest-Litovsk et contrôlés par l’Empire. Mais il n’était plus question d’y penser après la défaite de l’Allemagne. Sering aurait certes protesté contre les plans brutaux de colonisation de l’Europe de l’Est par les nazis – mais il est difficile de nier qu’ils rejoignaient sur plus d’un point les positions qu’il avait défendues sur le déplacement de la population polonaise.

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Extrait du texte

Ce document sera publié en ligne en texte intégral en juin 2025.

Plan

L’expérience des frontières, de l’Elbe au Rhin
Les plaines d’Amérique, vues depuis les collines d’Obernai ?
Homesteads pour l’Allemagne : la colonisation intérieure, de 1886 à 1914
La création d’une frontière ouverte : l’Allemagne à la conquête de l’Est, 1914-1918
L’héritage d’une frontière orientale : Sering dans les années Weimar et à l’apogée du Troisième Reich
Conclusion

Aperçu du texte

Pourquoi l’économiste agraire Max Sering (ill. 1) était-il si enthousiaste, en septembre 1915, en découvrant les fermes abandonnées de la Lettonie déchirée par la guerre ? Qu’est-ce que ce spécialiste de la colonisation, qui avait travaillé pendant des décennies pour trouver des terres aux paysans allemands dans les provinces de l’est de la Prusse a bien pu découvrir dans les plaines de ce qui fut le royaume des chevaliers teutoniques ? Ce qu’il avait sous les yeux était la quintessence du rêve du colonisateur depuis la nuit des temps. C’était la prise de conscience que la terre dont on venait de faire la conquête était, en fait, « vide ».

Ill. 1. Prof. Dr. Max Sering, 1906, in Die Woche (BNUS A.12.746).

Ill. 1. Prof. Dr. Max Sering, 1906, in Die Woche (BNUS A.12.746).

Sering avait appris de ses maîtres à la Kaiser-Wilhelm-Universität de Strasbourg, notamment du célèbre « socialiste de la chaire » Gustav Schmoller (ill. 2), qu’une région agricole trop morcelée, trop densément peuplée, comme celle de l’Alsace, était loin ...

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Pour citer cet article

Référence papier

Robert L. Nelson, « Un théoricien libéral de la « colonisation intérieure » : Max Sering entre l’Alsace et la Posnanie, en passant par les grandes plaines de l’Amérique »Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, 56-1 | 2024, 56-75.

Référence électronique

Robert L. Nelson, « Un théoricien libéral de la « colonisation intérieure » : Max Sering entre l’Alsace et la Posnanie, en passant par les grandes plaines de l’Amérique »Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande [En ligne], 56-1 | 2024, mis en ligne le 19 juin 2025, consulté le 24 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/allemagne/3960 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11uxe

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Auteur

Robert L. Nelson

Directeur du département d’histoire de l’université de Windsor, Canada

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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