Maurice Carrez, Jean-Marc Olivier, Histoire des pays nordiques xixe-xxie siècles
Maurice Carrez, Jean-Marc Olivier, Histoire des pays nordiques xixe-xxie siècles, Paris, Armand Colin, 2023, 398 pages.
Texte intégral
1Ce manuel inédit offre un panorama des particularismes de l’histoire des pays scandinaves et de la Finlande, en en exposant de manière globale les aspects économiques, sociaux, politiques, culturels et diplomatiques, dans le cadre d’un plan chronologique en six parties. On retiendra ici qu’il permet plus particulièrement de mesurer quel fut le poids et l’influence souvent déterminante de l’Allemagne sur l’évolution des pays nordiques, au cours des deux derniers siècles.
2La fin des guerres napoléoniennes entérina le déclin de la puissance des royaumes du Danemark et de la Suède à travers des reconfigurations territoriales qui fractionnèrent l’espace baltique, la Poméranie suédoise étant alors annexée par la Prusse. Dans le courant du premier xixe siècle, ce furent les duchés du Schleswig et du Holstein, ce dernier intégré dans la Confédération germanique et très majoritairement germanophone, qui alimentèrent les tensions nationalistes. Si l’intervention des grandes puissances permit, avec les protocoles de Londres de 1852, de réaffirmer l’autorité du Danemark sur les duchés, la défaite du Danemark, lors de la deuxième guerre des duchés, en 1864, puis de l’Autriche face à la Prusse, en 1866, donna l’occasion à cette dernière d’annexer les duchés sans tenir compte de la volonté des populations danophones du Schleswig du Nord, et contraignit le Danemark, qui n’avait pas pu compter sur le scandinavisme, de se replier sur des frontières restreintes. La mer Baltique fut désormais placée sous la coupe du Reich, mais aussi de la Russie et du Royaume-Uni, et les pays nordiques furent contraints de s’adapter à un environnement international sur lequel ils pesaient peu.
3L’expérience de la Première Guerre mondiale se révéla douloureuse pour les pays scandinaves restés neutres, alors que la mer du Nord était déclarée zone de guerre. La prépondérance allemande s’affirma dans la Baltique. Le commerce de la Suède avec le Reich se trouva multiplié par trois. Les troupes allemandes intervinrent en 1918 dans la Révolution finlandaise en débarquant sur les îles Åland et sur plusieurs points de la côte méridionale de la Finlande. Au lendemain de la guerre, les nationalismes furent exacerbés dans les pays nordiques sur fond de restructurations territoriales, alors que l’Allemagne, comme la Russie, se retrouva provisoirement mise hors-jeu. Mais au cours des années 1930, Allemands et Britanniques s’opposèrent à nouveau dans la mer Baltique, alors que l’URSS s’inquiétait pour la sécurité de Leningrad.
4La « décade tragique » des pays nordiques (1939-1949) débuta par l’invasion et l’occupation du Danemark et de la Norvège par les forces armées du Reich au printemps 1940, alors que la Finlande, agressée par l’Union soviétique lors de la guerre d’hiver (1939-1940), s’engagea ensuite de manière incertaine et hasardeuse au côté du Reich dans la guerre dite de continuation pour la reconquête de l’isthme de Carélie (1941-1944), avant de se retourner contre son ancien allié lors de la guerre de Laponie (1944-1945) pour obtenir la libération de la totalité de son territoire. Quant à la Suède, elle pratiqua une neutralité très opportuniste tout au long de la Seconde Guerre mondiale, neutralité d’abord très favorable au Reich en direction duquel elle intensifia ses exportations de minéraux de fer, avant d’opérer un désengagement lors de la deuxième phase de la guerre, dans les années 1943 à 1945, au cours desquelles les diplomates suédois s’investirent plus particulièrement dans des opérations humanitaires, en vue entre autres d’obtenir la libération de détenus des camps de concentration.
5Au lendemain de la guerre, les Danois ne purent rester indifférents à la mise en place de la Communauté Économique Européenne, dès lors que le lucratif marché de la RFA devait s’y intégrer. Les négociations échouèrent cependant dans un premier temps et les pays nordiques rejoignirent l’AELE. Mais à partir de 1970, Oslo et Copenhague posèrent leur candidature à la CEE, en même temps que l’Irlande et le Royaume-Uni. Le processus de ratification par voie référendaire échoua en Norvège, alors que le Danemark fit en 1973 son entrée dans l’Europe de Bruxelles.
Pour citer cet article
Référence papier
Michel Fabréguet, « Maurice Carrez, Jean-Marc Olivier, Histoire des pays nordiques xixe-xxie siècles », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, 56-1 | 2024, 249-250.
Référence électronique
Michel Fabréguet, « Maurice Carrez, Jean-Marc Olivier, Histoire des pays nordiques xixe-xxie siècles », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande [En ligne], 56-1 | 2024, mis en ligne le 19 juin 2024, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/allemagne/3850 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11ux1
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