Navigation – Plan du site

AccueilNuméros355Comptes rendusCharles Frostin, Les révoltes bla...

Comptes rendus

Charles Frostin, Les révoltes blanches à Saint-Domingue aux XVIIe et XVIIIe siècle

Jean-Claude Halpern
p. 229
Référence(s) :

Charles Frostin, Les révoltes blanches à Saint-Domingue aux XVIIe et XVIIIe siècle, préface d’Olivier Pétré-Grenouilleau, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008, 265 p., ISBN 978-2-7535-0548-3, 20 €.

Texte intégral

1Publié pour la première fois en 1975, Les révoltes blanches à Saint-Domingue aux XVIIe et XVIIIe siècle de Charles Frostin, sont devenues une référence incontournable. Le livre vient d’être réédité avec une préface très synthétique d’Olivier Pétré-Grenouilleau, par les Presses Universitaires de Rennes.

2L’auteur passe en revue les raisons et les manifestations de l’agitation blanche à Saint-Domingue, depuis les années 1670, qui suivent la prise de possession de la partie occidentale de l’île par la France, jusqu’à la grande révolte noire d’août 1791. Les flibustiers venus de l’île de la Tortue forment le premier noyau d’un peuplement particulièrement instable, parfois d’origine protestante. Plus tard, au XVIIIe siècle, la population de la partie française se renouvelle profondément avec le passage à l’économie de plantation, la primauté sucrière et la concentration de la propriété ; tandis que les plus grands propriétaires sont volontiers absentéistes et résident en métropole, « l’esprit colon » est bien davantage représenté par moyens et petits propriétaires, renforcés par la masse des « blancs à gages », population mouvante de petits blancs prêts à s’échauffer au premier prétexte. Magistrats-colons et habitants-propriétaires maintiennent la fiction d’une colonie fondée par des particuliers qui se donne volontairement au roi de France moyennant le respect de ses libertés et privilèges, et s’opposent au pouvoir royal dans ses prétentions à faire appliquer le Code noir, à prélever de nouvelles taxes, ou à maintenir l’exclusif.

3Défense des franchises coloniales en 1670, troubles sociaux à la fin du XVIIe siècle, agitation contre la Compagnie des Indes en 1723 sont analysés tour à tour. Ce dernier mouvement marque un tournant important dans l’histoire de la colonie, qui s’incline devant le pouvoir royal, mais prend conscience de sa personnalité et de sa force.

4L’anglophilie s’affirme après la guerre de Sept Ans : avec une substitution de domination, les colons s’administreraient eux-mêmes, bénéficieraient d’une liberté commerciale plus grande. « Esprit de Saint-Domingue » qui se manifeste au moment de la crise de 1769, double mouvement teinté d’autonomisme contre la milice et la grande propriété absentéiste. La révolution des Treize colonies d’Amérique du Nord n’éveille dès lors, paradoxalement, pas grand écho : l’intervention française provoque les réticences des planteurs, d’autant qu’elle s’accompagne de la levée d’une force expéditionnaire de gens de couleur, et la guerre d’indépendance américaine fait encore plus ressentir la dépendance de la colonie à l’égard du commerce de Boston. Et, quand éclate la Révolution française, les blancs, aveuglés par leur hostilité à Versailles et, sur place, au pouvoir des intendants, cherchent avant tout à faire sauter le carcan administratif métropolitain et à maintenir le régime discriminatoire frappant les libres de couleur. C’est la porte ouverte au cycle des révolutions de Saint-Domingue, à la révolte des esclaves.

5La réédition des Révoltes blanches est la bienvenue, tant l’ouvrage reste fondamental pour mieux comprendre la désintégration du pouvoir blanc qui conduit à l’indépendance d’Haïti.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Claude Halpern, « Charles Frostin, Les révoltes blanches à Saint-Domingue aux XVIIe et XVIIIe siècle »Annales historiques de la Révolution française, 355 | 2009, 229.

Référence électronique

Jean-Claude Halpern, « Charles Frostin, Les révoltes blanches à Saint-Domingue aux XVIIe et XVIIIe siècle »Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 355 | janvier-mars 2009, mis en ligne le 01 décembre 2009, consulté le 06 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/ahrf/10777 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/ahrf.10777

Haut de page

Auteur

Jean-Claude Halpern

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search