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AccueilNumérosHS 3Le collectif comme auteur ?Le collectif et sa renverse

Le collectif comme auteur ?

Le collectif et sa renverse

Une lecture de Petrol
Sylvain Diaz

Résumés

« Petrol est un auteur collectif. Il n’est pas un collectif d’auteurs », affirment Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone et Michel Simonot qui écrivent tout quatre sous ce nom depuis 2005. À partir de l’analyse génétique et dramaturgique des différents états du Souffle et sa renverse (2019), il s’agit dès lors de se demander en quoi Petrol œuvre à une renverse du collectif sur les plans tant poétique que politique, tant grammatical que moral. Par l’étude successive d’instances singulières – la figure, la voix, l’auteur.e –, on montrera comment Petrol travaille moins à une « construction de cette notion de collectif » qu’à sa déconstruction.

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Texte intégral

  • 1 Dans le cadre d’un « redécoupage » des régions entré en vigueur en le 1er janvier 2016, la « Réside (...)
  • 2 Sylvain Diaz, « Résidence d’artiste : Petrol (saison 2017-2018) », dossier déposé auprès du Program (...)

1« P-E-T-R-O-L » : les six lettres blanches se détachent sur les tee-shirts noirs de Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone et Michel Simonot lorsqu’à la manière d’un boys band décalé, ils montent, ce 5 octobre 2017, sur une scène strasbourgeoise pour y lire un extrait de leur première pièce, écrite ensemble en 2005 : L’Extraordinaire Tranquillité des choses. Les quatre auteurs lancent ainsi leur résidence dans les quatre universités de la (nouvelle) Région Grand Est1 : par l’entremise de leurs services d’action culturelle et avec le soutien de leurs présidences, les Universités de Haute-Alsace, Lorraine, Reims Champagne-Ardenne et Strasbourg souhaitaient alors témoigner, de manière tout à fait inédite, d’une « ambition culturelle conjointe […] en travaillant d’emblée, dans le champ pédagogique et scientifique qui est le leur, au développement d’une action artistique [croisée] » qui prendra la forme, au cours de la saison 2017-2018, d’une « résidence d’artiste itinérante2 ».

2Dans ce cadre, point de commande formulée, mais un motif mis en avant : celui du « collectif3 », qui explique l’invitation de ces quatre auteurs écrivant, sous le nom de Petrol, « à huit mains4 » depuis une quinzaine d’années. De manière inattendue, leur note d’intention rend toutefois saillante une approche contrastée du collectif, d’emblée soumis à la question :

Qu’est-ce qu’un collectif ? Tout rassemblement de personnes constitue-t-il un collectif ? Un collectif est-il plus que la somme de ses parties ? Suffit-il d’être là, ensemble, pour agir et penser collectivement ? […]

  • 5 Petrol, « Généalogie d’une étincelle » (2017), Résidence Petrol 2017/2018 – Un auteur collectif dan (...)

Petrol travaillera cette année à la construction de cette notion de collectif, qui semble nous échapper, et nous condamner à demeurer dans l’esseulement individualiste, ou bien nous aliéner aux logiques totalitaires du groupe et de la masse5.

  • 6 Michel Simonot a été accueilli en résidence à l’Université de Strasbourg en novembre 2017. Lancelot (...)
  • 7 Sous le titre La prochaine fois, nous choisirons la nuit, la pièce a été d’abord mise en lecture, a (...)

3Notamment issue d’ateliers d’écriture menés par chacun des quatre auteurs au cours de son accueil dans l’un des quatre établissements6, Le Souffle et sa renverse, pièce encore inédite quoiqu’ayant déjà fait l’objet de mises en lecture7, travaille, dans le prolongement de la note d’intention, à inquiéter le collectif, plutôt qu’à le conforter. Daté du 6 février 2018 et encore non titré, le premier manuscrit s’ouvre ainsi sur un « enregistrement » où l’on perçoit des « grésillements de voix » s’interrogeant sur la possible articulation du « je » au « nous » :

Quels sont les moments du Nous ?

On voulait faire un truc ensemble

Quel est le point où le Nous aliène le Je ?

Ensemble

Un truc

Ensemble

Quel est le point où le Nous élève le Je ?

Le déploie

L’augmente

Le transcende en un Je nouveau

Un Je/Nous

Un je/nous qui s’articule au corps de la collectivité

Nous

Pas le groupe, la meute, le clan, la tribu, la masse mais

La communauté

  • 8 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse datée du 6 février 2018 et établie (...)

Quelle articulation sommes-nous ? Quel Je/nous8 ?

  • 9 La pièce s’est successivement intitulée Infinis trajets, C’est dans la forêt que nous voulions fuir (...)
  • 10 « Renverse », Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, https://www.cnrtl.fr/definitio (...)
  • 11 Jean-Pierre Lefevre, « Notice », in Paul Celan, Renverse du souffle (1967), trad. J.-P. Lefevre, Pa (...)
  • 12 Dans la poésie de Celan, « la renverse […] est l’expression d’une hypothèse positive », selon Jean- (...)
  • 13 Id.

4Encore maladroites, les formules – appelées à disparaître dans les états postérieurs du texte – attestent d’une recherche tout à la fois littéraire et idéologique où il ne s’agit pas seulement d’envisager le collectif et son écriture, mais aussi, mais surtout sa « renverse », pour reprendre le titre définitif de la pièce9 qui réfère à Paul Celan : dans Le Méridien (1966) comme dans Renverse du souffle (1967), le terme, normalement réservé dans sa forme substantivée à un usage maritime ou technologique10, désigne en effet « plus qu’un simple changement d’orientation du souffle, virage ou tournant » ; il décrit « le moment intermédiaire entre les deux temps de la respiration pendant lequel le flux respiratoire s’inverse et repart dans l’autre sens11 ». Chargée de possibles12 mais frappée de suspens, la renverse témoigne fondamentalement d’un doute quant à l’effectuation de ce qui doit, ou plutôt de ce qui peut suivre : ainsi le souffle peut-il tendre « vers le silence ou l’absurde », vers la vie ou la mort13, selon une incertitude qui structure la pièce même de Petrol. Le Souffle et sa renverse se déploie en effet en cinq parties où, à travers une trajectoire pneumatique (« On souffle ? » / « Apnée » / « Inspir » / « Renverse » / « Souffle »), c’est le collectif lui-même qui est à son tour frappé de suspens et chargé de possibles, afin que puisse être envisagé ce vers quoi lui aussi peut tendre.

  • 14 L’étude sera ici menée à partir de six états différents du texte, établis entre février 2018 et sep (...)
  • 15 Petrol, « Généalogie d’une étincelle », op. cit.

5Aussi, à partir de l’analyse de différents états du Souffle et sa renverse que m’ont aimablement confiés les auteurs14, on pourra se demander en quoi, à rebours d’une dynamique créatrice qui le dépasse, Petrol œuvre à une renverse du collectif sur les plans tant poétique que politique, tant grammatical que moral. Par l’étude successive d’instances singulières – la figure, la voix, l’auteur·trice –, on montrera comment Petrol travaille moins à une « construction de cette notion de collectif15 » ainsi qu’il le revendique qu’à sa déconstruction, projet qui n’est évidemment pas sans impact tant sur l’écriture du collectif – sa dramaturgie – que sur le collectif d’écriture – son auctorialité.

« Je » – De la figure

6Prenant peut-être acte de l’incertitude de leur articulation, pointée dans la première version du Souffle et sa renverse, le dernier état du texte renonce, dès son ouverture, à associer le « nous » au « je », efface le « nous » au profit du « je » :

Je ferme à double tour.

Je dévale l’escalier en colimaçon.

Trois sacs dans une main, la rampe de l’autre.

Je soulève le couvercle du bac vert, je lâche le sac en plastique noir.

L’odeur du fond du bac me fait perdre l’équilibre.

  • 16 Petrol, Le Souffle et sa renverse, manuscrit de l’auteur, 2019, p. 3.

Je claque la porte, première à gauche et file tout droit16.

  • 17 Dans sa postface à L’Extraordinaire Tranquillité des choses, Michel Simonot explique que « ce ne so (...)

7Anonyme, le sujet n’existe que dans l’énonciation au présent de l’indicatif d’actions successives. Leur aspect sériel est renforcé par le retour systématique à la ligne qui atteste d’une segmentation des différents gestes, réalisés de manière tant mécanique que précipitée : insensible, concurrencé par les objets qu’il porte, le sujet semble d’emblée interdit, voire annulé – tant et si bien qu’on hésite à le qualifier de « personnage », préférant, à l’invitation des auteurs, parler de « figure17 » –, ce que conforte encore la deuxième séquence où s’exprime un autre « je » :

Je ferme la porte de mon appartement.

J’appelle l’ascenseur.

Étage onze - Rez-de-chaussée.

Je sors de l’immeuble.

Je tourne à droite.

Vingt pas.

Je sors de la poche intérieure gauche de mon manteau du tabac, des filtres et des feuilles à rouler.

Disposer le tabac en ligne au milieu de la feuille.

Filtre à droite. […]

Enrouler le tabac dans la feuille.

Rouler

La cigarette prend forme.

Lécher le papier

Plier la feuille.

Rouler

Rouler encore.

  • 18 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 3-4.

La cigarette est parfaite18.

8Réitérative, la deuxième séquence expose à son tour une figure anonyme enchaînant une série d’actions assez semblable à celle décrite précédemment – si bien que seuls leurs moyens de locomotion permettent de distinguer les deux locuteurs. Cette séquence se démarque toutefois de la première par sa forme plus développée, qui participe exclusivement d’une concentration sur un geste longuement décrit, où se joue encore une mise en avant de l’objet contre le sujet qui apparaît résolument empêché.

  • 19 Petrol, « Généalogie d’une étincelle », op. cit. Dans la première version de la pièce, une « note r (...)
  • 20 Jean-Pierre Sarrazac, « L’Impersonnage. En relisant La Crise du personnage », in Denis Guénoun, Jea (...)
  • 21 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 2.
  • 22 Françoise Heulot, Mireille Losco, « Récit de vie », in Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Lexique du dram (...)
  • 23 Jean-Pierre Sarrazac, « Crise du drame », in Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Lexique du drame moderne (...)

9Abusant de la répétition, jouant de la variation, ces deux séquences valorisent, dans leur rapprochement, deux motifs : le trajet, d’abord, qui arrache ces figures à leur domicile et les astreint à rejoindre un ailleurs qui se révèlera progressivement être celui des études ou du travail ; le quotidien, ensuite, auquel ont été consacrés les ateliers d’écriture menés par les quatre auteurs dans le cadre de leur résidence, affirmant dans leur note d’intention que « c’est dans les gestes du quotidien que s’inscrit le début d’un parcours collectif19 ». Ces deux séquences – comme les suivantes – exposent pourtant la puissante individualisation qu’opère le quotidien, sans autoriser néanmoins une personnalisation : ces figures – et c’est en cela qu’elles ne peuvent prétendre au statut de « personnages », voire même d’« impersonnages20 » – sont agies plus qu’elles n’agissent car prises dans un flux dont elles ne peuvent se dégager. Constituée de seize séquences, la première partie du Souffle et sa renverse apparaît ainsi comme une succession de « témoignages21 » autonomes, insignifiants « récits de vie22 » d’« homme[s] “séparé[s23]” » selon la tradition moderne, déjouant immanquablement toute dynamique collective.

10Dans la troisième partie de la pièce intitulée « Renverse », un ensemble apparaît pourtant, pris dans la contemplation d’un flux dont les figures semblent désormais dégagées :

- Les piliers vont finir par casser.

- On est au milieu du pont.

- L’eau file dessous.

- Les remous autour des piliers.

- Des tourbillons.

- Ça se creuse.

- Ça bloque les déchets qui flottent.

- On reste. On regarde.

- Ça va finir par casser.

- On ne bouge pas

  • 24 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 26.

- On regarde les remous. Les courants tournent et se croisent, on appelle ça une cassure24.

  • 25 Cf. Catherine Naugrette, Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Dialoguer – Un nouveau partage des voix, Étud (...)
  • 26 En ouverture de la sixième et dernière partie de Par-dessus bord (1972) intitulée « Le Festin de ma (...)

11Loin d’être seulement thématique, la « cassure » est aussi esthétique, marquée par la translation brutale du monologue – qui prédominait dans les deux premières parties – au dialogue, autorisant un « partage des voix25 » inédit dans la pièce. Distribué par de simples tirets à des locuteurs inidentifiables, il favorise nécessairement, sur le plan linguistique, l’émergence d’un collectif hétérogène déjà perceptible dans la scène précédente, relevant du « magma26 » vinavérien :

Petrol, Le Souffle et sa renverse, manuscrit de l’auteur, 2019, p. 25.

Petrol, Le Souffle et sa renverse, manuscrit de l’auteur, 2019, p. 25.

Capture d’écran du manuscrit.

  • 27 Sur cette choralité dissonante dans l’écriture de Petrol, cf. Sylvain Diaz, « Dramaturgie de la con (...)
  • 28 Absent du dernier état de la pièce, le terme désignait, dans les précédentes versions, le texte ina (...)

12Les « éruptions » typographiquement marquées par des variations de tailles comme de polices attestent d’un entremêlement de paroles assez semblable à celui recherché par Michel Vinaver dans Par-dessus bord (1972), favorisant l’émergence d’une pluralité au détriment d’une choralité peut-être éprouvée par une trop forte dispersion verbale27. En « prologue28 » à la pièce où, à la manière d’une chanson, le texte apparaît de manière singulière centré sur la page, c’est pourtant bien un chœur qui semble alors s’exprimer :

On souffle ?

On respire, oui, mais on souffle ?

On expire ?

On souffle

On inspire, oui, mais on souffle ?

On bascule sur la pointe des pieds.

Alors s’élance le premier pas.

On souffle.

Ça commence.

Il le faut.

TAIS-TOI / ÉCOUTE / SOUFFLE / EXPIRE / SOUFFLE / INSPIRE

  • 29 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 2.

SOUFFLE29

  • 30 Mariette Navarro, Nous les vagues, Fontenay-sous-Bois, Quartett, 2011, p. 13. Sur cette pièce et so (...)

13En dépit de l’absence de tirets, ce sont bien plusieurs voix qui, fédérées par un « on » indéfini, se donnent à entendre en ouverture de la pièce. Non sans écho avec Nous les vagues (2011) de Mariette Navarro qui, par sa choralité, œuvrait à une « épiphanie30 » collective, le prologue du Souffle et sa renverse, qui thématise lui aussi le commencement, se fait ainsi éveil au collectif à l’intention de figures enfermées dans une expérience rigoureusement solitaire du quotidien.

« Tu » – De la voix

  • 31 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 30. Cf. Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe M (...)

14« Il le faut » : pas plus que le quotidien, le collectif ne semble pourtant un choix pour ces figures toujours sous contrainte, voire sous contrôle, ainsi que le suggère le motif, récurrent chez Petrol, de la vidéosurveillance31. Mais, dans Le Souffle et sa renverse, ce contrôle s’opère d’abord par l’intervention d’une parole décalée – au sens propre comme au figuré (son alignement sur la gauche est déporté d’1,5 centimètre) – venant prolonger ces récits de vie :

Première bouffée de la journée.

Les enfants de l’école crient sur ta gauche. Un gosse te rentre dedans. Tu mets tes écouteurs. Tu traverses enfin la chaussée.

À sept heures cinquante-cinq tu arrives.

  • 32 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 4.

C’est bon.32

  • 33 C’est particulièrement net dans la dixième séquence de la première partie : « Quel enfant tu as été (...)
  • 34 Dans Pulvérisés (2012), Alexandra Badea présente, sous forme monologale, les portraits successifs d (...)
  • 35 Cf. Sandrine Le Pors, Le Théâtre des voix – À l’écoute du personnage et des écritures contemporaine (...)
  • 36 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 3. La question est reprise sous une autre formulati (...)
  • 37 Ibid., p. 13. Ces questions successives ne sont pas sans évoquer celles à partir desquelles les aut (...)

15Plutôt que didascalique ainsi que le suggère le recours aux italiques, cette parole est rigoureusement narrative, s’attachant tout à la fois à décrire l’environnement dans lequel est pris le témoin et à donner accès à ses pensées33. Plus précisément, parce qu’elle est adressée, comme dans Pulvérisés (2012) d’Alexandra Badea dont on devinait déjà le spectre dans Merry go round (201634), cette parole a statut de « voix35 », fondamentalement épique. En tant que telle, celle-ci s’émancipe volontiers d’une description objective des faits pour se faire commentaire, voire interpellation : « N’as-tu jamais eu envie de crier36 ? », demande-t-elle à l’issue de la première séquence ; « De quel trajet te lasses-tu dès le matin ? / […] De quel pied danses-tu ? / […] Dans quel but as-tu lacé tes chaussures ce matin37 ? », renchérit-elle dans la dernière séquence, enchaînant une dizaine de questions. Il s’agit par là même de mettre en doute un état de fait, de défaire des évidences afin de suggérer d’autres possibles, ainsi que l’illustre la séquence inaugurale de la deuxième partie, intitulée « Inspir », où la voix épique oppose à la réalité l’imaginaire :

Ok. Maintenant. Imagine.

Tu sors du TER. Tu regardes la grande horloge au-dessus de toi, sur la façade de la gare. Grande, ronde, dans un carré de pierres. […]

  • 38 Ibid., p. 14.

Tu as soudain une image : le train ne s’arrête pas et transperce le mur de la Gare Montparnasse il y a un siècle.38

  • 39 Absent dans le dernier état du texte, le terme est très présent dans les versions antérieures de la (...)
  • 40 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 16.
  • 41 Petrol, « C’est dans la forêt que nous voulions fuir – Présentation », https://www.theatre-contempo (...)
  • 42 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 19.
  • 43 Ibid., p. 18.
  • 44 La Coopérative d’écriture, « Manifeste », in Aude Astier, Guillaume Cot, Aurélie Coulon, Sylvain Di (...)

16Chargée d’un imaginaire catastrophiste qui suspend en lui-même le cours du temps, cette image tirée d’un passé familier perturbe nécessairement le décompte patient des secondes auquel se livre la figure à laquelle elle est adressée, brutalement arrachée à son quotidien. En déjouant les trajectoires évidentes vers le lieu d’étude ou de travail, il s’agit d’autoriser des « bifurcation[s39] », de préférer, comme ce cycliste, à la linéarité le zigzag : « Je reprends le vélo. Je pars. J’ignore où. Je pars. Zigzague. Je monte les trottoirs. Je descends les trottoirs. Roue arrière. J’avance. […] Cogne les trottoirs, dévale les pentes, dérapage contrôlé, les remonte. Je zigzague40 ». Ce « dérèglement41 » ainsi que, dans la tradition classique, le désignent les auteurs, s’amplifie tout au long de la deuxième partie, où une figure « laiss[e] passer un tram. / Puis deux. / Puis trois42 » et une autre reste enfermée une journée dans les toilettes43 – tant et si bien que c’est la structure même de la pièce qui se défait, les longs témoignages cédant le pas à de très brèves séquences constituées d’une seule réplique où les figures à présent se confondent. De la conflagration de ces trajectoires déviantes, peut alors surgir, au terme de cette deuxième partie, non pas un collectif mais, pour reprendre la belle formule des fondateurs de la Coopérative d’écriture, « un moi pluriel44 » où le « je » est désormais impersonnel parce que transpersonnel :

J’ignore ce qui s’est passé, j’ai raté mon tram c’est tout.

J’ignore ce qui s’est passé, je me suis trompée d’étage c’est tout.

J’ignore ce qui s’est passé, j’ai frappé à la mauvaise porte.

J’ignore ce qui s’est passé, je me suis trompé de route.

J’ignore ce qui s’est passé, un pas de côté sans doute.

J’ignore ce qui s’est passé, je me suis arrêtée devant la fac, c’est tout.

J’ignore ce qui s’est passé, j’ai quitté le travail, c’est tout.

J’ignore ce qui s’est passé, j’ai refusé d’y aller.

  • 45 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 23.

J’ignore ce qui s’est passé45.

  • 46 « On reprend », affirme-t-elle par exemple à l’adresse d’une figure à qui elle ne laisse pas le cho (...)
  • 47 Petrol, « C’est dans la forêt que nous voulions fuir – Présentation », op. cit.
  • 48 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 17.

17De la première à la deuxième partie du Souffle et sa renverse, s’opère ainsi une translation majeure, encouragée par cette voix épique, volontiers injonctive46, qui guide les figures plus qu’elle ne les accompagne. De fait, c’est comme une « conscience47 » que les auteurs la désignent, l’inscrivant paradoxalement dans le champ moral alors que ses revendications sont principalement politiques : ne milite-t-elle pas pour une « petite révolution48 » ? Une « conscience » non individuelle mais bien collective, ainsi que le dénote l’unité stylistique de sa partition qui lui confère le statut d’idéologie fondée sur la promotion, résolument anti-libérale, d’alternatives intimes comme politiques. Ainsi le « partage des voix » qui prend forme, au seuil de la troisième partie, est-il l’œuvre d’une voix partagée dans laquelle on serait tenté de reconnaître celle des auteurs.

« Il/Elle » – De l’auteur·trice

  • 49 Petrol, « Écrire Petrol », in Aude Astier, Guillaume Cot, Aurélie Coulon, Sylvain Diaz (dir.), « Un (...)
  • 50 Roland Barthes, « La Mort de l’auteur » (1968), in Le Bruissement de la langue – Essais critiques I (...)
  • 51 « Nous ne faisons pas partie de ceux qui jouent avec l’idée de la mort de l’auteur. » Petrol, « Écr (...)

18Car c’est bien comme une « voix » que Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone et Michel Simonot désignent Petrol, arguant que « si quatre auteurs travaillent avec huit mains et quatre voix, ils en produisent une cinquième, qui est la voix d’un·e auteur·trice nouveau·elle49 ». En ce sens, le collectif ne contribue pas à « la mort de l’auteur » annoncée de longue date par Barthes50 et aujourd’hui dénoncée par les quatre écrivains51 ; il favorise au contraire sa re-naissance, ainsi qu’ils le laissent entendre, retraçant la genèse de L’Extraordinaire Tranquillité des choses, écrite en 2005 :

  • 52 Petrol, « Biographie », op. cit. En postface à L’Extraordinaire Tranquillité des choses, Michel Sim (...)

Cette année-là, en octobre, les émeutes (les révoltes) ont éclaté dans des banlieues du pays. Nous étions, alors, engagés dans un travail d’écriture de commande traditionnelle : nous avions un texte à rendre pour le TGP, de Saint-Denis. Mais comment écrire avec ce qui se passait là, autour de nous dans la ville, dans le pays et au-delà ? Comment écrire sur autre chose que sur des événements mais comment écrire sur ce qui se passait ? […] nous avons décidé d’écrire de la fiction, du poème, du dialogue, afin de faire éclater les cadres, de faire exister notre incompréhension de l’instant. Chacun laissait ses textes aux autres auteurs. Chacun y entrait – et réagissait – écrivait dans l’écriture des autres écritures, sans complaisance, avec liberté, toujours avec respect. Nos écritures personnelles nous échappaient. Aucun sentiment durable de frustration : le cinquième auteur naissait. Ainsi, notre premier texte a été publié sous nos quatre noms, ensemble. Il était d’ailleurs devenu impossible d’identifier l’auteur de telle ou telle partie de ce premier texte écrit à huit mains : L’Extraordinaire Tranquillité des choses. Le nom du nouvel auteur, le cinquième, devenait nécessaire. Quelques mois plus tard il fut baptisé Petrol52.

  • 53 Petrol, Roms & Juliette, in Collectif Théâtrocratie, Les Mots du spectacle en politique, Paris, Édi (...)
  • 54 Ainsi, la deuxième partie de Merry go round (2016), évoque-t-elle, par la césure de paragraphes dis (...)

19Par-delà les considérations des quatre écrivains, Petrol s’impose en tant qu’auteur par son œuvre elle-même, rigoureusement originale : c’est qu’elle embrasse des thématiques (la vidéosurveillance, par exemple, convoquée tant dans L’Extraordinaire Tranquillité des choses que dans Le Souffle et sa renverse) et invente des formes (ainsi, du détournement de la forme documentaire particulièrement perceptible dans Roms & Juliette inspirée du discours prononcé à Grenoble par Nicolas Sarkozy en 201053) qui lui sont propres. Celles-ci participent ainsi au déploiement d’une écriture irréductible à celle de chacun des quatre auteurs dont elle est issue – même si des filiations sont parfois perceptibles54 –, ce que conforte encore une approche génétique.

  • 55 Michel Simonot, « Postface », op. cit., p. 75.
  • 56 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 14, 15, 24, 30 et 32.
  • 57 Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du So (...)
  • 58 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 1.

20À lire les versions du Souffle et sa renverse, il apparaît impossible, comme le revendiquait Michel Simonot, d’« attribuer à chaque écrivain les passages de [la] pièce dont il a été personnellement l’auteur55 » : biffant, surlignant (en bleu, jaune ou rouge), commentant (« BOF », « un peu long ? », « Pas encore », « on garde du coup ? », « à voir où on le met56 »), interrogeant (« qui parle ? », « le langage de la police ne doit-il pas être plus paranoïaque57 ? »), le « moi58 » rédacteur et correcteur est insaisissable.

  • 59 « Petrol est une expérimentation permanente de la langue, une aventure d’essais, d’erreurs, de prop (...)
  • 60 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 4, 5 et 7.
  • 61 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 4.
  • 62 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 1. « Polarisation e (...)
  • 63 Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du So (...)
  • 64 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 16 ; Petrol, Infini (...)
  • 65 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 11, 17, 18 et 35.
  • 66 « On a retrouvé des traces, des possibilités d’événement, précise une note donnée en gros caractère (...)
  • 67 Composée de 16 séquences, la première partie, « Apnée », compte 10 pages. Composée de 25 séquences, (...)

21En revanche, le croisement des différents états du texte permet de mesurer la progression du travail, procédant dans un premier temps de l’expérimentation dramaturgique revendiquée par les auteurs59 (ainsi, dans la première version, d’une séquence se déployant sur deux et trois colonnes, suggérant des prises de parole simultanées qui ont disparu dans les textes postérieurs60 ; ainsi, dans la version 6B, d’un recours aux pictogrammes, finalement bannis61) et de la recherche documentaire (ainsi la première version s’ouvre-t-elle sur un lien hypertexte qui pointe vers un extrait du Plan global de Sécurité et de Prévention de la Région Bruxelles-Capitale relatif à la « Polarisation et [la] radicalisation » sociales62 ; ainsi la treizième version se referme-t-elle sur la reproduction – non mise en forme– d’un discours de promotion du « produit Lynx d’EVITECH [qui] permet d’aider les intervenants à gérer ces mouvements de foule à travers des outils de supervision intelligents63 »). Dans un second temps, le travail consiste en un élagage thématique (ainsi du motif de la crise, très présent dans les premières versions du texte et finalement absent64) et une consolidation structurelle par redistribution de différents pans de textes (d’où ces annotations dans la version 6B : « Plus tard en partie 4 », « Fin partie 3 ou 4 », « Flics partie 4 », qui culminent en fin de manuscrit avec cette note en majuscules surlignée en vert : « IL FAUT QUE LES PARCOURS SINGULIERS DE LA PARTIE 1, LES BIFURCATIONS DE LA PARTIE 2, SE RETROUVENT DANS LA FOULE EN MOUVEMENT DE LA PARTIE 3, POUR S’ARRÊTER FIN PARTIE 365 »). D’abord conçue comme la collection de « récits d’historiens, de sociologues66 », la pièce prend ainsi progressivement forme avec un déploiement en cinq temps, tangible dès la première version, affirmée à la treizième, arrêtée dans la dernière où les trois parties centrales, de longueurs rigoureusement équivalentes67, sont encadrées par un prologue et un épilogue, beaucoup plus brefs.

  • 68 On rappellera le sens premier du latin œconomia qui désigne la « disposition », l’« arrangement » d (...)
  • 69 Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? » (1969), in Dinah Ribard, 1969 : Michel Foucault et la (...)

22La genèse du Souffle et sa renverse révèle ainsi son économie dramaturgique68, gage selon Foucault d’une auctorialité qui a vocation à « délimit[er] », « exclu[re] », « sélectionn[er] » : elle est « le principe par lequel on entrave la libre circulation, la libre manipulation, la libre composition, décomposition, recomposition de la fiction. […] L’auteur est, conclut le philosophe, la figure idéologique par laquelle on conjure la prolifération du sens69 ». Un auteur dont, dans Le Souffle et sa renverse, on entend la voix, on perçoit le souffle.

« Nous » – Du collectif ?

23À moins que ce ne soit celui des figures que cette voix démiurgique, tout à la fois omnisciente et omnipotente, anime. Car, parfois, celles-ci échappent au contrôle, résistent aux injonctions, s’émancipent de cette domination morale comme politique pour agir par elles-mêmes. Ainsi de ce cycliste qui, à peine arrivé, quitte son poste de travail, suscitant l’étonnement :

Tu allumes ton ordinateur.

La journée commence.

Les spams.

Oui plein de messages.

Des gens à appeler ?

La liste défile.

Tu regardes l’ordinateur.

Je regarde l’ordinateur.

Tu observes l’ordinateur.

Je me lève.

Tu n’éteins pas l’ordinateur ?

  • 70 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 15-16.

Je n’éteins pas l’ordinateur70.

  • 71 Ibid., p. 17.
  • 72 Id.
  • 73 Ibid., p. 20.
  • 74 Ibid., p. 17.
  • 75 Ibid., p. 17 et 20.
  • 76 Ibid., p. 33-34. Les auteurs reprennent ici certains éléments d’un « colloque sur la radicalisation (...)
  • 77 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 33.

24Le mouvement de fuite qui, pour la première fois, s’amorce alors est aussitôt prolongé par d’autres figures, non sans « fracas71 » – celui d’un cri72, celui d’une alarme de tramway73 ou encore celui d’un galet « balanc[é] dans la baie vitrée de l’open space74 » : « je pars », « je cours », « je glisse75 », affirment-elles tour à tour, donnant, par leur fuite collective, accidentellement corps à un collectif qui n’existe en vérité que dans le regard des policiers : émis tout au long de la troisième partie à l’intention des autorités, leurs rapports successifs, donnés dans une typographie singulière qui conforte leur caractère de documents (même inventés), alertent en effet sur l’émergence d’une foule concourant à un « risque terroriste76 » qui autorise toute répression – « sans porter atteinte, bien sûr, aux droits et aux libertés fondamentales77 », est-il ironiquement précisé.

  • 78 Ibid., p. 28.
  • 79 Ibid., p. 30.
  • 80 Ibid., p. 33.
  • 81 Ibid., p. 27.
  • 82 Ibid., p. 31.

25Recouvrant la ville de tags inattendus (« UN BEAU MATIN, UN BEAU JOUR78 »), dansant nus devant une vitrine du centre-ville79, se tenant immobiles devant chaque caméra de vidéosurveillance80, ces figures, qui ne répondent à aucun « mot d’ordre81 », mettent toutefois à l’épreuve, voire en échec les « contestations balisées82 » par lesquelles se constitue habituellement le collectif, décevant notamment les attentes de la voix épique qui imagine ce qu’elles « pourraient dire » :

Le coup de poing et la poubelle, nous avons la nostalgie des pavés, des cris et des slogans, de la lutte frontale, quand la matraque pisse le sang. […]

Demain nous serons mâchoires. Les vertèbres de chiffres, nous les briserons en trois. […]

  • 83 Ibid., p. 28-29.

Un monde sans coupable retranché derrière son organisation ne signifie pas un monde sans ennemis : nous pointerons nos ennemis83.

26Mais, est-il finalement reconnu, « pour l’instant [ces figures] disent » :

On veut juste souffler. […]

On veut inventer autre chose.

Faire confiance au hasard, à la convergence des destins et des émotions.

Nos petites voix, en sourdine elles sont efficaces. Le bouche à oreille a du poids.

Il y en a assez de recommencer, de recommencer.

  • 84 Ibid., p. 29-30.

On commence ici maintenant une nouvelle histoire84.

  • 85 « Collectif », in Étienne Souriau (dir.), Vocabulaire d’esthétique (1990), Paris, Presses Universit (...)
  • 86 Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du So (...)
  • 87 Petrol, « Écrire Petrol », op. cit.

27D’un discours à l’autre, se joue une translation tout autant, sur le plan idéologique, de la radicalité à la tempérance que, sur le plan stylistique, du conditionnel à l’indicatif qui altère nécessairement le statut démiurgique de la voix épique. Pas plus qu’elle, Petrol n’est en vérité psychopompe ou pantokrator : la renaissance de l’auteur que permet le collectif n’est pas celle du génie créateur qu’il a, de fait, pourfendu85 ; sa « reconstitution » ne saurait passer que par sa « déconstitution86 », pour reprendre une formule des quatre écrivains qui, dans Le Souffle et sa renverse, entendaient moins refaire l’entrelacs des faits que le défaire. Déconstitution manifeste lorsque Petrol lui-même affirme, de manière tout à fait déroutante : « Je suis un·e auteur·trice. Je n’existe pas87 ».

  • 88 « Groupe PETROL* », op. cit., p. 94.
  • 89 Petrol, « Biographie », op. cit.
  • 90 Id.

28Comment penser un·e auteur·trice qui n’existe pas ? Comment Petrol existe-t-il, s’il n’existe pas en tant qu’auteur ? De quoi Petrol est-il le nom ? D’une marque – ainsi que le suggère le travail mené « pendant deux ans » par les auteurs « autour d’un personnage appelé K88 » ? D’un système d’exploitation – ainsi que le suggère la formule des auteurs qui disent « écri[re] sous Petrol89 » comme on travaille sous Mac OS, Ubuntu ou Windows, la référence informatique n’étant pas indifférente en tant qu’elle a favorisé l’émergence du collectif ? D’une maison de production – ainsi que le suggère une autre formule des auteurs qui affirment ne pas être écrire pour Petrol mais être écrit par Petrol90 ?

  • 91 « Groupe PETROL* », op. cit., p. 94.
  • 92 Petrol, « Biographie », op. cit.

29À défaut de pouvoir dire ce qu’est Petrol, on peut dire ce qu’il n’est pas, à savoir un collectif, Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone et Michel Simonot préférant parler à son sujet de « groupe91 », précisant même : « Petrol est un auteur collectif. Il n’est pas un collectif d’auteurs92 ».

*

* *

  • 93 « Petrol », in Petrol, Merry go round, op. cit., p. 43.

30Là est peut-être la renverse. D’une phrase à l’autre en effet, « collectif » glisse, de manière significative, du substantif à l’adjectif. Tantôt, il nomme ; tantôt, il qualifie. Tantôt il désigne une réalité tangible, tantôt il requiert une qualité possible – considérations grammaticales qui, du fait d’une construction chiasmique opposant l’un à l’autre, valorisant l’un contre l’autre, mettent en lumière la conception singulière du « collectif » selon Petrol, qu’illustre exemplairement sa dernière pièce. À l’imminence du collectif, ensemble salvateur déjà constitué mais encore indisponible, nous contraignant à une attente messianique – au risque de saboter tout projet poétique comme politique –, Le Souffle et sa renverse préfère en effet une immanence collective supposant, sans prétention à la moindre permanence ou transcendance, la constitution contingente d’un ensemble – peut-être instable – favorisant « la confiance et l’émancipation possible à travers les forces vives de tous93 », à l’image même de Petrol.

  • 94 Petrol, « C’est dans la forêt que nous voulions fuir – Genèse de l’écriture », https://www.theatre- (...)
  • 95 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 35-36.
  • 96 Ibid., p. 13 et 36.
  • 97 Petrol, « Généalogie d’une étincelle », op. cit.

31Dès lors, l’on comprend mieux pourquoi, inquiétant essentiellement le collectif, Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone et Michel Simonot revendiquent, avec Le Souffle et sa renverse, l’écriture d’« un texte lumineux94 » : c’est que, même si l’épilogue suggère, par la reprise de brefs extraits des témoignages initiaux, que cette « petite révolution » n’a pas eu lieu95, même si ces figures sont, du début à la fin de la pièce, acculées par cette « porte [qui] claque dans [leur] dos96 », leur trajectoire tant spatiale que mentale participe du déploiement non pas d’un collectif possible, mais bien d’un possible désormais collectif. Magistralement, la dernière pièce de Petrol établit ainsi « la généalogie d’une étincelle pour en raconter les histoires, c’est-à-dire, peut-être, son devenir brasier97 ».

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Notes

1 Dans le cadre d’un « redécoupage » des régions entré en vigueur en le 1er janvier 2016, la « Résidence Petrol – Un Collectif d’auteurs dans les universités du Grand Est » s’est déployée entre octobre 2017 et mai 2018 dans les Universités de Haute-Alsace, Lorraine, Reims Champagne-Ardenne et Strasbourg, avec le soutien de la DRAC Grand Est et du Programme IdEx Initiative d’excellence de l’Université de Strasbourg.

2 Sylvain Diaz, « Résidence d’artiste : Petrol (saison 2017-2018) », dossier déposé auprès du Programme IdEx Initiative d’excellence de l’Université de Strasbourg en vue de l’obtention d’un financement de ce projet, 2017.

3 C’est à partir de ce thème que sera ainsi déployée la saison 2017-2018 du Service de l’action culturelle de l’Université de Strasbourg. Sylvain Diaz, « Édito », in Programme septembre-décembre 2017, Université de Strasbourg, 2017.

4 Petrol, « Biographie » (2018), http://www.theatre-ouvert.com/biographie/groupe-petrol, page consultée le 24/09/2019.

5 Petrol, « Généalogie d’une étincelle » (2017), Résidence Petrol 2017/2018 – Un auteur collectif dans les universités du Grand Est, http://petrol.unistra.fr/index.php?id=26661, page consultée le 24/09/2019.

6 Michel Simonot a été accueilli en résidence à l’Université de Strasbourg en novembre 2017. Lancelot Hamelin a été accueilli en résidence à l’Université de Lorraine en février 2018. Sylvain Levey a été accueilli en résidence à l’Université de Haute-Alsace en mars 2018. Philippe Malone a été accueilli en résidence à l’Université de Reims Champagne-Ardenne en avril 2018.

7 Sous le titre La prochaine fois, nous choisirons la nuit, la pièce a été d’abord mise en lecture, au terme de la résidence, le 29 mai 2018 dans le cadre du festival E.S.P.A.C.E.S.#3 à l’Espace Bernard-Marie Koltès (Metz) et le 26 octobre 2018 dans le cadre du festival Jamais lu à Théâtre Ouvert (Paris).

8 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse datée du 6 février 2018 et établie par Philippe Malone], manuscrit de l’auteur, 2018, p. 1-2. L’état du manuscrit ne permet pas de déterminer si la biffure d’une ligne est la marque d’une correction ou d’une expérimentation.

9 La pièce s’est successivement intitulée Infinis trajets, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit, La prochaine fois, nous choisirons la nuit, Même une journée et Le Souffle et sa renverse, titre que portait également un précédent état du texte.

10 « Renverse », Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, https://www.cnrtl.fr/definition/renverse, page consultée le 24/09/2019.

11 Jean-Pierre Lefevre, « Notice », in Paul Celan, Renverse du souffle (1967), trad. J.-P. Lefevre, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points – Poésie », 2003, p. 187.

12 Dans la poésie de Celan, « la renverse […] est l’expression d’une hypothèse positive », selon Jean-Pierre Lefevre. Id.

13 Id.

14 L’étude sera ici menée à partir de six états différents du texte, établis entre février 2018 et septembre 2019.

15 Petrol, « Généalogie d’une étincelle », op. cit.

16 Petrol, Le Souffle et sa renverse, manuscrit de l’auteur, 2019, p. 3.

17 Dans sa postface à L’Extraordinaire Tranquillité des choses, Michel Simonot explique que « ce ne sont pas, alors, des personnages qui sont nés, mais des silhouettes, des voix de la rue. Ce n’est pas une histoire que nous avons souhaité raconter, mais le trajet d’une ville du matin jusqu’au soir à travers le cheminement de figures ». Michel Simonot, « Postface », in Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone, Michel Simonot, L’Extraordinaire Tranquillité des choses, Montpellier, Espaces 34, 2006, p. 74. Sur cette question de la figure, cf. Julie Sermon, Jean-Pierre Ryngaert, Le Personnage théâtral contemporain : décomposition, recomposition, Paris, Éditions théâtrales, 2006.

18 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 3-4.

19 Petrol, « Généalogie d’une étincelle », op. cit. Dans la première version de la pièce, une « note retrouvée x » intégrée au texte mentionne très précisément les conditions d’écriture mêmes du texte : « Nous les avons soumis à un questionnaire / Sur le réel, sur le quotidien, sur leurs conditions de vie / Sur leur quotidien, / Nos contemporains / Nos semblables ». Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 2.

20 Jean-Pierre Sarrazac, « L’Impersonnage. En relisant La Crise du personnage », in Denis Guénoun, Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Jouer le monde – La scène et le travail de l’imaginaire, Études théâtrales, n° 20, 2001, p. 41-50 ; Jean-Pierre Sarrazac, « L’Impersonnage », in Poétique du drame moderne, Paris, Éditions du Seuil, 2002, p. 183-241.

21 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 2.

22 Françoise Heulot, Mireille Losco, « Récit de vie », in Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Lexique du drame moderne et contemporain, Belval, Circé, coll. « Poche », 2005, p. 177-178.

23 Jean-Pierre Sarrazac, « Crise du drame », in Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Lexique du drame moderne et contemporain, op. cit., p. 9.

24 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 26.

25 Cf. Catherine Naugrette, Jean-Pierre Sarrazac (dir.), Dialoguer – Un nouveau partage des voix, Études théâtrales, n° 31-33, 2004-2005.

26 En ouverture de la sixième et dernière partie de Par-dessus bord (1972) intitulée « Le Festin de mariage », Michel Vinaver écrit : « Les paroles tendent à s’emmêler sauf pour se détacher, au hasard : c’est un magma avec, par instants, des éruptions ». Michel Vinaver, Par-dessus bord, Paris, L’Arche Éditeur, collection « Scène ouverte », 1972, p. 231. Il est à noter que Michel Vinaver associe également le « magma » au quotidien. Michel Vinaver, « Une Écriture du quotidien » (1980), in Écrits sur le théâtre, volume 1, Paris, L’Arche Éditeur, 1998, p. 132.

27 Sur cette choralité dissonante dans l’écriture de Petrol, cf. Sylvain Diaz, « Dramaturgie de la convergence – Petrol, Merry go round (2016) », in Aparté – Le Billet des ami·e·s des éditions Théâtrales, n° 8, 2020, p. 3-4, https://www.editionstheatrales.fr/files/files/aparten7-theatrechoral-5e26f5f915589.pdf, page consultée le 5 février 2020.

28 Absent du dernier état de la pièce, le terme désignait, dans les précédentes versions, le texte inaugural. Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse datée du 3 avril 2018, établie par Michel Simonot et corrigée par Philippe Malone], manuscrit de l’auteur, 2018, p. 2.

29 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 2.

30 Mariette Navarro, Nous les vagues, Fontenay-sous-Bois, Quartett, 2011, p. 13. Sur cette pièce et son traitement du collectif, cf. notamment Sylvain Diaz, « “Apparaissons, tenons debout” – Quelles représentations pour la foule dans Nous les vagues de Mariette Navarro ? », in Pascale Drouet, Françoise Dubor (dir.), La Foule au théâtre, Les Cahiers Forell, 2015, http://09.edel.univ-poitiers.fr/lescahiersforell/index.php?id=287.

31 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 30. Cf. Lancelot Hamelin, Sylvain Levey, Philippe Malone, Michel Simonot, L’Extraordinaire Tranquillité des choses, op. cit. Sur ce motif de la surveillance au théâtre, cf. Georges Banu, La Scène surveillée, Arles, Actes Sud, coll. « Le Temps du théâtre », 2006 ; Georges Banu (dir.), Surveiller. Œuvres et dispositifs, Études théâtrales, n° 36, 2006.

32 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 4.

33 C’est particulièrement net dans la dixième séquence de la première partie : « Quel enfant tu as été ? / Quel enfant tu restes ? / Les chiens ont-ils une enfance ? / Les chiens ont-ils de la mémoire ?/ L’enfance, c’est comme le vélo ça ne s’oublie pas. » Ibid., p. 9.

34 Dans Pulvérisés (2012), Alexandra Badea présente, sous forme monologale, les portraits successifs de quatre figures qui, aux quatre coins du monde, contribuent toutes à la mondialisation. Intitulée « Le monde est un village vu d’en haut », la troisième partie de Merry go round repose sur le même principe. Petrol, Merry go round, Paris, Éditions théâtrales, 2016, p. 19-30.

35 Cf. Sandrine Le Pors, Le Théâtre des voix – À l’écoute du personnage et des écritures contemporaines, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, collection « Le Spectaculaire », 2011.

36 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 3. La question est reprise sous une autre formulation dans la cinquième séquence : « Tu n’as jamais eu envie de crier ? ». Ibid., p. 6.

37 Ibid., p. 13. Ces questions successives ne sont pas sans évoquer celles à partir desquelles les auteurs ont travaillé dans le cadre de leurs ateliers d’écriture.

38 Ibid., p. 14.

39 Absent dans le dernier état du texte, le terme est très présent dans les versions antérieures de la pièce, donnant son titre à la deuxième partie du texte. Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 9.

40 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 16.

41 Petrol, « C’est dans la forêt que nous voulions fuir – Présentation », https://www.theatre-contemporain.net/video/C-est-dans-la-foret-que-nous-voulions-fuir-presentation-par-Petrol?autostart (2018), page consultée le 24/09/2019. Le terme apparaît également dans la première version du texte. Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 9. Il renvoie immanquablement à la poétique classique fondée sur ce principe. Cf. Georges Forestier, Passions tragiques et règles classiques – Essai sur la tragédie française, Paris, P.U.F., 2003.

42 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 19.

43 Ibid., p. 18.

44 La Coopérative d’écriture, « Manifeste », in Aude Astier, Guillaume Cot, Aurélie Coulon, Sylvain Diaz (dir.), « Un moi pluriel » – Écritures théâtrales du collectif, Agôn [En ligne], HS 3 | 2021, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/agon/9278.

45 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 23.

46 « On reprend », affirme-t-elle par exemple à l’adresse d’une figure à qui elle ne laisse pas le choix. Ibid., p. 14.

47 Petrol, « C’est dans la forêt que nous voulions fuir – Présentation », op. cit.

48 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 17.

49 Petrol, « Écrire Petrol », in Aude Astier, Guillaume Cot, Aurélie Coulon, Sylvain Diaz (dir.), « Un moi pluriel » – Écritures théâtrales du collectif, Agôn [En ligne], HS 3 | 2021, https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/agon/8134.

50 Roland Barthes, « La Mort de l’auteur » (1968), in Le Bruissement de la langue – Essais critiques IV, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points / Essais », 1984, p. 63-69. Il convient de préciser que Barthes n’envisage pas, dans son texte, la question du collectif.

51 « Nous ne faisons pas partie de ceux qui jouent avec l’idée de la mort de l’auteur. » Petrol, « Écrire Petrol », op. cit.

52 Petrol, « Biographie », op. cit. En postface à L’Extraordinaire Tranquillité des choses, Michel Simonot propose un récit proche de cette genèse, valorisant toutefois moins la question de l’auctorialité. Michel Simonot, « Postface », op. cit., p. 74-76.

53 Petrol, Roms & Juliette, in Collectif Théâtrocratie, Les Mots du spectacle en politique, Paris, Éditions Théâtrales, 2012, p. 69-88.

54 Ainsi, la deuxième partie de Merry go round (2016), évoque-t-elle, par la césure de paragraphes dissociant le sujet du verbe, la principale séquence de Krach (2012) de Philippe Malone, l’écriture des deux pièces étant contemporaines. Petrol, Merry go round, op. cit. ; Philippe Malone, Krach, Fontenay-sous-bois, Quartett Éditeurs, 2013.

55 Michel Simonot, « Postface », op. cit., p. 75.

56 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 14, 15, 24, 30 et 32.

57 Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du Souffle et sa renverse datée du 22 avril 2018 et établie par Michel Simonot], manuscrit de l’auteur, p. 36-37.

58 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 1.

59 « Petrol est une expérimentation permanente de la langue, une aventure d’essais, d’erreurs, de propositions ». Petrol, « Biographie », op. cit. Les auteurs présentent par ailleurs Petrol comme un « laboratoire d’écriture ». « Groupe PETROL* », in Collectif Théâtrocratie, Les Mots du spectacle en politique, op. cit., p. 94.

60 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 4, 5 et 7.

61 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 4.

62 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 1. « Polarisation et radicalisation », Plan global de Sécurité et de Prévention de la Région Bruxelles-Capitale (2017), http://www.veiligheid-securite.brussels/sites/default/files/steekkaarten/C2259-Plan%20GVPP%20FR-Fiches-2.pdf, page consultée le 24/09/2019.

63 Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 42. Le lien donné est désormais corrompu (http://www.evitech.com/index.php/fr/utilisateurs/gestion-pacifique-des-foules) ; le document est à présent accessible au lien suivant : http://www.evitech.com/fr/component/content/article/19-references/7-gestion-pacifique-foules?Itemid=136, page consultée le 24/09/2019.

64 Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 16 ; Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 13 ; Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 21.

65 Petrol, Infinis trajets [Version 6B du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 11, 17, 18 et 35.

66 « On a retrouvé des traces, des possibilités d’événement, précise une note donnée en gros caractères bleus. Comme si des historiens, à partir de matériaux retrouvés, notes éparses, récits, commentaires, analyses, tentaient de reconstituer un événement » Petrol, [Sans titre – Première version du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 1.

67 Composée de 16 séquences, la première partie, « Apnée », compte 10 pages. Composée de 25 séquences, dont certaines très brèves, la deuxième partie, « Inspir », compte 10 pages. Composée de 18 séquences, dont l’une numérotée 0, la troisième partie, « Renverse », compte 9 pages.

68 On rappellera le sens premier du latin œconomia qui désigne la « disposition », l’« arrangement » d’une œuvre littéraire. Sur cette question, cf. Sylvain Diaz, « Gratuité “idéale” du Theatre Uncut : pour une économie de la dépense dramaturgique », in Aude Astier, Nathalie Bittinger, Sylvain Diaz, Claude Forest, Geneviève Jolly (dir.), Utopies de la gratuité – Droit, économie, esthétique et histoire des arts, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, coll. « Arts-Correspondances », à paraître en 2020.

69 Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? » (1969), in Dinah Ribard, 1969 : Michel Foucault et la question de l’auteur, Paris, Honoré Champion, coll. « Textes critiques français », 2019, p. 59.

70 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 15-16.

71 Ibid., p. 17.

72 Id.

73 Ibid., p. 20.

74 Ibid., p. 17.

75 Ibid., p. 17 et 20.

76 Ibid., p. 33-34. Les auteurs reprennent ici certains éléments d’un « colloque sur la radicalisation militante » qui s’est tenu à l’École militaire de Paris le 19 octobre 2017 et dont le site lundimatin a rendu compte dans un article anonyme publié le 31 octobre 2017 auquel il est renvoyé avec insistance dans la première version du Souffle et sa renverse : « VIORAMIL » (2017), https://lundi.am/VIORAMIL, page consultée le 24/09/2019.

77 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 33.

78 Ibid., p. 28.

79 Ibid., p. 30.

80 Ibid., p. 33.

81 Ibid., p. 27.

82 Ibid., p. 31.

83 Ibid., p. 28-29.

84 Ibid., p. 29-30.

85 « Collectif », in Étienne Souriau (dir.), Vocabulaire d’esthétique (1990), Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 2004, p. 417.

86 Petrol, C’est dans la forêt que nous voulions fuir mais nous avons choisi la nuit [Version 13 du Souffle et sa renverse], op. cit., p. 40.

87 Petrol, « Écrire Petrol », op. cit.

88 « Groupe PETROL* », op. cit., p. 94.

89 Petrol, « Biographie », op. cit.

90 Id.

91 « Groupe PETROL* », op. cit., p. 94.

92 Petrol, « Biographie », op. cit.

93 « Petrol », in Petrol, Merry go round, op. cit., p. 43.

94 Petrol, « C’est dans la forêt que nous voulions fuir – Genèse de l’écriture », https://www.theatre-contemporain.net/video/C-est-dans-la-foret-que-nous-voulions-fuir-genese-de-l-ecriture-par-Petrol?autostart (2018), page consultée le 24/09/2019.

95 Petrol, Le Souffle et sa renverse, op. cit., p. 35-36.

96 Ibid., p. 13 et 36.

97 Petrol, « Généalogie d’une étincelle », op. cit.

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Table des illustrations

Titre Petrol, Le Souffle et sa renverse, manuscrit de l’auteur, 2019, p. 25.
Légende Capture d’écran du manuscrit.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/agon/docannexe/image/8253/img-1.png
Fichier image/png, 300k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Sylvain Diaz, « Le collectif et sa renverse »Agôn [En ligne], HS 3 | 2022, mis en ligne le 12 mai 2022, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/agon/8253 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/agon.8253

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Auteur

Sylvain Diaz

Maître de conférences en études théâtrales à l’Université de Strasbourg, chercheur à l’UR3402 ACCRA, Sylvain Diaz est auteur d’Avec Wajdi Mouawad (Leméac / Actes Sud, 2017) et Dramaturgies de la crise (XXe-XXIe) (Classiques Garnier, 2017) et co-auteur de De quoi la dramaturgie est-elle le nom (L’Harmattan, 2014). Il a également co-dirigé les ouvrages collectifs Le Texte au risque de la performance, la performance au risque du texte (ACCRA, 2019) et Utopies de la gratuité (à paraître en 2022). Depuis sa création en 2007, il est membre du comité de rédaction de la revue Agôn pour laquelle il a co-dirigé plusieurs numéros. Il a par ailleurs signé de nombreux articles relatifs aux dramaturgies contemporaines qu’il fréquente assidument en tant que membre de différents comités de lecture. En parallèle à ses activités d’enseignant et de chercheur, il dirige actuellement le Service de l’action culturelle de l’Université de Strasbourg.

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