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Mobilité

L’évolution et les mobilités spatiales de la ville de Musumb, capitale de l’empire lunda de 1852 à 1885

The evolution and spatial mobility of the city of Musumb, capital of the Lunda Empire from 1852 to 1885
Liévain Mwangal Mpalang’a-Maruv

Résumés

Cette étude entend montrer l’importance et le rôle de la ville de Musumb dans l’histoire de l’État lunda en Afrique centrale. Ce rôle est examiné à travers l’analyse des règnes de différents empereurs qui se succèdent au trône pendant la période précoloniale et les dynamiques politiques et sociales qui ont poussé les déplacements de cette capitale dans l’État lunda. Un détour par une analyse étymologique du terme musumb permet également de saisir des pans non explorés de cette histoire. Les causes de ces mobilités pendant le milieu et l’avant dernière décennie du xixe siècle sont à la fois endogènes et exogènes. Les causes endogènes sont expliquées par le processus électoral qui est lié aux règles de succession et aux tractations successorales. Les facteurs sociologiques, politiques et économiques, expliquent les causes externes proches et lointaines. Leurs conséquences sont les assassinats très fréquents des empereurs lunda et les multiples déplacements spatiaux de la capitale Musumb.

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Texte intégral

Cet article est tiré de l’un des chapitres de ma thèse de doctorat intitulée : « Musumb et ses empereurs (xviie-xxe siècle), ‘Laboratoire’ historique des villes en Afrique centrale », sous la direction du Professeur Dr Jan-Bart Gewald et du Dr Stefano Bellucci. Des mots me manquent pour exprimer ma gratitude envers Clélia Coret qui n’a cessé de me stimuler contre vents et marées, ses conseils, ses remarques et ses observations, m’ont beaucoup édifié. De même, je remercie Birgit Ricquier, Caroline Robion-Brunner, Els Cornelissen, Michaël Kasombo Tshibanda, John K. Thornton (pour m’avoir fourni une grande documentation), les organisateurs du colloque international et interdisciplinaire « Extraire le passé du présent ». Je dis enfin merci aux éditeurs de la revue Afriques, qui m’ont offert l’opportunité de publier cet article, à tous mes informateurs Aruwund, Chookwe, Luba, Luvale, Minungu, Ndembu, Sanga, Tetela, Yaka, Yeke, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à la réussite de ce texte.

Introduction

  • 1 J. C. Rumbua-Kayimbu, s.d., p. 7-14.

1Musumb. Au milieu de la ville se dresse le palais royal, toujours en clôture, où vit le Mwant Yaav, l’empereur des Lunda. Autour vivent les grands notables de l’empire. La façade principale du palais est tournée vers le coucher du soleil, à l’ouest. La reine (Ruwej) vit dans une résidence située immédiatement à droite du palais impérial, suivie du quartier du chef Mutiy (fils symbolique de l’empereur). Derrière le palais royal, se trouve le quartier Kanampumb, notable protecteur magique du Mwant Yaav, qui joue l’intérim en cas de vacance du trône. Devant le palais impérial, à gauche, se situe le quartier de Nswan-Mulapw, sous-chef et héritier présomptif du Mwant Yaav. Tous ces quartiers sont séparés par des avenues. Devant le palais impérial s’étend le dibur (Grand-Place) où siège le chitentam (assemblée générale), lieu sacré où le Mwant Yaav s’adresse aux foules lors de certaines cérémonies officielles et manifestations populaires1. Cette description de la structure spatiale de la ville Musumb, reflète le fonctionnement politique et administratif de la capitale de l’empire lunda au xixe siècle.

  • 2 L. Mwangal Mpalang’a-Maruv, 2010, p. 1.
  • 3 Kamand Piscas Muland, Musomb Mbumb, Chilef Chiyen, tous interviewés successivement les 3, 5 et 6 dé (...)

2Cette ancienne capitale est, de nos jours, le nom du chef-lieu de la chefferie Mwant Yaav, en territoire de Kapanga, entité de la province du Lualaba en République démocratique du Congo2. Elle est située à 1 050 km au nord-ouest de la ville de Lubumbashi, à 679 km de la ville de Kolwezi et à 950 km de la ville de Kinshasa. Limitée au nord par les villages Mbumb a Yishij et Chishidil, au sud par le village Mwant Iland, à l’ouest par la rivière Raz et à l’est par les villages Kazol et Mpeemb, la ville de Musumb occupe une aire de 42 km2 environ dans la plaine Kayishij, sur la rive gauche de la rivière Raz, affluent de la rivière Lulua. Elle est située astronomiquement à 22°40’de longitude ouest et à 8°19’de latitude sud3.

3Cet article étudie la ville de Musumb à partir de 1852, année qui marque la prise du pouvoir par le Mwant Yaav Mulaj’a-Namwan, et le début de l’incessante itinérance de cette capitale. Cette étude s’achève en 1885, au moment de la vacance du trône, suivie d’une série d’empereurs à titre intérimaire et aux règnes relativement instables, provoquant ainsi l’itinérance très fréquente de Musumb. 1885 est également l’année de la création de l’État indépendant du Congo et le début de l’influence néfaste du régime colonial léopoldien.

  • 4 A. Ching, 1979, p. 17. Lire aussi J.-L. Vellut, 1972, p. 61-166.

4Les xviie et xviiie siècles constituent une période d’expansion territoriale des Lunda vers l’ouest, l’est et le sud d’un espace comprenant les rivières Nkalaany et Kajidij. Des circuits commerciaux dans l’État lunda relient le Lualaba à Luanda en passant par Musumb où circulaient le sel, les barres de cuivre, l’ivoire et les esclaves. Ce commerce est contrôlé par les empereurs lunda en quête de recettes. La période de 1852 à 1885 est marquée par l’arrivée des Portugais et des marchands arabo-swahili, comme Tippo Tip, par l’augmentation importante de la traite des esclaves, et par des incursions chookwe et l’influence grandissante du roi des Belges. Au cours d’une trentaine d’années, la ville de Musumb a dû changer de site plus de six fois, sous le règne de cinq empereurs4.

5Cette étude entend montrer l’importance et le rôle de la ville de Musumb dans l’histoire de l’État lunda en Afrique centrale. Ce rôle est examiné à travers l’analyse des règnes de différents empereurs qui se succèdent au trône pendant la période précoloniale et les dynamiques politiques et sociales qui ont poussé les déplacements de cette capitale dans l’État lunda. Un détour par une analyse étymologique du terme musumb permet également de saisir des pans non explorés de cette histoire.

  • 5 Cité par J.-L. Vellut (dir.), 2007, p. 13 ; O. Goerg, 2006 ; D. Anderson, R. Rathbone, 2000.
  • 6 Ibid.
  • 7 Ibid.
  • 8 C. Coquery-Vidrovitch, 1993a.

6Cet article s’inscrit dans le vaste champ de l’histoire urbaine et rurale de l’Afrique subsaharienne en général et de l’histoire des villes précoloniales en particulier. Si de nombreuses études ont été consacrées à l’histoire des villes en Afrique, peu d’entre elles portent sur les villes précoloniales de l’Afrique centrale. L’une des raisons qui explique cela est que cette partie du continent n’a pas connu une tradition urbaine en dépit des vestiges archéologiques du bas Logone et du bas Chari. Bien que la collection « Africa’s Urban Past », sous la direction de David Anderson et Richard Rathbone, promeuve l’histoire urbaine en Afrique précoloniale, tout comme la revue Afrique et Histoire5 qui a également consacré un dossier lié aux problèmes d’histoire culturelle de la ville, les particularités de Musumb ont reçu peu d’attention. Dans « Africa’s Urban Past », hormis l’étude que John Thornton consacre à l’ancienne capitale Mbanza-Kongo (São Salvodor) du royaume Kongo6, l’Afrique centrale est peu présente. Dans l’introduction7, David Anderson et Richard Rathbone font allusion aux villes qui ont connu un développement spectaculaire au xixsiècle sous l’influence du commerce à longue distance le long du fleuve Congo. Ces villes fluviales étaient remarquables par leur taille dans la mesure où elles pouvaient atteindre une population de plus de 5 000 habitants et pouvaient même dépasser les 10 000 personnes. La présente étude se positionne également à la suite de Catherine Coquery-Vidrovitch qui, dans son ouvrage Histoire des villes d’Afrique noire, des origines à la colonisation8, souligne que les historiens africanistes et africains ont assez peu écrit sur les villes surtout anciennes.

  • 9 Ibid.

7Musumb apparaît peu dans cette littérature, où elle est simplement citée ponctuellement. Pourtant, en tant que lieu de rencontre des multiples populations de la région et carrefour d’échanges entre les commerçants de la côte luso-africaine et les différents marchés de l’intérieur, Musumb a un enracinement précolonial fort en ayant joué un rôle prédominant dans ce commerce de longues distances9.

Les sources pour l’histoire d’une ville en Afrique centrale avant la colonisation européenne : croiser des sources de nature différente

8Des témoignages écrits et oraux ont été rassemblés dans le cadre de cette recherche : le corpus écrit se compose des récits des explorateurs, des agents de l’administration coloniale, des missionnaires, des commerçants, etc., tandis que mes enquêtes orales menées sur les sites où la ville de Musumb s’est ancrée, constituent les sources orales.

  • 10 J. R. Graça, 1890, p. 8-9.
  • 11 H. A. Dias de Carvalho, 1890, p. 1892-1894.
  • 12 L. Duysters, 1958, p. 75-98.
  • 13 M. Van Den Byvang, 1937, 1, p. 429-435 ; 2, p. 193-208 ; 4, p. 426-438 ; 5, p. 548-562.

9Les plus anciennes occurrences écrites mentionnant Musumb se trouvent dans les récits de voyage de Joaquim Rodrigues Graça (« Expedição ao Muatiânvua: Diário de Joaquim Rodrigues Graça10 ») et du major portugais Henrique Augusto Dias de Carvalho11 (« Ethnografia e história tradicional dos povos da Lunda »; « A Lunda ou os estados de Muatiânvua »; « Descripção da viagem à Musumba do Muatiânvua »). Existent également, des notices de différents administrateurs territoriaux, commissaires de districts et missionnaires catholiques et protestants ayant œuvré dans le territoire de Kapanga, dans l’ancien district du Lualaba et dans l’ancienne province du Katanga, tels que Monsieur Lemaire, Monsieur Ladame, Monsieur Léon Duysters12, Monsieur Van Den Byvang13, etc.

10Cette documentation écrite, utile pour définir un cadre historique général, comporte des biais communs aux archives et récits produits dans un contexte colonial et propose de multiples et abondantes données. Les biais observés ont été contournés par l’utilisation d’autres sources, telles que l’étude des objets, des lieux de mémoire et des données orales.

  • 14 Mwant Mwan a Kaj Katembw Yav Kadit, interviewé à Mwan a Kaj (Kapanga), le 15 novembre 2015.

11Faire du terrain a été indispensable pour mener à bien cette étude. Pour collecter les données orales à Musumb, j’ai élaboré un protocole de recherche tout en prospectant les anciens sites de Musumb (capitale de l’État lunda). Pour la collecte des données à Musumb, j’ai utilisé les techniques d’observation, de questionnaire, d’interview et de focus group. Pour avoir accès facilement à ces différents sites qui ont abrité la ville de Musumb, il fallait résider sur un site axial qui est la Musumb actuelle. Celle-ci a été choisie, parce qu’elle est au centre par rapport à ses autres anciens sites, situés à quelques dizaines et centaines de kilomètres. Ces sites sont restés de nos jours de simples villages mais restent importants pour les rites d’investiture du Mwant Yaav14.

12Un travail de recherche en amont sur la société lunda a été nécessaire avant de me rendre sur le terrain. Ensuite, j’ai identifié les informateurs qui connaissent la ville de Musumb et sont capables d’identifier les détenteurs des traditions orales – j’ai également récolté des informations sur ces derniers et leur place dans la société. Il me fallait savoir m’arrêter sur le type de traditions orales à récolter pour bien préparer le contact avec ces informateurs. Il me fallait aussi savoir approcher et convaincre mes informateurs pour bien les amener à ne plus douter de mes intentions. J’ai également évité d’effrayer mes informateurs avec des appareils d’enregistrements sophistiqués et de leur donner des cadeaux qui auraient risqué de les conditionner et de les pousser à débuter des mensonges ou à exagérer leur récit. J’étais obligé de choisir un bon lieu pour la collecte de cette tradition orale et placer mes informateurs lunda (dont la liste est dressée dans la bibliographie) dans de bonnes conditions leur permettant de dire leur récit avec beaucoup d’aisance. À la fin, je leur offrais un présent pour les remercier de m’avoir livré les informations nécessaires. C’est grâce à ces témoignages oraux que j’ai pu récolter des informations particulières liées à l’évolution de la ville de Musumb de 1852 à 1885 et aux causes de ses mobilités spatiales incessantes, qui sont détaillées à la fin de mon article.

  • 15 D. Dibwe dia Mwembu, 2008, p. 212.

13Quant aux objets (témoins du passé détenus par la population) et lieux de mémoire, de par leur présence, leur forme et leur fondation, ils interpellent le souvenir des observateurs auxquels ils rappellent des faits, des situations et des modes de vie du passé15. Il s’agit de marchés, parcelles résidentielles, arbres sacrés ou cérémoniaux, édifices et places publiques. Pour mon étude, je n’ai retenu que les arbres sacrés ou cérémoniaux.

14La présence de ces arbres sacrés, dans un endroit public ou dans un site situé en brousse, m’a permis de penser directement qu’un tel site aurait abrité antérieurement une Musumb. Ces arbres ont joué le rôle de « poteaux indicateurs » des itinéraires des anciens sites qui ont abrité la ville de Musumb. Si l’on exclut la possibilité d’une germination naturelle de ces arbres sacrés, on remarque dans leur présence un point de départ pour le dépistage de lieux d’intérêt historique. Ceci peut se vérifier sur les six différents sites de cette ancienne ville.

  • 16 Noms d’arbres en langue uruwund (lunda).
  • 17 Mwant Katap a kish Kazad Kawel, interviewé le 10 octobre 2015 à Musumb.

15D’après les croyances traditionnelles lunda, certains arbres sont réputés porteurs d’une force surnaturelle qui agirait dans diverses circonstances. Ainsi, ces arbres sont plantés, transplantés et entretenus avec beaucoup de soin et de respect pour leur éviter de tarir. Ils interviennent dans la guérison de certaines maladies et surtout dans les cérémonies rituelles, cultuelles, etc. C’est par exemple le cas de l’investiture du Mwant Yaav ou de n’importe quel chef coutumier lunda ou lors de la circoncision des enfants ou encore lors du culte aux mânes. Il s’agit des espèces boisées suivantes : mulemb, muyombw, mukamb et mundjang-mash16. On peut y ajouter aussi d’autres arbres sacrés qui ont un rôle thérapeutique tels que le mupep, le mupach, le rutok, etc. Ces dernières soignent plusieurs maladies infantiles et chassent les mauvais esprits ou sorts. D’autres espèces jouent un rôle de porte-bonheur17.

16Il est à noter que les informations recueillies contiennent des contradictions et beaucoup de lacunes telles que la chronologie des événements ainsi que le manque de précision dans certains faits. Pour les analyses, j’ai utilisé deux méthodes : historique et comparative. La méthode historique, évolutive et diachronique, à travers les étapes d’heuristique, de critique et de synthèse, m’a permis de reconstituer les faits en unités intelligibles. J’ai essayé de faire une rétrospective pour tenter de reconstituer les évènements de cette période (1852-1885) concernant les mobilités fréquentes de la ville de Musumb, capitale de l’empire lunda, tout en respectant la chronologie. La méthode comparative, m’a permis de faire ressortir les causes et les conséquences de ces déplacements et de l’instabilité du pouvoir politique lunda pendant le milieu et l’avant dernière décennie du xixe siècle.

  • 18 M. Fragonard, 1999, p. 184.
  • 19 Y.-F. Tuan, 1974.

17Ces deux méthodes sont corroborées par les approches linguistiques et la géographie humaniste ou culturelle. La linguistique m’a permis de faire ressortir le degré de parenté des différentes langues parlées dans l’espace lunda en vue de connaître si leurs locuteurs avaient une origine commune. De cette approche, j’ai tiré aussi des données historiques qui m’ont aidé à montrer l’origine du mot musumb et son évolution à travers les âges. Par ailleurs l’approche onomastique m’a permis d’analyser et de comprendre le sens de certains noms historiques (noms de lieux, d’arbres, d’objets, etc.). L’approche de la géographie humaniste ou culturelle m’a éclairé sur le problème des origines de la ville de Musumb. Elle est inspirée de Michel Fragonard18 pour qui la production culturelle est aussi l’affaire de géographie ; elle est qualifiée d’humaniste par le géographe américain Yi-Fu Tuan19 pour lequel les territoires sont investis de symboles. La notion d’« espace vécu », de « représentation culturelle », de « place ou territoire » sont des concepts centraux de cette approche. Les êtres humains ont à l’égard de l’espace qu’ils habitent des représentations, des images, des investissements affectifs plus ou moins forts. Ces approches m’ont permis de mieux comprendre Musumb en tant que lieu culturel devenu de nos jours un symbole, une référence identitaire pour tous les Lunda vivant en Angola, en Zambie et en République démocratique du Congo.

18Cet article se décline en quatre entrées. Il s’agit d’abord d’expliquer la méthodologie et le cadre conceptuel choisi pour la recherche dans la mesure où des sources de nature diverse doivent être croisées pour reconstituer cette histoire. Ce travail permet de redéfinir le cadre conceptuel des villes africaines avant la période coloniale. La deuxième partie s’intéresse à l’étymologie du mot musumb à travers une analyse morphologique. Ce détour par la linguistique est mis au service d’une analyse de la forme du plan bâti de la ville de Musumb, permettant de saisir son organisation urbaine. La troisième partie s’attache à décrire et expliquer les mobilités spatiales de la ville de Musumb entre 1852 et 1885. Dans la dernière et quatrième partie j’explique les causes internes et externes des mobilités spatiales de Musumb. Le processus électoral, les règles de succession, les tractations successorales et le système idéologique politique des Ant Yaav (Mwant Yaav au pluriel, c’est-à-dire « empereur ») y sont décrits en tant que causes internes. Des causes externes ont également favorisé les déplacements de Musumb comme les conflits lunda-chookwe, la présence de M’Siri dans la région et l’immixtion étrangère des Portugais et des agents léopoldiens.

Musumb : un nouvel apport à l’historiographie sur les villes anciennes en Afrique

  • 20 Ibid.

19En Afrique centrale précoloniale, deux catégories de ville ont regroupé de nombreuses populations. La première était représentée par les centres commerciaux nés généralement sur les bords de lacs et de cours d’eau, à la suite des échanges entre les régions à productions complémentaires. La seconde comprenait les capitales de grands royaumes et empires comme Musumb. Ainsi, le réseau des premières circonscriptions urbaines en Afrique n’est pas, dans l’ensemble, une innovation coloniale, mais la colonisation a réorganisé ce qui existait déjà au profit de ses intérêts socio-économiques. Cependant, cette réorganisation coloniale a entraîné la disparition du monopole commercial que détenaient certaines villes précoloniales20 comme Musumb. Moins bien située par rapport à ces nouveaux réseaux d’échange, les villes coloniales les ont supplantées.

  • 21 C. Coquery-Vidrovitch, 1981, p. 8.

20Catherine Coquery-Vidrovitch a montré que lorsqu’on étudie les villes anciennes, on remarque la variété et la souplesse du tissu urbain. Si elles s’insèrent dans un espace géographique restreint et tiennent compte de données topographiques précises, elles ne sont jamais achevées dans leur construction : à l’intérieur des murs, il y a l’imbrication des espaces habités et des espaces dégagés (jardins, friches) et, à l’extérieur, il y a de fortes interpénétrations des faubourgs et de la campagne environnante. En fait, la ville est conforme au vécu quotidien. Une ville, dans une société où la spécialisation des activités n’est pas extrême, abritera elle-même des activités très diversifiées. Le mot « ville », écrit Coquery-Vidrovitch, est tiré du latin « villa » qui désigne un bâtiment au sein d’une structure agricole. La « ville » se situe donc au bout d’une chaîne « villa-village-ville » qui montre bien la continuité, la non-rupture entre urbanisme et campagne21.

  • 22 Cité par C. Coquery- Vidrovith, 1993b, p. 25-35 ; S. Denyere, 1978, p. 37-38.
  • 23 C. Coquery-Vidrovith, 1993b.
  • 24 Ibid.

21Concernant Musumb, Antonio Galitto22, qui y a conduit en 1831 une expédition portugaise, explique que s’y trouvaient les conditions nécessaires pour le développement d’une ville : un surplus agricole, une classe politique bien hiérarchisée, un groupe de marchands susceptibles d’attirer les producteurs, la barre de cuivre utilisée comme monnaie d’échange, etc. Musumb était une ville précoloniale très mobile parce que chaque nouvel empereur érigeait une nouvelle capitale qui s’appelait toujours Musumb. Elle était constituée d’un palais qui était clôturé et où vivait l’empereur Mwant Yaav avec ses femmes et ses enfants. Devant le palais royal se trouvait un vaste espace vide qui servait à la fois de lieu de rassemblement du peuple et de place du marché. Catherine Coquery-Vidrovith23 confirme que, dès le xvie siècle, Musumb était déjà la capitale de l’empire lunda et, vers les années 1842, Musumb aurait atteint 20 000 habitants. Elle était donc une zone de densification humaine, un grand centre économique et étatique24.

L’étymologie du mot musumb

22Pour mieux saisir l’étymologie du mot musumb, il importe d’en faire l’analyse morphosémantique. Il ressort que, la communauté de sens du mot musumb chez les Bantu comme chez les Lunda découle d’une étymologie qui remonte vraisemblablement à une protolangue. L’utilisation du mot musumb pour désigner la capitale où résident les Ant Yaav s’explique d’abord par les déplacements successifs puis la fixation définitive de ce qui était au départ un campement lié au nomadisme des anciens peuples. Ce mot musumb est utilisé de nos jours en uruwund pour désigner la capitale d’un pays, le chef-lieu d’une province ou d’un territoire. Dans cette étude, ce mot musumb est employé pour désigner la ville ou la capitale où réside le Mwant Yaav, l’empereur des Lunda.

  • 25 Entretien avec Michaël Kasombo Tshibanda, professeur au département de Lettres et Civilisations afr (...)

23Pour ce qui est de l’analyse morphosémantique, musumb est un substantif composé de mu- qui est un préfixe nominal de la classe 3 dont le pluriel se fait en mi- de la classe 4, tandis que -sumb est un thème nominal inanalysable dont le sens semble être opaque à ce jour sinon qui désigne un campement. Existe-t-il en uruwund un verbe kusumb à partir duquel on pourrait interpréter le sens premier de musumb ? Les radicaux verbaux actuels ne semblent pas fournir une indication dans ce sens. Sinon, on doit admettre seulement le thème -sumb avec le sens de base de « campement25 ».

  • 26 David Mbaz Muchail (Mwant Mulambw), interviewé le 2 septembre 2015 à sa résidence (Musumb).
  • 27 Mwant Ruumb Nawej, interviewé à Musumb, le 20 septembre 2015.
  • 28 « Campement pour la chasse », « campement pour la pêche », « campement pour la cueillette », « camp (...)

24Le vocable musumb n’est pas seulement un toponyme, il est aussi un concept qui renferme une pluralité de sens. En effet, il est lié aux activités traditionnelles de chasse, de cueillette, de pêche et de guerre26. Durant l’époque précoloniale, les Lunda allaient camper en brousse pendant plusieurs jours, soit pour chercher le gibier et boucaner la viande, pour collecter les chenilles, pour pêcher les poissons, soit encore pour s’entraîner à la guerre27. D’où, dans le langage populaire lunda des distinctions telles que musumb wa mbij, musumb wa ansh, musumb wa amesh, musumb wa njit28.

25Le mot musumb garde donc, de manière large, un sens lié aux activités traditionnelles de chasse, de cueillette, de ramassage, de pêche et de guerre ; il désigne un campement. Par ailleurs, dans le même champ sémantique, on relève aussi le toponyme chibeng désignant lui aussi un campement. Cependant, contrairement à musumb, chibeng semble ne se limiter qu’au campement pour chasseurs, pêcheurs, cueilleurs. Il ne semble pas impliquer la dimension guerrière qui s’attache exclusivement à musumb. Comment alors expliquer qu’aujourd’hui, les Lunda appellent Musumb toute agglomération où réside le Mwant Yaav ?

  • 29 Kalume Tekenyangulu, interviewé à Musumb, le 22 octobre 2015.
  • 30 Ruwej’a-Nkond hérita de son père Nkond’a-Matit, le kazekil (symbole par excellence du pouvoir) et d (...)
  • 31 Mboso Kodia Mwanga Christophe, interviewé à Kinshasa, le 20 janvier 2008.

26Le mot musumb n’est pas seulement propre aux Lunda : les Kete-sud, les Kanyok, les Luba, leurs voisins directs et beaucoup d’autres populations bantoues l’utilisent. En effet, pour un informateur luba29, ce terme introduit vraisemblablement dans l’État lunda par le chasseur Chibind Yirung30 en mémoire de son lieu de chasse, pourrait avoir l’appartenance luba. Cependant, ce toponyme musumb apparaît aussi dans beaucoup d’autres langues bantoues parmi lesquelles le ciluba, le kichookwe, le kibemba, le kikongo, le kiyaka, l’otetela, etc. que d’autres informateurs31 parlant ces langues m’ont révélé. La tradition orale lunda que j’ai récoltée, confirme que ce vocable musumb relèverait du uruwund nucléaire et qu’il s’étend à tous les États lunda.

  • 32 J. J. Hoover, 1978, p. 567.
  • 33 Malcolm Guthrie cité par Ibid.

27La réflexion linguistique de J. Jeffrey Hoover32 à propos du vocable musumb permet de faire ressortir son appartenance. En kiyaka, músùmba désignerait la capitale où réside le chef. En kichookwe, músumbà signifierait soit le lieu de campement pour les chasseurs soit la paillote du chef ou encore la maison en paille. Tandis que Malcolm Guthrie, linguiste africaniste33, parle de la racine -cúmbà qui signifierait « village du chef » en kibemba, en luvale, en ndembu, etc. En otetela, osumbà signifierait aussi « village du chef ». Selon Hoover, ce concept est un emprunt de la langue uruwund et pourrait tirer son origine de la langue kanyok, musù:mba. Cependant, peu d’indices existent pour savoir si le vocable musumb proviendrait de langues bemba, kichookwe, luba, luvale, kanyok, otetela, etc. À partir de la distribution établie par Hoover, il apparaît que le concept musumb, signifierait « camp pour le chasseur ». De nos jours, le concept a connu un glissement sémantique pour désigner la capitale de l’État lunda parce que dans les traditions de la dynastie lunda, on veut toujours associer le chasseur Chibind Yirung avec l’origine de la succession des Ant Yaav. Sinon, à considérer cette distribution géolinguistique du terme musumb, celui-ci remonterait à un état ou à un autre de la langue-mère des langues bantoues, à savoir : le protobantou.

Le plan bâti de la ville de Musumb

  • 34 A. Margarido, 1970, p. 857-861.
  • 35 J. R. Graça, 1890, p. 367-468.

28Les traditions orales lunda affirment que la transformation de Musumb en ville a eu lieu à la fin du xvie siècle34. Elle fut accompagnée d’innovations tant techniques que sociales. Cependant, la première description de la ville de Musumb, capitale de l’empire lunda faite par Joaquim Rodrigues Graça35 ne date que de 1842.

  • 36 A. Margarido, 1970, p. 857.
  • 37 H. A. Dias De Carvalho, 1890, p. 227.
  • 38 J. R. Graça, 1890 ; H. A. Dias De Carvalho, 1890 ; A. Margarido, 1970, p. 857-861.

29L’historien placé devant ce plan minutieux de la ville de Musumb telle qu’elle existait en 1886 doit de prime abord, s’interroger sur l’évolution même de la ville, sur son développement qui aurait été accompagné d’une croissante augmentation du personnel politique impliquant des changements dans la grille urbaine36. Malheureusement, Joaquim Rodrigues Graça, Henrique Augusto Dias De Carvalho37 et Alfredo Margarido38 ne disposent pas de données suffisantes pour suivre une telle évolution et expliquer l’expansion impériale et l’installation des charges politiques dans un tissu urbain fort homogène.

  • 39 J. R. Graça, 1890.
  • 40 H. A. Dias De Carvalho, 1890.
  • 41 A. Margarido, 1970, p. 857-861.
  • 42 Ibid.
  • 43 Ibid.

30Quoi qu’il en soit, le plan bâti de la ville de Musumb possède une forme de tortue projetée sur le sol. Les descriptions faites par Graça39, Carvalho40 et Margarido41, montrent que l’espace urbain s’approprie les caractères de l’animal, ainsi entièrement socialisé. C’est une forme de pensée analogique qui permet au groupe de définir non seulement les qualités de la tortue, mais surtout d’intégrer à la démarche même du groupe, ce qui, dans le règne animal, lui paraît socialisable42. La tortue, souvent associée au python, un des gardiens du panthéon impérial, est un symbole de sagesse, de ruse, de résistance et surtout de longévité. Elle est étroitement liée à la royauté, gardienne des reliques des ancêtres royaux. En même temps, elle a des qualités parmi les plus estimées par les Lunda, indispensables à l’exercice de la royauté, et qui rappellent la longévité, signe de dignité, de connaissance et de pouvoir43.

  • 44 Le plan bâti de la ville de Musumb a été dessiné par Havas selon H. A. Dias De Carvalho, 1890, p. 2 (...)

Figure 1 : Schématisation du plan bâti de la ville de Musumb sous forme de tortue44

Figure 1 : Schématisation du plan bâti de la ville de Musumb sous forme de tortue44

H.A. Dias De Carvalho, 1890, p. 226.

Figure 2 : Habitations

Figure 2 : Habitations

H.A. Dias De Carvalho, 1890, p. 220.

Figure 3 : Mwant Yaav buvant du « malufo »

Figure 3 : Mwant Yaav buvant du « malufo »

H.A. Dias De Carvalho, 1890, p. 230.

  • 45 M. Luwel, 1960, p. 605-636.
  • 46 Ibid.

31Concernant la position de l’habitat dans la ville de Musumb précoloniale, je me suis référé à la description faite par l’explorateur hongrois Ladislas Magyar qui avait effectué son voyage à l’intérieur de l’empire lunda jusqu’à Musumb de 1850 à 185245. Dans l’ensemble des lettres qu’il envoyait à son père en Hongrie, Magyar parle de l’empire lunda, du souverain Mwant Yaav et surtout de la description de la ville de Musumb. Dans ses écrits, Magyar parle de la superficie de l’État lunda qui s’étendait sur une cinquantaine de milliers de kilomètres carrés (50 000 km2) comparable à la superficie de la Belgique et des Pays-Bas réunis. Il parle ensuite de la superficie de la ville de Musumb qui s’étendait sur une dizaine de kilomètres carrés (10 km2) et qui comptait cinquante mille habitants. Il décrit les maisons de cette ville précoloniale qui étaient couvertes de toits de paille. Un double enclos rectangulaire de hauts pieux formait l’enceinte du palais. La toiture reposait sur des piliers et ressemblait à celle des moulins à chevaux de la Hongrie. Des nattes multicolores meublaient l’intérieur. Les rues de la ville de Musumb étaient rectilignes et bordées d’arbres. On y trouvait plusieurs places de marché où les commerçants vendaient même des textiles européens, la monnaie était le cuivre. L’explorateur s’étonne cependant de retrouver à Musumb les palmiers et les bananiers que la Hongrie importait de São Tomé46.

Figure 4 : Le chitentam : conseil ou cour nationale composée des hauts dignitaires

Figure 4 : Le chitentam : conseil ou cour nationale composée des hauts dignitaires

Liévain Mwangal, photos d’enquête effectuées sur le terrain, Musumb, 01/09/2012.

Les mobilités spatiales de la ville de Musumb de 1852 à 1885

32La période de 1852 à 1885 est marquée par des déplacements fréquents de la capitale Musumb et par la succession d’empereurs aux règnes relativement courts. Pendant au moins trente-trois années, la ville de Musumb a dû changer de site plus de six fois pour cinq Ant Yaav (empereurs).

  • 47 Kasal katok veut dire « là où la lumière est blanche, claire, lumineuse » ou encore « au lever du s (...)
  • 48 Chef Mwan’a-Kaj Katembu, interview citée ; voir aussi chef Nchakal Makal Mukaz, interviewé le 2 sep (...)

33La première agglomération qui a servi de résidence des ancêtres lunda depuis les origines, serait Kasal Katok47. De nos jours, cette agglomération est restée un simple petit village de Sakapemb regroupant une vingtaine d’habitations. Cependant, la première fondation de la capitale Musumb serait l’œuvre de Ruwej’a-Nkond et de son époux Chibind Yirung vers 160048.

  • 49 Ibid.

34La période allant de 1600 à 1852 est marquée par une série d’empereurs aux règnes relativement longs. Pendant cette période, la capitale Musumb a changé de site plus de cinq fois et a connu neuf empereurs. Le déplacement du site d’un lieu vers un autre, se faisait peut-être, en fonction des convenances personnelles des empereurs lunda, soit pour prouver leur dynamisme ou bravoure, soit pour la recherche de sites giboyeux et fertiles49.

35La période allant de 1852 à 1885 est beaucoup moins stable et est marquée par le déplacement très fréquent de la capitale Musumb : Musumb wa Mwizomb (1852-1857), Musumb wa Chiman (1857-1874), Musumb wa Kapwek mash ni Kawend (1874-1883), Musumb wa Chiman (début 1884) et Musumb wa Kayishij (du mai à novembre 1884), Musumb wa Kawend et Musumb wa Kayishij de nouveau (décembre 1884-1885) et par une série d’empereurs aux règnes relativement courts : Mwant Yaav Mulaj-a-Namwan, Mwant Yaav Muteb-a-Chikomb, Mwant Yaav Mbaal-a-Kamong, Mwant Yaav Mbumb Muteb-a-Kat, Mwant Yaav Chimbindw Ditend, Mwant Yaav Kangapw-a-Nawej et Mwant Yaav Mudib Chibamb.

  • 50 Yirung Kabwit Georges, Yav Chikut, Yav Kawel, et Kawel, interviewés à Musumb, les 20, 22 et 24 sept (...)
  • 51 Yav Kawel, interview citée.
  • 52 Le nom de Mbumba signifie en langue kichookwe « lèpre ». Le Mwant Yaav Mbumb, lorsqu’il était encor (...)
  • 53 N. D. Solol Kanampumb, 1973, p. 25-50.
  • 54 Ce territoire lunda n’était pas encore annexé à la colonie portugaise, les royaumes ovimbundu (Bié, (...)
  • 55 L. Duysters, 1958, p. 75-98.
  • 56 H. A. Dias De Carvalho, 1890, p. 634-637.
  • 57 Ibid., p. 652-655.

36Après la mort de Mwant Yaav Nawej-a-Ditend, Mulaj-a-Namwan lui succède. Ce dernier est investi comme empereur en 1852 sous le nom de Mwant Yaav Mulaj-a-Namwan. Dès son investiture, il décide de déplacer la capitale vers un nouveau site qu’il dénomme Musumb wa Mwizomb50. Actuellement, sur ce site, se trouve le village d’Izomb à côté du village du chef Yirung. Cependant, le Mwant Yaav Mulaj ne règne que pendant cinq ans. Après sa mort, Muteb-a-Chikomb lui succède. Muteb-a-Chikomb devient Mwant Yaav en 1857 et décide de déplacer la capitale vers un nouveau site qu’il nomme Musumb wa Chiman et qui se situe entre les rivières Ijib, Riz, Rindach et Kavadil, non loin de Musumb w’Ijib. De nos jours, ce site se trouve à côté du village Kabeb. Le Mwant Yaav Muteb-a-Chikomb y régnera pendant seize ans. Après sa mort, Mbal-a-Kamong Isot lui succède. Devenu Mwant Yaav, il décide de garder la même Musumb wa Chiman mais il ne règne pas aussi longtemps que son prédécesseur. Après sa mort, Mbumb Muteb-a-Kat lui succède51. Le futur Mwant Yaav Mbumb Muteb-a-Kat52 (alias Kad Matend, Matend yey ukumusaka) fut nommé gouverneur à Itengo dans la région de Sa-Kambundji par le Mwant Yaav Mulaj-a-Mbal-a-Namwan. Le contrôle de cette région stratégique au point de vue commercial, permit à Mbumb de s’assurer la principale route commerciale qui reliait Benguela (en république d’Angola actuelle) à Musumb. Cette position stratégique privilégiée ne manquait pas d’inspirer des ambitions centrifuges au gouverneur, surtout qu’il s’était brouillé avec le Mwant Yaav Mbal. Pour asseoir son autorité sur cette région, il se lia d’amitié avec les Chookwe53. En 1874, après la mort de Mwant Yaav Mbal, Mbumb Muteb-a-Kat devient Mwant Yaav. Il décide d’abandonner la capitale de son prédécesseur, et place la sienne près de la rivière Nkalaany qu’il nomme Musumb wa Kapwek mash ni kawend. Actuellement sur ce site se trouve le village de Kawend. Après la mort de Mwant Yaav Mbumb, Chimbindu Ditend lui succède54. Une fois au pouvoir, il décide de garder la capitale Musumb sur le même site que son prédécesseur Mbumb, c’est-à-dire Musumb wa Kapwek mash ni kawend. Cependant, il ne règne pas longtemps car il est assassiné en mai 1883. Son règne ne fut que de cinq mois et quelques jours soit du décembre 1882 à mai 1883 et il n’eut pas le temps de construire une nouvelle Musumb55. Une fois au pouvoir, Kangapw-a-Nawej décide de changer le site de sa capitale pour retourner à Chiman (Musumb wa Chiman) ; puis à Kayishij (Musumb wa Kayishij). Cette nouvelle capitale est entourée par trois rivières : Ijib à l’ouest, Kayol au nord et Ngoy’a-Mesh au sud. Actuellement, elle est située à côté du village Kabeb56. Le Mwant Yaav Kangapw meurt en novembre 1884 et son règne n’est que de cinq mois et quelques jours. Après sa mort, Mudib Chibamb devient Mwant Yaav en décembre 1884. Mudib Chibamb est d’abord Nswan Mulapw (sous-chef) de Mwant Yaav Mbumb Muteb-a-Kat. En décembre 1884, Mudib Chibamb devient Mwant Yaav et décide de construire sa capitale sur le site de Kawend qu’il baptise Musumb wa Kawend car ce site se trouve à côté du village de Kawend. Ensuite, il décide de retourner à Musumb wa Kayishij où il règne jusqu’à sa mort en octobre 188557. Le règne de Mwant Yaav Mudib Chibamb est de seulement dix mois car il est assassiné en octobre 1885 à Muyej pendant la guerre lunda-chookwe.

Les causes de mobilités spatiales de Musumb

  • 58 M’siri (déformation du nom de Mushid) désigne un roi d’origine étrangère qui a conclu un pacte de s (...)

37Les causes de mobilités de Musumb sont à la fois internes et externes. Elles sont liées au processus électoral et aux systèmes idéologiques des empereurs lunda, à la pression du monde économique, à l’antagonisme entre les Lunda et les Chookwe, à l’infiltration de M’Siri58 et à l’immixtion étrangère.

Les causes endogènes

  • 59 D. Biebuyck, 1957, p. 787-817.
  • 60 L. Mwangal Mpalang’a-Maruv, 2010, p. 97.
  • 61 Ibid.

38Le processus électoral est lié aux règles de succession et aux tractations successorales. La coutume lunda est imprécise sur les règles qui régissent le choix du Mwant Yaav et les critères d’appréciation d’une candidature ne donnent pas un système de priorité aux lignées des ayants droit59. L’organe chargé du choix d’un Mwant Yaav (la commission électorale) amène un candidat pour le présenter chez la Nswan Murund (Ruwej), en mémoire de Chibind Yirung qui avait été amené chez la reine Ruwej par les gens qui l’avaient trouvé sur ses terrains, et elle déclara qu’elle « l’aimait60 ». Le fait de donner priorité à un seul des candidats présentés et d’ainsi exclure les autres, engendre souvent des luttes entre les ayants droit61.

  • 62 Ibid.
  • 63 J.-L. Vellut, 1972, p. 61-166.
  • 64 Ibid.

39Pour accéder au pouvoir suprême lunda, il faut risquer sa vie. Chez les Lunda, on dit de tout candidat potentiel au trône des Ant Yaav : Kuril kupand, uril ntumb kushaku, c’est-à-dire « on cherche à laisser sa renommée et non à vivre longtemps62 ». Ce danger encouru par chaque candidat est compensé par les avantages qu’apporte le pouvoir de Mwant Yaav et constitue un point d’attraction pour les prétendants63. Quant à l’idéologie politique des Ant Yaav, chaque Mwant Yaav pouvait appliquer son idéologie politique selon la conjoncture de plusieurs facteurs – politique, social, économique, etc. – qui pouvait le conduire soit à sa chute, soit à son succès vis-à-vis de ses gouvernés64.

  • 65 K. Ilunga, 1984, p. 95.

40Les facteurs politiques sont liés à l’organisation politique lunda qui s’articulait autour de la cour de Mwant Yaav où une oligarchie organisée suivant un réseau de liens de parenté réels ou symboliques exerce le pouvoir. La cour était aussi liée à une périphérie où l’on retrouvait des entités politiques quasi-indépendantes dont le contrôle politique se faisait avec des guerres périodiques de prestige ou des conquêtes liées à la cour de Musumb. On y trouvait d’autres dynasties qui devaient payer régulièrement leurs tributs au Mwant Yaav65. Ce système connaissait donc les velléités d’indépendance de formations sociales lignagères périphériques qui avaient un impact direct sur la capitale Musumb, la conduisant ainsi à des déplacements incessants.

  • 66 Ibid.
  • 67 Ibid.

41Les facteurs économiques sont liés à la politique économique des empereurs lunda chez les peuples conquis qui se dégage à travers le mécanisme mis sur pieds par l’oligarchie lunda en vue d’entretenir la cour royale de Musumb et sa propre survie. Elle s’exprimait en pratique par les razzias, les guerres, le paiement des tributs, le contrôle des itinéraires commerciaux et les échanges avec l’extérieur66. La guerre était donc un moyen pour accéder aux principaux produits du commerce. L’aristocratie lunda obtenait des produits de prestige échangés contre de l’ivoire, de la cire, du caoutchouc, des esclaves, du sel, etc. La demande croissante de produits africains sur la côte angolaise avait convaincu les Ant Yaav à lancer des expéditions vers l’est où l’on trouvait toutes ces marchandises. Ainsi, ces exigences purement économiques déterminaient certains Ant Yaav à définir une politique de conquête des régions riches en produits de commerce67.

Les causes externes

  • 68 A. Ching, 1979, p. 17.

42L’antagonisme entre les Aruwund et les Chookwe aurait pris une autre allure si les puissances coloniales ne s’y étaient pas mêlées directement. Le xviiie siècle fut pour la capitale Musumb celui de la croissance commerciale. Le commerce portugais s’intensifia en Angola vers la fin du xviiie siècle. Les pombéiros (trafiquants ambulants au service des Portugais) développèrent des relations commerciales entre les empereurs lunda et les Portugais. À ce moment-là, la route tracée par les pombéiros connut un trafic important qui apportait de gros intérêts aux Portugais. Avec le développement de la traite et du trafic de l’ivoire, les Chookwe se mirent à leur tour à fournir beaucoup d’esclaves et d’ivoire aux Portugais. Ils recevaient des armes à feu qui leur permettaient de chasser les éléphants d’une manière intensive. C’est à la poursuite des éléphants qu’ils traversèrent les vallées boisées des régions de la rivière Kasaï, menant une vie nomade68.

  • 69 N. D. Solol Kanampumb, 1973, p. 25-50.
  • 70 Ibid.

43Chaque fois qu’ils s’installaient dans une région étrangère, ils payaient un tribut aux chefs locaux. Étant donné que leur installation était temporaire, cela n’offusquait pas les habitants des régions envahies. Cependant, à partir du moment où ils s’y installèrent définitivement, la situation changea radicalement69. Ils choisissaient leur propre chef dans la région occupée, renonçaient à payer un tribut aux chefs locaux et s’attaquaient aux populations manifestement sans armes à feu70.

  • 71 Ibid.

44L’expansion chookwe se fit donc dans ces régions occidentales de l’État lunda, c’est-à-dire sur la rive droite de la rivière Kasaï, d’une manière lente et progressive. Elle devint rapide lorsque certains Aruwund réfractaires à l’autorité du Mwant Yaav cherchèrent l’appui des Chookwe pour renverser le pouvoir en place71. Ceci créa l’instabilité du pouvoir politique lunda, favorisant ainsi le déplacement incessant de la capitale Musumb d’un lieu vers un autre.

  • 72 P. C. Kalenga Ngoy, 2014, p. 40.

45Concernant l’avènement de M’Siri (et des Yeke) et sa préservation du monopole économique dans la région, Kalenga Ngoy montre que les Yeke ou Yege sont venus d’un vaste pays situé entre la côte est de l’Afrique et le lac Tanganyika connu sous le nom de Unyamwezi. C’est le commerce à longue distance qui amène les Nyamwezi à s’installer au Katanga à la suite de la découverte du cuivre et de l’ivoire. Plusieurs migrations s’y sont associées dont la plus importante est celle de M’siri. Détenteur de l’arme à feu, M’Siri démontre ses hauts faits militaires et son esprit guerrier. Son installation dans cette partie du sud-est de l’État lunda, provoque l’afflux de nouveaux Yeke et d’autres populations autour de lui. Ainsi, M’siri songe à choisir un endroit où les terres sont fertiles pour nourrir tout ce monde. Après être allé successivement sur les sites de Lutipuka, Kisungu, Kisanga, Mulungushi et Luambo, M’siri découvre vers les années 1879-1880 le site actuel de Bunkeya où il s’installe définitivement72.

  • 73 Dans l’histoire de l’État lunda, les Kazembe sont des généraux et envoyés de Mwant Yaav. On disting (...)
  • 74 P. C. Kalenga Ngoy, 2014, p. 40. La révolte sanga à la fin du xixsiècle par exemple, fut un grand (...)

46Lorsque M’Siri usurpe le pouvoir des chefs des villages de Pande et de Katanga, ce commerce interrégional est dominé par les Yeke. Ainsi donc, coupés de leur commerce interrégional, les empereurs lunda n’ont plus accès non seulement aux produits de prestige (armes, perles, étoffes, etc.) mais aussi aux précieux produits régionaux (cuivre, ivoire, etc.). La perte du contrôle de ce commerce au profit de M’Siri, expliquerait peut-être les guerres incessantes menées par les Kazembe73(chefs lunda) contre lui et les multiples révoltes des populations locales74. Cela a eu des conséquences importantes sur le bon fonctionnement du pouvoir des Ant Yaav à Musumb.

  • 75 L. Mwangal Mpalang’a-Maruv, 2010, p. 101-102.

47L’immixtion étrangère des Portugais et des agents léopoldiens est liée aux relations commerciales et à l’antagonisme entre les puissances coloniales. En effet, à la fin de la seconde moitié du xviiie siècle, les relations commerciales étaient constantes entre le haut Kasaï et le Luapula. Ce commerce se faisait de Kazembe de Luapula au Mwant Yaav et de Kazembe aux Portugais. Des Portugais, le Kazembe recevait des articles de luxe, tissus de l’Inde, cauris des Maldives, etc. En échange, il fournissait aux Portugais par le canal des pombéiros l’ivoire, les barres de cuivre du Katanga, les esclaves, etc. Les relations commerciales entre le Kazembe de Luapula et les Portugais permirent à ces derniers d’effectuer des liaisons transcontinentales entre les possessions portugaises du Mozambique et celles de l’Angola75.

  • 76 Ibid.

48Du côté ouest, les Lunda installés au Kwango étaient également en relations commerciales permanentes avec le Mwant Yaav. Ils jouaient le rôle d’intermédiaires entre les Portugais et le Mwant Yaav. Des Portugais, le Mwant Yaav recevait des articles de luxe d’origine occidentale : étoffes, fusils, assiettes, poudre à canon, etc., contre des esclaves, de l’ivoire, des peaux de léopard et de lion, des produits agricoles, des animaux domestiques (chèvres, moutons, etc.) et plus tard contre des lingots de cuivre. Ces relations commerciales ne cessèrent qu’à la fin de la seconde moitié du xixe siècle pendant la période de la grande invasion chookwe. Plus tard, les Portugais cessèrent le trafic par intermédiaires. Ils devaient dès lors passer par les Lunda du Kwango pour se rendre personnellement à Musumb chez le Mwant Yaav, ouvrant ainsi la route à la pénétration européenne. En raison de ces relations commerciales, la capitale Musumb fut connue des Européens76. Ainsi, les règnes des Ant Yaav à cette époque eurent lieu, mais sans grande importance car ils furent éphémères. Les empereurs lunda connurent aussi peu de nouvelles conquêtes car leurs règnes étaient caractérisés par des luttes pour la succession au trône, causant les mobilités de la capitale.

49Les rivalités entre les puissances coloniales luso-belgo-anglaise à la recherche d’espace territorial à coloniser, ont aussi joué un rôle très important dans les luttes de succession au trône des Ant Yaav. En influençant les opposants de la cour royale, les puissances coloniales ont occasionné la course au pouvoir des Ant Yaav les conduisant ainsi à déplacer fréquemment le site de leur capitale Musumb d’un lieu vers un autre.

50Après la pénétration léopoldienne et la création de l’État indépendant du Congo, les agents léopoldiens s’attelèrent à la restructuration de la capitale Musumb et du reste de l’État lunda. Il fallait donc, à cet État nouvellement créé, soustraire le sud et le sud-est de cet ancien et grand empire de l’influence socio-économique portugaise. C’est ainsi que l’État indépendant du Congo brisa les circuits d’échanges qui étaient fructueux entre les Chookwe et les Aruwund. Des conflits vont naître entre les agents léopoldiens et le Mwant Yaav d’une part, et les Chookwe et ces agents d’autre part.

Conclusion

51À travers cette étude portant sur l’évolution et les mobilités spatiales de la ville de Musumb, capitale de l’empire lunda de 1852 à 1885, j’ai montré que les Lunda considèrent Kasal Katok comme la première agglomération qui a servi de capitale ou de résidence aux fondateurs de l’empire lunda, à savoir Chinawej Mbar et Musang. Pendant cette période, le terme musumb, comme nom de résidence ou capitale des Ant Yaav, n’est pas encore utilisé. Il est employé pour désigner plutôt un campement de pêche, de chasse, de guerre, etc. L’acception courante de ce mot est cependant liée à la vie et au règne des empereurs lunda qui se succèdent au trône.

52Les causes de ces mobilités spatiales de la ville de Musumb pendant le milieu et l’avant dernière décennie du xixe siècle sont à la fois endogènes et exogènes. Les causes endogènes sont expliquées par le processus électoral lié aux règles de succession et aux tractations successorales. La coutume lunda ne précise pas bien les règles qui régissent le choix du Mwant Yaav et les critères d’appréciation d’une candidature ne donnent pas la priorité aux lignées des ayants droit. Le fait de donner priorité à un seul des candidats présents à la fois, avec l’exclusion des autres, engendre souvent des luttes entre les ayants droit. Les facteurs sociologiques, politiques et économiques, expliquent les causes externes lointaines et immédiates des déplacements de Musumb d’un lieu vers un autre. Les conflits lunda-chookwe, la présence de M’Siri dans la région et l’immixtion étrangère des Portugais et des agents léopoldiens constituent les causes externes de ces délocalisations qui s’expliquent surtout dans la rencontre de deux organisations économiques diamétralement opposées.

53L’empire lunda est toujours multiethnique et les Aruwund du berceau de l’État proprement dit constituent toujours une minorité des Lunda. J’ai délibérément confondu l’empire lunda avec les Aruwund seuls dans le but d’expliquer à quel degré se situeraient les causes des conflits lunda-chookwe et leurs alliés. Cette ambiguïté est l’une des sources même de l’échec de la politique de Musumb à la fin de la période précoloniale et coloniale voire aussi pendant la période des années 1960. Car les Chookwe et leurs alliés ne savent pas si avouer leur participation à l’empire lunda serait équivalent à leur assujettissement aux Aruwund.

54Cette étude vient reconstituer non seulement le passé de la ville de Musumb, mais elle vient confirmer aussi que l’évolution et les mobilités spatiales de cette ville sont les corollaires des différents règnes des Ant Yaav. Elle documente ainsi certaines hypothèses émises dans le cadre de la linguistique historique, de l’archéologie, de la toponymie, de l’urbanisation, etc. en ouvrant la voie aux recherches futures. Sur les plans culturel et économique, cette étude peut orienter et stimuler les autorités coutumières, territoriales, provinciales et nationales de la République démocratique du Congo ainsi que les organisations internationales telles que l’UNESCO, en vue de valoriser les différents lieux qui ont abrité la ville de Musumb et d’en faire des sites touristiques.

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Bibliographie

Sources orales

(Liste de quelques personnes interviewées à Musumb, à Kapanga, à Kolwezi, à Lubumbashi, et à Kinshasa)

Noms & Post noms, Âge, Résidence, Profession

Chikomb II (Mwant Chishidil), 67 ans, Chishidil, Notable de Mwant Yaav

Chiyen Chilef, 50 ans, Musumb, Préfet des études de l’Institut Rubwiz

Ditend Albert (Mwant Nzav), -, Kahemba, Notable de Mwant Yaav et Sénateur

Kanampumb Chimpir, 76 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Kalume Tekenyangulu, -, Musumb, Chef de travaux à l’ISP-Musumb

Kanyimbw Chaw (Mwant Malond), 63 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Kasong-a-Mwin Irung, 70 ans, Musumb, Activité libérale

Kasombw Tshiband Michaël, -, Lubumbashi, Professeur à l’université de Lubumbashi

Kazad Kawel (Katap-a-Kish), 77 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Kaziz Yitunginang Ngand (Mukakatot), 64 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Kayamb Mushit Paul, 71 ans, Kapanga, Cultivateur

Katembw Yav Kadit (Mwan-a-Kaj), -, Mwan’a-Kaj, Notable de Mwant Yaav

Kej Ndembu, 80 ans, Kahemba, Cultivateur

Matadiwamba Kamba Muntu, -, Kinshasa, Bâtonnier national

Mbaz Muchail David (Mwant Mulambu), -, Mulambu, Notable de Mwant Yaav

Mbal wa Kad (Karl), 58 ans, Karl, Notable de Mwant Yaav

Mbumb Musombw, 65 ans, Musumb, Directeur de l’école primaire de Kej

Mboso Kodia Kwanga Christoph, 79 ans, Kinshasa, Député national (actuellement président de l’assemblée nationale de RDC)

Michaël Kasombo Tshibanda, 65 ans, Lubumbashi, professeur au département de Lettres et Civilisations africaines de l’université de Lubumbashi.

Mengi Kapit Mbal (lunda de Bandundu), -, Kinshasa, Professeur à l’UPN Kinshasa

Muchail Ziyil Mukaz (Nswan-Mulap), 67 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Mufuk Kayombu, -, Musumb, Chef de quartier

Mukaz Kalau, 65 ans, Musumb, Policier de Mwant Yaav

Mukaz (Nchakal Makal), 57 ans, Nkalaany, Notable de Mwant Yaav

Muland Kamand Piscas, 62 ans, Musumb, Préfet des études de l’IDAP/ISP

Nambaz Kabwiz, 64 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Nkongal Mwangal (Chibab), -, Chibab, Notable de Mwant Yaav

Ruumb Nawej, 76 ans, Musumb, Notable de Mwant Yaav

Sabez (Mwant Sabez), 65 ans, Sabez, Notable de Mwant Yaav

Tshombe Kaumb Benjamin, 77 ans, Musumb, Mwant Yaav Mushid III

Yav Chikut, 42 ans, Musumb, Métier libéral

Yav Kawel Hilaire, 84 ans, Musumb, Agent du cadastre

Yirung Kabwit Georges, 76 ans, Lubumbashi, Métier libéral

Yibwele Sakaji Philippe (Mukaleng Mulal), 63 ans, Lwiza, Notable de Mwant Yaav

Wiskansik Nzeng-a-Mukaz, -, Kolwezi, Activité libérale

Sources écrites

Archives africaines du S.P.E. Affaires étrangères à Bruxelles, Fardes des conventions avec les chefs indigènes du Congo, des questions du Lunda, des Délimitations des frontières Portugal-Lunda et du district de Lualaba

Commentaires du rapport d’inspection du tribunal principal du Mwant Yaav, par le substitut du procureur du roi, Archives africaines du S.P.E. Affaires étrangères à Bruxelles.

Conseil du gouvernement 1935 concernant l’érection des sous-chefferies en chefferies. Archives africaines du S.P.E. Affaires étrangères à Bruxelles.

Conseils de province respectifs de Léopoldville, de l’Équateur, de la Province orientale, du Kivu et du Kasaï, années 1945-1959.

Déclaration du commissaire de district de Lomami au sujet d’un éventuel rattachement de cette région à la Chefferie Mwata Yamvo, Kabinda le 5 janvier 1921. Archives africaines du S.P.E. ministère des Affaires étrangères (ancien ministère des Colonies) à Bruxelles.

Dossier politique du 15 mai 1942 sur la chefferie de Mwant Yaav, Archives africaines du S.P.E. Affaires étrangères à Bruxelles.

Le gouverneur de province du Katanga. Décision du 30 mai 1927, Archives africaines du S.P.E. Affaires étrangères à Bruxelles.

Lettre confidentielle du commissaire de district au gouverneur de province du Katanga sur les différends lunda-chookwe, 29 janvier 1960, Archives africaines du S.P.E. Affaires étrangères à Bruxelles.

Sources officielles publiées

Annuaires officiels du Congo belge de 1952 à 1959, au Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren (Belgique).

Annuaire officiel 1950, ministère des Colonies, Bruxelles, Ed. LESIGNE, 1950. Congo belge et Rwanda-Urundi, Guide du voyageur, Bruxelles, Info-Congo, 1958, 759 p.

Bulletin administratif du Congo belge, années 1912-1959.

Bulletin administratif du Congo belge de 1941, p. 1180-1186 et p. 1197-1202.

Bulletin administratif du Congo belge de 1943, p. 1752-1757.

Bulletin administratif du Congo belge de 1945, p. 955-957.

Études

Anderson, D., Rathbone, R. (dir.), 2000, Africa’s urban past, Oxford, James Currey.

Biebuyck, D., 1957, « Fondement de l’organisation politique des Lundas du Mwaant Yaav en territoire de Kapanga », Zaïre, 8, p. 787-817.

Chikwej C.C., 1989, « Les anthroponymes de quelques notabilités ruund : essai d’analyse morphosémantique », ISP-Musumb (TFC).

Ching, A.C., 1979, « Contribution à la connaissance de l’histoire de l’empire lunda. Étude des principaux règnes », Institut supérieur pédagogique de Lubumbashi, travail de fin d’études.

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Notes

1 J. C. Rumbua-Kayimbu, s.d., p. 7-14.

2 L. Mwangal Mpalang’a-Maruv, 2010, p. 1.

3 Kamand Piscas Muland, Musomb Mbumb, Chilef Chiyen, tous interviewés successivement les 3, 5 et 6 décembre 2015 à Musumb et en 2019 à Kolwezi. Lire également C.C. Chikwej, 1989.

4 A. Ching, 1979, p. 17. Lire aussi J.-L. Vellut, 1972, p. 61-166.

5 Cité par J.-L. Vellut (dir.), 2007, p. 13 ; O. Goerg, 2006 ; D. Anderson, R. Rathbone, 2000.

6 Ibid.

7 Ibid.

8 C. Coquery-Vidrovitch, 1993a.

9 Ibid.

10 J. R. Graça, 1890, p. 8-9.

11 H. A. Dias de Carvalho, 1890, p. 1892-1894.

12 L. Duysters, 1958, p. 75-98.

13 M. Van Den Byvang, 1937, 1, p. 429-435 ; 2, p. 193-208 ; 4, p. 426-438 ; 5, p. 548-562.

14 Mwant Mwan a Kaj Katembw Yav Kadit, interviewé à Mwan a Kaj (Kapanga), le 15 novembre 2015.

15 D. Dibwe dia Mwembu, 2008, p. 212.

16 Noms d’arbres en langue uruwund (lunda).

17 Mwant Katap a kish Kazad Kawel, interviewé le 10 octobre 2015 à Musumb.

18 M. Fragonard, 1999, p. 184.

19 Y.-F. Tuan, 1974.

20 Ibid.

21 C. Coquery-Vidrovitch, 1981, p. 8.

22 Cité par C. Coquery- Vidrovith, 1993b, p. 25-35 ; S. Denyere, 1978, p. 37-38.

23 C. Coquery-Vidrovith, 1993b.

24 Ibid.

25 Entretien avec Michaël Kasombo Tshibanda, professeur au département de Lettres et Civilisations africaines de l’université de Lubumbashi, Lubumbashi, le 14 mai 2020. Lire aussi J. J. Hoover, 1978.

26 David Mbaz Muchail (Mwant Mulambw), interviewé le 2 septembre 2015 à sa résidence (Musumb).

27 Mwant Ruumb Nawej, interviewé à Musumb, le 20 septembre 2015.

28 « Campement pour la chasse », « campement pour la pêche », « campement pour la cueillette », « campement pour les entraînements de guerre ».

29 Kalume Tekenyangulu, interviewé à Musumb, le 22 octobre 2015.

30 Ruwej’a-Nkond hérita de son père Nkond’a-Matit, le kazekil (symbole par excellence du pouvoir) et devint la reine des Lunda. Par la suite, elle prit comme partenaire Chibind Yirung (chasseur Yirung), un étranger luba venant de l’est. Le titulaire du kazekil est souvent soumis à certains interdits concernant ses habitudes alimentaires et vestimentaires. Dès lors, pour le respect de ses interdits, Ruwej se devait de ne plus porter le kazekil, mais de le faire garder par un homme durant la période de son indisposition mensuelle. Cet homme devait être quelqu’un de confiance. Évidemment, Chibind Yirung en était l’unique homme de confiance. Ce dernier, ne connaissant pas bien la coutume, s’était permis de porter ce symbole par excellence du pouvoir (kazekil) tout en exigeant l’obéissance à certains notables de la cour.

31 Mboso Kodia Mwanga Christophe, interviewé à Kinshasa, le 20 janvier 2008.

32 J. J. Hoover, 1978, p. 567.

33 Malcolm Guthrie cité par Ibid.

34 A. Margarido, 1970, p. 857-861.

35 J. R. Graça, 1890, p. 367-468.

36 A. Margarido, 1970, p. 857.

37 H. A. Dias De Carvalho, 1890, p. 227.

38 J. R. Graça, 1890 ; H. A. Dias De Carvalho, 1890 ; A. Margarido, 1970, p. 857-861.

39 J. R. Graça, 1890.

40 H. A. Dias De Carvalho, 1890.

41 A. Margarido, 1970, p. 857-861.

42 Ibid.

43 Ibid.

44 Le plan bâti de la ville de Musumb a été dessiné par Havas selon H. A. Dias De Carvalho, 1890, p. 227.

45 M. Luwel, 1960, p. 605-636.

46 Ibid.

47 Kasal katok veut dire « là où la lumière est blanche, claire, lumineuse » ou encore « au lever du soleil ». Le terme se confond aussi avec Kool ou wuul qui signifie village (considéré comme le berceau identitaire de tous ceux qui s’appellent lunda éparpillés à travers l’Afrique subsaharienne).

48 Chef Mwan’a-Kaj Katembu, interview citée ; voir aussi chef Nchakal Makal Mukaz, interviewé le 2 septembre 2015 à sa résidence ; chef Chibab Nkongal, interviewé à Musumb, le 10 octobre 2015. Ces informations sont aussi confirmées par L. Duysters, 1958, p. 75-98 et E. A. Lerbak, D. Munung, 1963, p. 38-39.

49 Ibid.

50 Yirung Kabwit Georges, Yav Chikut, Yav Kawel, et Kawel, interviewés à Musumb, les 20, 22 et 24 septembre 2015.

51 Yav Kawel, interview citée.

52 Le nom de Mbumba signifie en langue kichookwe « lèpre ». Le Mwant Yaav Mbumb, lorsqu’il était encore gouverneur à Itengo (région située en Angola actuel), y avait trouvé un lépreux chookwe qui était un homme très méchant. Mbumb se surnomma ainsi en signe de puissance quand il devint Mwant Yaav, tandis que kad matend yey ukumusaka signifie littéralement « un homme sans querelle, n’aimant pas la guerre mais réagissant en cas de provocation ».

53 N. D. Solol Kanampumb, 1973, p. 25-50.

54 Ce territoire lunda n’était pas encore annexé à la colonie portugaise, les royaumes ovimbundu (Bié, Bailundu, etc.) assez proche de Benguela (alentours de l’actuel Huambo) n’étaient occupés par les Portugais qu’au cours des années 1880.

55 L. Duysters, 1958, p. 75-98.

56 H. A. Dias De Carvalho, 1890, p. 634-637.

57 Ibid., p. 652-655.

58 M’siri (déformation du nom de Mushid) désigne un roi d’origine étrangère qui a conclu un pacte de sang afin de faciliter sont intégration dans la partie sud-est du royaume lunda.

59 D. Biebuyck, 1957, p. 787-817.

60 L. Mwangal Mpalang’a-Maruv, 2010, p. 97.

61 Ibid.

62 Ibid.

63 J.-L. Vellut, 1972, p. 61-166.

64 Ibid.

65 K. Ilunga, 1984, p. 95.

66 Ibid.

67 Ibid.

68 A. Ching, 1979, p. 17.

69 N. D. Solol Kanampumb, 1973, p. 25-50.

70 Ibid.

71 Ibid.

72 P. C. Kalenga Ngoy, 2014, p. 40.

73 Dans l’histoire de l’État lunda, les Kazembe sont des généraux et envoyés de Mwant Yaav. On distingue trois catégories de Kazembe : le Kazemb wa Lukoj qui reste aux alentours de l’actuelle ville de Kasaji ; le Kazemb wa Lualaba qui est aux alentours de l’actuelle ville de Kolwezi ; et le Kazemb wa Luapula qui est en Zambie.

74 P. C. Kalenga Ngoy, 2014, p. 40. La révolte sanga à la fin du xixsiècle par exemple, fut un grand soulèvement mobilisant toutes les populations soumises par M’Siri.

75 L. Mwangal Mpalang’a-Maruv, 2010, p. 101-102.

76 Ibid.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Schématisation du plan bâti de la ville de Musumb sous forme de tortue44
Crédits H.A. Dias De Carvalho, 1890, p. 226.
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Titre Figure 2 : Habitations
Crédits H.A. Dias De Carvalho, 1890, p. 220.
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Titre Figure 3 : Mwant Yaav buvant du « malufo »
Crédits H.A. Dias De Carvalho, 1890, p. 230.
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Titre Figure 4 : Le chitentam : conseil ou cour nationale composée des hauts dignitaires
Crédits Liévain Mwangal, photos d’enquête effectuées sur le terrain, Musumb, 01/09/2012.
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Pour citer cet article

Référence électronique

Liévain Mwangal Mpalang’a-Maruv, « L’évolution et les mobilités spatiales de la ville de Musumb, capitale de l’empire lunda de 1852 à 1885 »Afriques [En ligne], 14 | 2023, mis en ligne le 23 janvier 2024, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/4233 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/afriques.4233

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Auteur

Liévain Mwangal Mpalang’a-Maruv

Doctorant à l’Institut d’histoire de l’université de Leiden (Pays-Bas), chef de travaux à l’université de Lubumbashi (République démocratique du Congo)

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