Navigation – Plan du site

AccueilThématiques14Connexions et interactionsApproches comparative et analytiq...

Connexions et interactions

Approches comparative et analytique des pratiques funéraires anciennes à Mbanza Kongo (Province du Zaïre, Angola)

Comparative and analytical approaches to ancient burial practices in Mbanza Kongo (Province of Zaire, Angola)
Eloi Cyrille Tollo

Résumés

Cet article porte sur l’étude des pratiques funéraires à partir des méthodes de l’anthropologie biologique et de l’archéothanatologie de deux sites situés dans la ville historique de Mbanza Kongo, ancienne capitale du royaume du Kongo. Au-delà de certains aspects liés à l’archéologie funéraire, les objectifs de cet article consistent à comprendre la chronologie des sépultures fouillées, leur architecture, leur répartition spatiale et appréhender les modes d’inhumation. Il s’agit aussi de comprendre comment dans le domaine funéraire, les pratiques cultuelles locales se sont maintenues dans un environnement dogmatique et idéologique influencé par le christianisme. L’intérêt de cet article est aussi de comparer les pratiques et les dynamiques funéraires entre les anciens ensembles sépulcraux chrétiens et publics de Mbanza Kongo et ceux des provinces septentrionales du royaume du Kongo. Cette société médiévale africaine à l’avant-garde du métissage culturel, a connu l’émergence de plusieurs formes de résiliences y compris dans le domaine funéraire.

Haut de page

Notes de l’auteur

Plusieurs équipes ont travaillé sur le chantier archéologique de Mbanza Kongo, notamment l’équipe angolaise conduite par les Dres Maria Piedad de Jesus et Sonia da Silva Domingos, l’équipe portugaise conduite par le Dr Maria Conceiҫão Lopez et l’équipe camerounaise conduite par les Drs Christophe Mbida et Raymond Asombang. Nous assistions ces équipes dans les fouilles de manière générale et avions eu la responsabilité de diriger les excavations à Kulumbimbi lors de la deuxième intervention. L’INPC, Instituto Nacional do Património Cultural (Luanda), a aussi fait appel au paléoanthropologue français Patrice Georges de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap), UMR 5608 du CNRS, afin de renforcer les équipes présentes dans le domaine de l’archéothanatologie. En 2015, l’INPC a sollicité une nouvelle expertise archéologique internationale conduite par le Dr Bernard Clist de l’Université de Gant. Ces différentes équipes ont produit des rapports qui sont en libre consultation dans les locaux de l’INPC à Luanda. En 2016, dans le cadre de la table ronde « Mbanza Kongo, ville à déterrer pour préserver », le Ministère angolais de la Culture et l’INPC nous ont invité à prendre part audit colloque et à poursuivre nos propres recherches sur les origines et l’histoire des Bakongo. C’est dans ce contexte que nous avons eu accès à l’ensemble des rapports de fouille sur Mbanza Kongo cités dans la présente et disponibles à Luanda. En avril 2017, nous avons obtenu l’accord du Dr Maria Piedad de Jesus, alors Directrice de l’INPC à l’effet de diffuser nos travaux sur Mbanza Kongo. Nous tenons donc ici à exprimer nos sincères remerciements et notre profonde reconnaissance aux autorités angolaises et à tous les responsables des recherches archéologiques réalisées à Mbanza Kongo et plus particulièrement les Professeurs Christophe Mbida et Raymond Asombang qui ont été les premiers à nous impliquer dans cet exaltant projet.

Texte intégral

Introduction

  • 1 J. Vansina, 1966 ; A. Gallay, 2011 et S. Aderinto, 2017.
  • 2 J.K. Thornton, 2001.
  • 3 E.C. Tollo, 2017.
  • 4 Nous tenons à remercier Christophe Mbida, Raymond Asombang et les autorités angolaises de nous avoi (...)
  • 5 L’inscription Mbanza Kongo sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco s’est officiellement fait (...)
  • 6 C. Mbida, R. Asombang, M, Conceicão Lopez, 2014 ; P. Georges, 2015.
  • 7 B. Clist et al., 2015a ; B. Clist et al., 2015c ; B. Clist et al., 2018 ; S. Asti et al., 2020.

1À la fin du Moyen Âge en Afrique, entre le xive et le xve siècle, plusieurs puissants royaumes se sont développés un peu partout sur le continent1. Parmi ces ensembles politiques notamment ceux situés au sud de l’équateur, l’on peut citer le royaume du Monomotapa et surtout celui du Kongo. Ce dernier est sans doute l’un des royaumes médiévaux africains les mieux connus dans l’histoire, du fait de sa rencontre avec l’Occident dès le début des grandes explorations portugaises initiées par Henri le Navigateur. C’est dans ce contexte que Diego Cão découvrit l’embouchure du fleuve Congo en 1482, avant d’atteindre un an plus tard la capitale du royaume du Kongo, Mbanza Kongo2. À la recherche de nouvelles voies commerciales pour rompre le monopole des Vénitiens dans le commerce des épices et de la soie respectivement avec l’Inde et la Chine, et dans le but de freiner l’expansion de l’islam en s’alliant avec le Prêtre Jean, dont le royaume était alors considéré comme étant situé dans la Corne de l’Afrique, les Portugais s’installent progressivement au Kongo, aussi bien dans le but d’y faire du commerce que de le christianiser. La renommée du royaume du Kongo est très vite devenue internationale, au point que dès le xve siècle, le pays établit des relations diplomatiques avec le Portugal, le Vatican, l’Espagne, la Hollande en Europe et le Brésil en Amérique3. Du coup, au regard de sa complexité et de sa richesse, étudier l’histoire ancienne de ce royaume, appelle à mobiliser plusieurs sources y compris archéologiques et lorsque cela est possible, d’autres domaines connexes à cette discipline dont l’archéologie funéraire. Cette dernière permet, à travers l’étude des sépultures et des pratiques funéraires, de comprendre comment du point de vue socio-culturel, les sociétés passées abordaient la mort. Au cours des fouilles archéologiques initiées par l’INPC4 (Instituto Nacional do Património Cultural, Luanda), dans le cadre du projet d’inscription de la cité historique de Mbanza Kongo sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco5, deux ensembles sépulcraux ont été fouillés : l’un à Kulumbimbi et l’autre à Alvaro Buta6. Si le premier site se trouve dans l’enceinte de l’ancienne église éponyme, première cathédrale de l’Afrique au sud de l’équateur, le second se localise dans un quartier populaire de la ville. La fouille de ces deux espaces d’inhumation nous a conduit à étudier la chronologie des sépultures fouillées, leur architecture, leur répartition spatiale et à appréhender les modes d’inhumation. Il s’agissait aussi pour nous de saisir l’insertion des pratiques cultuelles locales dans un environnement dogmatique et idéologique influencé par le christianisme. Une telle étude permet de comparer les pratiques funéraires entre Kulumbimbi qui est un ancien cimetière paroissial africain sous influence chrétienne, notamment portugaise, et Alvaro Buta, un cimetière public, dominé par des pratiques profanes. Cette approche comparative s’étend aussi aux sépultures provenant d’autres fouilles notamment celles du Bas-Congo en République démocratique du Congo7. Cette étude comparative propose donc d’analyser la dynamique des pratiques funéraires au royaume du Kongo, sous l’angle du métissage culturel pour identifier les traces laissées sur l’identité kongo ainsi que les formes de résiliences qui se sont développées.

Fouilles des ensembles sépulcraux de Kulumbimbi et Alvaro Buta

2Les sites de Kulumbimbi et Alvaro Buta se trouvent dans la ville de Mbanza Kongo. Cette cité historique est située sur un plateau dont l’altitude varie entre 400 et 600 m. Son climat est de type tropical chaud et humide toute l’année et les températures annuelles oscillent entre 17 °C et 30 °C. Le paysage naturel est constitué de savanes arborées, entrecoupées de forêts-galeries le long des bas-fonds et des cours d’eau. À Mbanza Kongo, on trouve des sols ferralitiques tropicaux typiques avec un horizon humifère au-dessus, suivi d’une matrice argileuse de quelques mètres d’épaisseur dans laquelle se localisent les niveaux archéologiques et en dessous, un horizon latéritique, riche en concrétions ferrugineuses.

  • 8 P. Georges, 2015.

3Au cours des fouilles engagées par l’INPC à Mbanza Kongo, sept sites archéologiques ont été étudiés : Alvaro Buta, Kulumbimbi, Lumbu, Mandungu, Mission catholique, Tadi Dia Bukikwa. Ils figurent sur la carte ci-dessous (Figure 1). Nous avons personnellement conduit les fouilles de Kulumbimbi, celles d’Alvaro Buta ont été supervisées par Patrice Georges8.

Figure 1. Carte des sites archéologiques de Mbanza Kongo

Figure 1. Carte des sites archéologiques de Mbanza Kongo

Les fouilles de Kulumbimbi

4Le site de Kulumbimbi abrite les ruines de la cathédrale éponyme (Figure 2). Lorsqu’en 1570, la ville de Mbanza Kongo fut rebaptisée San Salvador, cette cathédrale prit le nom de cathédrale de San Salvador. En dehors du cimetière des rois Kongo ostensiblement aménagé sur la partie nord à l’extérieur de l’église, les prospections archéologiques ont permis d’identifier des sépultures d’immatures sur le flanc ouest et des tombes d’adultes in ecclesia.

Figure 2. Vues des ruines de l’église et la fouille des sépultures d’enfants de Kulumbimbi

Figure 2. Vues des ruines de l’église et la fouille des sépultures d’enfants de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

Le cimetière des rois du Kongo à Kulumbimbi

5Le cimetière des rois du Kongo (Figure 3), abrite quatorze sépultures dont une dizaine appartenant aux rois du Kongo.

Figure 3. Vue du cimetière des rois dans l’enceinte des ruines de l’église de Kulumbimbi

Figure 3. Vue du cimetière des rois dans l’enceinte des ruines de l’église de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

6Ces individus y ont été inhumés entre 1830 et 1962 (Tableau 1). Ce faible nombre de sépultures indique que d’autres espaces d’inhumation des rois ont existé à Mbanza Kongo aussi bien avant l’introduction du christianisme qu’après :

  • 9 Th.C. Sapède, 2000, p. 145.

Il y avait des zones d’églises ou de ruines d’églises dans certaines Mbanza, et d’autres qui avaient aussi des couvents missionnaires, comme Nsuku, Mbanza Nkondo, Mbanza Soyo et évidemment Mbanza Kongo. Ces lieux hébergeaient également les sépultures d’ancêtres glorieux, des manis et de rois, constituant de ce fait des lieux de pérégrination et de culte9.

  • 10 J. Cuvelier, 1946.
  • 11 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385.
  • 12 L. Heywood, 2014.
  • 13 Th.C. Sapède, 2000.
  • 14 W.G.L. Randlès, 1968 ; J.K. Thornton, 1983.
  • 15 W.G.L. Randlès, 1968, p. 234-235.

7Il est aussi fort probable que les rois étaient également inhumés dans des cimetières qui leur étaient réservés dans des lieux spécifiques, notamment dans des forêts sacrées comme le dit Jean Cuvelier10. Nos observations dans la province du Zaïre en Angola, montrent que les Bakongo aménageaient leurs cimetières hors des espaces d’habitation et souvent à la sortie des villages. Antonio Cavazzi dit que ces lieux d’inhumation étaient souvent situés loin des habitations11. Linda Heywood a montré qu’en 1642, en dehors de l’église de Kulumbimbi, on en dénombrait une dizaine d’autres à Mbanza Kongo12. Ces nombreuses églises ont donc pu abriter autant d’espaces d’inhumation des rois du Kongo comme l’affirme Thiago Sapède13. En plus de cela, Mbanza Kongo n’est pas resté continuellement la capitale du royaume. D’autres capitales ont émergé, notamment lors des invasions et des guerres de succession, comme durant la guerre civile qui opposa les clans Kinlaza et Kimpanzu entre 1665 et 170914. Si les premiers gouvernaient à partir des montagnes de Kimbangu, les seconds régnaient à partir de la ville de Lemba-Bula. En tout, seuls 53 rois auraient régné depuis Mbanza Kongo, entre la fin du xive siècle et 195815.

  • 16 S. Burnell, E. Lorans, Ch. Theureau, 1994.

8Dans le cimetière des rois, une dizaine de sépultures est orientée Nord-Sud et les quatre restants Est-Ouest. Or, dans le cimetière public d’Alvaro Buta, cette orientation Nord-Sud est dominante. On se serait attendu à voir les sépultures présentes dans le cimetière des rois, situées dans l’espace paroissial, avoir une orientation vers le levant, considérée comme un marqueur confessionnel16. L’orientation nord-sud majoritaire dans ce cimetière pourrait bien traduire une forme d’attachement des Bakongo à leurs coutumes.

Tableau 1. Références des individus inhumés dans le cimetière des rois du Kongo à Kulumbimbi

Noms

Années de règne

1

Dom André II (Mbingu a Lukeni)

1830-1842

2

Dom Henrique II (Mpanzu a Nsindi Nimi a Lukeni)

1842-1857

3

Dom Alvaro XIII (Ndongo Kiamvu)

1867-1859

4

Dom Pedro VI (Lelo)

1859-1891

5

Dom Henrique V (Nteyekengue)

1896-1901 ?

6

Dom Pedro IV (Mvemba)

1901-1910

7

Dom Alvaro XV (Ne Zingu)

1914-1922

8

Dom Pedro VII (John Lengo)

1922-1955

9

Dom Antonio III (Gama Lamvu)

1955-1957

10

Dom Pedro VIII (Ne Miala)

1962-1962

Les sépultures des immatures du site de Kulumbimbi

  • 17 C. Mbida, R. Asombang, M, Conceicão Lopez, 2014.

9Les sondages et les excavations (Figure 4) ont été réalisés entre les mois de mai et novembre 2014 par Daniel Pinto, André Tomé, João Barreira et moi-même17.

Figure 4. Plan du site de Kulumbimbi et localisation des sondages

Figure 4. Plan du site de Kulumbimbi et localisation des sondages

Dessin par D. Pinto (C. Mbida et al., 2014).

10La fouille s’est faite manuellement, en suivant une stratigraphie artificielle. Au contact d’anomalies, on passait de la fouille grossière à une fouille fine, plus encore lorsque l’on était en contact avec le squelette. Tous les vestiges ont été enregistrés et décrits par unité stratigraphique et par faits, avec des fiches.

11Les relevés ont été effectués par photographies zénithales.

  • 18 H. Duday, 1990 et 1995.
  • 19 A.-M. Tillier, H. Duday, 1990.

12Nous avons collecté les squelettes et réalisé les premières observations ostéologiques et ostéométriques in situ selon les méthodes de l’anthropologie de terrain, établies par Henri Duday18. Pour les sépultures d’enfants, nous avons tenu compte des spécificités techniques et méthodologiques liées à la fouille de leurs sépultures, suivant en cela les recommandations d’Anne-Marie Tillier et Henri Duday19. Nous savions que pour les tout-petits enfants, les aspects paléodémographiques et paléopathologiques seraient plus difficiles à aborder si certaines précautions n’étaient pas prises d’emblée. Un protocole de fouille a donc été élaboré pour éviter qu’à la suite du démontage des squelettes, certaines informations soient définitivement perdues.

  • 20 G. Acsádi, L. Nemeskéri, 1970 ; D. Ferembach, I. Schwidetzky, M. Stloukal, 1979 ; D. Castex, P. Cou (...)
  • 21 D. Castex, P. Courtaud, P. Hambucken-Bontempi, 1993.
  • 22 J. Bruzek, 2002.
  • 23 J. Bruzek, 2002, p. 129.
  • 24 M.M. Maresh 1970.
  • 25 D.R. Brothwell, 1981.
  • 26 T. Molleson, 1997.

13En ce qui concerne la détermination du sexe et l’estimation de l’âge au décès, pour les adultes, nous nous sommes basés sur les critères essentiellement anatomiques20. Quant à l’individu adulte, inhumé à l’intérieur de l’église, la détermination du sexe s’est faite sur la base de l’analyse du squelette extra-coxal précisément le squelette crânien par l’observation des caractères sexuels secondaires21 et surtout par l’étude du bassin selon la méthode de Jaroslav Bruzek22. Cette dernière a l’avantage d’être composite et donc plus fiable. Cette méthode se base sur la prise en compte de l’observation de cinq éléments des os coxaux, ce qui rend l’identification sexuelle fiable à 98 %. Il s’agit de la surface préauriculaire, la grande échancrure sciatique, l’arc composé, le margo inferior ossis coxae et le rapport ischio-pubien23. Pour les immatures de Kulumbimbi, les enfants étant des postnataux, dans la mesure du possible, nous nous sommes basés sur l’éruption dentaire pour ce qui concerne l’âge dentaire et sur les données métriques, longueur des diaphyses pour déterminer l’âge squelettique. Le relevé des diaphyses s’est fait in situ. Nous avons utilisé les abaques existants comme ceux de Marion M. Maresh24 et ceux de Don R. Brothwell25. En effet, plusieurs difficultés nous y ont poussé. D’abord, celles liées à la variabilité qui existe d’une part, entre les populations archéologiques et celles actuelles et d’autre part, entre les populations européenne et africaine. À cela, s’est ajoutée l’absence d’une collection de référence adaptée à notre zone d’étude. Nous devons donc rester prudents concernant les âges estimés : les méthodes que nous avons utilisées ont été définies dans des contextes géographiques différents et sur des populations qui pourraient présenter des différences de croissance par rapport aux populations africaines de même âge. Même si pour les enfants d’un an et moins, la variabilité de croissance est faible, quelles que soient les populations26.

  • 27 B. Dabin, 1984/1985.
  • 28 H. Guy, C. Masset, C.-A. Baud, 1997 ; M.B. Manifold, 2015.

14De manière factuelle, en ce qui concerne les sépultures des immatures, au total quatre tombes (S1, S2, S3, S4) ont été identifiées. Sur le plan taphonomique, les squelettes des enfants de Kulumbimbi sont en général dans un mauvais état de conservation. Les os sont friables et altérés. Les conditions naturelles locales liées au fort taux d’acidité des sols tropicaux qu’on trouve également en Angola27 et la faible profondeur des sépultures, ont constitué un inconvénient pour une meilleure conservation des ossements. En plus, il est bien connu que les ossements des immatures sont souvent vulnérables et le faible enfouissement des fosses sépulcrales les expose à l’érosion28.

15Dans l’ensemble, les tombes des immatures fouillées à Kulumbimbi sont des sépultures primaires à inhumation individuelle, toutes orientées est-ouest. Sur le plan architectural, nous avons à faire à des tombes en fosse simple. De forme quadrangulaire, leurs dimensions varient, notamment en ce qui concerne leurs longueurs et leurs largeurs. Chaque sépulture étant individuelle, nous avons un nombre minimum d’individus (NMI) qui est de quatre tout-petits enfants.

16La sépulture 1 (S1) a une longueur de 81 cm pour une largeur de 31 cm et 40 cm de profondeur, mais elle a été en partie détruite par les travaux d’aménagement sus évoqués (Figure 6). Cette tombe est orientée est-ouest et l’individu est en position décubitus dorsal avec une légère inclinaison du corps côté gauche. Le squelette est en très mauvais état de conservation, et de celui-ci, ne subsiste qu’une partie de la boîte crânienne, du gril costal et du bassin. On note l’absence de membres qu’ils soient supérieurs ou inférieurs. En dehors des effets liés à la conservation différentielle, ils ont probablement été détruits par les travaux d’aménagement du site.

17La sépulture S2 (cf. Figure 5) s’individualise nettement et le squelette est quasi complet. Sa longueur est de 90 cm pour une largeur d’environ 30 cm et une profondeur de 49 cm. Pour ce qui est de l’âge de l’enfant inhumé dans la S2, malgré le mauvais état des maxillaires, nous avons identifié des dents déciduales, dont quelques incisives. Sur un fragment de mandibule, une prémolaire est externe alors que la première molaire est alvéolaire. Ce qui suppose un âge dentaire qui se situe aux alentours de 18 mois. L’analyse des longueurs diaphysaires notamment celles du fémur et de l’humérus donne un âge au décès qui varie entre 12 et 18 mois, pour une stature d’environ 82,1 cm.

Figure 5. Sépulture 1 et 2 du site de Kulumbimbi

Figure 5. Sépulture 1 et 2 du site de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

18Les sépultures S3 et S4, ont été aménagées dans le même espace. En effet, la troisième tombe (S3) recoupe la quatrième (S4) qui lui est antérieure (Figure 6). Ces deux sépultures sont endommagées et leurs squelettes incomplets. La S3 avait une longueur supérieure à 57 cm et une largeur maximale d’environ 23 cm. Quant à la S4, sa longueur devait dépasser 66 cm pour une largeur d’environ une vingtaine de centimètres. Les deux tombes ont une profondeur conservée d’environ 46 cm. Quant à l’âge au décès de ces enfants, la petite taille des diaphyses de celui de la S3 indique qu’il s’agit d’un nouveau-né dont l’âge estimé se situe entre 3 mois et 12 mois. En ce qui concerne la S4, les données métriques prises sur le fémur et l’humérus, indiquent que l’individu avait un âge au décès variant entre 12 et 24 mois.

Figure 6. Sépulture 3 (S3) et 4 (S4) du site de Kulumbimbi

Figure 6. Sépulture 3 (S3) et 4 (S4) du site de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

19Exception faite du squelette de la S2 qui est complet, tous les autres squelettes sont incomplets. Pour les tombes S3 et S4, les calottes crâniennes manquent, tandis que celle de la S1 a été largement endommagée par les activités humaines. Pour la S4, le bloc craniofacial a été détruit lors du creusement de la S3 qui la recoupe. Les quelques fragments du squelette crânien qui se trouvent dans le comblement de la fosse de ladite tombe proviennent sans doute de l’individu inhumé dans la S4.

20On constate une certaine homogénéité des pratiques funéraires chez les enfants inhumés à Kulumbimbi. Ils ont été déposés directement sur le sol, en position décubitus dorsal, tête à l’ouest et les bras le long du corps. Lorsqu’ils sont conservés, les membres inférieurs, sont souvent en extension. Chez tous les enfants, on note l’effondrement des branches pubiennes, l’os coxal n’étant pas encore mature. Certaines connexions anatomiques, qu’elles soient persistantes ou labiles sont restées strictes, on pourrait penser, comme l’a révélé l’enquête que nous avons menée auprès des anciens, que les enfants de Kulumbimbi ont été inhumés en espace colmaté. Selon certains membres de l’assemblée du tribunal traditionnel de Mbanza Kongo appelée Soba, par le passé, les immatures n’étaient pas inhumés dans des cercueils. L’enfant était simplement enveloppé dans un drap ou une serviette et directement posé à même le sol. C’est ce qui explique le fait que, par exemple, la patella est souvent restée en contact des trochlées fémorales chez presque tous les enfants inhumés à Kulumbimbi. Malgré la fragilité des os, on constate que chez presque tous les squelettes, les grils costaux sont presqu’ouverts même si les tarses et les métatarses sont restés en connexion anatomique. C’est le poids des sédiments sur le corps qui permet la stabilité de certaines structures anatomiques. Le déplacement de la mandibule que nous avons observé sur la S2 est sans doute lié aux bioturbations. On constate enfin les traces de traitements post-dépositionnels chez certains enfants à travers la présence de perles sur le thorax, tandis que d’autres étaient portées au niveau du cou.

Les tombes in ecclesia du site de Kulumbimbi

21Au moins trois autres sépultures dont deux tombes (T1 et T2) reconnaissables par leur remplissage en pierre et une réduction (T3) ont été identifiées à l’intérieur des ruines de la cathédrale de Kulumbimbi (Figure 7). Cependant, il convient de noter que seule la première sépulture (T1) et la réduction qui s’y trouvent, ont fait l’objet de fouilles.

Figure 7. Une vue des sépultures et de la réduction à l’intérieur des ruines de la cathédrale de Kulumbimbi

Figure 7. Une vue des sépultures et de la réduction à l’intérieur des ruines de la cathédrale de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

22Sur le plan architectural, les tombes des adultes ont une forme quadrangulaire et se caractérisent par un marquage constitué par des blocs de latérite aussi bien en surface que dans le remplissage, où on trouve un à deux alignements de pierres (cf. Figures 7 et 8).

Figure 8. Sépultures à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi

Figure 8. Sépultures à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

23La tombe T1 fouillée à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi est une sépulture individuelle aménagée dans une fosse précédente qui a été préalablement vidée, ce qui explique la présence de nombreux fragments osseux dans le remplissage et surtout la présence d’une sépulture secondaire, sur laquelle nous reviendrons. Cette tombe avait une orientation est-ouest. L’individu reposait en position décubitus dorsal, les membres inférieurs en extension et les bras le long du corps. Sur le plan taphonomique, on note que toutes les connexions anatomiques qu’elles soient persistantes ou labiles sont strictes, ce qui signifie que l’individu a été inhumé en espace colmaté. D’où l’absence d’ouverture de la symphyse pubienne et le fait que les patella sont restées en contact des trochlées fémorales. Le gril costal a quasiment conservé son volume et n’a pas été mis en plat. Les tarses et les métatarses sont restés en connexion anatomique.

  • 29 G. Acsádi, L. Nemeskéri, 1970.
  • 30 C. Masset, 1971.
  • 31 T.L. Rogers, 2005.
  • 32 J. Bruzek, 2002.

24En nous inspirant de la méthode d’Acsádi et Nemeskéri29 dont nous connaissons bien évidemment les limites30 et surtout de la méthode de Tracy L. Rogers31 qui portent toujours sur l’observation des caractéristiques craniofaciales mais bien plus précises, nous avons réalisé des observations macroscopiques sur le crâne dans le but de déterminer le sexe de l’individu. Elles ont permis de noter l’absence de l’inion au niveau de l’occipital, la présence de bosses frontales et les formes arrondies des lobes orbitaires. Par la suite, nous avons réalisé une analyse du bassin selon la méthode de Jaroslav Bruzek32. Cette analyse a révélé que la surface préauriculaire est assez bien marquée. La grande échancrure est ouverte (forme en U), avec un seul arc, composé de l’arc intérieur de la grande échancrure et celui de la surface auriculaire. Si nous n’avons pas calculé le rapport ischio-pubien, on note que l’arc pubien est ouvert. Toutes ces caractéristiques physiques permettent de conclure qu’il s’agit d’un individu de sexe féminin.

  • 33 A. Schmitt, 2002 et 2005.
  • 34 B. Clist et al., 2015b.

25Pour déterminer l’âge de cet individu, nous nous sommes fondés sur la méthode d’Aurore Schmitt, qui repose sur les changements morphologiques de la surface sacro-pelvienne iliaque33. L’analyse des probabilités a posteriori permet de situer l’âge de cette jeune adulte entre 20 et 29 ans. La jeune fille inhumée dans cette tombe (cf. Figure 8) devait appartenir à la noblesse kongo. En plus des colliers de perles, elle portait une bague en cuivre et ses pieds étaient entourés de tissus. Nous avons dénombré au total 2 970 perles qu’elle arborait aussi bien au cou, aux avant-bras et même aux pieds. Il s’agit pour l’essentiel de deux types de perles : 67 sont en coquilles de Pusula depauperata, que l’on trouve sur la côte atlantique angolaise ; le reste est constitué de perles de verre d’origine européenne34.

La réduction

26Dans l’église, nous avons identifié une réduction (T3) dont les indices consistaient en la présence de fragments d’os humains dans le comblement de la tombe fouillée (T1). Ces os remaniés, regroupés en faisceau (Figure 9) et ne présentant aucune connexion anatomique, affleuraient à 40 cm de la surface dans la zone de circulation de la T1. Lesdits os qui ne semblent pas avoir fait l’objet d’une attention particulière, se composaient de fragments d’os long notamment de fémurs et de tibia, une scapula et un fragment de la calotte crânienne.

Figure 9. Réduction trouvée à l’intérieur de la chapelle de Kulumbimbi

Figure 9. Réduction trouvée à l’intérieur de la chapelle de Kulumbimbi

Eloi Cyrille Tollo

Le cimetière d’Alvaro-Buta

  • 35 P. Georges,2015.

27La fouille du site d’Alvaro Buta à Mbanza Kongo, conduite par Patrice Georges35, poursuivait des objectifs qui recoupent en partie ceux de la fouille de Kulumbimbi. Il s’agissait de comprendre le développement chronologique, tout en abordant la question des pratiques funéraires, en les intégrant dans un cadre chrono-typologique régional, qui reste à construire pour l’Angola. La proximité du site de Kulumbimbi permettait une comparaison des pratiques funéraires avec Alvaro Buta, sachant que leurs contextes socio-idéologiques sont différents.

28L’ensemble sépulcral d’Alvaro Buta semble être un cimetière commun dans un contexte d’urbanisation qui nécessite la présence de cimetières publics à côté des espaces d’inhumation privés comme au sein des églises. Dans cette ville, tout le monde n’était pas chrétien et tous les chrétiens ne pouvaient être inhumés dans l’église ou dans son enceinte.

  • 36 Y. Duval, 1988 ; C. Sapin, 1996.

29En effet, les espaces d’inhumation sacrés étaient d’abord réservés non seulement aux chrétiens mais aux plus privilégiés d’entre eux36. En plus, contrairement à d’autres pratiques rituelles de l’Afrique centrale où les sépultures jouxtent les habitations, les Bakongo ont des espaces d’inhumation qui sont des cimetières généralement situés à la sortie des villages. Il est donc possible qu’au moment de son fonctionnement, le cimetière d’Alvaro Buta (Figure 10), était légèrement situé à la périphérie de la ville de Mbanza Kongo.

Figure 10. Plan de l’ensemble funéraire d’Alvaro Buta

Figure 10. Plan de l’ensemble funéraire d’Alvaro Buta

© D. Pinto / Centro de Estudos de Arqueologia, Artes e Ciências do Património, Universidade de Coimbra. P. Georges, 2015, p. 9.

  • 37 P. Georges, 2015.

30Dans ce cimetière, des travaux de constructions récentes ont perturbé le site, dans lequel une douzaine de sépultures a été fouillée. Certaines étaient en outre partiellement détruites par des inhumations postérieures. Sur le plan architectural, les sépultures d’Alvaro Buta sont soit de forme subrectangulaire soit ovalaires. Comme pour les tombes d’adultes de Kulumbimbi, leur reconnaissance est facilitée par la présence de blocs de latérite dans le comblement. Mais il ne faut pas faire de ce marquage une régularité, car à Alvaro Buta, certaines sépultures en étaient dépourvues37. Il s’agit majoritairement de sépultures primaires même si quelques réductions y ont été découvertes. Les individus étaient inhumés en position décubitus dorsal, les membres en extension le long du corps avec les mains en position basse et la face soit droite, soit alors orientée vers le côté (Figure 11).

Figure 11. Vue des sépultures et des inhumations à Alvaro Buta

Figure 11. Vue des sépultures et des inhumations à Alvaro Buta

© D. Pinto / Centro de Estudos de Arqueologia, Artes e Ciências do Património, Universidade de Coimbra. P. Georges, 2015, p. 14 et 26.

  • 38 P. Georges, 2015, p. 49.

31Sur le plan du rituel funéraire, sans être catégorique, Patrice Georges suspecte « la présence initiale d’un contenant en matériau périssable » dans certaines tombes38.

  • 39 P. Georges, 2015, p. 29.

32Les sépultures sont orientées nord-sud, alors qu’à Kulumbimbi, à l’exception des sépultures présentes dans le cimetière des rois, elles ont majoritairement une orientation est-ouest. En ce qui concerne le mobilier funéraire, on note la présence d’une petite perle dans l’une des sépultures39. Il s’agit sans doute d’une intrusion provenant du remplissage et non les restes d’un collier.

33Sur plan paléodémographique, Patrice Georges a conclu que les individus inhumés à Alvaro Buta étaient des adultes des deux sexes, dont l’âge variait entre 20 et 50 ans.

Attribution chronologique à partir des datations C14

  • 40 B. Clist, 2015b.

34À Kulumbimbi comme à Alvaro Buta, les datations C14 ont été réalisées à partir du collagène des os humains et pour ce qui est du premier site, la calibration de toutes les dates a été réalisée à 2 sigmas avec le logiciel Oxcal tandis que pour le second, nous avons utilisé, sans les modifier, les données issues du rapport de mission conduite par Bernard Clist40.

  • 41 Beta-396495: 230 +/- 30 bp.

35Dans le premier site, cinq datations ont été obtenues, dont trois chez les immatures et deux à l’intérieur de la chapelle. La tombe (T1) de la jeune fille inhumée in ecclesia est datée entre 1644 et 195041. La même date a été obtenue sur les os issus de la réduction (T3) découverte lors de la fouille de la tombe principale. L’âge des deux sépultures se situe dans le même intervalle chronologique.

  • 42 Beta-385812: 60 +/- 30 bp.
  • 43 Beta-386537: 40 +/- 30 bp.
  • 44 Beta-386538: 130 +/- 30 bp.
  • 45 Beta-397782: 90 +/- 30 bp.

36En ce qui concerne les tombes des immatures situées à l’extérieur de l’église, quatre datations C14 ont été obtenues. Si la première sépulture (S1) se situe chronologiquement entre 1895 et 190042, la deuxième sépulture (S2) a livré une autre date aux alentours de 195043. Par contre, celle de la troisième sépulture (S3) est située entre 1690 et 195044 alors que l’âge de la quatrième sépulture (S4), varie entre 1685 et 192845.

  • 46 Beta-396493: 250 +/- 30 bp.
  • 47 Beta-396492: 190+/- 30 bp.
  • 48 Beta-397782: 200 +/- 30 bp.
  • 49 Beta-397783: 120 +/- 30 bp.
  • 50 Beta-396494: 230 +/- 30 bp.

37À Alvaro Buta, la tombe 1 est datée entre 1637-180346, tandis que la tombe 6 se situe entre 1665-195047. La tombe 7 a livré une date située entre 1658 et 195048 et la tombe 9 entre 1695 à 195049. Enfin la dernière est la tombe 10 dont la date varie entre 1644-195050.

  • 51 J.K. Thornton, 1982.
  • 52 J.K. Thornton, communication personnelle.

38Au regard de l’écart des dates calibrées, il est difficile de proposer une période historique plus resserrée aussi bien pour le site de Kulumbimbi que pour celui d’Alvaro Buta. L’activité funéraire sur les deux sites s’est déroulée entre les xviie et xxe siècles. À Kulumbimbi, les inhumations se sont poursuivies, malgré la ruine de l’église, lorsque la ville fut saccagée en 1678 durant la guerre civile51. L’attrait de l’église de Kulumbimbi fût tel que le premier évêque du diocèse de Mbanza Kongo, Dom Afonso Nteka, décédé en 1991 des suites d’un crash aérien, y a été inhumé. Autrement dit, en dépit de son état, l’église de Kulumbimbi a continué, jusqu’à très récemment, à jouer son rôle d’espace chrétien sacré, raison pour laquelle les inhumations comme d’autres manifestations chrétiennes ont continué à s’y dérouler. D’ailleurs, l’anthropologue allemand Adolf Bastian à la tête d’une expédition allemande qui visita Mbanza Kongo en 1873, raconte que les ruines des églises de la ville étaient toujours des lieux d’adoration vers lesquels convergeaient les processions lors des fêtes chrétiennes52. Au cours de nos différents séjours à Mbanza Kongo, nous avons pu observer au-delà de la fascination que cette ancienne église exerce encore sur certaines populations congolaises, la dévotion de celles venues des contrées lointaines comme le Cabinda et qui ont l’opportunité de la découvrir pour la première fois. Ainsi, une vielle dame d’environ 80 ans venue de cette région et accompagnée par ses petits-enfants, nous a dit qu’elle pouvait maintenant mourir, car elle avait enfin vu la cathédrale de Kulumbimbi ou ce qui en reste.

Discussion des pratiques funéraires au Kongo

  • 53 B. Clist et al., 2015a ; I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018b.
  • 54 B. Clist et al., 2015c ; B. Clist et al., 2018a ; S. Asti et al., 2020.
  • 55 B Clist et al., 2018b.

39Les résultats des fouilles menées à Kulumbimbi invitent à s’interroger sur les pratiques funéraires à Mbanza Kongo, et à se demander si un certain syncrétisme dans les rituels funéraires s’était mis en place dans cette ville. Pour répondre à ces questions, la discussion est élargie aux travaux réalisés dans les provinces septentrionales de l’ancien royaume du Kongo. Il s’agit des sites de Kindoki situé dans l’ancienne province royale de Mbanza Nsundi53, de Ngongo Mbata, de la province de Mbata où une ancienne église a été fouillée54 ainsi que de Mbata Kulunsi55.

40L’influence des pratiques chrétiennes portugaises sur le rituel funéraire au Kongo, à l’exception d’Alvaro Buta, s’observe dans le choix des lieux d’inhumation, dans la nature du mobilier funéraire, dans l’architecture des tombes et leur orientation.

Le choix des lieux d’inhumation

  • 56 B. Clist et al., 2018c, p.  61.

41Les ensembles sépulcraux de Kulumbimbi et Ngongo Mbata sont situés dans des espaces confessionnels chrétiens, notamment des anciennes églises, avec des tombes in ecclesia et des cimetières que l’on pourrait qualifier de paroissiaux. À Kindoki, le contexte est fort semblable. C’est sur la base de témoignages oraux que ce site a été découvert : des tombes de personnages importants et une église y étaient renseignées56. Le choix de tous ces lieux d’inhumation n’est donc pas fortuit. Il relève de l’idéologie de l’église face à la mort et du sens chrétien de la sépulture.

  • 57 Y. Duval, 1988.
  • 58 Y. Duval, 1988 ; C. Sapin, 1996 ; M. Lauwers, 2005 ; F. Henrion, 2010.
  • 59 Il s’agit ici de la traduction française de l’ouvrage de Giovanni Antonio Cavazzi da Montecuccolo ( (...)
  • 60 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385.
  • 61 C. Sapin, 1996.

42Dès le haut Moyen Âge, les inhumations ad sanctos se sont développées un peu partout en Europe57. L’église devint alors un espace d’accueil des vivants et des morts, car elle favorisait les prières pour le repos de l’âme des défunts58. Être inhumé à l’intérieur de l’église est à la fois une consécration sociale et la recherche d’une proximité avec le sacré, avec les saints. Lorsque les Portugais débarquent au Kongo en 1483, ils ne viennent pas uniquement pour des raisons commerciales. En effet, la diffusion du christianisme était une partie intégrante du projet expansionniste lusophone dans le cadre des grandes découvertes initiées par l’infant Henri le Navigateur. Chaque bateau qui partait en expédition avait à son bord des religieux, membres du clergé ou non. Plusieurs missionnaires ont alors visité ce royaume et y ont travaillé comme Antonio Cavazzi da Montecuccolo (173259). Ce dernier a montré qu’au Kongo, les chrétiens et notamment l’élite y compris les rois, préféraient autant que possible être inhumés dans les églises ou dans les cimetières bénis, ce qui permettait aux vivants de prier régulièrement Dieu pour eux60. Christian Sapin note qu’enterrer les morts à l’intérieur des édifices religieux est un phénomène exclusivement chrétien, et nullement pratiqué dans les autres religions révélées, comme le judaïsme ou même l’islam61. La diffusion de cette pratique funéraire au Kongo est donc l’œuvre des premiers missionnaires portugais.

  • 62 Enfants ayant entre 0 et 28 jours.
  • 63 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385-386.
  • 64 J. Mertens, 1942, p. 346.
  • 65 C. Sapin, 1996.
  • 66 R. Bertrand, A. Carol (dir., 2021.
  • 67 I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018a et 2018c ; S. Asti et al., 2020.

43Dès le Moyen Âge en Europe, il y avait des préalables pour être enterré en terre chrétienne. Toute personne qui souhaitait y reposer devait préalablement avoir reçu le sacrement du baptême, y compris les immatures, périnataux62 inclus. À Kulumbimbi, en plus des sépultures à l’intérieur de l’église, nous avons le cimetière des rois qui jouxte la chapelle et des tombes d’immatures sur le flanc est. Antonio Cavazzi raconte que l’inhumation des rois et des princes se faisait avec faste. Ces derniers étaient portés dans leurs sépultures par des courtisans vêtus de drap noir d’origine européenne. Il rappelle que cette élite royale pouvait être également inhumée in ecclesia soit dans des sépulcres soit alors dans des fosses profondes dont les murs étaient revêtus de planches couvertes de tapisseries noires et d’où aucune odeur ne pouvait s’échapper63. À ce jour, les vestiges de sépulcres ou de tombes décorées n’ont pas été découverts lors des fouilles menées aussi bien à Mbanza Kongo que dans les sites du Bas-Congo. Par contre, la tombe fouillée à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi avait près de 2 m de profondeur, confirmant ainsi en partie le récit de Cavazzi. Le Père Mertens note également que chez les Bakongo orientaux, les sépultures avaient une profondeur qui atteignait 2,50 m, la norme étant qu’elles aient « deux fois et demi la hauteur d’un homme64 ». Si cette norme était valable chez tous les Bakongo, alors les églises kongo ne souffraient certainement pas de puanteurs cadavériques issues des sépultures comme l’a noté Christian Sapin pour les églises européennes65. Mais, la présence de réduction à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi, montre que comme au Portugal, les églises du Kongo souffraient également de l’engorgement des espaces d’inhumation. D’ailleurs dans ce pays, la réutilisation des sépultures dans les églises était un phénomène récurrent y compris au Portugal qui a entraîné l’interdiction des inhumations ad sanctos dans les années 183066. Au Kongo les dates C14 indiquent que les inhumations in ecclesia ont persisté puisqu’elles se sont déroulées entre le xviie et le xxe siècle à Kulumbimbi ainsi qu’à Kindoki et Ngongo Mbata67. Ces modes d’inhumation ont probablement débuté au Kongo avec la construction des premières églises dont celle du Saint Sauveur de Mbanza Kongo construite au xve siècle, dès 1491.

  • 68 B. Clist et al., 2015a ; B. Clist et al., 2018a ; S. Asti et al., 2020.
  • 69 B. Clist et al., 2018a, p. 101-102.
  • 70 N. Cauwe, 1996.

44Les investigations archéologiques à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi sont restées très limitées. Dès lors, il est difficile de dire s’il y a autant de sépultures que dans celle de Ngongo Mbata, où dès les années 1930, les fouilles de Maurice Bequaert ont permis d’identifier 36 tombes avec des sépultures multiples68. Ces cas d’inhumations multiples à Ngongo Mbata concernent de nombreuses tombes avec les os de plusieurs individus mélangés identifiés par deux crânes pour les tombes 1, 3, 25, 30 31 et trois crânes pour les sépultures 7, 20 et 2469. Mais, depuis la préhistoire, la réutilisation des sépultures ou alors leur collectivisation avec pour corollaire des manipulations post-mortem est une constance70. Il arrive très souvent qu’une sépulture soit vidée de son contenu pour une réutilisation ou alors, qu’elle recoupe une autre. De telles situations posent le problème de la gestion de l’espace sépulcral dans la durée et celui de la rareté des emplacements disponibles pour de nouvelles inhumations. Autrement dit, pour continuer de faire fonctionner un cimetière, le groupe inhumant est contraint à des choix, soit l’aménagement de nouveaux espaces d’inhumation soit l’optimisation de l’espace existant par sa réutilisation. Si ce problème se pose depuis la préhistoire, il est encore d’actualité dans de nombreuses villes du monde où le principe de concession dans les cimetières existe.

  • 71 V. Delattre, 2008, p. 190.
  • 72 S. Tzortzis, I. Séguy, 2008, p. 11.
  • 73 V. Delattre, 2008 ; S. Tzortzis, I. Séguy, 2008.

45Parmi les trois ensembles sépulcraux étudiés, c’est à Kulumbimbi qu’on trouve des sépultures des tout-petits enfants et ceci procède aussi la question de l’influence chrétienne. En effet, dès le vie siècle de notre ère, « l’église recommande le baptême des enfants sitôt après leur naissance71 ». Cette pratique devient conforme à la doctrine de saint Augustin « qui impose la nécessité du baptême comme condition du salut72 ». Il faut même noter qu’en phase d’agonie voire de mort des immatures, il existait des « sanctuaires à répit » dans les églises. Il s’agissait de lieux où l’on déposait le corps du nouveau-né pour une résurrection temporaire, le temps du baptême. En Europe, ce phénomène avait atteint son apogée entre le xve et le xviie siècle73. Mais il est difficile de dire si de telles pratiques ont également existé à Kulumbimbi, puisque nous n’avons pas de témoignages écrits sur le sujet. Mais, on peut bien supposer que les enfants qui y ont été inhumés avaient non seulement des parents chrétiens, mais étaient également baptisés, du moins avant leur décès, pour ce qui concerne les post et les périnataux.

Le mobilier funéraire

  • 74 B. Clist et al., 2015a ; I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018.

46L’hybridation des pratiques funéraires au Kongo s’observe également au niveau du mobilier funéraire, avec plusieurs curiosités. D’abord, à Alvaro Buta qui est un cimetière public, on note l’absence totale de mobilier funéraire dans les tombes. À Kulumbimbi, ce mobilier est uniquement constitué de parures, que l’on pourrait qualifier de païennes. À Kindoki, Mbata Kulunsi et Ngongo Mbata, la situation est plus complexe car dans les sépultures, le mobilier funéraire est à la fois riche et diversifié, comprenant des symboles qui renvoient l’image d’une société de pouvoir, fortement christianisée74.

47En l’état actuel des recherches à Mbanza Kongo et au regard de la taille très mince de notre corpus, l’on peut avancer l’hypothèse selon laquelle, dans les pratiques funéraires, l’influence portugaise s’est peu manifestée à travers le mobilier funéraire. En effet, il n’existe aucun indice rattaché au christianisme dans le mobilier funéraire issu des sépultures de Kulumbimbi qui se trouvent pourtant dans un espace sacré. Les objets sont quasi exclusivement constitués de parures en perles, notamment des colliers, des bracelets et des jambières ainsi qu’une bague en cuivre provenant d’une des tombes situées à l’intérieur de l’église. Dans les sépultures des immatures, on trouve uniquement des perles en verre polychrome appelées localement mizangas, soit portées autour du cou soit situées au niveau du thorax. Dans ce dernier cas, il est difficile de dire si ces perles étaient cousues sur des vêtements ou s’il s’agit de simples dépôts post-mortem. Ces enfants avaient deux types de colliers de perles en verre, dont des perles en verre opaque de forme sphérique et de couleur rosâtre ainsi que des plus petites perles en verre translucide, de couleur variable, blanc, noir, vert, ou bleue (Figure 12). Alors que les individus inhumés dans la première et la quatrième tombe n’avaient que le collier de mizangas blancs et noirs, ceux des sépultures 2 et 3 avaient les deux types.

Figure 12. Perles en verre en provenance des sépultures des immatures à Kulumbimbi

Figure 12. Perles en verre en provenance des sépultures des immatures à Kulumbimbi
  • 75 L.S. Dubin, 1988.

48Au-delà de leur dimension politique et identitaire, la présence de ces deux types de perles qu’on trouve sur des individus différents, pourrait bien traduire une liberté de choix esthétiques et non un changement dans le rituel funéraire, car toutes ces perles en verre sont d’origine européenne où leurs premières traces de production remontent aux viie-viiie siècles de notre ère. Les premiers ateliers se trouvaient aux Pays-Bas, en Bohême en Allemagne, en Moravie et à Venise en Italie75 et leur production a continué jusqu’au xxe siècle.

49Quant à la sépulture de la jeune fille in ecclesia, en plus des mêmes perles en verre, on en trouve également d’autres à base de coquilles de Pusula depauperata, un coquillage présent sur la côte atlantique angolaise, appelé trivialement cauri. Chez cette jeune fille, ces parures étaient portées au cou, sur les avant-bras et au niveau des pieds, sous forme de jambières. Il convient de noter également que cet individu portait une bague en cuivre qui n’a pas encore fait l’objet d’investigations archéométriques.

  • 76 A. Nissen-Jaubert, 2003.
  • 77 J.K. Thornton, 2013, p. 55.

50Parmi toutes ces tombes, l’on n’a trouvé aucun insigne religieux, ni médaillon ni crucifix, ni même croix. L’absence de mobilier chrétien à Kulumbimbi soulève quelques réflexions car, en principe, l’église interdisait et interdit même encore le dépôt d’objets rituels, exception faite des objets religieux dans les tombes. Ainsi, on peut inhumer un chrétien avec un chapelet, un médaillon religieux, un crucifix ou une croix. Mais, dans la réalité, ce principe n’a jamais été véritablement respecté, y compris en Europe, puisqu’au Moyen Âge par exemple, on déposait du mobilier funéraire païen dans les tombes76. Sans être exhaustif, il s’agissait de fibules, de la céramique, des bijoux, des armes, etc. La présence du mobilier dans les tombes est une vieille pratique païenne qui remonte à l’apparition des premières sépultures au paléolithique moyen et qui s’est poursuivie au fil du temps. L’absence de mobilier chrétien à Kulumbimbi pourrait traduire une forme de résilience identitaire des Bakongo et une tolérance de l’église pour constituer ce mélange que John K. Thornton caractérise de « convenablement catholique77 ».

  • 78 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732 ; G. Balandier, 1965 ; A. Hilton, 1985 ; F. Pigafetta, 1881 ; K. B (...)
  • 79 G. Balandier, 1965, p. 142.
  • 80 F. Pigafetta, 1881, p. 66.
  • 81 W.G.L. Randlès, 1968 ; A. Hilton, 1985.

51En ce qui concerne Alvaro Buta, l’absence de mobilier dans les sépultures pose tout de même le problème du statut social des personnes qui y ont été inhumées, à moins qu’il ne s’agisse d’un choix rituel, qui consisterait simplement à enterrer les défunts sans quelque mobilier que ce soit. Or, comme l’ont noté plusieurs auteurs78, Mbanza Kongo était une ville cosmopolite, ses habitants venant de plusieurs régions du royaume et d’Europe notamment du Portugal, de Hollande, d’Espagne, d’Italie. La population de cette ville médiévale africaine a été estimée à quelques milliers de personnes, 30 000 par les missionnaires carmes à la fin du xvie siècle79 voire même 100 000 par Filippo Pigafetta80. Ce dernier chiffre est probablement exagéré, mais quoi qu’il en soit, nous savons que la société kongo était fortement hiérarchisée et inégalitaire, avec plusieurs classes sociales dont les nobles, les commerçants, les paysans et en bas de l’échelle, les esclaves81. Dès lors, la question du statut social des personnes inhumées à Alvaro Buta se pose. L’absence de mobilier funéraire dans ce site pourrait traduire l’appartenance des individus inhumés à des classes sociales inférieures.

  • 82 B. Clist et al., 2013 ; B. Clist et al., 2015a ; I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018a, (...)

52En ce qui concerne les ensembles sépulcraux des provinces septentrionales du royaume du Kongo notamment Mbata Kulunsi, Kindoki et Ngongo Mbata, qui ont fait l’objet de fouilles dans le cadre du projet Kongoking, on observe un mobilier funéraire plus riche et plus diversifié82. Dans ces trois sites, l’influence chrétienne est plus perceptible et se reflète à travers le mobilier funéraire. À côté des objets communs, on a retrouvé des objets chrétiens, mélangeant ainsi le sacré et le profane. À Kindoki, onze tombes avec un riche matériel funéraire (Figure 13) ont été identifiées. Médaillons religieux, épées, crucifix et croix en métal (cuivre), perles de verre, en cuivre ou en coquillage (Pusula depauperata et Tympanotonus fuscastus radula), chevillières et colliers en fer, chaînes en cuivre ou en or étaient déposés avec les défunts.

Figure 13. Une partie du mobilier funéraire du site de Kindoki

Figure 13. Une partie du mobilier funéraire du site de Kindoki

À gauche des poignées d’épées en fer et à droite des médaillons religieux, des crucifix.

B. Clist et al., 2015c.

53À Ngongo Mbata, le mobilier funéraire est similaire, comprenant des objets chrétiens notamment des crucifix, des médailles religieuses, des croix (Figure 14), mais aussi des insignes de pouvoir, comme des épées, ainsi que des fragments de pipes, des poteries d’importation (chinoise et portugaise) et locales (kongo), de la verrerie constituée de bouteilles et de verres à pied.

Figure 14. Un échantillon de mobilier funéraire en provenance de Ngongo Mbata

Figure 14. Un échantillon de mobilier funéraire en provenance de Ngongo Mbata

On distingue des médaillons religieux, des crucifix et la porcelaine portugaise.

B. Clist et al., 2015a.

  • 83 B. Clist et al., 2015a ; B. Clist et al., 2018 ; S. Asti et al., 2020.

54On trouve aussi des éléments de parures et d’autres symboles locaux de pouvoir comme des bracelets, des anneaux de fer, des perles de verre, en pierre ou en ivoire, ainsi que des fragments d’étoffes, des coquillages percés (Olivancillaria nana) qui servaient de monnaie dans le royaume83. Ces derniers, appelés nzimbu étaient récoltés par les femmes dans l’île de Loanda. Selon Georges Balandier :

  • 84 G. Balandier, 1965, p. 21.

L’une des premières sources de richesse, pour le roi et les responsables de l’appareil étatique, est l’exploitation exclusive des coquillages-monnaies recueillis aux abords de l’île de Loanda, dénommée par les Portugais, en raison de cette fonction, Ilha do Dinheiro ou Ilha da Moeda84.

  • 85 B. Clist et al., 2018b.

55Les prospections et fouilles réalisées à l’est du fleuve Inkisi, toujours dans le Bas-Congo par les équipes de projet Kongoking ont mis à jour, en plus des sites d’habitat, environ trois autres sépultures dans le village de Mbata Kulunsi85. L’ensemble du matériel funéraire en provenance de ces tombes comprend entre autres un fragment de bracelet en fer, un petit crucifix, deux épées, deux perles en bois, une monnaie ou alors un médaillon religieux ainsi qu’une chaînette métallique.

  • 86 C. Fromont, 2011 ; G. Heimlich, 2016, 2017.
  • 87 G. Heimlich, 2017, p. 110.
  • 88 M.L. Bastin, 1961 ; P. de Maret, 1982.
  • 89 W. MacGaffey, 2000 ; G. Heimlich, 2017 ; A. Fu-Kiau Kia Bunseki-Lumanisa, 2021.
  • 90 C. Fromont, 2011.

56Dans la majorité des sépultures du Bas-Congo ayant livré du mobilier funéraire chrétien, la présence de croix et de crucifix est assez remarquable. Il faut peut-être lier cette récurrence à la place que la croix occupait déjà dans la cosmogonie bakongo depuis la période pré-contact86. Il s’agit d’un symbole qui jouait un rôle important dans le rite du Kimpasi, initiation religieuse dans laquelle il symbolisait le passage cyclique de la vie à la mort, le passage entre le monde terrestre et l’au-delà87. L’adoption du christianisme par les Bakongo a entraîné une incorporation de la croix chrétienne dans cette religion traditionnelle, basée sur une vision dualiste du monde. En effet, malgré l’adoption du christianisme, les Bakongo étaient restés très attachés à leur culture et à leur cosmogonie dans laquelle, la croix est l’un des symboles majeurs. C’est la raison pour laquelle, dans l’art rupestre du Congo central, le symbole de la croix est fortement représenté, même si certains auteurs y voyaient une inspiration chrétienne88. Mais désormais, plusieurs auteurs s’accordent sur le fait que ce symbole est antérieur à l’introduction du christianisme au Kongo, comme on peut le voir à travers le lexique de l’art rupestre du Bas-Congo89. C’est la raison pour laquelle Cécile Fromont, considère que le christianisme kongo s’est développé à partir de la rencontre entre des symboles visuels issus de la cosmogonie kongo et ceux de la chrétienté90. Parmi ces symboles, la croix est la plus emblématique et constitue la clé de voûte de ce syncrétisme mutuel. Pour elle :

  • 91 C. Fromont, 2014, p. 65.

The monumental cross and smaller crucifixes serve for the Capuchins as univocal warrant of worship to the Christian God, but they also are the unifying signs under which catholic and central African religious traditions join in a single ritual91.

  • 92 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732 ; G. Balandier, 1965 ; W.G.L. Randlès, 1968.

57Sur le plan socio-politique, la richesse du mobilier funéraire dans les sépultures de Kulumbimbi, Kindoki, Mbata Kulunsi et Ngongo Mbata, traduit l’opulence de l’élite kongo, y compris dans les métropoles régionales. La présence de ce riche mobilier dans les tombes aussi bien à Mbanza Kongo que dans les sites du Bas-Congo pose le problème du statut social du mort dans le royaume du Kongo. La richesse et la diversité du mobilier expriment la hiérarchisation sociale au sein de ce royaume92. On y trouvait une aristocratie composée d’une élite qui jouissait de nombreux privilèges, contrairement aux masses paysannes qui peuplaient les villages et même les villes. La nature et la quantité de certaines catégories d’objets comme les perles inventoriées dans les sépultures de Mbanza Kongo et du Bas-Congo rappellent l’opulence et l’ostentation de l’aristocratie kongo de l’époque. Ce qui dénote la dimension politique attachée aux parures en général, notamment par leur effet sur les apparences. Outre l’aspect esthétique, ces parures avaient donc également une vocation identitaire, celle de marqueur social. Et il est bien connu que chez les Bantou en général et les Bakongo en particulier, il y avait un enchâssement du politique et du religieux car comme le dit Wyatt MacGaffey :

  • 93 W. MacGaffey, 2000, p. 2.

In Central Africa, at all social levels, the exercise of power in social relations is understood kindoki…conventionnaly but inadequately translated as witchcraft or sorcellerie93

  • 94 L. de Heusch, 1997.
  • 95 I. Matonda et al., 2015, p. 539.

58Cet enchâssement entre le politique et le religieux en Afrique centrale rejoint ce que Luc de Heusch appelle le « pouvoir sacré94 », ce pouvoir politique et magico-religieux dont les caractéristiques symboliques majeures sont constantes dans l’espace kongo depuis la création du royaume du Kongo par Lukeni Lua Nimi. Pour donner plus de prestance aux élites, les matériaux de provenance lointaine acquéraient une valeur de prestige, car disposer des objets comme la porcelaine, la verrerie, les perles en verre, des épées etc. suppose d’avoir un important pouvoir politique et économique. Par exemple, la sépulture n° 8 appartenant à un adulte féminin à Kindoki, a livré 1 161 perles de verre de diverses couleurs et formes, une perle de cuivre, 660 perles de coquillages, 32 cloches crotales, une chevillière et un collier en fer, une chaîne en or95.

  • 96 O. de Bouveignes, J. Cuvelier, 1951, p. 157.

59La diversité de ce mobilier est aussi révélatrice du syncrétisme à la fois religieux et esthétique qui a pu exister au royaume du Kongo et qui s’est renforcé avec le temps. Le mobilier funéraire traduit l’importance accordée aussi bien aux rites chrétiens qu’aux coutumes locales dans les pratiques funéraires et soulève la question de l’hybridation culturelle. Ainsi, on pouvait inhumer les défunts dans un espace sacré chrétien (une église) avec du mobilier profane comme à Kulumbimbi ou avec un mélange de mobiliers païens et chrétiens comme à Mbata Kulunsi, Kindoki et Ngongo Mbata. L’hybridation des pratiques funéraires au Kongo a entraîné en partie la créolisation des rites locaux, mais aussi leur préservation à travers un processus de résilience, comme pour le Kimpasi. Marcellino d’Atri a montré en 1699, que dans la région de Kibangu, les objets de culte sur l’autel de cette religion traditionnelle, mélangeaient les objets rituels kongo dont les kiteke (statuettes humaines), les dents de lions, les queues d’animaux et des objets chrétiens notamment des goupillons et des encensoirs96.

Architecture et orientation des tombes

  • 97 B. Clist et al., 2015c ; B. Clist et al., 2018a ; B. Clist et al. 2018b ; B. Clist et al., 2018c.

60Dans le domaine funéraire, on note la cohabitation dans les mêmes espaces sépulcraux, des tombes chrétiennes avec des tombes païennes qui traduisent l’attachement des Bakongo aux cultes antérieurs. Dans ce contexte de mélange, le syncrétisme touchait l’architecture des sépultures et leurs orientations. Ainsi, sur le plan architectural, que l’on soit en milieu confessionnel ou non, aussi bien dans les sites de Mbanza Kongo notamment à Kulumbimbi et Alvaro Buta que dans ceux du Bas-Congo à savoir Mbata Kulunsi, Kindoki et Ngongo Mbata97, les tombes ont conservé une architecture traditionnelle typique des Bakongo. Le creusement de la sépulture est majoritairement subrectangulaire avec un pavement de blocs de pierre situé à différents niveaux de profondeurs dans la tombe. En dehors du pavement superficiel qui permet d’identifier et de délimiter les sépultures, dans le remplissage, on peut avoir deux ou trois structures en pierre avant l’aire de dépôt du corps. Nos enquêtes dans l’arrière-pays de la province du Zaïre en Angola, révèlent que cette pratique se poursuit encore de nos jours et que sa finalité demeure clairement la matérialisation des tombes. En effet, la sépulture est aussi un support du souvenir qui doit rappeler aux vivants que les morts sont toujours parmi eux. Et pour remplir pleinement cette fonction, elle doit porter clairement les marques de sa matérialisation.

  • 98 P. Georges, 2015, p. 49.
  • 99 S. Asti et al., 2020, p. 108.
  • 100 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732 ; G. Balandier, 1965.
  • 101 J. Mertens, 1942, p. 339-340.
  • 102 I. Matonda et al., 2015, p. 542.

61À travers l’architecture des sépultures, l’influence portugaise s’observe plus par la présence de cercueils. À Mbanza Kongo, si nous n’en n’avons pas rencontré à Kulumbimbi, Patrice Georges suspecte « la présence initiale d’un contenant en matériau périssable » dans certaines tombes d’Alvaro Buta98. Ce qui traduirait des phénomènes d’emprunt dans les pratiques funéraires dans ce cimetière public et donc profane, consacrant le côté cosmopolite de cette cité historique, ses habitants venant de plusieurs régions du pays et d’Europe. Pour l’instant, l’évidence de telles structures qui traduisent des inhumations sous vide, provient de Ngongo Mbata, où certaines sépultures de l’intérieur d’une ancienne église fouillées par Maurice Bequaert, laissent apparaître des traces de cercueils en bois99. Et comme le notent si bien les auteurs, une telle pratique ne fait pas partie du rituel funéraire kongo, mais plutôt de pratiques occidentales. Dans la tradition kongo, les morts étaient enroulés dans des étoffes et inhumés à même le sol100. Le Père Mertens évoque par exemple l’usage des pagnes pour enterrer les chefs de la région de Mpangu101 et des traces de tissus ont aussi été mises en évidence dans certaines tombes de Kindoki dans le Bas-Congo102.

  • 103 F. Pigafetta, 1881, p. 94.
  • 104 G. Balandier, 1965, p. 131.
  • 105 S. Asti et al., 2020, p. 107.
  • 106 S. Asti et al., 2020, p. 107.
  • 107 W.G.L. Randlès, 1968.
  • 108 G. Heimlich, 2017, p. 103.
  • 109 G. Heimlich, ibid.

62Quoi qu’il en soit, le cas d’Alvaro Buta, de Ngongo Mbata, Kindoki, Mbata Kulunsi montrent bien que le cosmopolitisme du Kongo, concernait aussi bien Mbanza Kongo que les métropoles provinciales. D’ailleurs, Duarte Lopez, négociant portugais, avait évoqué la dissémination de ses compatriotes dans le royaume, notamment durant les périodes de crises politiques, où ceux-ci fuyaient la capitale pour se réfugier dans les villes provinciales. C’est ainsi par exemple, qu’à la mort de roi Dom Henrique I (1567-1568), son successeur le roi Alvaro I (1568-1587) fit revenir les Portugais à Mbanza Kongo103. La culture occidentale en général et portugaise en particulier, a donc diffusé dans le royaume y compris dans l’arrière-pays par migration des Portugais et d’autres Européens, Hollandais, Espagnols, Italiens. Ils étaient souvent soit des religieux soit simplement des marchands, notamment les fameux Pombeiros, ces commerçants européens s’engageant dans l’hinterland et traitant aussi bien avec les païens qu’avec les chrétiens104. D’ailleurs, suites aux fouilles archéologiques réalisées à Ngongo Mbata, Séréna Asti et ses co-auteurs évoquent bien l’existence d’un quartier réservé à la noblesse locale et aux négociants européens dans cette ville, chef-lieu de la province de Mbata105. C’est également dans cette ville qu’a vécu le prêtre capucin belge Joris van Gheel, décédé en décembre 1652106. En plus des Jésuites, plusieurs autres missionnaires notamment les capucins, sont arrivés au Kongo suite à la requête que le roi Garcia II adressa au roi Philippe IV d’Espagne en octobre 1646, et deux ans plus tard, le souverain kongo envoya des ambassadeurs auprès du Pape Innocent II pour les mêmes raisons107.Vers la fin de l’année 1651, la mission capucine au Kongo comptait environ 34 religieux, souvent espagnols et italiens, répartis dans une dizaine de postes dont San Salvador, Soyo, Mpemba, Mbamba, Kiowa, Mukato, Loanda, Masangano, Nsundi et Matari108. Tous ces marchands et religieux ont contribué à renforcer le cosmopolitisme dans le royaume et l’emprise du christianisme sur la culture kongo y compris dans le Kongo profond. Pour le christianisme, cette nouvelle vague de religieux était déterminée à intensifier la lutte contre les croyances traditionnelles kongo incarnées par les minkisi, ces fétiches considérés comme rivaux de la foi chrétienne109.

  • 110 S. Burnell, E. Lorans, Ch. Theureau, 1994.
  • 111 Ibid.
  • 112 J. Lemière, D. Levalet, 1980.
  • 113 S. Burnell, E. Lorans, Ch. Theureau, 1994 ; J. Lemière, D. Levalet, 1980.
  • 114 P. Georges, 2015.
  • 115 B. Clist et al., 2015a, p. 395.
  • 116 Des six provinces du royaume du Kongo (Soyo, Mpemba, Mbemba, Nsundi, Mbata, Mpangu), les deux derni (...)
  • 117 J. Mertens, 1942, p. 348.

63L’orientation des corps ne semble pas être régulière, mais complexe à cerner. À Kulumbimbi, toutes les tombes des immatures et celles in ecclesia sont orientées ouest-est, avec la tête à l’ouest et les pieds à l’est. Dans le cimetière des rois et à Alvaro Buta, l’orientation nord-sud est largement dominante. Si la première est souvent considérée comme un marqueur confessionnel associé au christianisme110, la seconde est une pratique bien locale. Dans le premier cas, c’est à partir du xie siècle AD, que cet usage a fait l’objet d’une prescription de la part de l’église, l’interprétation étant que l’inhumation du défunt tête à l’ouest, permet à sa prière d’être directement dirigée vers l’Orient, c’est-à-dire vers le Saint-Sépulcre111. D’autres auteurs pensent simplement que cette disposition des défunts pourrait être due à « une orientation vers le soleil levant112 ». En plus, durant le Moyen Âge en Europe, l’orientation des corps dans les espaces sépulcraux chrétiens pouvait varier, couvrant même toutes les orientations cardinales113. À Alvaro-Buta, Patrice Georges a noté que les corps étaient orientés nord-sud, avec quelques variations114. Nos enquêtes auprès des membres de la Soba de Mbanza Kongo révèlent qu’il s’agit d’une pratique qui a encore cours dans l’arrière-pays. Dès lors, on pourrait bien supposer que l’orientation nord-sud des sépultures est une pratique ancienne qui pourrait remonter à la période pré-contact. Malgré l’adoption du christianisme, elle a persisté comme c’est le cas à Alvaro Buta ainsi que dans le cimetière des rois à Kulumbimbi où elle résiste. L’orientation des sépultures dans les sites du Bas-Congo révèle aussi l’attachement des Bakongo à leurs traditions. La contrainte ici, étant que l’orientation des tombes est fonction de la direction de Mbanza Kongo. Ainsi, à Kindoki, sur une douzaine de tombes, huit avaient la tête dirigée vers le sud-ouest, la direction de Mbanza Kongo vue de Kindoki115. Le Père Mertens, qui a enquêté chez les Bakongo orientaux de Mpangu116, a montré que les inhumations se faisaient la tête à l’ouest et les pieds à l’est, l’ouest représentant le Kongo de leurs origines ou Kongo di Ntete et l’est le lieu de dispersion ou Kongo di Zole117. Dès lors, en dehors de Mbanza Kongo, l’orientation des tombes dans le sens est-ouest pourrait donc avoir une signification proprement endogène, éloignée des prescriptions chrétiennes. Si tel est le cas, l’on peut donc considérer que selon les lieux, en matière d’orientation des sépultures, les Bakongo avaient des pratiques endogènes dont une orientation en direction de Mbanza Kongo et qui variait selon les localités. Elle pouvait être est-ouest, sud-ouest-sud-est ou alors nord-sud comme à Alvaro Buta.

  • 118 M. Lauwers, 2005 ; F. Henrion, 2010.
  • 119 M. Lauwers, 2005, p. 1.
  • 120 J. Cuvelier, 1946, p. 214.
  • 121 J. Cuvelier, 1946, p. 212.
  • 122 B. Clist et al., 2018a, p. 76.

64Quoi qu’il en soit, l’influence portugaise dans les rites funéraires au Kongo est aussi perceptible dans le choix des lieux d’inhumation. Les inhumations ad sanctos aussi bien à Kulumbimbi, Ngongo Mbata et Kindoki relèvent de pratiques strictement chrétiennes. En effet, depuis le haut Moyen Âge, l’église est considérée comme un lieu d’accueil des vivants, mais aussi des morts118. On peut donc supposer que dès son achèvement en 1492, l’église de Kulumbimbi et ses autres consœurs dispersées dans le royaume du Kongo avaient rempli cette même fonction, en respectant la topographie chrétienne, avec des tombes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ces édifices. À Kulumbimbi, cette structuration a été respectée d’autant plus qu’avec l’érection du diocèse de Mbanza Kongo en 1596, cette église fut transformée en cathédrale comme nous l’avons précédemment mentionné. Dès lors, l’espace funéraire y a été structuré en trois aires d’inhumation dont le cimetière des rois qui fait office de cimetière paroissial, des inhumations in ecclesia et l’espace réservé aux immatures sur son flanc est. Il s’agit là d’une configuration spatiale que l’on trouve dans la majorité des églises chrétiennes depuis l’époque médiévale en Europe. Pour ces espaces d’inhumation sacrés, Michel Lauwers évoque « l’existence de lieux ou d’espaces (con)sacrés constituant [...] une particularité de l’Occident chrétien119 ». Les inhumations in ecclesia concernaient aussi bien l’élite du Kongo que les membres du clergé. Pour ces derniers, des cas sont cités dans la littérature comme l’inhumation vers 1521, du Père Fernand de Saint Jean dans l’église de Soyo120. Il faisait partie des quatre prêtres accompagnant Dom Henrique, fils d’Afonso I et premier évêque noir d’Afrique centrale nouvellement nommé par le pape Léon X, évêque titulaire d’Utique121. Le père capucin Joris van Gheel décédé à Ngongo Mbata en décembre 1652 a également été inhumé à l’intérieur d’une église122.

  • 123 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385.

65Les pratiques funéraires à Mbanza Kongo et dans d’autres cités du royaume du Kongo montrent donc des pratiques d’hybridation liées à l’introduction du christianisme. Ce syncrétisme qui se traduit par la perméabilité des cultures lorsqu’elles entrent en contact, a entraîné des adaptations, des accommodations liées à des phénomènes d’emprunts et Antonio Cavazzi rappelle à juste titre que les personnes ayant reçu la foi chrétienne n’avaient pas abandonné leurs coutumes ancestrales « car on n’avait pas jugé nécessaire de les gêner sur des choses qui ne s’opposaient pas aux lois de l’église123 ».

Conclusion

66Ces travaux sur les pratiques funéraires anciennes à Mbanza kongo et dans d’autres régions de l’ancien royaume du Kongo qui se sont accompagnés d’une analyse archéo-anthropologique des sites de Kulumbimbi et Alvaro Buta ouvrent de nouvelles perspectives de recherche. D’abord, elles montrent bien que les pratiques funéraires dans le royaume du Kongo étaient à l’image de cette société africaine qui s’est créolisée au fil du temps dès la période de contact avec l’Occident et en premier lieu le Portugal. Que ce soient les croyances, l’économie, l’architecture, la société, le Kongo a connu de nombreuses transformations qui ont radicalement déterminé son avenir, pour le meilleur et pour le pire. Ce pire fût l’introduction du commerce de traite, pour lequel les Bakongo ont payé un lourd tribut.

  • 124 L. Heywood, 2014.

67Sur le plan paléoanthropologique, notre travail sur les sépultures de Kulumbimbi est préliminaire. Il doit s’insérer dans un cadre global comprenant tous les ensembles sépulcraux de Mbanza Kongo de manière à accroître le corpus des tombes à étudier et rechercher des filiations possibles entre les individus inhumés. Une approche paléopathologique et paléogénétique permettra de mieux cerner l’état sanitaire des populations anciennes et le cosmopolitisme de Mbanza Kongo dont le rayonnement, comme pour toutes les villes, attirait des populations d’origine diverse. Ce qui contribuerait à crédibiliser les thèses qui font de Mbanza Kongo une vraie métropole souvent comparée à certaines villes portugaises de la même époque comme Evora124.

  • 125 J.K. Thornton, 2001, 2018 ; E.C. Tollo, 2020.

68Bien que préliminaire, cette étude a permis de mettre en évidence le caractère syncrétique des pratiques culturelles, notamment le rituel funéraire à Mbanza Kongo dans le royaume du Kongo en général depuis l’arrivée des Portugais. Sous le roi Afonso I, l’idéologie chrétienne avait pénétré le royaume jusque dans les zones rurales. Pour autant, les populations locales n’ont jamais abandonné leurs pratiques ancestrales. C’est ainsi qu’on pouvait bien avoir des inhumations en espace chrétien, sans que le mobilier funéraire ait quelque rapport que ce soit avec la chrétienté. On pouvait aussi inhumer des personnes dans des cimetières chrétiens avec un mobilier diversifié, mélangeant le profane et le sacré comme à Kindoki, Ngongo Mbata et Mbata Kulunsi dans le Bas-Congo. La richesse du mobilier funéraire dans ces sites, témoigne de l’opulence de l’aristocratie kongo à ces époques anciennes. La prégnance des traditions locales y compris dans les pratiques funéraires traduit d’une part, la résilience de la culture kongo, celle d’un peuple jaloux de ses traditions, qui a su préserver l’essence de son identité dans un environnement de domination culturelle et d’autre part, l’ouverture de ce royaume africain vers la civilisation-monde qui consacre l’universalité du Kongo. Cette maturité culturelle remonte à la création du royaume du Kongo par un héros légendaire, Lukeni Lua Nimi à la fin du xve siècle de notre ère. Cette date se confirme de plus en plus comme période formative de cet important royaume africain125.

Haut de page

Bibliographie

Acsádi, G., Nemeskéri, L., 1970, History of Human Life Span and Mortality, Budapest, Akademiai Kiado.

Aderinto, S., 2017, African Kingdoms: An Encyclopedia of Empires and Civilizations, Santa Barbara, CA, ABC-CLIO.

Asti, S., Polet, C., Kharobi, A., Courtaud, P., Clist, B., 2020, « Les sépultures des xvii-xviiie siècles fouillées en 1938 à Ngongo Mbata (République démocratique du Congo) : recrutement et état sanitaire », Anthropologica et Præhistorica, 129/2018, p. 103-126.

Balandier, G., 1965, La Vie quotidienne au royaume de Kongo du xvie au xviiie siècle, Paris, Hachette.

Bastin, M.L., 1961, Art décoratif Tshokwe, Lisboa, Companhia de diamantes de Angola.

Bertrand, R., Carol, A (dir.), 2021, Aux origines des cimetières contemporains. Les réformes funéraires de l’Europe occidentale (xviiie-xixe siècle), Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence.

Bostoen, K., Brinkman, I. (dir.), 2018, The Origin, dynamics and cosmopolitan culture of an African Polity, Cambridge, Cambridge University Press.

Bouveignes, O. de, Cuvelier, J., 1951, Jérôme de Montesarchio, apôtre du vieux Congo, Namur, Collection Lavigerie, 39, Grands Lacs.

Brothwell, D.R., 1981, Digging up bones: the excavation treatment and study of human skeletal remains, British Museum (3rd edition), Oxford, Oxford University Press.

Bruzek, J., 2002, « A method for visual determination of sex, using the human hip bone », American journal of biological anthropology, 117 (2), p. 157-168.

Burnell, S., Lorans, E., Theureau, Ch., 1994, « La nécropole du haut Moyen Âge de La Mouline à Saint-Firmin-des-Prés (Loir-et-Cher) », Revue Archéologique du Centre de la France, 33, p. 133-190.

Castex, D., Courtaud, P., Hambucken-Bontempi, A., 1993, « La détermination sexuelle des séries archéologiques : la validité de certains caractères osseux ‟extra-coxauxˮ », Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, 5 (1), p. 225-235.

Cauwe, N., 1996, « Les sépultures collectives dans le temps et dans l’espace », Bulletin de la Société préhistorique française, 93 (3), p. 342-352.

Cavazzi da Montecuccolo, G.A., 1732, Relation historique de l’Éthiopie occidentale contenant la description du royaume du Congo, Angolle et Matamba, traduit de l’italien par Jean-Baptiste Labat, Paris, Delespine.

Clist, B., Maret, P. de, Schryver, G.-M. de, Kaumba, M., Matonda, I., Cranshof, E., Koen Bostoen, K., 2013, « The KongoKing Project: 2012 Fieldwork Report from the Lower Congo. Province (DRC) », Nyame Akuma, 79, p. 60-73.

Clist, B., Cranshof, E., Schryver, G.-M. de, Herremans, D., Karklins, K., Matonda, I., Steyaert, F., Bostoen, K., 2015a, « African-European Contacts in the Kongo Kingdom (Sixteenth-Eighteenth Centuries): New Archaeological Insights from Ngongo Mbata (Lower Congo, DRC) », International Journal of Historical Archaeology, 19, p. 464-501.

Clist, B., Lopes, M. C., Barreira, J., Cranshof, E., Mirão, J., Karklins, K., Bostoen, K., 2015b, Rapport de la mission expertise archéologique, Ville de Mbanza Kongo, République d’Angola, 8-20 novembre 2015. Rapport inédit consultable à l’Institut National du Patrimoine Culturel (INPC), Luanda.

Clist, B., Cranshof, E., Schryver, G.-M., Herremans, D., Karklins, K., Matonda, I., Polet, C., Sengeløv, A., Steyaert, F., Verhaeghe, CH., Bostoen, K., 2015c, « The Elusive Archaeology of Kongo Urbanism: the Case of Kindoki, Mbanza Nsundi (Lower Congo, DRC) », African Archaeological Review, 32, p. 369-441.

Clist, B., Cranshof, E., Kaumba, M., Matonda, I., Nkanza Lutayi, A., 2018a, « Fouilles et prospections à l’ouest de l’Inkisi, région de Ngongo Mbata », in B. Clist, P. de Maret, K. Bostoen (dir.), Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo, Oxford, Archaeopress publishing Ltd, p. 71-131.

Clist, B., Cranshof, E., Kaumba, M., Matonda, I., Kidebua, R., 2018b, « Fouilles et prospections à l’est de l’Inkisi », in B. Clist, P. de Maret, K. Bostoen (dir.). Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo. Oxford, Archaeopress publishing Ltd, p. 163-180.

Clist, B., Cranshof, E., Maret, P., de, Kaumba, M., Kidebua, R., Matonda, I., Nkanza Lutayi, A., Yog, J., 2018c., « Fouilles et prospections entre Kisantu et le fleuve Congo », in B. Clist, P. de Maret, K. Bostoen (dir.), Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo. Oxford, Archaeopress publishing Ltd, p. 133-162.

Clist, B., Nikis, N., Maret, P. de, 2018d, « Séquences chrono-culturelles de la poterie kongo (xiiie-xixe siècles) », in B. Clist, P. de Maret, K. Bostoen (dir.), Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo, Oxford, Archaeopress publishing Ltd, p. 243-279.

Clist, B., Maret, P. de, Bostoen, K., (dir.), 2018, Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo, Oxford, Archaeopress publishing.

Cuvelier, J., 1946, L’Ancien royaume de Congo, Bruxelles, Desclée de Brouwer.

Dabin, B., 1984-1985, « Les acides tropicaux », Cahiers Orstom, série pédologique, 21 (1), p. 7-19.

Delattre, V., 2008, « Les sépultures de nouveau-nés au Moyen Âge : l’hypothèse d’un sanctuaire à répit précoce à Blandy-les-Tours (France, Seine-et-Marne) », in F. Gusi, S. Muriel (dir.), Nasciturus, infans, puerulus vobis mater terra. La muerte en la infancia, Servicio de Investigaciones Arqueológicas y Prehistóricas, Castelló de la Plana, p 183-210.

Dubin, L.S., 1988, Histoire des perles de la préhistoire à nos jours, Paris, Nathan.

Duday, H., 1990, « Observations ostéologiques et décomposition du cadavre : sépulture colmatée ou espace vide », Revue archéologique du centre de la France, 19, p. 193-196.

Duday, H., 1995, « Anthropologie ‟de terrainˮ, archéologie de la mort », in Groupe vendéen d’études préhistoriques (dir.), La mort –passé, présent, conditionnel, Actes du colloque de La Roche-sur-Yon, 18-24 juin 1994, La Roche-sur-Yon, p. 33-58.

Duval, Y., 1988, Auprès des saints corps et âmes. L’inhumation « ad sanctos » dans la chrétienté d’Orient et d’Occident du iiie siècle au viie siècle, Paris, Études augustiniennes.

Ferembach, D, Schwidetzky, I., Stloukal, M., 1979, « Recommandations pour déterminer l’âge et le sexe sur le squelette », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 6 (1), p. 7-45.

Fromont, C., 2011, « Dance, image, myth and conversion in the Kingdom of Kongo, 1500-1800 », African art, 44 (4), p. 52-63.

Fromont, C., 2014, The art of conversion. Christian visual culture in the Kingdom of Kongo, Chapel Hill, The University of North Carolina Press.

Fu-Kiau Kia Bunseki-Lumanisa, A., 2021, N’Kongo ye nza yakun’zungidila Nza-Kôngo. Le Mukongo et le monde qui l’entourait : cosmogonie kongo, La Loupe, Édition Paari.

Gallay, A., 2011, De mil, d’or et d’esclaves. Le Sahel précolonial, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes.

Georges, P., 2015, Ensemble funéraire d’Alvaro Buta à Mbanza Kongo (province du Zaïre, Angola). Fouille, mise en évidence des anomalies taphonomiques et identifications individuelles des sujets, Rapport de mission, Montauban. Rapport inédit, consultable à l’Institut National du Patrimoine Culturel (INPC), Luanda.

Guy, H., Masset, C., Baud, C.-A., 1997, « Infant taphonomy », International Journal of Osteoarchaeology, 7, p. 221-229.

Heimlich, G., 2016, « The kongo cross across centuries », African art, 49 (3), p. 22-31.

Heimlich, G., 2017, Le massif de Lovo, sur les traces du royaume du Kongo, Oxford, Archaeopress publishing Limited.

Henrion, F., 2010, « L’église, lieu d’accueil des vivants et des morts », Bulletin du centre d’études médiévale d’Auxerre / BUCEMA [En ligne], Archéologie des églises de l’Yonne, mis en ligne le 25 août 2010, consulté le 24 septembre 2022. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/11448

Heusch, L., de, 1997, « The symbolic, mechanism of sacred kingship: rediscovering Frazer », The Journal of Royal Institute, 3 (2), p. 213-232.

Heywood, M.L., 2014, « Mbanza Kongo/San Salvador: Culture and transformation of an African city, 1491-1670s », in E. Akyeampong, R.H. Bates, N. Nunn, J. Robinson (dir.). Africa’s Development in Historical Perspective, New York, Cambridge University Press, p. 366-93.

Lauwers, M., 2005, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terres des morts dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier.

Lemière, J., Levalet, D., 1980, « Saint-Martin-de-Verson (Calvados), nécropole des vii et viiie siècles », in Archéologie médiévale de Caen, 10, p. 59-104.

MacGaffey, W., 1986, Religion and Society in Central Africa: The BaKongo of Lower Zaire, Chicago, University of Chicago Press.

MacGaffey, W., 2000, Kongo Political Culture: The Conceptual Challenge of the Particular, Bloomington, Indiana University Press.

Manifold, M.B., 2015, « Skeletal preservation of children’s remains in the archaeological record », Journal of comprehensive human biology, 16 (6), p. 520-548.

Maresh, M.M., 1970, « Measurements from roentgenograms, heart size, long bone lengths, bone, muscle and fat widths, skeletal maturation », in R.W. Mc Cammon (dir.), Human growth and development, Springfield, Charles C. Thomas, p. 155-200.

Maret, P. de, 1982, « Rock art », in F. van Noten (dir.), The Archaeology of Central Africa, Graz, Akademische Drück-u. Verlagsanstalt, p. 97-99.

Masset, Cl., 1971, « Erreurs systématiques dans la détermination de l’âge par les sutures crâniennes », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 7 (1), p. 85-105.

Matonda, I., Cranshof, E., Schryver, G.-M. de, Clist, B., Bostoen, K., 2015, « À la recherche de Mbanza Nsundi, capitale provinciale du royaume du Kongo. Fouilles archéologiques au site de Kindoki (Bas-Congo, RDC) », Congo-Afrique, 496, p. 533-548.

Mbida, C., Asombang, R., Conceicão Lopes, M., 2014, Rapport de la mission de fouille du 11 avril au 08 juillet à Mbanza Kongo, Rapport inédit, consultable à l’Institut National du Patrimoine Culturel (INPC), Luanda.

Mertens, J., 1942, Les chefs couronnés chez les Bakongo orientaux. Étude de régime successoral, Mém. Inst. roy. colon. belge, XI, 1.

Molleson, T., 1997, « Patterns of growth », in L. Buchet (dir.), L’enfant, son corps, son histoire, Actes des septièmes journées anthropologiques de Valbonne (1-3 juin 1994), Éditions APDCA, Valbonne, p. 201-210.

Nissen-Jaubert, A., 2003, « Historiographie de la spatialisation des élites : les approches archéologiques », Programme élites. Table ronde du 28 novembre, https://lamop.univ-paris1.fr/IMG/pdf/nissen.pdf

Pigafetta, F., 1881, A Report of the Kingdom of Congo: And of the Surrounding Countries; Drawn Out of the Writings and Discourses of the Portuguese, Duarte Lopez by Filippo Pigafetta, in Rome 1591, traduit de l’italien par Margarite Hutchinson, London, John Murray, Albemarle Street.

Randlès, W.G.L., 1968, L’Ancien royaume du Congo des origines à la fin du xixe siècle, Paris-La Haye, Mouton.

Rogers, T. L., 2005, « Determining the sex of human remains through cranial morphology », Journal of Forensic Sciences, 50 (3), p. 493-500.

Ronen, A., 2012, « The oldest burials and their significance », in S.C. Reynolds, A. Gallagher (dir.), African genesis. Perspectives on hominin evolution, Cambridge, Cambridge University Press, p. 554-570.

Sapède, Th.C., 2000, Le roi et le temps, le Kongo et le monde. Une histoire globale des transformations politiques du Royaume du Kongo (1780-1860), thèse de Doctorat, École des hautes études en sciences sociales.

Sapin, C., 1996, « Dans l’église ou hors l’église, quel choix pour l’inhumé ? [Inside or outside the churh: what choice for burial?] », in Archéologie du cimetière chrétien, Actes du 2e colloque ARCHEA (Orléans, 29 septembre-1er octobre 1994), Tours, Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du centre de la France, 1996, p. 65-78. (Supplément à la Revue archéologique du centre de la France, 11).

Schmitt, A. 2002, « Estimation de l’âge au décès des adultes : des raisons d’espérer », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, n. s., 14 (1-2), p. 51-73.

Schmitt, A., 2005, « Une nouvelle méthode pour estimer l’âge au décès des adultes à partir de la surface sacro-pelvienne iliaque », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, n. s., 17 (1-2), p. 89-101.

Schmitt, A., Broqua, C., 2000, « Approche probabiliste pour estimer l’âge au décès à partir de la surface auriculaire de l’ilium », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 12 (3-4), p. 279-302.

Sullivan, K.M., Mannucci, A., Kimpton, C.P., Gill, P., 1993, « A rapid and quantitative DNA sex test: fluorescence-based PCR and analysis of X-Y homologous gene amelogenin », BioTechniques, 15 (4), p. 636-641.

Tillier, A.-M., Duday, H., 1990, « Les enfants morts en période périnatale », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 2 (3-4), p. 89-98.

Thornton, J.K., 1982, « The Kingdom of Kongo, ca. 1390-1678. The development of an african social formation », Cahiers d’études africaines, 22 (87-88), p. 325-42.

Thornton, J.K., 1983, The Kingdom of Kongo: Civil War and Transition, 1641-1718, Madison, The University of Wisconsin Press.

Thornton, J.K., 2001, « The origins and early history of the kingdom of Kongo, c. 1350-1550 », International Journal of African Historical Studies, (34) 1, p. 89-120.

Thornton, J.K., 2013, « The afro-christian syncretism in the Kingdom of Kongo », The journal of African History, 54, p. 53-77.

Thornton, J.K., 2018, « The origins of Kongo: A revised vision », in K. Bostoen et I. Brinkman (dir.), The Kongo Kingdom. The origins, dynamics and cosmopolitan culture of an African polity, Cambridge, Cambridge University Press, p. 17-41.

Tollo, E.C., 2017, « Territorialité et internationalisation d’une culture africaine : le cas de la culture des Bakongo du royaume du Kongo », in D. Simo (dir.), Études culturelles : Concepts, théories, pratiques et enjeux, Actes du grand colloque international tenu du 5 au 7 avril 2016 à l’université de Yaoundé I (Cameroun). Trans, 20 (Revue électronique de recherches sur la culture), http://www.inst.at/trans/20/inhaltsverzeichnis-table-of-contents-table-des-matieres/

Tollo, E.C., 2020, « L’origine du royaume du kongo : regards croisés entre l’archéologie, l’histoire et l’ethnohistoire », Annales de la Facultés des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’université de Yaoundé I, 21, p. 157-177.

Tzortzis, S., Séguy, I., 2008, « Pratiques funéraires en lien avec les décès des nouveau-nés. À propos d’un cas dauphinois durant l’Époque moderne : la chapelle Saint-Jean à L’Argentière-La-Bessée (Hautes-Alpes) », Archéo-anthropologie funéraire, 22, p. 75-92.

Vansina, J., 1966, Kingdoms of the savanna, Madison, University of Wisconsin Press.

Van Wing, S.J., 1938, Études Bakongo. Vol. 2, religion et magie, Mémoire de l’Institut royal colonial belge.

Haut de page

Notes

1 J. Vansina, 1966 ; A. Gallay, 2011 et S. Aderinto, 2017.

2 J.K. Thornton, 2001.

3 E.C. Tollo, 2017.

4 Nous tenons à remercier Christophe Mbida, Raymond Asombang et les autorités angolaises de nous avoir donné l’opportunité de participer à ces recherches.

5 L’inscription Mbanza Kongo sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco s’est officiellement faite le 2 juillet 2017 à Cracovie en Pologne.

6 C. Mbida, R. Asombang, M, Conceicão Lopez, 2014 ; P. Georges, 2015.

7 B. Clist et al., 2015a ; B. Clist et al., 2015c ; B. Clist et al., 2018 ; S. Asti et al., 2020.

8 P. Georges, 2015.

9 Th.C. Sapède, 2000, p. 145.

10 J. Cuvelier, 1946.

11 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385.

12 L. Heywood, 2014.

13 Th.C. Sapède, 2000.

14 W.G.L. Randlès, 1968 ; J.K. Thornton, 1983.

15 W.G.L. Randlès, 1968, p. 234-235.

16 S. Burnell, E. Lorans, Ch. Theureau, 1994.

17 C. Mbida, R. Asombang, M, Conceicão Lopez, 2014.

18 H. Duday, 1990 et 1995.

19 A.-M. Tillier, H. Duday, 1990.

20 G. Acsádi, L. Nemeskéri, 1970 ; D. Ferembach, I. Schwidetzky, M. Stloukal, 1979 ; D. Castex, P. Courtaud, P. Hambucken-Bontempi, 1993 ; J. Bruzek, 2002 ; A. Schmitt, 2002 et 2005, T.L. Rogers, 2005.

21 D. Castex, P. Courtaud, P. Hambucken-Bontempi, 1993.

22 J. Bruzek, 2002.

23 J. Bruzek, 2002, p. 129.

24 M.M. Maresh 1970.

25 D.R. Brothwell, 1981.

26 T. Molleson, 1997.

27 B. Dabin, 1984/1985.

28 H. Guy, C. Masset, C.-A. Baud, 1997 ; M.B. Manifold, 2015.

29 G. Acsádi, L. Nemeskéri, 1970.

30 C. Masset, 1971.

31 T.L. Rogers, 2005.

32 J. Bruzek, 2002.

33 A. Schmitt, 2002 et 2005.

34 B. Clist et al., 2015b.

35 P. Georges,2015.

36 Y. Duval, 1988 ; C. Sapin, 1996.

37 P. Georges, 2015.

38 P. Georges, 2015, p. 49.

39 P. Georges, 2015, p. 29.

40 B. Clist, 2015b.

41 Beta-396495: 230 +/- 30 bp.

42 Beta-385812: 60 +/- 30 bp.

43 Beta-386537: 40 +/- 30 bp.

44 Beta-386538: 130 +/- 30 bp.

45 Beta-397782: 90 +/- 30 bp.

46 Beta-396493: 250 +/- 30 bp.

47 Beta-396492: 190+/- 30 bp.

48 Beta-397782: 200 +/- 30 bp.

49 Beta-397783: 120 +/- 30 bp.

50 Beta-396494: 230 +/- 30 bp.

51 J.K. Thornton, 1982.

52 J.K. Thornton, communication personnelle.

53 B. Clist et al., 2015a ; I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018b.

54 B. Clist et al., 2015c ; B. Clist et al., 2018a ; S. Asti et al., 2020.

55 B Clist et al., 2018b.

56 B. Clist et al., 2018c, p.  61.

57 Y. Duval, 1988.

58 Y. Duval, 1988 ; C. Sapin, 1996 ; M. Lauwers, 2005 ; F. Henrion, 2010.

59 Il s’agit ici de la traduction française de l’ouvrage de Giovanni Antonio Cavazzi da Montecuccolo (1687) intitulé Istorica Descrizione de’ tre regni Congo, Matamba ed Angola.

60 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385.

61 C. Sapin, 1996.

62 Enfants ayant entre 0 et 28 jours.

63 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385-386.

64 J. Mertens, 1942, p. 346.

65 C. Sapin, 1996.

66 R. Bertrand, A. Carol (dir., 2021.

67 I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018a et 2018c ; S. Asti et al., 2020.

68 B. Clist et al., 2015a ; B. Clist et al., 2018a ; S. Asti et al., 2020.

69 B. Clist et al., 2018a, p. 101-102.

70 N. Cauwe, 1996.

71 V. Delattre, 2008, p. 190.

72 S. Tzortzis, I. Séguy, 2008, p. 11.

73 V. Delattre, 2008 ; S. Tzortzis, I. Séguy, 2008.

74 B. Clist et al., 2015a ; I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018.

75 L.S. Dubin, 1988.

76 A. Nissen-Jaubert, 2003.

77 J.K. Thornton, 2013, p. 55.

78 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732 ; G. Balandier, 1965 ; A. Hilton, 1985 ; F. Pigafetta, 1881 ; K. Bostoen, I. Brinkman (dir.), 2018.

79 G. Balandier, 1965, p. 142.

80 F. Pigafetta, 1881, p. 66.

81 W.G.L. Randlès, 1968 ; A. Hilton, 1985.

82 B. Clist et al., 2013 ; B. Clist et al., 2015a ; I. Matonda et al., 2015 ; B. Clist et al., 2018a, 2018b, 2018c.

83 B. Clist et al., 2015a ; B. Clist et al., 2018 ; S. Asti et al., 2020.

84 G. Balandier, 1965, p. 21.

85 B. Clist et al., 2018b.

86 C. Fromont, 2011 ; G. Heimlich, 2016, 2017.

87 G. Heimlich, 2017, p. 110.

88 M.L. Bastin, 1961 ; P. de Maret, 1982.

89 W. MacGaffey, 2000 ; G. Heimlich, 2017 ; A. Fu-Kiau Kia Bunseki-Lumanisa, 2021.

90 C. Fromont, 2011.

91 C. Fromont, 2014, p. 65.

92 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732 ; G. Balandier, 1965 ; W.G.L. Randlès, 1968.

93 W. MacGaffey, 2000, p. 2.

94 L. de Heusch, 1997.

95 I. Matonda et al., 2015, p. 539.

96 O. de Bouveignes, J. Cuvelier, 1951, p. 157.

97 B. Clist et al., 2015c ; B. Clist et al., 2018a ; B. Clist et al. 2018b ; B. Clist et al., 2018c.

98 P. Georges, 2015, p. 49.

99 S. Asti et al., 2020, p. 108.

100 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732 ; G. Balandier, 1965.

101 J. Mertens, 1942, p. 339-340.

102 I. Matonda et al., 2015, p. 542.

103 F. Pigafetta, 1881, p. 94.

104 G. Balandier, 1965, p. 131.

105 S. Asti et al., 2020, p. 107.

106 S. Asti et al., 2020, p. 107.

107 W.G.L. Randlès, 1968.

108 G. Heimlich, 2017, p. 103.

109 G. Heimlich, ibid.

110 S. Burnell, E. Lorans, Ch. Theureau, 1994.

111 Ibid.

112 J. Lemière, D. Levalet, 1980.

113 S. Burnell, E. Lorans, Ch. Theureau, 1994 ; J. Lemière, D. Levalet, 1980.

114 P. Georges, 2015.

115 B. Clist et al., 2015a, p. 395.

116 Des six provinces du royaume du Kongo (Soyo, Mpemba, Mbemba, Nsundi, Mbata, Mpangu), les deux dernières étaient les plus orientales.

117 J. Mertens, 1942, p. 348.

118 M. Lauwers, 2005 ; F. Henrion, 2010.

119 M. Lauwers, 2005, p. 1.

120 J. Cuvelier, 1946, p. 214.

121 J. Cuvelier, 1946, p. 212.

122 B. Clist et al., 2018a, p. 76.

123 A. Cavazzi da Montecuccolo, 1732, p. 385.

124 L. Heywood, 2014.

125 J.K. Thornton, 2001, 2018 ; E.C. Tollo, 2020.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1. Carte des sites archéologiques de Mbanza Kongo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-1.png
Fichier image/png, 2,0M
Titre Figure 2. Vues des ruines de l’église et la fouille des sépultures d’enfants de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-2.png
Fichier image/png, 168k
Titre Figure 3. Vue du cimetière des rois dans l’enceinte des ruines de l’église de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-3.png
Fichier image/png, 919k
Titre Figure 4. Plan du site de Kulumbimbi et localisation des sondages
Crédits Dessin par D. Pinto (C. Mbida et al., 2014).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-4.png
Fichier image/png, 203k
Titre Figure 5. Sépulture 1 et 2 du site de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-5.png
Fichier image/png, 385k
Titre Figure 6. Sépulture 3 (S3) et 4 (S4) du site de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-6.png
Fichier image/png, 213k
Titre Figure 7. Une vue des sépultures et de la réduction à l’intérieur des ruines de la cathédrale de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-7.png
Fichier image/png, 283k
Titre Figure 8. Sépultures à l’intérieur de l’église de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-8.png
Fichier image/png, 481k
Titre Figure 9. Réduction trouvée à l’intérieur de la chapelle de Kulumbimbi
Crédits Eloi Cyrille Tollo
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-9.png
Fichier image/png, 231k
Titre Figure 10. Plan de l’ensemble funéraire d’Alvaro Buta
Crédits © D. Pinto / Centro de Estudos de Arqueologia, Artes e Ciências do Património, Universidade de Coimbra. P. Georges, 2015, p. 9.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-10.png
Fichier image/png, 97k
Titre Figure 11. Vue des sépultures et des inhumations à Alvaro Buta
Crédits © D. Pinto / Centro de Estudos de Arqueologia, Artes e Ciências do Património, Universidade de Coimbra. P. Georges, 2015, p. 14 et 26.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-11.png
Fichier image/png, 355k
Titre Figure 12. Perles en verre en provenance des sépultures des immatures à Kulumbimbi
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-12.png
Fichier image/png, 406k
Titre Figure 13. Une partie du mobilier funéraire du site de Kindoki
Légende À gauche des poignées d’épées en fer et à droite des médaillons religieux, des crucifix.
Crédits B. Clist et al., 2015c.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-13.png
Fichier image/png, 184k
Titre Figure 14. Un échantillon de mobilier funéraire en provenance de Ngongo Mbata
Légende On distingue des médaillons religieux, des crucifix et la porcelaine portugaise.
Crédits B. Clist et al., 2015a.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4131/img-14.png
Fichier image/png, 159k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Eloi Cyrille Tollo, « Approches comparative et analytique des pratiques funéraires anciennes à Mbanza Kongo (Province du Zaïre, Angola) »Afriques [En ligne], 14 | 2023, mis en ligne le 28 janvier 2024, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/4131 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/afriques.4131

Haut de page

Auteur

Eloi Cyrille Tollo

Département des Arts et Archéologie, Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines / Université de Yaoundé I

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search