Navigation – Plan du site

AccueilThématiques14TechnologieContribution des données paléomét...

Technologie

Contribution des données paléométallurgiques à l’histoire des sociétés ouest-africaines durant les royaumes de Ghâna, Mâli, Gao et Mossi

Contribution of paleometallurgical data to the history of West African societies during the kingdoms of Ghana, Mali, Gao and Mossi
Caroline Robion-Brunner

Résumés

En Afrique subsahélienne, la sidérurgie est la plus vieille, la plus répandue et la plus importante des métallurgies qui y ait été pratiquée. Sa trajectoire, qui s’inscrit donc dans le temps long – au moins trois millénaires –, décline avec l’importation du fer européen à partir du xve siècle et s’achève à partir du début du xxe siècle. À la période médiévale, celle de la mise en place de l’urbanisation, du commerce transsaharien, de l’arrivée de l’islam, et de la fondation et succession des royaumes, la production et l’usage du fer sont généralisés. Ce métal n’est plus rare, il a remplacé depuis plusieurs siècles la pierre pour les outils agricoles et artisanaux. Il s’échange sous forme brute ou déjà transformé en objet. Mais quelle est la véritable place de cette activité humaine dans le développement des sociétés ? Est-elle centrale ou périphérique ? Est-elle un enjeu économique, politique ou sociétal pour les pouvoirs en place ? Est-ce que la place de la production du fer est différente selon le type de régime politique ?
Au-delà de l’analyse des questions strictement techniques liées à la production du fer, la paléométallurgie permet d’aborder d’une façon originale des questions plus générales. Les fluctuations dans la production et la consommation des métaux et des objets métalliques offrent l’opportunité de questionner les besoins d’une population et ainsi en creux d’approcher la démographie et les dynamiques de peuplement. La localisation des lieux de production des matières premières, des produits bruts ou manufacturés traduit le système de réseaux et de contrôle dans lequel s’effectuent les activités techniques et les échanges. Les circuits, la nature des produits et l’identité des acteurs de cette activité peuvent alors être restitués.
Dans cet article sera présenté un projet de recherche ayant pour objectif de recueillir toutes les occurrences archéologiques sur la production et l’usage du fer afin de réinterroger, siècle après siècle, la relation entre la production du fer et les différentes hégémonies politiques qui ont traversé le temps et l’espace. À partir de cartes rétrospectives, nous suivrons l’impact de la sidérurgie sur la vie et les activités des populations médiévales. Cette réexploitation des données archéologiques permettra également de visualiser les vides géographiques, chronologiques et méthodologiques à combler afin d’atteindre pleinement la restitution de l’histoire du fer. Afin de tester la validité et la pertinence de la démarche, nous avons délimité une zone d’étude. Celle-ci couvre 1,5 million de km2 et comprend une partie du Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Togo et le Bénin. Dans cet espace et cet article, nous nous attacherons à comprendre plus spécifiquement les enjeux successifs des rapports entre l’industrie du fer et les royaumes ouest-africains du Ghâna, Mâli, Songhay, Gao et Mossi.

Haut de page

Texte intégral

Introduction

  • 1 M. Mangin, 2004 ; J.-P. Mohen, 1990 ; M. Pernot, 2017.

1La production des métaux tient une place particulière dans l’histoire des techniques car elle est l’activité dans laquelle la maîtrise des ressources naturelles est la plus avancée1. Elle implique l’utilisation de plusieurs matières premières (minerai, combustible, argile, etc.) dans une chaîne opératoire longue et complexe durant laquelle les propriétés physiques et chimiques de ces dernières sont modifiées. Maîtriser les procédés métallurgiques, c’est être capable de produire des matériaux aux propriétés inexistantes à l’état naturel. Depuis l’introduction de la métallurgie, les artisans n’ont eu de cesse de créer de nouvelles combinaisons métalliques et de modifier leurs techniques de production. Ces innovations ont permis aux métaux, bruts ou alliés, de se retrouver utilisés dans tous les domaines : l’agriculture, l’artisanat, l’armement, l’ornementation, la construction. Le prisme de la métallurgie offre donc une opportunité unique de traverser l’histoire et les territoires en interrogeant la place des métallurgies et des métallurgistes dans les sociétés et, ce faisant, de suivre les étapes d’invention, d’innovation et de dissémination. L’identification de ces mécanismes est un enjeu essentiel dans la compréhension des sociétés qui en sont à l’origine et de celles qui apprennent des autres ou qui consomment les produits des autres.

  • 2 S.B. Alpern, 2005 ; H. Bocoum, 2002 ; J.-P. Descoeudres et al., 2001 ; A.F.C. Holl, 2009 ; S. Chiri (...)

2En Afrique, l’histoire des métaux échappe à toute perception évolutionniste. Elle se déploie à distance d’un déterminisme technologique qui contraindrait en quelque sorte chaque société à passer successivement par les âges du cuivre, du bronze, puis du fer, comme ce fut le cas en Eurasie. Diverses histoires des techniques métallurgiques prévalent en Afrique. Elles se sont déployées dans quatre espaces distincts2. Tout d’abord, il y a l’Afrique septentrionale, depuis le littoral méditerranéen jusqu’à celui de la mer Rouge. Elle connaît une évolution de la métallurgie similaire à celle de l’Europe et de l’Asie, quoique légèrement plus tardive : en premier lieu, une utilisation des métaux natifs (or, argent, cuivre, fer météoritique) qui débute au milieu du Ve millénaire avant notre ère, ensuite une transformation du minerai de cuivre en métal suivie d’une maîtrise des alliages à base de cuivre à partir du IIIe millénaire, et pour finir l’introduction du fer au milieu du Ier millénaire avant notre ère. Puis, il y a la zone saharo-sahélienne où la métallurgie du cuivre et celle du fer sont développées au même moment (Ier millénaire avant notre ère) par des populations appartenant à des cultures différentes et cela dans des territoires distincts mais proches et connectés. Ensuite, l’Afrique subsahélienne possède quant à elle une histoire de la métallurgie tout à fait originale. Elle démarre également au Ier millénaire avant notre ère (peut-être même avant) mais seulement par la sidérurgie sans qu’aucune autre métallurgie des non-ferreux n’ait été mise en place précédemment. Il faudra attendre la seconde moitié du Ier millénaire de notre ère pour que des métaux non ferreux y soient produits. Et enfin, l’Afrique australe où l’introduction des techniques métallurgiques s’est faite depuis l’Afrique centrale au début du 1er millénaire de notre ère, en même temps que l’agriculture, l’élevage et la sédentarité. Ayant accès à des gisements polymétalliques, les métallurgistes d’Afrique australe produisent et travaillent différents types de métaux au sein de mêmes ateliers.

  • 3 C. Evans, G. Ryden, 2018.

3Concernant plus spécifiquement l’Afrique subsahélienne, la trajectoire de la sidérurgie, qui s’inscrit dans le temps long – au moins trois millénaires –, décline avec l’importation du fer européen à partir du xve siècle et s’achève à partir du début du xxe siècle3. À la période médiévale, celle de la mise en place de l’urbanisation, du commerce transsaharien, de l’arrivée de l’islam, et de la fondation et succession des royaumes, la production et l’usage du fer sont généralisés. Ce métal n’est plus rare, il a remplacé depuis plusieurs siècles la pierre pour les outils agricoles et artisanaux. Il s’échange sous forme brute ou déjà transformé en objet. Mais quelle est la véritable place de cette activité humaine dans le développement des sociétés ? Est-elle centrale ou périphérique ? Est-elle un enjeu économique, politique ou sociétal pour les pouvoirs en place ? Est-ce que la place de la production du fer est différente selon le type de régime politique ?

  • 4 Pour tracer les territoires des royaumes africains, nous avons repris les cartes réalisées par Mia (...)
  • 5 T. Perrin, 2019a.
  • 6 Les tables de la base de données sont consultables en annexe.
  • 7 C. Robion-Brunner, 2020.

4Répondre à ces questions est une entreprise neuve car la sidérurgie ancienne en Afrique est un sujet peu historicisé par les chercheurs. Certes, les données sur les moments clés de son histoire (début, développement et déclin), ainsi que sur la diversité de ses techniques ont été et sont en cours d’acquisition, mais l’analyse des rapports entre cette activité et les pouvoirs en place est peu investiguée. Pour cela, il faut repartir aux sources de l’information et dresser un bilan des données archéologiques sur les lieux de production du fer, les rythmes d’activité, les circuits de diffusion et les lieux de consommation. En géolocalisant ces preuves matérielles et en examinant leur répartition spatiale suivant leur temporalité, il est alors possible de les confronter aux données littéraires qui aujourd’hui sont mobilisées pour délimiter les territoires des royaumes ouest-africains4. Pour que le bilan des données soit consultable, nous avons organisé les informations dans une base de données. Celle utilisée a été créée par Thomas Perrin5. Elle s’articule autour de trois tables liées les unes aux autres. La table « Site » indexe les sites archéologiques et leurs données génériques : nom, localisation, type de site, type d’opérations scientifiques conduites sur le site et leur fiabilité, historique des fouilles et références bibliographiques. Chaque gisement présente une ou plusieurs occupations définies par les chercheurs qui ont étudié les données issues des fouilles du site. Ces occupations correspondent à une période chronologique dont la culture peut être précisée. À chaque période, voire culture, des fourchettes chronologiques sont automatiquement entrées. Si l’occupation dispose de datation(s) radiocarbone(s), les deux valeurs des fourchettes sont alors affinées en considérant les extrêmes des intervalles de dates calibrées à 95 % de confiance. La table « Occupations » comporte deux onglets : « Métal » et « Datations & Structures ». Celui sur le « Métal » réunit les données archéologiques de l’occupation permettant l’identification des activités, la quantification du niveau de production et la caractérisation des techniques. L’onglet « Datations & Structures » synthétise les informations sur la stratigraphie et les dates radiocarbones. Il permet d’accéder à la dernière table « Dates ». Cette dernière recense toutes les datations radiocarbones liées aux occupations, elles-mêmes liées aux sites. Notre base de données compte 1 643 sites, 2 500 occupations et 906 datations6. Elle a été interrogée grâce à un logiciel SIG (système d’information géographique) afin de cartographier les sites archéologiques et de réaliser des analyses spatiales à partir de requêtes thématiques et chronologiques7. Durant la collecte des données, plusieurs écueils sont apparus questionnant leur qualité et leur quantité. Ce constat alarmant amène à se demander s’il est vraiment pertinent de poursuivre le but énoncé avec des sources aussi disparates et partielles. Néanmoins, ces défauts ne sont pas rédhibitoires. La grande masse de données surtout pour la période médiévale aboutit à « lisser » les irrégularités de la documentation et à identifier les informations qu’il faudrait consolider dans l’avenir. Il est par contre impératif, et c’est ce nous présentons dans la première partie de notre article, d’adopter une analyse réflexive sur le type d’informations recueillies dans la base de données, ainsi que les limites et les difficultés de cette démarche extensive et holistique.

5Afin de tester la validité et la pertinence de notre démarche, nous avons circonscrit notre zone d’étude à un secteur de l’Afrique de l’Ouest couvrant 1,5 million de km2 et comprenant une partie du Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Togo et le Bénin (Figure 1). Ce choix a été motivé par l’ampleur des données à disposition. Il nous a semblé préférable de privilégier la diachronie dans un espace limité que de prendre en compte un plus vaste espace et de se limiter à une période chronologique. Ainsi, le dimensionnement de la zone d’étude pouvait s’opérer de deux façons, soit un transect est-ouest soit un transect nord-sud. La première solution permettait de suivre ce qui s’est passé dans des zones climatiques et végétales identiques (la région soudano-sahélienne avec la savane et la forêt dégradée ou la région soudano-guinéo-congolaise avec la forêt dense et la mangrove) où se sont succédées différentes entités politiques (les grands empires de la boucle du Niger puis les royaumes côtiers). La seconde offrait l’avantage de s’affranchir de ces blocs environnementaux et politiques. Il était alors possible de se demander si la sidérurgie s’était développée différemment selon les contraintes environnementales, les choix politiques et les évènements historiques. Nous avons opté pour la seconde solution permettant ainsi, comme nous allons le voir dans cet article, de mieux comprendre les enjeux successifs des rapports entre l’industrie du fer et les royaumes de Ghâna, Mâli, Songhay, Gao et Mossi.

Figure 1 : Localisation des sites recensés dans la base de données

Figure 1 : Localisation des sites recensés dans la base de données

Carte : Caroline Robion-Brunner.

  • 8 S. Chirikure, 2015.
  • 9 T. Perrin, 2019b.
  • 10 S. Ozainne et al., 2014.
  • 11 A. U. Kay et al., 2019.

6La construction d’une base de données regroupant toutes les informations sur le fer associée à un système d’information géographique n’avait jamais été réalisée pour un contexte africain. Toutefois, elle n’est pas nouvelle en archéologie ; elle est d’ailleurs mobilisée dans d’autres contextes archéologiques. Étant pleinement dans l’ère du big data, les chercheurs s’engagent de plus en plus dans des réflexions nouvelles. La quantité de données produites et l’accès aux logiciels de gestion et traitement des informations rendent désormais possibles la prise en compte d’aires culturelles jusque-là disjointes et la connexion de passés aux échelles spatialement et temporellement différentes. Certes l’élaboration de grandes synthèses n’a pas attendu ces avancées technologiques8, mais ces dernières permettent de mener une analyse réflexive sur la représentativité des données qui n’était pas possible avant et d’avancer dans la construction d’une histoire globale élaborée à partir d’archives matérielles. On s’interroge par exemple sur les dynamiques culturelles des débuts de l’Holocène en Méditerranée occidentale9, l’expansion de l’agriculture en Afrique de l’Ouest10, sur les interactions hommes-milieux dans la construction des paysages africains11, etc. Notre projet – dont une partie est présentée dans cet article – vient compléter ce type d’études en posant la question de la place du fer dans l’histoire des sociétés et de certains royaumes ouest-africains.

Défis et solutions archéologiques

7Pour découvrir la place de la production du fer dans l’Afrique de l’Ouest médiévale, nous sommes allés réinterroger les informations disponibles sur ce sujet dans la littérature scientifique. Avant de les exposer, nous souhaitons présenter les écueils qui sont apparus lors du dépouillement des données archéologiques. Ils témoignent de l’état de la recherche et permettent de prendre conscience des défis qu’il faut dépasser pour améliorer nos connaissances sur l’histoire des métaux.

Conjuguer l’imprécision des données chronologiques

8Les informations permettant de préciser la période chronologique durant laquelle le site a fonctionné ou à laquelle un objet a été utilisé sont de diverses natures. Elles peuvent être issues d’observations in situ, d’enquêtes ethnologiques ou de fouilles archéologiques. Selon la méthode d’acquisition, elles correspondent souvent à des époques différentes ou qui se recouvrent partiellement.

  • 12 M. Mangin, 2004.
  • 13 Par exemple H. Schomburgk, 1917.
  • 14 R. Soulignac, 2017.
  • 15 B. Martinelli, 2002, p. 165.

9Dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, la métallurgie ancienne du fer a perduré jusqu’au milieu du xxe siècle, plusieurs siècles après avoir disparu d’Europe, où elle avait cédé la place à la sidérurgie indirecte, fondée sur l’usage du haut fourneau12. Cette situation a offert aux explorateurs européens, puis aux administrateurs coloniaux et par la suite aux ethnologues et historiens, des opportunités uniques d’accès direct à l’information. Ils ont pu assister aux activités sidérurgiques, rencontrer et interroger les métallurgistes, et rapporter des dessins, des témoignages, des photographies et des documents audiovisuels uniques13. Lorsque la production du fer a été remplacée par l’utilisation de métal venu d’Europe, l’attention s’est reportée sur les descendants ayant vu ou entendu parler des dernières opérations de réduction du minerai et sur le travail effectué à la forge. Cette étape perdure encore aujourd’hui, même si le changement de matière première – le métal – a considérablement impacté les gestes et outils des forgerons14. La récente disparition de la réduction directe et la bonne conservation des sols anciens (absence de labours profonds, par exemple) expliquent que les vestiges sidérurgiques soient facilement observables au voisinage des villages ou en brousse. C’est ce degré de préservation du patrimoine immatériel (mémoire) et matériel (fours) rarement atteint dans les autres parties du monde qui permet à l’Afrique de constituer « un laboratoire de recherches comparatives sans équivalent15 ». Ainsi, les données historiques et ethnologiques concernant la seconde moitié du IIe millénaire de notre ère sont très intéressantes, mais surreprésentées numériquement (Tableau 1). Elles masquent parfois celles associées aux périodes précédant le xvie siècle car ces dernières sont moins bien conservées, difficiles à repérer et surtout orphelines dans les mémoires actuelles. Par contre, elles ne bénéficient pas de datations absolues précises car elles se trouvent dans un plateau de la courbe de calibration des dates C14.

Tableau 1 : Nombre d’occupations et d’occupations « Réduction » recensées par périodes et cultures

Période

Culture

Nb d'occupations

Nb d'occupations "Réduction"

 

 

 

 

 

Early Iron Age: 1000 à 400 BC

15

3

Age du fer

Middle Iron Age: 400 BC à 400 AD

55

16

 

Late Iron Age: 400 à 700 AD

194

130

Total

 

264

149

 

Empire: 700 à 1500 AD

493

356

Empires

Ghana: 700 à 1200 AD

137

68

 

Mali: 1200 à 1500 AD

341

284

Total

 

971

708

 

Traite & Royaumes: 1500 à 1900 AD

727

531

Traite & Royaumes

Songhay: 1500 à 1700 AD

111

77

 

Royaumes: 1700 à 1900 AD

122

73

Total

 

960

681

Colonisation

1900 à 1960 AD

305

226

Total

 

2500

1764

  • 16 En Afrique de l’Ouest, nous disposons de très peu de typochronologies. Celles réalisées sur la céra (...)

10Pour remonter au-delà du xvie siècle, et ce jusqu’aux débuts de l’apparition du fer, il faut faire appel à l’archéologie qui, concernant la périodisation des actions humaines, a généralement recours aux méthodes de datation absolue et relative. Le défaut numérique des fouilles en Afrique par rapport à l’Europe a pour conséquence que, pour situer chronologiquement un site, il est préférable de le dater par une méthode absolue que par une méthode relative vu le défaut de typochronologie16. L’usage du bois comme comburant dans la production du métal ou du mobilier métallique fait que la datation par carbone 14 est la méthode isotopique la plus employée. Or cette méthode présente plusieurs limites comme l’effet « vieux bois » qui consiste en un décalage de quelques décennies entre le moment que l’on cherche à dater – l’emploi du bois et donc la réduction – et celui réellement daté – la coupe du bois ou la mort naturelle de l’arbre. Les irrégularités sur la courbe de calibration, qui résultent en des distributions de date multimodales, empêchent aussi de saisir les synchronies et la succession des contextes. Ces dernières impactent particulièrement deux périodes clés de l’histoire du fer en Afrique : son commencement durant le Ier millénaire avant notre ère et son expansion durant le IIe millénaire de notre ère – période investiguée dans cet article. Pour dépasser ces limites, multiplier les datations et recourir à d’autres méthodes chronométriques est indispensable. Hélas, ce n’est pas ce que l’on observe. Les sites sidérurgiques sont généralement mal datés ou en tout cas pas suffisamment datés. L’attribution chronologique se fait trop souvent à partir d’une seule datation (Tableau 2). Il est de ce fait difficile de connaître la durée d’exploitation d’un atelier.

Tableau 2 : Nombre d’occupations « Réduction » par série de datations

Période

Culture

Nombre d'occupation par série de datations

 

 

 

Nb de datations

 

 

16

15

14

13

12

11

10

9

8

7

6

5

4

3

2

1

 

EIA

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

1

1

6

Age du fer

MIA

0

0

0

0

0

1

0

0

0

0

0

0

2

0

1

6

27

LIA

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

0

0

2

2

11

28

Total

 

0

0

0

0

0

1

0

0

0

1

0

0

2

3

4

18

61

Empire

1

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

1

2

0

0

4

40

Empires

Ghana

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

2

3

5

7

16

74

Mali

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

2

2

5

14

36

97

Total

 

1

0

0

0

0

0

0

0

0

2

0

5

7

10

21

56

211

T/R

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

2

2

3

6

9

55

Traite & Royaumes

Songhay

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

1

0

2

12

26

Royaumes

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

0

19

22

Total

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

1

1

2

3

4

8

40

103

Colonisation

 

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Total

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

375

11En outre, lorsqu’un site sidérurgique dispose de plusieurs datations, celles-ci n’ont pas forcément de relations stratigraphiques entre elles. Elles proviennent de charbons prélevés dans différentes zones de travail. L’absence de séries de datations pour un même atelier est problématique. Il faut accroître considérablement le nombre de datations par sites sidérurgiques fouillés et surtout au sein d’amas sélectionnés. Faute d’une telle approche, la représentation de la dynamique de vie d’un site sidérurgique est pour l’instant très parcellaire, voire complètement nulle. Il est également indispensable de prendre en compte la diversité de leur organisation spatiale qui peut aller d’un seul four de réduction à usage unique, à des alignements étendus de fours à usage unique, à de multiples fours à usage multiple, chacun avec diverses gammes de scories produites et une absence ou une présence plus ou moins importante d’accumulation des déchets. Cette variété présente des défis différents lorsque l’on souhaite connaître la date de fonctionnement de l’atelier. Elle nécessite une réflexion sur le choix des techniques de datation appropriées et sur l’utilité de la stratigraphie comme outil de compréhension de la chronologie.

  • 17 D. Calvocoressi, N. David, 1979.
  • 18 G. Hervé, P. Lanos, 2018.
  • 19 Par exemple B. Tchibinda Madingou et al., 2020.
  • 20 L. Kapper et al., 2020.

12L’utilisation d’autres méthodes chronométriques fait pour l’instant défaut. Dans les années 1970 et 1980, certains chercheurs ont réalisé des dates par thermoluminescence17, mais ces mesures doivent être manipulées avec précaution car elles proviennent des tout premiers essais, quand l’analyse de la radioactivité du milieu d’enfouissement immédiat des structures n’était pas encore rigoureusement évaluée. Récemment, l’archéomagnétisme se développe en Afrique. Cette méthode présente l’avantage de dater directement un instant précis de la stratigraphie (la dernière chauffe à haute température du fourneau) et d’apporter de nouvelles données pour les périodes de plateau 14C18. Cependant, elle requiert la connaissance préalable de la variation séculaire régionale dans un rayon de 1 000 km du champ géomagnétique. Or celle-ci est mal connue en Afrique subsahélienne malgré des améliorations récentes de la base de données19. Sur l’ensemble des trois derniers millénaires, on ne dispose que de 19 archéodirections et de 47 archéointensités, la majorité d’entre elles provenant du site sidérurgique de Korsimoro au Burkina Faso20. Dès lors, l’archéomagnétisme ne peut pas encore apporter de date calendaire mais une discussion en chronologie relative est possible entre les terres cuites (structures de combustion et céramiques), car deux ensembles avec des caractéristiques magnétiques différentes ne peuvent être contemporains.

Représentativité différentielle des étapes de la chaîne opératoire

13Selon les étapes de la chaîne opératoire de la sidérurgie, l’acquisition des données archéologiques n’est pas identique et ne repose pas sur la même qualité et quantité d’information (Figure 2).

Figure 2 : Nombre de sites recensés suivant le type de vestiges découverts

Figure 2 : Nombre de sites recensés suivant le type de vestiges découverts

Image : Caroline Robion-Brunner.

14Les vestiges les mieux représentés sont ceux liés à la réduction du minerai de fer. L’étape de la transformation du minerai en métal produit beaucoup de vestiges (structures et déchets). Elle permet l’obtention certes de fer brut, mais surtout la création de nombreux déchets, appelés scories. Ces scories composées principalement de silicates de fer se conservent très bien, lorsqu’elles ne sont pas réutilisées ou déplacées. Une production intensive de fer se traduit par des volumes conséquents en scories qui s’inscrivent de manière pérenne dans le paysage (Figure 3). Visibles, ils sont donc très accessibles pour les archéologues.

Figure 3 : Un des amas de déchets métallurgiques du site Degba (sud-est du Bénin)

Figure 3 : Un des amas de déchets métallurgiques du site Degba (sud-est du Bénin)

Photo : Caroline Robion-Brunner.

15L’extraction minière laisse aussi des traces durables dans le territoire mais leur étude nécessite des compétences en spéléologie et un appareillage spécifique imposant qui font souvent défaut en Afrique. Sans eux et la collaboration avec un géologue minier, il peut s’avérer délicat de repérer, explorer, étudier et cartographier les travaux d’extraction des minerais qu’ils soient en surface ou en profondeur. Certains sites miniers sont donc localisés mais peu bénéficient d’une véritable étude en géologie métallifère permettant de définir la nature des minerais présents et/ou exploités par les Anciens, ainsi que la formation des gisements.

  • 21 R. Bedaux et al., 2005 ; N. Gestrich, K. MacDonald, 2018 ; E. Huysecom et al., 2015 ; S. Perret, V. (...)
  • 22 A. Filippini, 2019 ; N. Gestrich, 2013 ; R. Soulignac, 2017.

16L’autre étape de la sidérurgie ancienne où le nombre de vestiges observés manque est celle de la fabrication des objets. Les zones artisanales comme le travail de forge sont insuffisamment mises au jour et étudiées. Cela est en partie dû au manque de fouilles extensives permettant de comprendre l’organisation et l’évolution des zones d’habitat. Les traces relatives à la fabrication des objets sont souvent ténues. Il convient de mettre au jour de vastes secteurs de fouille pour repérer les ateliers de forge. Les vestiges liés à cette activité sont la présence de structures (foyer), d’outils (enclume, réservoir d’eau pour la trempe) et de déchets (scories et battitures). Ces derniers sont rarement décrits, échantillonnés, analysés et étudiés car sans une formation en paléométallurgie, ils ne sont pas identifiés par les archéologues. Ce manque d’informations primaires ne permet pas a posteriori de caractériser assurément l’activité de la zone fouillée. Ce n’est pas parce que des déchets de forge ou de réduction ont été observés dans une couche que l’on peut conclure que du fer a été produit ou qu’un objet a été fabriqué à cet endroit. Ces artefacts peuvent avoir été déplacés, et cela sur des distances parfois de plusieurs kilomètres. C’est la présence de plusieurs éléments souvent bien organisés spatialement qui permet de distinguer les activités de forgeage. Le Mali, où la fouille extensive de sites d’habitat est la plus pratiquée, possède aussi le plus grand nombre de vestiges de forge répertoriés21. Toutefois, les analyses de scories archéologiques en laboratoire manquent cruellement22. Sans elles, il est impossible de reconstituer les techniques maîtrisées par le passé (soudure, recyclage, trempe, etc.) et l’intensité des activités.

17Les objets archéologiques en fer, témoins de l’usage du fer, proviennent principalement des sites d’habitat et funéraires. Il est rare que l’on en découvre sur les ateliers d’extraction minière et de réduction. Plus souvent exhumés dans les tombes que dans les maisons, leur représentation est toutefois très faible et pose question car elle est en rupture avec le nombre de sites de réduction découverts. Ce constat peut traduire plusieurs situations : les sites d’habitat ne sont pas suffisamment fouillés de manière extensive pour dévoiler tous les artefacts qu’ils abritent ; la production du fer n’est pas si importante entraînant un recyclage du fer car ce matériau serait alors rare et précieux ; l’activité sidérurgique était tournée vers l’exportation alimentant des territoires dépourvus de fer ; la nature des sols n’a pas permis une bonne conservation des objets métalliques ; les archéologues ont insuffisamment fait état de tous les vestiges métalliques qu’ils ont mis au jour surtout lorsqu’il s’agissait de tiges et de lames corrodées. Avant d’ouvrir de nouveaux chantiers archéologiques, les collections d’objets métalliques déjà constituées devraient faire l’objet de véritables études. Le dépouillement de la littérature scientifique montre, hélas, que trop souvent les archéologues attribuent aux objets une fonction large –parure, arme, outillage, alimentation, pièce de harnachement – et que majoritairement ce sont les objets identifiables et de belle facture qui sont considérés. Les autres, fragmentés et/ou corrodés sont au mieux mentionnés. Ils font rarement l’objet de traitement tels que le sablage et la radiographie, alors que sous la couche de corrosion et de terre peuvent apparaître la forme de l’objet et certaines traces liées aux techniques de fabrication, à l’ornementation et à l’usage. Même si le mobilier métallique est de mieux en mieux pris en compte dans les programmes archéologiques en Afrique, les études macroscopiques, microscopiques et les analyses métallographiques sont encore trop rares.

Le niveau de production : le problème de la quantification

18Lorsque le sujet d’une recherche a pour objet une activité humaine, on s’intéresse à l’économie qui en découle. Pour cela, il est fondamental de mesurer l’indice de productivité des districts sidérurgiques africains. Ce n’est pas la même chose si les métallurgistes élaborent du fer pour leur village, pour leur région ou pour des territoires éloignés. Même constat lorsqu’il s’agit de fabriquer du mobilier métallique, l’impact sur les sociétés n’est pas le même si les objets en fer sont rares, petits et précieux ou abondants, volumineux et communs. Le niveau de production induit une exploitation et un accès aux matières premières (minerai, combustible, matériau de construction), une gestion de l’espace des ateliers et une structuration de l’activité et des métallurgistes totalement différentes. La quantité et la qualité des produits sont également impactés. La faiblesse des données relatives au travail de forge et au mobilier métallique contraint à concentrer l’étude de l’économie du fer sur la phase de production de fer brut.

19Mais comment mesurer la productivité des districts de métallurgie primaire ? En principe, il faudrait quantifier le produit des différents sites et analyser l’évolution de leur taux de croissance à travers le temps, c’est-à-dire comptabiliser le nombre de masses de fer brut élaborées par atelier et par an. Mais, cela n’est pas possible car les loupes de fer ont été amenées à la forge pour être épurées et compactées, puis transformées en objet. Absentes de leur lieu de fabrication et de transformation, on ne peut s’appuyer sur elles pour chiffrer l’activité. Aucun registre n’a, en outre, documenté cette information. Par contre, l’étape de la réduction, comme écrit précédemment, laisse de nombreux vestiges : des fours et des déchets. Tout repose sur ces traces pour mesurer le niveau de production des ateliers. Les fours peuvent être comptabilisés. Toutefois, construits le plus souvent en argile, une matière facilement altérable, ils ont généralement été détruits par des facteurs anthropiques ou naturels. C’est donc souvent la partie inférieure des fourneaux, recouverte et protégée par les sédiments déposés postérieurement à l’abandon du site, qui est conservée et donc peu observable en surface. De plus, plusieurs réductions peuvent avoir été réalisées dans un même four, rendant impossible l’évaluation du nombre d’opérations. Ce sont donc les déchets, et plus particulièrement les scories, qui permettent d’estimer indirectement la quantité de fer produit dans chaque atelier. Elles sont regroupées généralement à proximité des structures de réduction et forment un ou plusieurs amoncellements de débris. Des morceaux de fourneaux, des fragments de tuyères et des tessons de céramique peuvent également composer ces amas. Établis généralement hors des zones d’habitat ou agricoles, les ferriers ont peu subi de modifications. Parfois en milieu ouvert, l’érosion a entraîné un tassement et un étalement des amas ; parfois en milieu forestier, les travaux de déboisement et de mise en culture ont perturbé la topographie originelle des ateliers.

  • 23 C. Robion-Brunner, V. Serneels, 2017.
  • 24 S. Perret, V. Serneels, 2009 ; V. Serneels, 2017.

20Même si les amas de déchets sidérurgiques sont souvent visibles en surface, surtout lorsque le climat est aride et que la végétation est faible, il ne peut s’agir d’une simple interprétation personnelle qui classerait les ateliers en petit, moyen ou grand. En effet, ce qui est grand pour les uns peut être moyen voire petit pour les autres. Ainsi, il faut réaliser plusieurs calculs pour déterminer la quantité de fer produit : d’abord celui du volume des déchets conservés sur le site, puis celui du poids des scories contenues dans les zones de rejet, et enfin la quantité de fer extraite du minerai en fonction de l’efficacité des réductions opérées23. Trop de peu de recherches sont arrivées à produire ce type de données24.

  • 25 P. de Barros, 1985, p. 319.

21Concernant la consommation du fer, les données manquent terriblement. Seules les enquêtes orales conduites par Philip de Barros indiquent que, pour la période précédant la colonisation de la région Bassar (Togo) par les Allemands, un couple d’adulte consommait en moyenne 1,144 kg de fer par an25. Vincent Serneels reprend ce chiffre et le complète en précisant le type d’objets que cela pouvait représenter :

  • 26 V. Serneels, 2004, p. 206-207.

Pour un agriculteur africain, le stock personnel est constitué par une ou deux lames d’outil aratoire (300 g × 2), d’un couteau (100 g) et d’une lance (100 g), soit un poids inférieur à 1 kg26.

22Comparé à la masse de métal nécessaire pour équiper un soldat romain, c’est assez minime :

  • 27 Ibid., p. 207.

Pour un militaire romain, le stock individuel comporte déjà un armement de 10 kg environ ; à cela s’ajoute une part du stock collectif de la garnison (outillage, baraque de campement, une part du stock collectif de l’armée (équipement lourd, fortifications) et une part de l’équipement de la société civile (infrastructures) : le stock d’un militaire romain est donc de plusieurs dizaines de kilos de fer27.

23Ce n’est pas satisfaisant de mener des réflexions sur la quantité de fer consommé par habitant et par an avec ces maigres informations qui ne concernent en plus que la dernière phase de production d’objets à partir de fer local. Il faut donc poursuivre et approfondir les études sur le mobilier métallique et leurs lieux de consommation.

Le fer dans l’Afrique de l’Ouest médiévale

24L’analyse réflexive de la base de données a montré ô combien les informations disponibles étaient parcellaires, multiscalaires et multiséculaires. Malgré ces obstacles, il nous semble important d’interpréter les données sur l’histoire du fer ouest-africain sous la forme d’un scénario historique. En replaçant sur une carte les données paléométallurgiques, nous allons pouvoir cartographier les sociétés médiévales sous le prisme de la production et de la consommation du fer et interroger la place de l’économie et des artisans dans la construction politique des pouvoirs.

Le fer au temps des royaumes courtiers

  • 28 La détermination de la période chronologique à laquelle les occupations, et plus particulièrement l (...)

25La généralisation de la production et de l’usage du fer précède la mise en place des royaumes sahéliens. Elle a lieu à la fin de la première moitié du Ier millénaire de notre ère et se matérialise par la multiplication des sites sidérurgiques, notamment dans la région du Moyen Niger28. Ce phénomène se poursuit tout au long de la seconde moitié du Ier millénaire. Les sites de réduction aussi nombreux que les sites d’habitat sont établis dans des espaces spécifiques loin des zones de résidence, contrairement aux ateliers de forge.

Figure 4 : Localisation des occupations « Habitat » et « Réduction » dans la zone du moyen Niger entre 700 et 800 AD

Figure 4 : Localisation des occupations « Habitat » et « Réduction » dans la zone du moyen Niger entre 700 et 800 AD

Les symboles en blanc indiquent que les occupations possèdent une ou plusieurs datations, les symboles en noir indiquent que les occupations ne possèdent aucune datation.

Carte : Caroline Robion-Brunner.

  • 29 R. Haaland, 1980.
  • 30 S.K. McIntosh, 1995 ; R.J. McIntosh, 1998 ; M.E. Clark, 2003.
  • 31 R.J. McIntosh, M.E. Clark, 2003.
  • 32 M.E. Clark, 2003, Appendix L et N.
  • 33 S.K. McIntosh, 2020.
  • 34 R.J. McIntosh, 2005, p. 144-162.

26Cette répartition spatiale des activités sidérurgiques a été observée sur le site de Boulel Sabère (Méma ; Figure 4) où les amas de scories de réduction entourent les buttes d’habitat sans qu’il ne semble y avoir d’interpénétration des deux types de sites29. Dans la région de Djenné (Figure 4), la mise au jour de scories et de restes de fours dans l’ensemble des phases d’occupation (de 250 avant notre ère à 1400 de notre ère) du site de Djenné-Jéno et des autres sites archéologiques qui l’entourent témoigne d’un travail régulier du fer30. Celui-ci semble s’accroître à partir du vie siècle et surtout se déplacer à l’extérieur de la ville (Djenné-Jéno) dans des sites satellites. La nature de ce travail est difficile à déterminer : est-ce que les déchets et les vestiges de structures découverts appartiennent à l’étape de la réduction et/ou du forgeage ? L’absence de gisement métallifère dans le delta intérieur du Niger invite plutôt à penser qu’il n’y a pas eu de production de fer brut dans cette région. Toutefois, il est difficile d’exclure une importation de minerai de fer provenant de régions voisines. Des échantillons de parois de fours, de scories et de tuyères prélevés sur différents secteurs identifiés par Roderick McIntosh et Mary Clark31 comme pouvant résulter d’activités métallurgiques ont été analysés par David Killick32. Les résultats des analyses montrent que certains de ces artefacts sont des fours et des déchets de forge, d’autres issus de la fonte du cuivre et quelques-uns pas du tout en lien avec la métallurgie. Ainsi, même s’il est actuellement difficile de se prononcer clairement sur l’absence de l’étape de la réduction du minerai de fer dans les environs de Djenné-Jéno, il est évident qu’il y a eu des activités pyrotechnologiques dans cette zone et que celles-ci représentent une production spécialisée exercée par des forgerons, céramistes et orfèvres33. Le déplacement de ces activités en périphérie de la ville a été interprété par Roderick McIntosh comme la mise en place d’un système endogamique où l’artisanat serait effectué par des spécialistes chargés également de certains rituels34. Il est difficile d’être sûr que la dispersion géographique des étapes de la métallurgie traduise une transformation sociale des artisans. Par contre, le regroupement du travail artisanal dans des quartiers propres aux marges de la ville a certainement favorisé son essor et par conséquence le développement de l’urbanisme. Que ce soit le minerai qui soit importé ou des loupes de fer brut, la localisation différentielle des lieux d’acquisition des matières premières, de production et de consommation implique une sécurisation des réseaux de diffusion car, certes une partie du fer est transformée en outils agricoles et donc utilisée à proximité de son lieu de fabrication, mais une partie également part en ville. Les circuits d’approvisionnement en fer brut, en demi-produit ou en objet fini, s’allongent, se diversifient et pour qu’ils soient assurés et réguliers, il faut que les routes soient sûres. La mise en place de circuits de diffusion du métal n’engage pas forcément une dépendance des métallurgistes, leur production peut être contrôlée ou non par un pouvoir central.

  • 35 N. Gestrich, K. MacDonald, 2018.
  • 36 A. Bathily, 1975 ; G. Dieterlen et al., 1992.
  • 37 N. Levtzion, 1980.

27Dans la région de Douentza, un important district sidérurgique a été étudié. Il aurait fonctionné entre les iiie et xiie siècles. Il se compose de plusieurs ateliers de réduction et d’un site d’habitat, Tongo Maaré Diabal (Figure 4) où les fouilles ont révélé la présence d’une forge possédant deux catégories de déchets, l’une résultant de l’épuration de masses de fer brut et l’autre de la fabrication d’objets finis. L’importance et la diversité des vestiges ont été interprétées par les chercheurs comme la preuve que la sidérurgie était une activité courante voire principale des communautés établies dans cet espace. Ces spécialistes se seraient installés dans cette région riche en gisements métallifères sous l’influence du royaume du Ghâna afin de fournir des demi-produits ou des objets finis en fer à plusieurs régions dépourvues de minerai35. Ghâna aurait été mise en place autour d’une capitale, Koumbi Saleh, à partir des ive-ve siècles selon le Târîkh al-Sûdân36 ou à partir du viiie siècle selon les sources écrites arabes37. C’est la première autorité politique qui nous soit connue par une documentation externe. La fouille de certains niveaux d’occupation du site de Koumbi Saleh a révélé qu’à la fin du xie siècle, le fer y était abondamment consommé :

  • 38 S. Berthier, 1997, p. 77.

La découverte dans l’habitation de nombreux objets autorise à affirmer que l’usage du fer a été courant et très diversifié à Koumbi Saleh, particulièrement dans les phases d’occupations récentes. En effet, l’emploi du fer est attesté dans de nombreux domaines : menuiserie, ébénisterie et serrurerie (clous, clous décoratifs, anneaux divers, cadenas, équitation (pièces d’harnachement), outillage divers et armes de chasse (couteaux, armatures de flèche), outillage agricole (houes, herminettes, faucilles38).

  • 39 F.-X. Fauvelle, 2013, p. 81-89.

28Si on considère que le royaume du Ghâna se met en place à la fin de la première moitié du Ier millénaire, il faut admettre que les niveaux d’occupation les plus anciens fouillés à ce jour sur le site de Koumbi Saleh ne remontent qu’au ixe siècle et que pour cette période, le fer n’y est présent que sous la forme de petit fragments non identifiables. Il faut attendre la fin du xie siècle pour que les témoins soient numériquement plus importants et reconnaissables. On peut aussi remettre en question l’identification de ce site comme la capitale de ce royaume. C’est ce qu’a fait François-Xavier Fauvelle dans un des chapitres de son ouvrage Le Rhinocéros d’or39. En revenant aux écrits d’Al-Bakri, il constate que ce dernier décrit une ville duale où les deux localités étaient séparées d’une douzaine de kilomètres. Ainsi, l’équipe de Serge Robert, qui n’a fouillé qu’une partie de Koumbi Saleh, n’aurait implanté ses sondages que sur l’agglomération où siégeait le pouvoir et non celle où résidaient les marchands étrangers. De plus, un télégramme d’Albert Bonnel de Mezières, administrateur colonial, mentionne que ce dernier a découvert dans les années 1910 une dizaine de sites anciens dans le même espace où quelques années plus tard les archéologues pensent avoir découvert la capitale de Ghâna. Il y a donc très certainement dans cette zone plusieurs occupations et encore les vestiges de la capitale africaine du royaume de Ghâna. Malgré ces incertitudes, le lien entre l’accroissement de la production du fer aux marges du royaume et le développement de cette entité politique est souvent proposé par les chercheurs sans pour autant avoir réellement de preuves matérielles et analytiques pour appuyer cette hypothèse. En tout état de cause, la mise en place de Ghâna s’est faite dans une région dépourvue de gisement de fer et donc non productrice en métal, mais dans un contexte général de diffusion et d’utilisation courante du métal, des portes du Sahara aux côtes du golfe de Guinée.

29Entre le viiie et le xve siècle, c’est la période du développement de plusieurs structures étatiques et de l’urbanisation, de l’arrivée de l’islam et de l’intégration de certaines régions d’Afrique de l’Ouest dans les grands réseaux commerciaux du monde médiéval. C’est une histoire de rois, de marchands, d’or et d’esclaves. Mais quel est son impact sur la vie et les activités des populations en dehors des villes ? Car, comme nous venons de le constater, le fer n’est pas un produit made in city dans ce contexte.

  • 40 K. MacDonald et al., 2018.

30Il n’est pas aisé de connaître et de matérialiser la zone d’influence du royaume du Ghâna. S’est-elle étendue au cours des siècles ? Et si oui, a-t-elle englobé le Méma, le delta intérieur du Niger, la région des lacs ? Dépassait-elle ou pas, sur son flanc sud, le fleuve du Niger ? Recouvrait-elle entièrement le Macina au xe siècle ? Al-Bakri au xie siècle fait état de plusieurs petits royaumes indépendants de Ghâna, notamment Malal et Do, plus ou moins situés dans la partie méridionale du Méma40. Leur existence relativise l’ampleur de ce royaume. Certes, il occupe le devant de la scène historiographique mais, comme on le verra plus tard, on était loin à l’époque de la configuration de l’empire du Mâli au xive siècle qui semble avoir exercé son hégémonie sur tout cet espace. Ainsi, l’emprise de Ghâna était surtout sahélienne. Ne s’étendant sans doute pas au-delà, elle n’aurait englobé le pays dogon. Lorsque l’on regarde la répartition spatiale des sites sidérurgiques entre le viiie et le xie siècle au nord du fleuve Niger, on constate une certaine stabilité (Figure 5). Même lors de la phase précédant le déclin de Ghâna (xiiie siècle), le nombre de sites de réduction ne diminue pas. La production du fer serait continue jusqu’au xve siècle ne montrant pas de changement économique et/ou politique notable.

Figure 5 : Localisation des occupations « Réduction » entre les viiie et xiie siècles

Figure 5 : Localisation des occupations « Réduction » entre les viiie et xiie siècles

Les symboles en blanc indiquent que les occupations possèdent une ou plusieurs datations, les symboles en noir indiquent que les occupations ne possèdent aucune datation.

Cartes : Caroline Robion-Brunner.

  • 41 N. Arazi, 1999.
  • 42 J.-M. Fabre, 2016.

31Plus à l’est, à partir du viie siècle, un royaume se forme autour de Gao et le long du fleuve Niger. Contrairement à Ghâna, des sites de réduction se trouvent dans l’emprise directe de cette formation politique (Figure 5). Certes, ces ateliers avaient une activité modeste mais du fer y était régulièrement produit, rendant moins dépendant en fer ce royaume41. De plus, si le besoin se faisait sentir, il y avait à quelques kilomètres de là une région qui était complètement dédiée à la métallurgie du fer depuis le milieu du Ier millénaire. Plus d’une centaine de sites de réduction ont été identifiés dans l’Oudalan, et plus précisément le long de la vallée du Béli. Ils ont fonctionné entre le viie siècle et le xive siècle42. Même s’il est difficile d’établir quelle quantité de fer a été produite dans cette région, les données montrent que cette activité a été importante avec un pic de croissance qui a duré trois siècles, du xie au xiiie siècle. Actuellement, nous ne savons rien des possibles débouchés de cette production. Alimente-t-elle un marché régional ou un marché externe en direction du sud ou nord ? La première phase d’activité a pu très largement satisfaire les besoins de l’agriculture locale qui s’exerçait dans un milieu au climat extrême et sur des sols pauvres. Pour la seconde phase, le stock de fer par an semble avoir été multiplié par 25 : l’échelle de production s’est donc trouvée complètement modifiée. Au même moment, la zone d’influence du royaume de Gao s’accroît vers le sud en suivant le cours du Niger, mais elle ne semble englober ni la zone de production du fer, ni celle de l’or (région de la Sirba ; Figure 6).

Figure 6 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1200 et 1250 AD et des potentiels gisements aurifères

Figure 6 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1200 et 1250 AD et des potentiels gisements aurifères

A : Akan ; Ba : Bambuk ; Bo : Buré ; L : Lobi ; S : Sirba

Carte : Caroline Robion-Brunner.

32Comme pour le royaume du Ghâna, le pouvoir politique de Gao se place à la jonction entre les commerçants et les métallurgistes. François-Xavier Fauvelle définit les empires ouest-africains comme des royaumes courtiers qui organisaient l’interface entre les marchands du monde islamique et le réseau de colporteurs ouest-africains. Ainsi écrit-il :

  • 43 F.-X. Fauvelle, 2018, p. 188.

Cette fonction courtière assumée par les pouvoirs sahéliens suppose l’existence de marchands africains capables d’assurer l’approvisionnement en marchandises demandées par les partenaires du Nord or et esclaves et, en sens inverse, la dissémination du sel, du cuivre en barre, de la dinanderie ou encore des coquillages acquis auprès de ces derniers sur les marchés situés à l’interface entre les deux réseaux commerçants43.

  • 44 B. Eichhorn et al., 2013 ; C. Robion-Brunner, 2010 ; C. Robion-Brunner et al., 2013.
  • 45 Afin d’identifier où était consommé le fer dogon, il faudrait entreprendre tout d’abord la caractér (...)
  • 46 S. Takezawa, M. Cissé, 2012.

33Les sociétés qui récoltaient l’or possédaient donc une certaine autonomie face aux pouvoirs sahéliens. On pourrait penser que, pour certaines régions aurifères (Bouré et Lobi ; Figure 6), leur éloignement géographique aux confins des forêts a pu favoriser ou induire cette situation. Mais la notion de courtage peut dans une certaine mesure s’appliquer aussi au fer. Plus nombreux, plus proches des zones de pouvoirs, les districts sidérurgiques restent malgré tout en dehors de l’emprise des royaumes ouest-africains. Nos travaux au pays dogon ont montré que les ateliers de réduction de la tradition Fiko situés aux marges du plateau de Bandiagara ont produit du fer de manière intensive durant l’âge des empires44. Cette activité quasi industrielle dépassait de loin la consommation locale ou même régionale. Elle gagne donc à être comprise dans le contexte d’un commerce à grande échelle et à longue distance. Celui-ci alimentait peut-être les sièges de pouvoir et les villes-entrepôts fondés dans la boucle du Niger en barres de fer ou en objets finis. Hélas, la situation géopolitique n’a pas permis de poursuivre ce travail et d’identifier précisément qui consommait le fer dogon45. De plus, aucune fouille n’a été entreprise sur un site d’habitat ou d’inhumation dans ce district sidérurgique, empêchant de savoir si l’augmentation de la production en fer avait eu un impact sur les populations métallurgistes, si elles recevaient en échange des denrées particulières, des marchandises exceptionnelles ou si leurs cultures vivrières s’étaient accrues et si leur niveau de vie était supérieur aux populations qui produisaient moins, voire pas de fer. À Gao, cité-courtière d’importance, toutes les couches d’occupation – couvrant le début du viie siècle à la fin du xiie siècle – du site de Gao Saney ont livré des scories et des objets en fer. Parmi les 195 objets mis au jour, 24 fragments d’épées ou de couteaux, plus de 100 clous et deux ensembles de deux grands anneaux attachés l’un à l’autre considérés comme des fragments de harnais ont été identifiés46. Ces découvertes témoignent que le fer était travaillé régulièrement dans cette ville et qu’une diversité de produits y était proposée.

  • 47 T. Fenn et al., 2009 ; S. Magnavita, 2009 ; P.T. Robertshaw et al., 2009.

34À Kissi (nord-est du Burkina Faso ; Figure 6), les fouilles de sépultures datées du ve au xiie siècle ont apporté un nouvel éclairage sur le fleuve comme axe commercial, les échanges transsahariens et le développement politique avant l’influence islamique dans la région. L’étude du mobilier funéraire indique l’insertion précoce de cette région dans les circuits commerciaux régionaux, inter-régionaux, mais aussi dans le commerce à grande distance sans qu’on puisse déterminer le rôle que jouaient les sociétés locales dans ces différents circuits47. Une société hiérarchisée s’était donc établie en dehors des principales formations étatiques connues, elle contrôlait peut-être le flux des marchandises provenant à la fois du monde islamique, de la savane et des forêts africaines ou l’extraction de matières précieuses comme l’or ou le fer. Cette économie leur a permis de s’enrichir et de consommer des biens venus de régions lointaines comme des épées, des cauris et des bracelets de cheville en laiton.

  • 48 M. Raimbault, K. Sanogo (dir.), 1991, p. 141-164 ; S. Takezawa, M. Cissé (dir.), 2017, p. 223-294.

35Les recherches archéologiques menées autour de Kayes et de Koulikoro sont moins approfondies que d’autres régions sahéliennes. Toutefois, elles permettent de constater qu’à partir du viiie siècle se fait jour une concentration de sites d’habitat, de réduction et de forge dans la boucle du Baoulé et dans le Manden48. Les quelques sondages réalisés ont permis d’obtenir des datations mais leur nombre est insuffisant pour replacer correctement l’occupation de tous les sites identifiés dans la chronologie. Ceci est très dommageable car ces territoires semblent avoir abrité deux districts sidérurgiques, qu’il est permis de localiser, avec les prudences d’usage, à l’intérieur du royaume du Sosso (zone de la boucle du Baoulé ; Figure 7) et du royaume du Mâli (zone du Manden ; Figure 7).

Figure 7 : Localisation des occupations « Réduction » entre 700 et 800 AD

Figure 7 : Localisation des occupations « Réduction » entre 700 et 800 AD

Carte : Caroline Robion-Brunner.

36Une étude approfondie permettrait de voir s’il existe une relation entre l’émergence de ces formations politiques et un accès direct au fer et aux objets métalliques qui en découlent. Si tel était le cas, cela différencierait ces royaumes de celui de Ghâna ; la place de la production serait alors centrale. Lorsque est analysée la mise en place des royaumes de Sosso et de Mâli, on s’aperçoit d’ailleurs que la sidérurgie a joué un rôle structurant notamment dans l’hégémonie du second. Le roi des Sosso est dit roi forgeron et celui des Malinké, Sunjata Keïta, aurait passé son adolescence dans le Méma, une région sidérurgique. Après la bataille de Kirina (début du xiiie siècle) qui opposa ces deux chefs militaires, Sunjata Keïta, le vainqueur, aurait changé le statut des métallurgistes et des musiciens en vue de la formation de son État. Tal Tamari a ainsi proposé :

  • 49 T. Tamari, 2012, p. 13.

Le roi de Sosso et ses associés, qui dérivaient leur prestige et leur pouvoir de leurs liens tant techniques que rituels avec la fonte la réduction et le travail du fer, auraient vu la nature de leur relation à ces activités réinterprétée à la suite de leur défaite par les forces malinké, et sont à la longue devenus un groupe endogame, statutairement exclu du pouvoir politique49.

37La mise en place d’une organisation sociale hiérarchisée où les artisans spécialisés et en particulier les forgerons sont contraints et « mis de côté » permet au souverain d’asseoir totalement son autorité politique et économique en écartant de potentiels rivaux ou ceux qui pourraient les armer. Hors de son emprise directe, des partenariats économiques exclusifs (voire monopolistiques) avec certaines populations environnantes ont pu se mettre en place offrant une situation plus viable et profitable à long terme. Les Dogons seraient ainsi des fournisseurs attitrés du Ghâna, puis du Mâli en fer. Cette alliance aurait également permis aux entités politiques d’avoir une frontière sûre de ce côté-là ; assoir une domination coercitive aurait sans doute coûté aux royaumes sans pour autant rapporter davantage. Elle explique peut-être que même à son apogée, située au xive siècle, Mâli n’a sans doute jamais « annexé » le pays dogon, ni d’autres régions sidérurgiques situées actuellement au Burkina Faso (Figure 8). Le contrôle de la production du fer est ainsi à distance, en marge du pouvoir, mais avec un fort lien économique et stratégique.

Figure 8 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1000 et 1100 AD

Figure 8 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1000 et 1100 AD

Carte : Caroline Robion-Brunner.

  • 50 L. Garenne-Marot, 2008.
  • 51 J. M. Cuoq, 1985, p. 264-265.

38Les zones aurifères ont, semble-t-il, fonctionné de la même manière. Les populations extractrices préféraient le cuivre à l’or50. Cette tendance a dû faciliter les échanges surtout que les tentatives de conquêtes directes de ces régions signalées dans les textes (comme le Târîkh al-Sûdân51) sont toutes présentées comme des échecs ou des entreprises contreproductives.

Le fer au temps des royaumes guerriers

39La période comprise entre le xvie et le xixe siècle est celle de profondes transformations : reconfigurations et morcellement politique dans le Sahel, naissance de plusieurs royaumes dans l’espace soudanien et guinéen, déclin du commerce transsaharien et ouverture atlantique de l’Afrique. Alors que, jusqu’à présent, les districts sidérurgiques étaient plutôt établis à l’extérieur des centres de pouvoir ou/et urbains, certains vont se retrouver au cœur de royaumes et leurs métallurgistes convoités voire enlevés !

40Dans la zone sahélienne, la fin du xve siècle se caractérise essentiellement par le déclin de l’empire du Mâli et l’expansion de l’empire songhay. Dans le Méma et la région des lacs, le passage de l’hégémonie du Mâli à celle du Songhay, avec quelques décennies entre les deux d’indépendance, occasionne un léger ralentissement de la production du fer. Le nombre de sites de réduction datés de cette période diminue de manière importante dans la base de données, puis s’effondre complètement pour le xvie siècle (Figure 9).

Figure 9 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1520 et 1600 AD

Figure 9 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1520 et 1600 AD

Carte : Caroline Robion-Brunner.

  • 52 V. Chieze, 1991.

41Les très rares sites en activité durant la seconde moitié du IIe millénaire présentent des vestiges de différentes natures (habitat, réduction, forge, sépulture). L’ensemble de la chaîne opératoire de la sidérurgie s’est relocalisé en un lieu unique, dans le giron des sites d’habitat. Cette activité (re)devient domestique. La sécurité des réseaux de diffusion peut être questionnée pour cette période. Seul le site de SMP 3 qui se compose uniquement de bases de fourneau et d’amas de déchets sidérurgiques est fonctionnel à cette période. Une des deux datations réalisées sur ce site place son activité avant le milieu du xixe siècle (entre 1669 et 1945 cal. AD), ce qui concorde avec les enquêtes orales52.

  • 53 R. Haaland, 1985.
  • 54 P. de Barros, 1985 ; C. Goucher, 1981 ; H.P. Hahn, 1997 ; K. Randsborg et al., 2009.
  • 55 B. Eichhorn et al., 2013, 2019 ; B. Eichhorn, C. Robion-Brunner, 2017.
  • 56 J. Maley, R. Vernet, 2015.

42Pour expliquer la fin de la sidérurgie dans le Méma, Randi Haaland53 propose deux causes conjuguées : un affaiblissement du pouvoir intérieur dû à la concurrence de pouvoirs externes et une détérioration écologique due à la production du fer. Ce lien entre déforestation et fin de la sidérurgie est régulièrement mis en avant en Afrique de l’Ouest54. La production intensive de fer brut aurait un impact sur l’environnement, causant des dommages durables sur la végétation. Cependant, les recherches que nous avons menées au pays dogon (centre du Mali) et dans la région de Bassar (nord du Togo), avec Barbara Eichhorn, montrent une situation plus nuancée où les métallurgistes ont souvent mis en place au cours du temps une gestion raisonnée des ressources ligneuses qu’ils utilisaient pour faire fonctionner leur bas fourneau. En déplaçant régulièrement leur atelier et en utilisant une grande variété de taxons dont certains ont la capacité de se renouveler rapidement, ils ont protégé le couvert végétal. Dès lors, l’activité sidérurgique a semble-t-il peu impacté les essences boisées car les métallurgistes leur donnaient le temps de se régénérer55. Ainsi, pour mener une réflexion pertinente sur la question de l’impact environnemental de la sidérurgie ancienne, il est important de prendre en considération la chronologie de l’activité, la quantité de fer produit, la fluctuation de la production au cours du temps, l’identification des espèces ligneuses et la capacité reproductrice de la végétation. Un autre paramètre à prendre en compte est l’évolution climatique car celle-ci peut entraîner d’importantes variations environnementales56. En effet, le Moyen Âge fut globalement une période « humide » dans l’espace sahélien avant que le réchauffement ne se mette en place, de manière entrecoupée à partir du xie siècle, puis de manière accélérée et continue après le xviie siècle. Les isohyètes durant la seconde moitié du Ier millénaire n’étant pas identiques à ceux d’aujourd’hui, la végétation était plus dense au Sahel. La fin de la sidérurgie dans le Méma peut ainsi tirer une partie de ses causes, même avec une bonne gestion du couvert végétal, dans l’aridification du climat où l’eau pouvait se renouveler moins vite qu’avant entraînant une détérioration écologique et une péjoration du stock ligneux. De plus, le déplacement du pouvoir politique et des réseaux à longue distance a pu également rebattre les cartes des fournisseurs en produits ferreux.

  • 57 J.-M. Fabre, 2012.
  • 58 R. Guillon, 2013.
  • 59 C. Robion-Brunner, 2019.
  • 60 C. Robion-Brunner, 2008.

43Dans l’Oudalan (nord du Burkina Faso), la sidérurgie a vraisemblablement cessé au cours du xive siècle. Nous ne disposons plus d’aucune datation après ce siècle. Alors que cette région avait fourni d’importants volumes de fer durant la première moitié du IIe millénaire, elle se dépeuple et voit son activité principale s’éteindre juste avant la mise en place de l’empire songhay57. Mais d’où provient alors le métal des objets en fer consommés par les populations de cet État ? De la région de Niamey (sud-ouest du Niger) ? Comme l’Oudalan, cette région est progressivement délaissée par la population à partir du xve siècle entraînant l’arrêt de la production de fer58. De la région du Dendi (nord-est du Bénin) ? Probablement pas car les ateliers de cette région ont produit peu de fer ; ils alimentaient seulement les villages voisins59. Alors du pays dogon (centre du Mali) ? Cela apparaît en effet comme une possibilité séduisante d’autant plus qu’à partir du xvie siècle de nouvelles populations originaires de l’ouest et de l’est s’installent dans cette région et que les déplacements des forgerons s’accélèrent entraînant le développement et la multiplication des sites sidérurgiques. Parallèlement à cela, de nouvelles techniques de production de fer brut émergent, dont certaines ont une production excédentaire. Les enquêtes orales et les analyses en laboratoire n’ont pas permis d’obtenir des informations sur la destination finale du produit brut. Toutefois, compte tenu de la proximité de la région deltaïque, il semble cohérent de supposer que ce fer a été écoulé, comme durant les siècles précédents, vers les puissances politiques de la boucle du Niger60. La sidérurgie au pays dogon restant très active durant toute la seconde moitié du IIe millénaire, elle a pu alimenter l’empire songhay et/ou la dynastie des Arma. Durant cette période, elle n’a eu de cesse d’attirer de nouvelles populations dont certaines étaient des spécialistes du fer maîtrisant l’ensemble de la chaîne opératoire. Les xviiie et xixe siècles sont marqués par de nombreux conflits dans la boucle du Niger (expansion du royaume bambara de Ségou, installation de l’empire peul du Massina à Hamdallaye) occasionnant une nouvelle fois des déplacements de populations. Des populations nobles, castées et serviles se réfugient alors sur le plateau de Bandiagara. Une partie d’entre elles est incorporée aux métallurgistes dogons. Cet apport populationnel ne semble pas avoir provoqué de changement dans le domaine de la production du fer, mais a très certainement renforcé son dynamisme.

  • 61 B. Noaga, 2016.
  • 62 M. Izard, 1985, 1988, 2003 ; B. Martinelli, 2002.
  • 63 B. Beucher, 2015.

44De l’autre côté de la falaise de Bandiagara, en direction du sud, s’ouvre une plaine aride et pourtant attractive. Son sous-sol recèle une richesse : le minerai de fer. Ancienne, la production du fer prend de l’ampleur tout au long du Ier et du IIe millénaire de notre ère61. Au début du xvie siècle, cette plaine abrite une quarantaine de sites miniers et une centaine de sites de réduction (Figure 9). Ce territoire qui couvre les régions actuelles du Nord, du Centre-Nord et du Plateau-Central du Burkina Faso est donc une terre de métallurgie et de métallurgistes. Le dynamisme de cette activité a été longuement étudié et mis en perspective avec l’établissement et le développement des royaumes mossi62. Le pays des Moosé est constitué d’une série de royaumes indépendants partageant une religion et une organisation sociale similaire. Ces États se mettent en place progressivement aux xive et xve siècles, à la faveur de la migration des groupes dagomba-nakoomsé originaires du nord du Ghana actuel. Le pouvoir aristocratique y est avant tout guerrier et étranger. Il s’oppose aux autochtones, détenteurs des maîtrises de la terre, et s’appuie sur un nombre important d’esclaves, souvent des captifs de guerre. Parmi ces derniers, on trouve des forgerons issus des nombreux raids pratiqués dans les régions limitrophes, notamment au pays dogon. Leur rôle est structurant, ils doivent à la fois fournir les armes des guerriers, le matériel d’harnachement de leurs chevaux car ces derniers sont des cavaliers, l’outillage agraire, et alimenter un réseau d’échanges nord-sud. Le contrôle de la production sidérurgique – et des armes – et des artisans est donc le fondement de ces royaumes qui logiquement se sont constitués au cœur de régions riches en gisement de fer. Vers le milieu du xvie siècle, l’expansion de ces royaumes connaît un coup d’arrêt dont la cause exacte est encore inconnue. En effet, les Moosé ne semblent pas s’être heurtés à des voisins militairement plus puissants qu’eux. Il est bien plus probable que la fragmentation politique interne du Moogo ait considérablement affaibli son potentiel militaire et que, en retour, cet arrêt de l’expansion impériale moaaga ait accru les tensions au sein de la noblesse63.

  • 64 V. Serneels, 2017 ; V. Serneels et al., 2012, 2014.

45Sur le site de Korsimoro, les fouilles des différentes zones de production du fer ont permis de suivre l’histoire d’un district sidérurgique et d’appréhender comment son activité s’est inscrite dans un contexte politique et économique plus large (Figure 9)64. Sur ce site ont été identifiées quatre traditions sidérurgiques différentes. Chacune correspond à une phase chronologique. La première, qui a duré entre le viie et le xie siècle, se caractérise par une production à petite échelle. La phase des deuxième et troisième traditions, entre le xie et le xve siècle, montre une augmentation significative de l’activité sidérurgique. Partout dans le Sahel (Méma, Oudalan, pays dogon), le fer est alors produit en grande quantité. La destination de ce surplus est encore difficile à préciser : alimente-t-il des réseaux commerciaux à moyenne et longue distance ou est-il consommé plus régulièrement par les populations locales ? La dernière proposition, qui n’est pour l’instant pas vérifiée, indiquerait que l’on serait passé d’un monde où le fer était rare et précieux, donc recyclé, à un monde d’abondance où l’accès au métal se généralise. Plus régionalement, c’est la période où les guerriers dagomba-nakoomsé s’installent dans le pays moagaa. C’est le temps des conquêtes et des razzias où le besoin en armes est crucial et où l’arrivée de captifs forgerons est importante. Puis, dans le courant du xvie siècle, la sidérurgie s’effondre à Korsimoro (Figure 10). Cela correspond assez bien à l’arrêt de l’expansion des royaumes mossi. La nécessité de produire du fer en grande quantité n’est plus primordiale ou elle ne se concentre plus autour de certains districts. Elle reprend durant le xviie siècle et ce jusqu’à la période coloniale mais à petite échelle.

Figure 10 : Localisation des occupations « Réduction » suivant leur niveau de production entre 1520 et 1700 AD

Figure 10 : Localisation des occupations « Réduction » suivant leur niveau de production entre 1520 et 1700 AD

Cartes : Caroline Robion-Brunner.

46L’étude de ce site sidérurgique est exemplaire. Il serait souhaitable qu’elle se poursuive en investiguant l’habitat et les inhumations associés afin de préciser l’identité des populations à l’origine de ces traditions sidérurgiques, ainsi que leur mode de vie et l’impact sociétal qu’ont eu les différentes phases de la production du fer.

  • 65 O. Banni-Guene, 2014.
  • 66 J.-B. Coulibaly, 2017.

47Dans le nord-est du Bénin et dans le sud-ouest du Burkina Faso, nous observons également deux autres « terres de métallurgie » (Figure 9). Comme le pays mossi, ce sous-sol riche en gisement de fer a très certainement attiré des métallurgistes mais aussi probablement facilité la mise en place du royaume du Borgou au xvie siècle65 et du royaume de Kong au xviiie siècle66. Ce lien entre formation politique et sidérurgie semble être le propre des sociétés voltaïques. La production du fer et des objets métalliques est contrôlée par un pouvoir guerrier qui tire ses richesses de la prédation et du monopole qu’il exerce sur certains artisans.

Discussions et perspectives

48Ce tour d’horizon sur la production du fer pendant la période médiévale dans une partie de l’Afrique de l’Ouest avait pour ambition de découvrir la place de cette activité dans les sociétés au cours du temps et des espaces géographiques. Au terme du dépouillement des données archéologiques disponibles et de l’analyse cartographique de leur répartition, nous constatons que l’industrie sidérurgique a occupé tantôt une place périphérique, tantôt une place centrale, et que ce positionnement différentiel a varié en fonction du régime politique en exercice.

49Les royaumes courtiers du Sahel comme Mâli sont souvent évoqués au prisme de leur capitale et de l’or qu’ils commercialisaient. La recherche du lieu où s’exerçait le pouvoir et la matérialité des échanges de ce métal précieux sont au cœur des études historiques et archéologiques menées sur ces formations politiques. Mais nous venons de voir que l’étude de la production et de la consommation du fer raconte une histoire légèrement décentrée. Le fer, produit et fabriqué à l’extérieur de la zone d’influence des sièges de pouvoir, circule entre les différents types de sociétés – étatiques, consommatrices et productrices. Il semble être le fil d’un maillage qui relie l’État au terroir sans que celui-ci ne contrôle ni sa production ni sa diffusion. Il n’est pas à l’origine de la sphère commerciale qui régit le réseau international mais il est central et régulier dans les échanges à moyenne distance et a peut-être même joué un rôle dans l’exploitation de l’or tant convoité par les marchands arabo-berbères grâce à la fabrication d’un outillage efficace.

  • 67 H. Collet, 2013 ; F.-X. Fauvelle, 2012.

50Sans reconstituer précisément tous les pans de l’économie du fer durant la période médiévale, cet article ouvre des pistes de recherche. Les investigations menées dans les régions du Baoulé et du Manden doivent être poursuivies car les ateliers sidérurgiques localisés ne sont pas bien datés, les techniques de réduction aucunement caractérisées et la production pas quantifiée. La reprise de ces recherches permettrait d’avancer sur les questions directement liées à la sidérurgie ancienne, mais aussi d’aborder le rôle et la place de cette industrie dans la mise en place du royaume du Mâli. Située juste au-dessus de la région du Bouré, leur étude offrirait, à condition d’être approfondie, l’opportunité d’examiner les éventuelles relations entre la production du fer et celle de l’or. La première fournissait-elle des outils pour l’exploitation de la seconde ? Elle pourrait également permettre de reprendre les recherches sur la localisation de la capitale du Mâli67. Si nos hypothèses sont correctes, ce royaume entretenait dès sa fondation des relations particulières avec les artisans métallurgistes. Le choix de l’emplacement de la capitale a pu dépendre de l’accès à certaines matières premières ou de la proximité de populations spécialisées. Écartées par la suite du pouvoir et mis au service de ce dernier, elles durent jouer un rôle crucial dans le développement de cet État.

51D’autres régions sont également à étudier. Nous connaissons par exemple très mal l’histoire de la région de Sikasso (sud du Mali) ou celles des Cascades et du Sud-Ouest (sud-ouest du Burkina Faso). Elles sont censées avoir été traversées par des routes commerciales reliant les villes-entrepôts et sièges de pouvoir établis dans le Sahel et les zones de production de l’or au sud. Comment s’articulaient-elles dans cette économie à longue distance ? Bénéficiaient-elles de ces échanges Nord-Sud ? Abritaient-elles des centres de production de marchandises locales comme le fer ? Mener des recherches dans les espaces dépourvus de connaissance est pertinent pour tenter de connecter des aires culturelles distinctes et reconstituer les interactions entre les différentes régions et types de sociétés.

  • 68 S.K. McIntosh, 1999.
  • 69 À partir des calculs réalisés pour les sites de Boulel Sabère B, Kowa, Sali, Kakoli, Kansila, Tolas (...)

52Les recherches en paléométallurgie peuvent dans une certaine mesure donner aussi des informations sur la démographie ancienne. Le nombre d’habitants dans le delta intérieur du Niger au temps du Mâli est difficile à envisager. Seule Susan McIntosh s’est essayée à cet exercice pour le site de Djenné-Jéno68. À partir de la surface d’occupation, elle a proposé une estimation du nombre d’habitants. L’emprise de cette ville a changé entre sa fondation et son abandon : au iie siècle de notre ère, elle faisait 12 ha, au ve, 25 ha, au ixe, 33 ha (extension maximale), puis sa taille s’est réduite progressivement à partir du xiie et le site est abandonné vers le xve siècle. L’estimation de la population au moment de l’extension maximale de Djenné-Jéno varie selon la densité considérée. Elle oscille entre 4 800 et 12 800 habitants pour la ville seule et entre 10 000 et 16 700 habitants pour l’ensemble de l’agglomération, c’est-à-dire la ville à laquelle s’ajoutent les sites satellites localisés dans un rayon de 1 km autour de cette dernière. À présent, réfléchissons aux besoins en fer de cette agglomération durant le ixe siècle. Est-ce que les montagnes de scories découvertes dans les régions voisines sont en adéquation avec la démographie proposée ? Premier paramètre à prendre en considération, le type de travail exercé par les habitants de cette agglomération. Certes, les personnes qui y vivaient n’étaient pas toutes des agriculteurs. Mais comment déterminer la quantité de fer qu’elles utilisaient ? Trois hypothèses peuvent être présentées : un citadin consomme par an 1) autant qu’un agriculteur (soit 1 kg) ; 2) moitié moins (soit 500 g) ; ou 3) seulement un quart (soit 250 g). Si on considère que l’agglomération de Djenné-Jéno accueillait 10 000 habitants, il aurait fallu 10 t de fer par an dans le premier cas, 5 t de fer dans le deuxième cas et 2,5 t de fer dans le troisième cas. De tels volumes de métal étaient-ils disponibles dans la région du delta intérieur du Niger ? Pour le ixe siècle, si nous ne prenons en compte que les ateliers les plus volumineux du pays dogon69, ils pourvoyaient aux besoins de plus de 20 000 personnes (dans la première hypothèse), de plus de 45 000 personnes (dans la deuxième hypothèse) ou de plus de 70 000 personnes (dans la troisième hypothèse ; Tableau 3).

Tableau 3 : Conversion du volume des scories en poids de scories, puis de fer, et de production en fer disponible par an et par personne

Nom des ateliers

m3 de scorie

t. de scorie

t. de fer

t. de fer par an

Nb de personnes

1kg de par an

500g de fer par an

250g de fer par an

Boulel Sabère B

30000

30000

3000

6

6000

12000

18000

Kowa

10000

10000

1000

2

2000

4000

6000

Sali

25000

25000

2500

5

5000

10000

15000

Kakoli

50000

50000

5000

10

10000

20000

30000

Kansila

2500

2500

250

0,5

500

1000

1500

Tolassigué

350

350

35

0,07

70

140

210

Diaveli

300

300

30

0,06

60

120

180

Sitolo

250

250

25

0,05

50

100

150

Total

118400

118400

11840

23,68

23680

47360

71040

53En somme, et quelle que soit l’hypothèse retenue, il semble que suffisamment de fer était produit pour alimenter cette région qui accueillait des villages d’agriculteurs mais également des villes, ainsi que les villages à proximité des ateliers sidérurgiques. La production de fer semble en adéquation avec le calcul démographique proposée par Susan McIntosh. Certes, cette démonstration est très approximative. Cependant, elle montre toute l’importance de pousser l’analyse au-delà de la simple localisation de montagnes de scories. Ces sites sidérurgiques possèdent des amas aux volumes impressionnants mais il faut toujours s’interroger sur ce que représente leur production dans le contexte politique et économique régional.

54Pour reconstituer l’économie du fer, il sera également nécessaire de travailler à partir d’éléments de mobilier métallique provenant de contextes archéologiques fiables. Le recueil des données réalisé dans le cadre du présent travail a montré que le nombre d’objets en fer mis au jour dans la zone d’étude était relativement faible. Il faudrait d’ailleurs reprendre cette question en établissant un inventaire systématique et démarrer des analyses typologiques et fonctionnelles sur certaines collections. Comme dit précédemment, cette faible représentativité peut refléter plusieurs situations (le fer est un matériau rare et donc recyclé, il alimente des régions lointaines, le type d’agriculture mis en place consomme beaucoup d’outils) ou avoir plusieurs raisons (problème de conservation, manque de fouilles extensives sur des sites d’habitat, manque de fouilles de sépultures). Mais pour dépasser ces hypothèses explicatives, il faudra entreprendre des analyses métallographiques sur des objets en fer afin de préciser les activités artisanales dont ils ont fait l’objet. De telles analyses permettront notamment d’aborder la question du recyclage du fer : du métal de rebut était-il collecté pour être réutilisé ? Il faudra surtout identifier un site, ou un groupe de sites, dans lequel se concentrerait la fouille, sur plusieurs années, d’un ensemble archéologique où toute la chaîne opératoire de la métallurgie serait représentée : habitat / gisements / ateliers / sépulture. Car l’articulation entre les zones d’exploitation des matières premières, de fabrication du métal et des objets métalliques, et de consommation de ces produits est encore très mal envisagée. En effet, il est encore très difficile de répondre aux questions suivantes : où et comment vivaient les métallurgistes ? Quel était l’impact de cette activité sur le développement des sociétés productrices de fer ? Combien de fer était consommé dans les villages ? Quels objets en fer étaient produits ? Sous quelles formes circulait le fer ? Répondre à ces questions de façon précise est pour l’instant hors de portée car nous connaissons encore mal les lieux de vie des métallurgistes. Cette approche globale aurait dû se poursuivre à Korsimoro si les conditions géopolitiques l’avaient permis. L’hypothèse postulant que durant la fin de la première moitié du IIe millénaire le fer produit à Korsimoro était transformé en armes pour les guerriers du royaume Mossi aurait pu être interrogée. L’étude des déchets de forge aurait pu nous renseigner sur le type de gestes techniques employés et sur une éventuelle standardisation des objets produits.

55Beaucoup de recherches sur le terrain, dans les réserves et en laboratoire restent à entreprendre mais il est indéniable que les études en paléométallurgie sont un très bon outil pour aborder la complexité des sociétés anciennes et appréhender les réponses apportées par les sociétés aux défis de la mise en valeur des paysages naturels et culturels.

Haut de page

Bibliographie

Al-Bakri, 1859, Description de l’Afrique septentrionale par el-Bekri. (trad. de l’arabe W. Mac Guckin de Slane), Paris, Imprimerie impériale.

Alpern, S.B., 2005, « Did They or Didn’t They Invent It? Iron in Sub-Saharan Africa », History in Africa, 32, p. 41‑94.

Arazi, N., 1999, « An archaeological survey in the Songhay heartland of Mali », Nyame Akuma, 52, p. 25‑43.

Banni-Guene, O., 2014, La paléométallurgie au Borgou : Typologie des procédés de production et de transformation du chez les métallurgistes du nord-est du Bénin, thèse de doctorat, Université de Ouagadougou, Ouadougou.

Baron, S., Coustures, M.-P., Béziat, D., Guérin, M., Huez, J., Robbiola, L., 2011, « Lingots de plomb et barres de fer des épaves romaines des Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouche-du-Rhône, France) : questions de traçabilité comparée », Revue archéologique de Narbonnaise, n°44, p. 71-97.

De Barros, P., 1985, The Bassar: large-scale iron producers of the West African savannah, thèse de doctorat, University of California, Los Angeles.

Bathily, A., 1975, « A discussion of the traditions of Wagadu with some reference to ancient Ghana: including a review of oral accounts, Arabic sources and archaeological evidence », Bulletin de l’Institut fondamental d’Afrique noire : série B, sciences humaines, 37 (1), p. 1‑94.

Bedaux, R., Polet, J., Sanogo, K., Schmidt, A., (dir.), 2005, Recherches archéologiques à Dia dans le delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003, Leiden, Research School of Asian, African, and Amerindian Studies, Leiden Univ. [u.a.] (CNWS publications 33).

Berthier, S., 1997, Recherches archéologiques sur la capitale de l’empire de Ghâna : étude d’un secteur d’habitat à Koumbi Saleh, Mauritanie ; Campagnes II, III, IV, V ; (1975-1976) – (1980-1981), Oxford, Archaeopress (Cambridge monographs in African archaeology, 41).

Beucher, B., 2015, « Trajectoires impériales croisées : l’historicité d’un État africain hybride (pays moaaga, actuel Burkina Faso, fin du xixe siècle à nos jours) », Cahier d’histoire des techniques, 128, p. 105‑124.

Bocoum, H. (dir.), 2002, Aux origines de la métallurgie du fer en Afrique : une ancienneté méconnue ; Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, Paris, Éd. Unesco (« Mémoire des peuples »).

Calvocoressi, D., David, N., 1979, « A New Survey of Radiocarbon and Thermoluminescence Dates for West Africa », The Journal of African History, 20 (1), p. 1‑29.

Chieze, V., 1991, « La métallurgie du fer dans la zone lacustre, archéologie-archéométrie », in M. Raimbault, K. Sanogo (dir.), Recherches archéologiques au Mali, Paris, Karthala, p. 449‑472.

Chirikure, S., 2015, Metals in past societies: a global perspective on indigenous African metallurgy, Cham/Heidelberg/New York/Dordrecht/Londres, Springer (« Springerbriefs in Archaeology / Contributions from Africa »).

Clark, M.E., 2003, Archaeological Investigations at the Jenné-jeno Settlement Complex, Inland Niger Delta, Mali, West Africa, thèse de doctorat, Southern Methodist University, Dallas.

Collet, H., 2013, « L’introuvable capitale du Mali. La question de la capitale dans l’historiographie du royaume médiéval du Mali », Afriques : Débats, méthodes et terrains d’histoire, 4, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/1098.

Coulibaly, J.-B., 2017, Archéologie en pays tusian (Burkina Faso) : Vestiges anciens et actuels de l’occupation humaine, thèse de doctorat, Université de Paris, Paris.

Cuoq, J. M., 1985, Recueil des sources arabes concernant l’Afrique occidentale du viiie au xviesiècle /Bilad al-Sudan, Paris, CNRS, Sources d’histoire médiévale publiées par l’Institut de recherche et d’histoire des textes.

Descoeudres, J.-P., Huysecom, E., Serneels, V., Zimmermann, J.-L. (dir.), 2001, The Origins of Iron Metallurgy: Proceedings of the First International Colloquium on The Archaeology of Africa and the Mediterranean Basin held at The Museum of Natural History in Geneva, 4-7 June, 1999 / Aux origines de la métallurgie du fer : Actes de la 1re table ronde internationale d’archéologie : L’Afrique et le bassin méditerranéen, Muséum d’histoire naturelle, Genève, 4-7 juin 1999, Sydney, Mediterranean Archaeology, vol. 14.

Dieterlen, G., Sylla, D., Soumare, M., 1992, L’Empire de Ghana : le Wagadou et les traditions de Yéréré, Paris, Karthala / Association ARSAN.

Eichhorn, B., Robion-Brunner, C., Serneels, V., Perret, S., 2013, « Fuel for iron – wood exploitation for metallurgy on the Dogon plateau, Mali », in J. Humphris, T. Rehren (dir.), The world of iron, Londres, Archetype, p. 435‑443.

Eichhorn, B., Robion-Brunner, C., 2017, « Wood exploitation in a major pre-colonial West African iron production centre (Bassar, Togo) », Quaternary International, 458, p. 158‑177.

Eichhorn, B., Humphris, J., Robion‑Brunner, C., Garnier, A., 2019, « A ‘long-burning issue’: comparing woody resource use for ironworking in three major iron smelting centres of sub-Saharan Africa », in J. Meurers-Balke, T. Zerl,, R. Gerlach (dir.), Auf dem Holzweg… Eine Würdigung für Ursula Tegtmeier, Heidelberg, Archäologische Berichte, p. 103‑124. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.11588/propylaeum.492.

Evans, C., Ryden, G., 2018, « ‘Voyage Iron’: An Atlantic Slave Trade Currency, its European Origins, and West African Impact », Past & Present, 239 (1), p. 41‑70.

Fabre, J.-M., 2012, « Données archéologiques et ethnographiques : une confrontation parfois difficile. L’exemple du district sidérurgique de Markoye (Burkina Faso) », in C. Robion-Brunner, B. Martinelli (dir.), Métallurgie du fer et sociétés africaines : bilans et nouveaux paradigmes dans la recherche anthropologique et archéologique, Oxford, Archaeopress, p. 165‑176.

Fabre, J.-M., 2016, Sidérurgie ancienne au Sahel : archéologie d’un district métallurgique de la fin de l’âge du fer (Markoye, province de l’Oudalan, Burkina Faso), thèse de doctorat, Université Jean-Jaurès, Toulouse.

Fauvelle, F.-X., 2012, « Niani Redux, en finir avec l’identification du site de Niani (Guinée-Conakry) à la capitale du royaume du Mali », Palethnologie, 4, p. 237‑254.

Fauvelle, F.-X., 2013, « Ceci n’est pas une ville : À propos de la capitale du Ghâna », in F.-X. Fauvelle (dir.), Le rhinocéros d’or : histoires du Moyen Âge africain, Paris, Alma, p. 81-89.

Fauvelle, F.-X., 2018, « Ghâna, Mâli, Songhay, royaumes courtiers du Sahel occidental », in F.-X. Fauvelle (dir.), L’Afrique ancienne : de l’Acacus au Zimbabwe : 20 000 avant notre ère-xviie siècle, Paris, Belin, p. 171‑201.

Fenn, T., Killick, D., Chesley, J., Magnavita, S., Ruiz, J., 2009, « Contacts Between West Africa and Roman North Africa: Archaeometallurgical Results from Kissi, Northeastern Burkina Faso », in S. Magnavita, L. Koté, P. Breunig, O.A. Idé (dir.), Crossroads / Carrefour Sahel. Cultural and technological developments in first millennium BC/AD West Africa. Développements culturels et technologiques pendant le premier millénaire BC/AD dans l’Afrique de l’Ouest, Francfort-sur-le-Main, Africa Magna Verlag, p. 119‑146.

Filippini, A., 2019, « Metal objects and slag from Birnin Lafiya », in A. Haour (dir.), Two Thousand Years in Dendi, Northern Benin: Archaeology, History and Memory, Leiden/Boston, Brill (« Journal of African archaeology monograph series »), p. 193‑198.

Garenne-Marot, L., 2008, « Au-delà de la patine des objets en métal à base de cuivre : couleur et valeur du cuivre en Afrique de l’Ouest à l’époque du commerce transsaharien musulman », Cahier des thèmes transversaux ArScAn, CNRS – UMR 7041 (Archéologie et Sciences de l’Antiquité – ArScAn), 8, p. 118-132.

Gestrich, N., 2013, The archaeology of social organisation at Tondo Maaré Diabal, thèse de doctorat, Université de Londres, Londres.

Gestrich, N., MacDonald, K.C., 2018, « On the Margins of Ghana and Kawkaw: Four Seasons of Excavation at Tongo Maaré Diabal (AD 500-1150), Mali », Journal of African Archaeology, 16 (1), p. 1‑30.

Goucher, C., 1981, « Iron is Iron ’Til it is Rust: Trade and Ecology in the Decline of West African Iron-Smelting », The Journal of African History, 22 (2), p. 179‑189.

Guillon, R., 2013, Relation société-milieu en domaine sahélien au sud-ouest du Niger au cours des quatre derniers millénaires : approche géoarchéologique, thèse de doctorat, Université de Bourgogne, Dijon.

Haaland, R., 1980, « Man’s role in the changing habitat of Méma during the old Kingdom of Ghana », Norwegian Archaeological Review, 13 (1), p. 31‑46.

Haaland, R., 1985, « Iron production, its socio-cultural context and ecological implications », in R. Haaland, P.L. Shinnie (dir.), African iron working, ancient and traditional, Oslo/New York, Norwegian University Press, distributed world-wide excluding Scandinavia by Oxford University Press, p. 50‑72.

Hahn, H.P., 1997, Techniques de Métallurgie au Nord-Togo, Lomé, Presses de l’Université du Bénin.

Hervé, G., Lanos, P., 2018, « Improvements in Archaeomagnetic Dating in Western Europe from the Late Bronze to the Late Iron Ages: An Alternative to the Problem of the Hallstattian Radiocarbon Plateau: Improvements in archaeomagnetic dating in Western Europe », Archaeometry, 60 (4), p. 870‑883.

Holl, A.F.C., 2009, « Early West African Metallurgies: New Data and Old Orthodoxy », Journal of World Prehistory, 22 (4), p. 415‑438.

Huysecom, E., Ozainne, S., Jeanbourquin, C., Mayor, A., Canetti, M., Loukou, S., Chaix, L., Eichhorn, B., Lespez, L., Le Drézen, Y., Guindo, N., 2015, « Towards a Better Understanding of Sub-Saharan Settlement Mounds before AD 1400: The Tells of Sadia on the Seno Plain (Dogon Country, Mali) », Journal of African Archaeology, 13 (1), p. 7‑38.

Izard, M., 1985, Le Yatenga précolonial. Un ancien royaume du Burkina, Paris, Karthala.

Izard, M., 1988, « Quatre siècles d’histoire d’une région du Moogo », Journal des africanistes, 58 (2), p. 7‑51.

Izard, M., 2003, Moogo. L’émergence d’un espace étatique ouest-africain au xvie siècle : étude d’anthropologie historique, Paris, Karthala (Collection « Hommes et sociétés »).

Kapper, L., Serneels, V., Panovska, S., Ruíz, R.G., Hellio, G., Groot, L. de, Goguitchaichvili, A., Morales, J., Ruíz, R.C., 2020, « Novel insights on the geomagnetic field in West Africa from a new intensity reference curve (0-2000 AD) », Scientific Reports, 10 (1), p. 1121.

Kay, A. U., Fuller, D. Q., Neumann, K., Eichhorn, B., Höhn, A., Morin-Rivat, J., et al., 2019, « Diversification, Intensification and Specialization: Changing Land Use in Western Africa from 1800 BC to AD 1500 », Journal of World Prehistory, 32(2), p. 179-228. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1007/s10963-019-09131-2

Killick, D., 2004, « Review essay: What do we know about African iron working? », Journal of African Archaeology, 2 (1), p. 97‑112.

Killick, D., 2016, « A global perspective on the pyrotechnologies of Sub-Saharan Africa », Azania: Archaeological Research in Africa, 51 (1), p. 62‑87.

Levtzion, N., 1980, Ancient Ghana and Mali, New York, N.Y, Africana Pub. Co.

MacDonald, K., Gestrich, N., Camara, S., Keita, D., 2018, « The ‘Pays Dô’ and the Origins of the Empire of Mali », in T. Green, B. Rossi (dir.), Landscapes, Sources and Intellectual Projects of the West African Past, Essays in Honour of Paulo Fernando de Moraes Farias, Leiden, Brill, p. 63-87.

Magnavita, S., 2009, « Sahelien Crossroads: Some Aspects on the Iron Age Sites of Kissi, Burkina Faso », in S. Magnavita, L. Koté, P. Breunig, O.A. Idé (dir.), Crossroads/Carrefour Sahel: cultural and technological developments in first millennium BC/AD West Africa, Francfort-sur-le-Main, Africa Magna Verlag, p. 79‑104.

Maley, J., Vernet, R., 2015, « Populations and climatic evolution in north tropical Africa from the end of the Neolithic to the dawn of the modern era », African Archaeological Review, 32(2), p. 179-232.

Mangin, M. (dir.), 2004, Le fer, Paris, Errance (« Archéologiques »).

Martinelli, B., 2002, « Au seuil de la métallurgie intensive – Le choix de la combustion lente dans la boucle du Niger (Burkina Faso) », in H. Bocoum (dir.), Aux origines de la métallurgie du fer en Afrique : une ancienneté méconnue ; Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, Paris, Éd. Unesco (« Mémoire des peuples »), p. 165‑188.

McIntosh, R.J, 1998, The Peoples of the Middle Niger: Island of Gold, Oxford, Blackwell.

McIntosh, R.J., 2005, Ancient Middle Niger: urbanism and the self-organizing landscape, Cambridge (UK)/New York, Cambridge University Press (« Case studies in early societies 7 »).

McIntosh, S.K. (dir.), 1995, Excavations at Jenné-Jeno, Hambarketolo, and Kaniana (Inland Niger Delta, Mali), the 1981 Season, Berkeley, University of California Press.

McIntosh, S.K. (dir.), 1999, Beyond chiefdoms: pathways to complexity in Africa, Cambridge/New York, Cambridge University Press (« New directions in archaeology »).

McIntosh, S.K., 2020, « Long-distance exchange and urban trajectories in the first millennium AD: case studies from the Middle Niger and Middle Senegal River valleys », in D. Mattingley, M. Sterry, M. Gatto (eds.), Urbanisation and State Formation in the Ancient Sahara and Beyond, Cambridge, Cambridge University Press.

Mohen, J.-P., 1990, Métallurgie préhistorique : introduction à la paléométallurgie, Paris, Masson (Collection « Préhistoire »).

Noaga, B., 2016, La sidérurgie ancienne dans la province du Bam (Burkina Faso) : approches archéologique, archéométrique et ethno historique, thèse de doctorat, Université Paris I-Sorbonne, Paris.

Ozainne, S., Lespez, L., Garnier, A., Ballouche, A., Neumann, K., Pays, O., Huysecom, E., 2014, « A question of timing: spatio-temporal structure and mechanisms of early agriculture expansion in West Africa », Journal of Archaeological Science, 50, p. 359-368. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1016/j.jas.2014.07.025

Pernot, M. (dir.), 2017, Quatre mille ans d’histoire du cuivre : fragments d’une suite de rebonds, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux.

Perret, S., Serneels, V., 2009, « Technological characterisation and quantification of a large-scale iron smelting site in Fiko (dogon plateau, Mali) », in J.-F. Moreau, R. Auger, J. Chabot, A. Herzog (dir.), 36th International Symposium on archaeometry, 2-6 may 2006, Québec, Canada, Cahiers d’archéologie du CELAT (Série archéométrie n° 7), p. 453‑463.

Perrin, T., 2019a, « BDA : une base de données archéologique collaborative en ligne », Bulletin de la Société préhistorique française, 116 (1), p. 159‑162.

Perrin, T., 2019b, Le temps des derniers chasseurs Aspects chronoculturels des sociétés des débuts de l’Holocène en Méditerranée occidentale, thèse d’habilitation à diriger des recherches, Université Jean-Jaurès, Toulouse.

Raimbault, M., Sanogo, K. (dir.), 1991, Recherches archéologiques au Mali : prospections et inventaire, fouilles et études analytiques en zone lacustre, Paris, Karthala/ACCT (Série « Archéologies africaines »).

Randsborg, K., Merkyte, I., Møller, N.A., Albek, S., Adandé, A., 2009, Bénin archaeology: the ancient kingdoms, Oxford, Wiley-Blackwell (Acta archaeologica vol. 80-1).

Robertshaw, P.T., Magnavita, S., Wood, M., Melchiorre, E., Popelka-Filcoff, R., Glascock, M.D., 2009, « Glass Beads From Kissi (Burkina Faso): Chemical Analysis and Archaeological Interpretation », in S. Magnavita, L. Koté, P. Breunig, O. A. Idé (dir.), Crossroads/Carrefour Sahel: cultural and technological developments in first millennium BC/AD West Africa, Francfort-sur-le-Main, Africa Magna Verlag, p 67-84.

Robion-Brunner, C., 2008, Vers une histoire de la production du fer sur le plateau de Bandiagara (pays dogon, Mali) durant les empires précoloniaux : Peuplement des forgerons et traditions sidérurgiques, thèse de doctorat, Université de Genève, Genève.

Robion-Brunner, C., 2010, Forgerons et sidérurgie en pays dogon : vers une histoire de la production du fer sur le plateau de Bandiagara (Mali) durant les empires précoloniaux, Francfort-sur-le-Main, Africa Magna Verlag.

Robion-Brunner, C., Serneels, V., Perret, S., 2013, « Variability in iron smelting practices: assessment of technical, cultural and economic criteria to explain the metallurgical diversity in the Dogon area (Mali) », in J. Humphris, T. Rehren (dir.), The world of iron, Londres, Archetype, p. 257‑265.

Robion-Brunner, C., Serneels, V., 2017, « Protéger et fouiller un site archéologique : les sites métallurgiques », in A. Livingstone Smith, E. Cornelissen, O. P. Gosselain, S. MacEachern (dir.), Manuel de terrain en archéologie africaine, Tervuren, Musée royal de l’Afrique centrale (« Documents de sciences humaines et sociales »), p. 129‑133.

Robion-Brunner, C., 2018, « L’Afrique des métaux », in F.-X. Fauvelle (dir.), L’Afrique ancienne. De l’Acacus au Zimbabwe, 20000 avant notre ère – xviie siècle, Paris, Belin (« Mondes anciens »), p. 516‑543.

Robion-Brunner, C., 2019, « Ironworking », in A. Haour (dir.), Two Thousand Years in Dendi, Northern Benin: Archaeology, History and Memory, Leiden/Boston, Brill (« Journal of African archaeology monograph series »), p. 174‑192.

Robion-Brunner, C., 2020, Fer et scorie : contribution des données sidérurgiques à l’histoire des sociétés ouest-africaines, thèse d’habilitation à diriger des recherches, Université Jean-Jaurès, Toulouse, 274 p.

Robion-Brunner, C., Coustures, M.-P., Dugast, S., Tchetre-Gbandi, A., Béziat, D., 2022, « Origines et étapes de la diversité des techniques sidérurgiques en Afrique de l’Ouest : le cas de la production du fer en pays bassar (nord du Togo) du xiiie au xxe siècles », Afriques : Débats, méthodes et terrains d’Afriques, 13, p. 1-64.

Schomburgk, H., 1917, Im Deutschen Sudan (In German Sudan), Schomburgk Film.

Serneels, V., 2004, « Réflexions sur la consommation du fer dans l’Antiquité, et spécialement à l’époque romaine », in Magin M. (dir.), Le fer, Paris, Errance (« Archéologiques »), p. 206‑209.

Serneels, V., Kienon Timpoko, H., Koté, L., Kouassi, S.K., Ramseyer, D., Simpore, L., 2012, « Origine et développement de la métallurgie du fer au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Premiers résultats sur le site sidérurgique de Korsimoro (Sanmatenga, Burkina Faso) », Jahresbericht SLSA, 2011 p. 23‑54.

Serneels, V., Donadini, F., Kienon Timpoko, H., Koté, L., Kouassi, S.K., Ramseyer, D., Simpore, L., 2014, « Origine et développement de la métallurgie du fer au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Avancement des recherches en 2013 et quantification des vestiges de Korsimoro (Burkina Faso) », Jahresbericht SLSA, 2013, p. 65‑112.

Serneels, V., 2017, « The massive production of iron in the Sahelian belt: Archaeological investigations at Korsimoro (Sanmatenga – Burkina Faso) », Materials and Manufacturing Processes, 32 (7‑8), p. 900‑908.

Sogoba, M., 2018, Cartes des royaumes et empires d’Afrique de l’Ouest. Cultures of West Africa. https://www.culturesofwestafrica.com/wp-content/uploads/2018/09/HistoireAfriqueOuest.pdf. Accessed 23 January 2020

Soulignac, R., 2017, Les Scories de forge du Pays dogon (Mali) : entre ethnoarchéologie, archéologie expérimentale et archéométrie, Hochwald/Bâle, Librum Publishers & Editors.

Takezawa, S., Cissé, M., 2012, « Discovery of the earliest royal palace in Gao and its implications for the history of West Africa », Cahiers d’études africaines, 208, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/etudesafricaines.17167

Takezawa, S., Cissé, M. (dir.), 2017, Sur les traces des grands empires : recherches archéologiques au Mali, Paris, L’Harmattan.

Tamari, T., 2012, « De l’apparition et de l’expansion des groupes de spécialistes endogames en Afrique : essai d’explication », in C. Robion-Brunner, B. Martinelli (dir.), Métallurgie du fer et sociétés africaines : bilans et nouveaux paradigmes dans la recherche anthropologique et archéologique, Oxford (UK), Archaeopress, p. 5‑31.

Tchibinda Madingou, B., Hervé, G., Perrin, M., M’mbogori, F.N., Guemona, D., Mathé, P.-E., Rochette, P., Williamson, D., Mourre, V., Robion-Brunner, C. 2020, « First archeomagnetic data from Kenya and Chad: Analysis of iron furnaces from Mount Kenya and Guéra Massif », Physics of the Earth and Planetary Interiors, 309, p. 106588.

Haut de page

Documents annexes

  • Table « Sites » (application/vnd.openxmlformats-officedocument.spreadsheetml.sheet – 274k)

    La table « Sites » indexe les sites archéologiques et leurs données génériques : nom, localisation, type de site, type d’opérations scientifiques conduites sur le site et leur fiabilité, historique des fouilles et références bibliographiques.

    Caroline Robion-Brunner
  • Table « Occupations » (application/vnd.openxmlformats-officedocument.spreadsheetml.sheet – 500k)

    La table « Occupations » comporte deux onglets : « Métal » et « Datations & Structures ». Celui sur le « Métal » réunit les données archéologiques de l’occupation permettant l’identification des activités, la quantification du niveau de production et la caractérisation des techniques. L’onglet « Datations & Structures » synthétise les informations sur la stratigraphie et les dates radiocarbones.

    Caroline Robion-Brunner
  • Table « Dates » (application/vnd.openxmlformats-officedocument.spreadsheetml.sheet – 58k)

    La table « Dates » recense toutes les datations radiocarbones liées aux occupations, elles-mêmes liées aux sites.

    Caroline Robion-Brunner
Haut de page

Notes

1 M. Mangin, 2004 ; J.-P. Mohen, 1990 ; M. Pernot, 2017.

2 S.B. Alpern, 2005 ; H. Bocoum, 2002 ; J.-P. Descoeudres et al., 2001 ; A.F.C. Holl, 2009 ; S. Chirikure, 2015 ; D. Killick, 2004, 2016 ; C. Robion-Brunner, 2018.

3 C. Evans, G. Ryden, 2018.

4 Pour tracer les territoires des royaumes africains, nous avons repris les cartes réalisées par Mia Sogoba (2018). À partir de plusieurs ouvrages et articles, elle a représenté l’évolution chronologique des entités culturelles et politiques les plus importantes d’Afrique de l’Ouest. Certes, nous avons conscience que matérialiser sur une carte les limites d’un royaume pose question sur les informations mobilisées et leur signifiance : s’agit-il de la zone de contrôle du pouvoir ? D’influence ? De frontières ? Même si l’analyse des témoignages arabes par les historiens produit des tracés légèrement divers, elle permet de proposer une certaine figuration de l’étendue des hégémonies politiques africaines. Ainsi, nous avons conscience que ces limites territoriales sont en partie conjecturales et surtout en construction, mais elles nous offrent une base de discussion pour réfléchir à la place du fer dans le développement des sociétés et des entités politiques.

5 T. Perrin, 2019a.

6 Les tables de la base de données sont consultables en annexe.

7 C. Robion-Brunner, 2020.

8 S. Chirikure, 2015.

9 T. Perrin, 2019b.

10 S. Ozainne et al., 2014.

11 A. U. Kay et al., 2019.

12 M. Mangin, 2004.

13 Par exemple H. Schomburgk, 1917.

14 R. Soulignac, 2017.

15 B. Martinelli, 2002, p. 165.

16 En Afrique de l’Ouest, nous disposons de très peu de typochronologies. Celles réalisées sur la céramique, comme sur le site de Djenné-Jéno (S.K. McIntosh, 1995), ont tendance à montrer qu’il n’y a pas de changement significatif entre les styles de poterie au cours des différentes périodes clés de la région. Cette résolution inférieure aux marges d’erreur des dates absolues n’est donc pas source de précision. Concernant le mobilier métallique, les typochronologies sont encore plus rares. Leur absence ne permet pas de reconstituer l’évolution des techniques de fabrication et d’usage des objets en métal.

17 D. Calvocoressi, N. David, 1979.

18 G. Hervé, P. Lanos, 2018.

19 Par exemple B. Tchibinda Madingou et al., 2020.

20 L. Kapper et al., 2020.

21 R. Bedaux et al., 2005 ; N. Gestrich, K. MacDonald, 2018 ; E. Huysecom et al., 2015 ; S. Perret, V. Serneels, 2009.

22 A. Filippini, 2019 ; N. Gestrich, 2013 ; R. Soulignac, 2017.

23 C. Robion-Brunner, V. Serneels, 2017.

24 S. Perret, V. Serneels, 2009 ; V. Serneels, 2017.

25 P. de Barros, 1985, p. 319.

26 V. Serneels, 2004, p. 206-207.

27 Ibid., p. 207.

28 La détermination de la période chronologique à laquelle les occupations, et plus particulièrement les sites sidérurgiques, de la région du Moyen Niger ont fonctionné a été réalisé généralement à partir d’une seule datation. C’est très peu, d’autant plus que bien souvent la localisation stratigraphique du prélèvement du charbon de bois n’est pas précisée. Cette situation fragilise bien évidement les réflexions émises. La datation unique est problématique lorsque l’on s’intéresse à une occupation ou une activité. Elle signifie au mieux que celle-ci avait lieu à telle période, mais ne permet en aucun cas de savoir quand elle a débuté, quand elle s’est terminée et durant combien de temps elle a fonctionné.

29 R. Haaland, 1980.

30 S.K. McIntosh, 1995 ; R.J. McIntosh, 1998 ; M.E. Clark, 2003.

31 R.J. McIntosh, M.E. Clark, 2003.

32 M.E. Clark, 2003, Appendix L et N.

33 S.K. McIntosh, 2020.

34 R.J. McIntosh, 2005, p. 144-162.

35 N. Gestrich, K. MacDonald, 2018.

36 A. Bathily, 1975 ; G. Dieterlen et al., 1992.

37 N. Levtzion, 1980.

38 S. Berthier, 1997, p. 77.

39 F.-X. Fauvelle, 2013, p. 81-89.

40 K. MacDonald et al., 2018.

41 N. Arazi, 1999.

42 J.-M. Fabre, 2016.

43 F.-X. Fauvelle, 2018, p. 188.

44 B. Eichhorn et al., 2013 ; C. Robion-Brunner, 2010 ; C. Robion-Brunner et al., 2013.

45 Afin d’identifier où était consommé le fer dogon, il faudrait entreprendre tout d’abord la caractérisation des gisements de minerai de fer exploités dans la région productrice. Cette étape aboutirait à la réalisation d’une base de données que l’on pourrait interroger par la suite afin de déterminer les minerais sélectionnés et exploités par les Anciens. La deuxième étape est l’établissement des compositions en éléments en trace dans les scories de réduction des sites sidérurgiques dogon. L’objet est alors d’établir la signature chimique des productions de fer dogon. Enfin, nous pourrions entreprendre une comparaison de la composition chimique des objets en fer découverts dans les sites d’habitat de la région et des régions voisines avec celle des différents sites de production du fer permettant ainsi de dessiner les réseaux de diffusion du métal (e.g. S. Baron et al., 2011).

46 S. Takezawa, M. Cissé, 2012.

47 T. Fenn et al., 2009 ; S. Magnavita, 2009 ; P.T. Robertshaw et al., 2009.

48 M. Raimbault, K. Sanogo (dir.), 1991, p. 141-164 ; S. Takezawa, M. Cissé (dir.), 2017, p. 223-294.

49 T. Tamari, 2012, p. 13.

50 L. Garenne-Marot, 2008.

51 J. M. Cuoq, 1985, p. 264-265.

52 V. Chieze, 1991.

53 R. Haaland, 1985.

54 P. de Barros, 1985 ; C. Goucher, 1981 ; H.P. Hahn, 1997 ; K. Randsborg et al., 2009.

55 B. Eichhorn et al., 2013, 2019 ; B. Eichhorn, C. Robion-Brunner, 2017.

56 J. Maley, R. Vernet, 2015.

57 J.-M. Fabre, 2012.

58 R. Guillon, 2013.

59 C. Robion-Brunner, 2019.

60 C. Robion-Brunner, 2008.

61 B. Noaga, 2016.

62 M. Izard, 1985, 1988, 2003 ; B. Martinelli, 2002.

63 B. Beucher, 2015.

64 V. Serneels, 2017 ; V. Serneels et al., 2012, 2014.

65 O. Banni-Guene, 2014.

66 J.-B. Coulibaly, 2017.

67 H. Collet, 2013 ; F.-X. Fauvelle, 2012.

68 S.K. McIntosh, 1999.

69 À partir des calculs réalisés pour les sites de Boulel Sabère B, Kowa, Sali, Kakoli, Kansila, Tolassigué, Diaveli et Sitolo (C. Robion-Brunner, 2020), nous estimons qu’environ 23 tonnes de fer étaient produites par an dans la partie ouest du plateau de Bandiagara.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 : Localisation des sites recensés dans la base de données
Crédits Carte : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-1.png
Fichier image/png, 938k
Titre Figure 2 : Nombre de sites recensés suivant le type de vestiges découverts
Crédits Image : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-2.png
Fichier image/png, 36k
Titre Figure 3 : Un des amas de déchets métallurgiques du site Degba (sud-est du Bénin)
Crédits Photo : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 727k
Titre Figure 4 : Localisation des occupations « Habitat » et « Réduction » dans la zone du moyen Niger entre 700 et 800 AD
Légende Les symboles en blanc indiquent que les occupations possèdent une ou plusieurs datations, les symboles en noir indiquent que les occupations ne possèdent aucune datation.
Crédits Carte : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-4.png
Fichier image/png, 527k
Titre Figure 5 : Localisation des occupations « Réduction » entre les viiie et xiie siècles
Légende Les symboles en blanc indiquent que les occupations possèdent une ou plusieurs datations, les symboles en noir indiquent que les occupations ne possèdent aucune datation.
Crédits Cartes : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-5.png
Fichier image/png, 862k
Titre Figure 6 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1200 et 1250 AD et des potentiels gisements aurifères
Légende A : Akan ; Ba : Bambuk ; Bo : Buré ; L : Lobi ; S : Sirba
Crédits Carte : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-6.png
Fichier image/png, 920k
Titre Figure 7 : Localisation des occupations « Réduction » entre 700 et 800 AD
Crédits Carte : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-7.png
Fichier image/png, 969k
Titre Figure 8 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1000 et 1100 AD
Crédits Carte : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-8.png
Fichier image/png, 927k
Titre Figure 9 : Localisation des occupations « Réduction » entre 1520 et 1600 AD
Crédits Carte : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-9.png
Fichier image/png, 937k
Titre Figure 10 : Localisation des occupations « Réduction » suivant leur niveau de production entre 1520 et 1700 AD
Crédits Cartes : Caroline Robion-Brunner.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/docannexe/image/4008/img-10.png
Fichier image/png, 1,3M
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Caroline Robion-Brunner, « Contribution des données paléométallurgiques à l’histoire des sociétés ouest-africaines durant les royaumes de Ghâna, Mâli, Gao et Mossi »Afriques [En ligne], 14 | 2023, mis en ligne le 24 janvier 2024, consulté le 13 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/afriques/4008 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/afriques.4008

Haut de page

Auteur

Caroline Robion-Brunner

Directrice de recherche CNRS, Laboratoire TRACES (UMR 5608)

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search