Éditorial
Texte intégral
1Ce numéro d’octobre 2024 comprend de nombreux articles, signe de la vitalité des travaux théoriques et méthodologiques touchant à l’activité finalisée. Cet afflux de textes est bienvenu, mais il a un coût. Car la revue, entièrement gratuite pour les lecteurs et les auteurs, a néanmoins des frais à couvrir pour la correction et la mise en ligne des articles en lien avec la taille des articles et des numéros. Nous en profitons pour rappeler ici que nous fonctionnons aujourd’hui grâce aux subventions de trois structures (la SELF, Arpège et ARTEE). Nous explorons aujourd’hui également d’autres possibilités de financement. Par ailleurs, pour accueillir toujours plus d’articles sans que cela soit pénalisant sur notre budget, nous vous rappelons que depuis avril 2024, toute soumission d’article ne doit pas dépasser 12 000 mots (voir les consignes aux auteurs sur le site). Si la revue fonctionne, c’est aussi grâce à l’investissement bénévole des membres du comité de rédaction qui assurent le suivi des articles et des rubriques de la revue, participent à l’organisation d’une journée d’étude par an et au bénévolat de l’ensemble des collègues qui expertisent les articles. Nous vous invitons à suivre l’évolution des membres du comité sur le site de la revue, car de nouvelles personnes ont accepté de le rejoindre quand d’autres sont aujourd’hui parties pour d’autres responsabilités ou tout simplement à la retraite. Signalons également que la journée d’étude de la revue a eu lieu le 26 septembre 2024 autour de la thématique « Nouveaux enjeux, nouvelles pratiques pour former au travail par la simulation ». Vous pouvez si vous le souhaitez contribuer au dossier qui sera produit sur cette thématique : vous avez jusqu’au 30 novembre 2024 pour proposer un résumé.
2Vous trouverez, dans ce numéro, trois articles en varia abordant des thématiques différentes (éducation à la nage, gestion des risques en montagne, prévention en agriculture), mais apportant, chacun à leur façon, un regard nouveau sur l’activité, théorique ou/et méthodologique, susceptible d’être déployé sur d’autres thématiques. Les deux derniers se font en partie écho autour de la question de la diversité des représentations des risques et de la façon dont elles doivent évoluer dans le champ de la prévention de risques naturels dans un cas, liés à l’usage de produits toxiques dans l’autre. Ainsi, un premier article proposé par William Larosa et Serge Leblanc intitulé « La trame de l’enquête articulée avec le cours d’action pour étudier l’activité collective en contexte éducatif » propose cette articulation entre deux programmes théoriques. Il s’agit d’analyser et de soutenir la coopération entre des acteurs de statut divers collaborant pour enseigner le « savoir-nager ». Cela permet aux auteurs d’appréhender la construction des savoirs individuels sur le temps long ainsi que celle de l’activité consensuelle au sein du collectif. Un deuxième article, porté par Sandrine Caroly, Rafaël Weissbrodt, Ludovic Ravanel et Xavier Bodin, intitulé « Changement climatique et risques associés à la dégradation du permafrost : quels enjeux méthodologiques en ergonomie ? », propose une méthodologie construite de façon pluridisciplinaire entre ergonomie et géosciences. La visée est d’accéder aux représentations du risque d’une diversité d’acteurs du territoire et de contribuer à les transformer en vue de favoriser la gestion, au niveau de ce territoire, d’un risque émergent. Un troisième article, écrit par Louis Galey, Marion Albert, Fabienne Goutille, Julie Fredj, Adélaïde Nascimento, Caroline Jolly et Alain Garrigou, intitulé « Prévention construite en agriculture : contribution de l’ergotoxicologie à partir de trois recherches-actions », a pour ambition de transposer et d’adapter le concept de sécurité construite au monde agricole dans une perspective de « prévention construite » en visant de nouveaux apports théoriques et méthodologiques pour l’ergonomie et la santé au travail. Les auteurs soulignent l’importance d’une évolution des représentations des risques et des pratiques des acteurs de la prévention. Ils font état de leurs développements méthodologiques pour s’approcher de la prévention construite par les agriculteurs comme par d’autres acteurs intervenant en prévention de façon plus ou moins distante par rapport aux situations de travail.
3Ces trois articles en varia sont complétés par plusieurs dossiers. L’un est porté par Laurent Filliettaz et Laurent Veillard et s’intitule « Transmettre et apprendre dans des espaces hybrides : entre travail et formation ». À travers une introduction rédigée par ces deux coordinateurs du dossier, et sept articles qui constituent ce dernier, l’enjeu est d’apporter des éclairages sur les questions suivantes : comment l’activité de travail peut-elle constituer un objet de transmission ? Comment devient-elle apprenable ? À travers quels dispositifs et quelles médiations la rencontre entre le travail et la formation est-elle susceptible de faire sens pour les acteurs ? Vous trouverez ainsi l’article de Laurent Veillard, Jean-François Métral et Claire Masson intitulé « Apprendre à porter le regard sur les situations de travail : rôle des processus sémiotiques dans des espaces formatifs hybrides » dans le cadre d’une formation aux technologies de fabrication de fromages et de salaison. Celui de Hervé de Bisschop, Anaïs Loizon et Marie David, intitulé « Les sémioses à l’épreuve de l’hybridité dans le cadre d’une formation d’ingénieurs à l’activité managériale, simulée en halle technologique ». Celui d’Artémis Drakos, Jacques Theureau, Geneviève Filippi, Simon Flandin et Germain Poizat intitulé « L’activité réflexive des agents de terrain lors d’un dispositif de formation hybride qui intègre de la réalité virtuelle » dans le secteur de l’industrie nucléaire. Celui de Marianne Zogmal, Laurent Filliettaz et Anna Claudia Ticca, intitulé « “On peut pas tout voir”. Parler du travail dans des situations de formation : un dispositif d’analyse du travail hybride centré sur l’interaction » dans le secteur de l’éducation de la petite enfance. Celui de Dominique Trébert, Marianne Zogmal et Camille Montefusco intitulé « “Je te montre comment on fait et tu lui expliques comment on fait”. Entre production et formation : la part hybride de la monstration en travail social ». Celui d’Ayla Bimonte intitulé « La fabrication contextuelle de l’hybridité en entreprise sociale : l’accompagnement socio-professionnel en situation de travail ». Et enfin, celui de Camille Montefusco intitulé « L’hybridité cachée de la mise au travail en situation de stage en travail social : “tu dis quand tu as besoin d’aide” ».
4Un deuxième dossier est porté par Nadia Heddad et Yvon Haradji à la suite de deux séminaires qui ont eu lieu à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne en juin 2022 et juin 2023 autour d’une double thématique reliée : le premier a pour titre « Évolutions de la prescription – Évolutions de l’intervention » et le second « Dissonances dans le travail, interpellations contemporaines de la prescription ». Ce dossier comprend également, outre l’introduction du dossier, écrite par Nadia Heddad, sept articles. Vous découvrirez ainsi l’article de Marion Albert, Louis Galey, Alexandre Charbonneau et Alain Garrigou, intitulé « Conception des pulvérisateurs et réglementation applicable : des sources de prescription à l’origine de difficultés d’usage et de situations d’exposition aux pesticides pour les viticulteurs ». Celui de Laurence Belliès, intitulé « Ressources et limites de l’intervention ergonomique en conception pour interroger la prescription », qui interroge aussi l’intervention ergonomique en tant qu’ergonome interne. Celui de Félix Jourdan intitulé « Abattage des bovins : contrôle de l’état de conscience et fluidité industrielle ». Celui d’Aurélie Landry et Sandrine Caroly intitulé « Analyser les pôles du sens de l’activité pour accompagner les nouvelles prescriptions du travail » à partir d’un exemple en conception robotique. Celui de Christelle Casse intitulé « Des prescriptions aux ressources pour l’intervention en ergonomie » et s’appuyant pour cela sur une diversité de cas. Celui de Francisco Lima et Francisco Duarte intitulé « L’intervention comme conception organique : conduite de projet et coopération sociale » mobilisant plusieurs interventions dans l’industrie pétrolière et dans les coopératives de collecte de matériaux recyclables. Enfin, celui de Patricio Nusshold intitulé « Accélération du rythme et flexibilisation. Le cas de la dégradation de la délibération dans un service comptable ».
5Enfin, trois articles sont rattachés au dossier intitulé « Représenter l’activité dans la conception » porté par Vincent Boccara, Laurent Van Belleghem, Marc-Éric Bobillier Chaumon, Yvon Haradji, Alexandre Morais et Moustafa Zouinar dont la première partie a été publiée dans le volume 21-1 d’avril 2024. Celui de Marlène Cheyrouze et Béatrice Barthe intitulé « (Re)concevoir les temps, le travail et les temps de travail à partir de la simulation : proposition théorique et méthodologique » en secteur hospitalier. Celui de Marie Chizallet, Leïla Cassim Cadjee et Aurélie Veiga intitulé « Quand la conception d’un outil de travail amène à la conception du travail : cas de deux agriculteurs-concepteurs en conversion à l’agriculture biologique ». Enfin celui de Zoé Bonnardot, Pascal Salembier et Yvon Haradji intitulé « Apport de la modélisation dans un projet de conception : rendre compte de l’expérience par la visualisation » dans le secteur de l’énergie.
6Vous trouverez aussi d’autres contributions à ce numéro. Tout d’abord, une recension réalisée par Yannick Lémonie qui poursuit pour les lecteurs de la revue ses recensions autour d’ouvrages produits par les collègues s’inscrivant dans le courant de la théorie culturelle et historique de l’activité. Ici, il s’agit du livre rédigé par Yrjö Engeström, intitulé « Concept Formation in the Wild » et paru en 2024, apportant des éclairages nouveaux sur la formation collective des concepts (au sens que ce terme prend dans ce cadre théorique). Ensuite, des résumés de thèse. Celui de Maxime Boutrouille dont la thèse s’intitule « Vers l’acceptation de robots industriels : conception centrée sur l’opérateur humain d’un logiciel robotique au sein d’une industrie 4.0 ». Elle vise entre autres à investiguer l’acceptabilité d’un logiciel robotique et d’un robot, mais également l’impact d’une démarche de conception centrée utilisateur sur l’acceptabilité de ces systèmes en s’appuyant sur le continuum acceptabilité-acceptation pour modéliser le processus d’adoption d’une technologie robotique. Celui de Clémence Brun, dont la thèse s’intitule « Influence de l’intolérance à l’incertitude sur la prise de décision dans le domaine de la santé ». La thèse mobilise la notion de pensée critique et souligne son importance dans le raisonnement clinique conduit tant par le professionnel de santé que par le patient. Il s’agit alors d’étudier l’activité de pensée critique et analyser ses processus décisionnels lors d’un raisonnement en contexte de prise de décision de santé et d’évaluer spécifiquement l’influence de l’intolérance à l’incertitude sur la mise en œuvre de cette activité ainsi que sur le raisonnement clinique. Enfin, vous pourrez lire le résumé de la thèse de Clément Colin intitulée « Ergonomie des artefacts partagés : de la conceptualisation des activités de partage à l’élaboration et validation de principes de partageabilité ». Le travail réalisé vise à proposer des principes de partageabilité, issus d’une étude bibliographique, puis à questionner la façon dont ces principes constituent ou non une modélisation valide et efficace pour aider les concepteurs de systèmes de partage dans leurs tâches, en général, et en mobilité partagée, en particulier.
7Nous souhaitons aussi vous inviter à revisiter les travaux de Jacques Leplat, qui a tant œuvré pour la communauté et a été un compagnon de la revue à travers les multiples recensions qu’il a réalisées jusqu’à peu de temps avant sa disparition. Signalons aussi l’intérêt porté par Régis Ouvrier-Bonnaz, psychologue de l’orientation, décédé récemment, à l’histoire de l’ergonomie de l’activité et son souci de conservation d’articles fondateurs de la discipline. Enfin, rappelons aussi le dialogue entretenu par Anni Borzeix, sociologue du travail qui nous a aussi quittés récemment, sur les proximités et différences entre sociologie et ergonomie quant à l’analyse du travail et de l’activité.
8Comment souvent, ce numéro illustre parfaitement la diversité des disciplines et des courants théoriques qui traversent les travaux que la revue accueille pour traiter des activités finalisées ! Nous vous remercions de votre intérêt et de vos contributions à la revue et nous vous souhaitons une bonne lecture.
Pour citer cet article
Référence électronique
Marianne Cerf, Justine Forrierre, Yvon Haradji, Nadia Heddad et Alexandre Morais, « Éditorial », Activités [En ligne], 21-2 | 2024, mis en ligne le 15 octobre 2024, consulté le 14 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/activites/9755 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12huc
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