Éditorial
Texte intégral
1Avant de vous présenter le contenu de ce numéro d’octobre 2023, nous souhaitons partager plusieurs changements à venir pour notre revue. Le premier est l’annonce par Véronique Turbet Delof de son souhait de se retirer de la revue et de profiter pleinement de sa retraite. Véronique a accompagné la revue depuis tant d’années que nous n’imaginions pas qu’un jour il nous faudrait faire sans elle. Elle a été de chaque rendez-vous pour relire les articles, finaliser leur mise en forme, corriger les coquilles et contacter chaque auteur et autrice pour valider les modifications. Un travail précieux, précis, et très apprécié par l’ensemble de la communauté qui en a bénéficié. Un chaleureux merci pour ce compagnonnage de longue haleine. C’est sûr, Véronique va nous manquer, mais nous lui souhaitons de profiter au mieux des jours et années à venir. Le deuxième changement concerne la taille des articles soumis à la revue. Bien que le format électronique ne soit pas contraignant, nous proposons aux auteurs de situer le nombre de mots de leurs articles en varia ou dans les dossiers entre 6 000 et 15 000 mots, bibliographie comprise. Cette information sera bientôt mise sur le site. Et c’est le troisième changement : notre site va évoluer tant sur sa ligne graphique, que sur ses rubriques qui seront traduites en anglais pour envisager le référencement de la revue dans Scopus. Nous souhaitions également partager une dernière information : la journée d’étude de la revue sur « Le corps dans l’activité à l’heure de la dématérialisation » a réuni une soixantaine de personnes (public, organisateurs et intervenants) le 28 septembre 2023 et fera l’objet d’un dossier. Si vous souhaitez contribuer à ce dossier, merci de soumettre un résumé de votre proposition pour le 30 novembre 2023 à l’adresse habituelle (soumission@activites.org).
2Que contient ce numéro ? 5 articles en varia, un dossier consacré à « l’ergonomie au prisme du développement durable : accompagner les transitions des organisations et les transformations de l’activité », 3 résumés de thèse, et 3 recensions.
3Le premier des articles en varia est proposé par Damien Cromer, Antoine Bonnemain et Fabien Coutarel s’intitule « Du développement du pouvoir d’agir au développement des marges de manœuvre : un exemple d’intervention ». Les auteurs proposent de traiter des rapports entretenus entre les deux notions de « pouvoir d’agir » et de « marges de manœuvre » dans une intervention, pour une problématique de TMS dans une maison d’accueil pour personnes âgées. La mise en place d’un dialogue sur la qualité de vie au travail est ainsi l’occasion de pointer comment « manœuvrer les marges » tant au niveau des situations de travail que dans l’organisation. Le deuxième article, porté par Hervé de Bisshop et Jean-François Métral, intitulé « L’activité de l’encadrant : savoir adopter la perspective de l’activité d’autrui » fait état d’un travail compréhensif de l’activité d’un encadrant au cours d’un stage d’aguerrissement d’élèves-officiers de l’armée de terre. L’activité de l’encadrant est appréhendée non seulement à partir de ce qu’il fait, mais aussi de ce qu’il vit et expérimente en lui et avec autrui. Les auteurs mobilisent la didactique professionnelle pour dévoiler l’organisation de l’activité par laquelle un encadrant se forge un point de vue sur l’activité de ceux qu’il encadre. Valentin Lamarque, Adélaïde Nascimento, Leïla Boudra, Guillaume Swierczynski et Alain Garrigou, dans leur article intitulé « Co-construire une méthode de prélèvement de surface pour les médicaments anticancéreux : vers de nouveaux apprentissages pour la prévention des expositions à des produits chimiques » présentent une intervention en cours auprès de professionnels de soin en chimiothérapie. En mobilisant l’ergotoxicologie et l’approche de l’apprentissage expansif, ils mettent en lumière la façon dont ils s’y prennent pour rendre les travailleurs acteurs de la prévention et de leurs situations de travail dans une première étape de leur intervention. Ils exposent comment ils co-construisent avec les travailleurs le choix des surfaces de prélèvements des contaminants et favorisent ainsi la production de connaissances sur l’exposition à ces produits. Un article d’Arnaud Laurin-Landry et de Marie-Yvonne Merri, intitulé « Une conceptualisation du discours interne en sport dans une perspective vygotskienne » s’appuie sur l’étude d’un skieur de bosse de haut niveau. Les auteurs développent un modèle pour rendre compte de la fonction instrumentale que jouent, pour ce skieur, certains mots clés qu’il se formule intérieurement au cours de la descente. Enfin, le dernier article en varia est celui de Aline Alleyrat, Laurence Durat et Mathieu Scholl intitulé « Les RPS, des épreuves professionnelles à transformer pour les chefs de service de la protection de l’enfance ». Les auteurs s’attachent à identifier la façon dont la conception du management des chefs de service dans la protection de l’enfance éclaire leur prise en charge des situations réelles de RPS. Pour cela, ils s’appuient sur la didactique professionnelle et explorent comment ces « épreuves », que sont de telles situations critiques, peuvent devenir source d’apprentissage. Ils mettent en lumière l’enjeu de créer des espaces pour construire une représentation partagée entre les différents acteurs intervenant dans la prévention et le traitement de ces situations.
4Ces cinq articles en varia sont complétés par le dossier intitulé « L’ergonomie au prisme du développement durable : accompagner les transitions des organisations et les transformations de l’activité » et porté par Chloé Le Bail, Marie Chizallet, Magali Prost et Leïla Boudra. Dans ce dossier, vous trouverez, outre une introduction de ces coordinatrices du dossier, un premier article de Julie Lassalle et Adélaïde Amelot intitulé « Appropriation de technologies pour la transition énergétique : apports de l’approche instrumentale pour la conception ». À partir d’une étude conduite à l’occasion de l’expérimentation conduite dans des foyers pour une smart-grid, et en mobilisant une approche instrumentale de l’activité, les auteures montrent que les informations fournies s’avèrent insuffisantes pour infléchir les comportements de consommation énergétique malgré l’intention initiale des concepteurs. Julien Guibourdenche et Myriam Fréjus, dans leur article intitulé « Concevoir pour l’activité de travail orientée vers l’action publique : le cas d’un Plan Climat-Air-Énergie Territorial », relatent un travail conduit dans un EPCI (établissement public de coopération intercommunale) auprès d’élus et d’acteurs de l’administration qui les appuient dans la construction de cet instrument de politique publique qu’est le PCAET (Plan Climat-Air-Énergie Territorial). Outre la mise en évidence de classes d’activités récurrentes, de contraintes et de pratiques spécifiques associées à la production du PCAET, les auteurs pointent deux distinctions pour l’approche des instruments et du travail dans les contextes d’action publique en ergonomie : celle entre les instruments de travail et les instruments d’action publique ; celle entre l’action publique et l’activité de travail orientée vers l’action publique. Un troisième article, écrit par Yann Poley, Chloé Le Bail et Vincent Boccara intitulé « La prévention durable des risques professionnels au prisme du travail des préventeurs : le cas de conseillers en prévention de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) » restitue une intervention dans plusieurs caisses locales de la MSA. En se dotant d’un cadre ad hoc pour appréhender la notion de prévention durable telle qu’elle se construit dans la relation de service nouée par les préventeurs avec les entreprises auprès desquelles ils interviennent, les auteurs montrent que la qualité de cette relation est une condition à la durabilité de la prévention. Annie Jolivet et Valérie Zara‑Meylan proposent, dans leur article intitulé « Expérimentations en faveur du maintien en emploi des seniors : une analyse des configurations partenariales territoriales à partir de l’activité des chargés de mission de cinq ARACT » de considérer que les coopérations multi-acteurs peuvent favoriser un développement durable, et plus particulièrement la soutenabilité du travail. Elles développent une méthodologie avec les chargés de mission pour appréhender les expérimentations qu’ils mènent et en faire une analyse transversale. Cette dernière se fonde sur la notion de configuration partenariale territoriale pour rendre compte des spécificités de chaque coopération. Enfin, le dernier article du dossier, de Chloé Le Bail, Magali Prost et Marie Chizallet, s’intitule « Soutenir la conception collaborative de nouveaux objets de travail qui participent au développement durable : le cas d’un collectif d’enseignants-chercheurs en Sciences du Sport ». Il restitue une étude menée lors de deux ateliers de conception collaborative de nouveaux objets de travail au cours desquels ont été mobilisées onze Caractéristiques du Développement Durable (CDD) construites à partir de la littérature en ergonomie sur le développement durable. Il pointe le rôle de ces CDD dans la construction d’un sens commun, et discute les limites de ces ateliers avant d’envisager leur déploiement dans d’autres contextes.
5Vous trouverez aussi d’autres contributions à ce numéro comme les recensions. Celle réalisée par Pascal Simonet pour l’ouvrage de Sandrine Caroly intitulé « Le corps et la gestion des risques dans l’activité collective ». Celle proposée par Anaïs Loizon au sujet de l’ouvrage coordonné par Rémi Bonasio et Hélène Veyrac intitulé « Appropriations de nouvelles prescriptions. Activités en éducation scolaire ». Enfin, celle rédigée par Marianne Cerf concernant l’ouvrage de Corinne Gaudart et Serge Volkoff dont le titre est « Le travail pressé : pour une écologie des temps de travail ».
6Pour compléter, vous découvrirez aussi trois résumés de thèses. Celle de Fabienne Goutille intitulée « Ne plus ignorer les agriculteurs : contribution de l’ergonomie à la prévention du risque “pesticides” en milieu viticole ». Son travail mobilise l’ergotoxicologie et l’anthropologie dans une démarche de recherche-intervention. La première permet d’objectiver des expositions synchrones et successives, à une multiplicité d’agents chimiques et de produits de décomposition, au niveau des espaces de travail et à l’échelle de l’exploitation agricole. La seconde est particulièrement mobilisée pour structurer et mener l’analyse collective, par et avec les agriculteurs, de leurs situations de travail en vue de transformer les « situations critiques » qu’ils rencontrent. La deuxième de Simon Isserte s’intitule « Étude d’un dispositif de formation d’entraîneurs à des usages de technologies numériques au service de l’apprentissage d’actions collectives par les joueurs ». Dans le cas de l’entraînement au football, un dispositif expérimental a été conçu pour former des entraîneurs à des usages intentionnés de technologies cognitives avec l’ambition de leur permettre, par ce biais, d’être plus à même de favoriser l’apprentissage d’actions collectives par les joueurs. Les résultats permettent de décrire finement les activités menées par les entraîneurs et pointent la nécessité de concevoir les technologies numériques, la nature de l’activité d’intervention (ici l’entrainement), et l’objet de cette activité (ici l’action collective des joueurs) comme nécessairement consubstantiels. Enfin, la thèse d’Étienne Panchout s’intitule « La modélisation de la structure conceptuelle du triage par raisonnement clinique en situation d’accès direct du kinésithérapeute et les rôles sociaux de diagnostics d’exclusion, d’inclusion et d’orientation. Résultats de recherche et recommandations. La kinésithérapie devient par l’identification et la formation à de nouveaux savoirs experts une profession médicale à compétences définies au service de l’accès aux soins, de la qualité des soins et de la sécurité des patients ». En mobilisant une approche de didactique professionnelle, et des méthodes plurielles dont la simulation « haute-fidélité instrumentale », l’auteur met en avant les structures conceptuelles associées mobilisées par des experts pour effectuer une activité de triage, et pointe entre autres la façon dont s’articulent raisonnement analytique et non analytique dans cette activité. Ce travail permet ainsi la mise en lumière de savoirs experts à utiliser comme outil pédagogique par les formateurs et superviseurs cliniques pour guider les apprenants en kinésithérapie.
7Nous vous remercions de votre intérêt et de vos contributions à la revue et nous vous souhaitons une bonne lecture.
Pour citer cet article
Référence électronique
Marianne Cerf, Justine Forrierre, Yvon Haradji et Alexandre Morais, « Éditorial », Activités [En ligne], 20-2 | 2023, mis en ligne le 15 octobre 2023, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/activites/9058 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/activites.9058
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