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AccueilNuméros19-2Éditorial

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1Prenons tout d’abord l’occasion de la sortie de ce numéro pour évoquer la réussite de la journée d’études de la revue, qui a eu lieu le 30 septembre 2022 sur la thématique « représenter l’activité pour la conception » et qui a été l’occasion d’un dialogue fructueux entre ergonomes et d’autres concepteurs dont nous espérons pouvoir rendre compte ultérieurement dans un dossier au sein de la revue. Vous découvrirez dans ce numéro d’octobre 2022, 3 articles en varia, un dossier consacré à la notion d’écologie humaine proposée par Pierre Cazamian porté par Nadia Heddad et Alexandre Morais, 2 résumés de thèse, et 5 recensions.

2Le premier article proposé par Sylvie Leclercq et Alain Garrigou intitulé « Compréhension des perturbations accidentelles du mouvement dans l’activité dans une perspective de prévention » propose un cadre d’analyse de ces perturbations à partir d’une compréhension de ces accidents comme le résultat d’un échec des régulations opérées par le travailleur pour à la fois réaliser la tâche et préserver sa sécurité. Il s’agit d’appréhender ces régulations au cours de l’activité dans la perspective de comprendre la performance ou la mise en défaut du contrôle du mouvement. Le deuxième article, porté par Emmanuel Poirel, Patricia Dionne et Simon Viviers, intitulé « L’apport de l’auto-confrontation collective interprofessionnelle à la santé au travail : le cas d’une clinique de l’activité en milieu scolaire » repose sur un travail développé auprès d’un comité santé mis en place dans le cadre d’une démarche de santé au travail dans un établissement secondaire au Québec. Les auteurs mettent en lumière la façon dont l’auto-confrontation collective contribue au développement du pouvoir d’agir des membres de ce comité par un renouvellement du rapport entre le sens et l’efficience de leurs actions individuelles et collectives. Enfin, Tabatha Thiébaut-Rizzoni, Laurent Guillet, Julie Lassalle et Christine Chauvin, dans leur article intitulé « analyse de l’activité de démaillage : intérêt pour et dans la conception d’un filet de pêche biodégradable » mobilisent une approche instrumentale de l’activité et multi-niveaux (individuel, collectif pour le démaillage, place de celui-ci dans une journée de pêche) pour intégrer les résultats issus de cette analyse dans la conception, créer les conditions d’un dialogue entre pêcheurs et concepteurs du filet. Les auteurs dessinent ainsi la possibilité d’une démarche de co-construction de pratiques mêlant des enjeux de prévention de perte des filets (identifier en amont et avec les pêcheurs les causes de la perte des filets), d’amélioration de santé au travail (limiter les sollicitations des membres supérieurs) et de préservation de l’environnement (limiter la pêche des captures indésirables).

3Ces trois articles en varia, sont complétés par le dossier « Penser le travail dans une écologie humaine : quelle actualité de la proposition de Pierre Cazamian ? » introduit par Nadia Heddad et Alexandre Morais. Dans ce dossier vous trouverez, outre une introduction, un premier article d’Olivier Landau, intitulé « La relation humain–machine au temps du numérique : fin du taylorisme ou prolétarisation généralisée ? » présente un point de vue. Il revient sur un entretien de Pierre Cazamian dans le journal Le Monde, pour discuter la façon dont le numérique s’inscrit dans le travail et nos sociétés. Afin d’éviter l’écueil d’une absorption de l’homme par la machine, il propose de considérer que les savoirs développés par les habitants soient la base de la maîtrise des machines dans nos sociétés afin de prendre soin de ses habitants et citoyens. Un deuxième article, d’Éric Hamraoui intitulé « L’ergonomie phénoménologique, champ de définition et lieu d’actualisation d’une écologie humaine » propose une lecture de l’œuvre de Pierre Cazamian. Il présente les apports de Cazamian au travers des sources qui l’ont inspiré et des « dialogues » qu’il a conduits en particulier avec les philosophes du courant phénoménologique. Un troisième article, écrit par Valérie Pueyo, intitulé « Contribuer à des futurs souhaitables pour répondre aux défis de l’Anthropocène : les apports d’une Prospective du travail » introduit les fondements d’une telle prospective, en définit les modalités pour l’intervention et propose un exemple pour illustrer cette proposition à la fois théorique et méthodologique. L’article d’Antoine Bonnemain, intitulé « Travail bien fait, pouvoir d’agir et écologie du travail », restitue une intervention en clinique de l’activité conduite dans le service de propreté de la Mairie de Lille pour développer une approche qui lui permette de dépasser les problèmes posés par Cazamian à propos de la coopération antagoniste. Il envisage le rôle de « sentinelles » du travail que peuvent exercer des référents métiers dans l’organisation pour signaler à l’avance l’étrangeté de situations jouant tant sur la qualité de vie au travail que sur des questions d’environnement dans ville. Enfin, l’article de Fabien Coutarel et Michel Récopé, intitulé « L’évaluation des interventions ergonomiques : pourquoi et comment questionner les interventions sous l’angle d’une ontologie relationnelle », définit ce qu’il faut entendre par une telle ontologie. Il pointe l’importance de prendre en compte l’expérience et le processus d’intervention en particulier la construction collective nécessaire pour réussir les interventions en prévention des TMS. Les auteurs proposent un programme de recherche autour d’une évaluation réaliste des interventions associée à une approche de l’expérience de l’intervention.

4Vous trouverez aussi d’autres contributions à ce numéro comme les recensions faites par Catherine Delgoulet sur l’ouvrage coordonné par Sébastien Chalies et Valérie Lussi Borer, « Activité et compétence en tension dans le champ de la formation professionnelle en alternance », par Gaëtan Bourmaud sur celui écrit par Philippe Veyrunes intitulé « Du petit paysan à l’agro-entrepreneur et après ? Activités de quatre générations dans les Garrigues gardoises (1920-2020) », ou encore celle rédigée par Sylvia Pelayo pour l’ouvrage coordonné par Simon Flandin, Christine Vidal-Gomel et Raquel Becerril-Ortega intitulé « Simulation Training through the Lens of Experience and Activity Analysis. Healthcare, Victim Rescue and Population Protection », par Joffrey Beaujouan pour l’ouvrage coordonné par Vanessa Rémery, Fanny Chrétien et Céline Chatigny, intitulé « Apprentissage et transmission de l’expérience en situation de travail. Dialogue entre formation d’adultes et ergonomie », et enfin celle proposée par Vanessa Rémery pour l’ouvrage rédigé par Christian Fassier et Dominique Lhuilier intitulé « Travail et transmission ».

5Enfin sont présentés deux résumés de thèses. Celui de Celina Slimi portant sur sa thèse intitulée « Transformation des situations des agriculteurs et agricultrices en transition agroécologique : analyse du soutien des collectifs de pairs par le prisme de la théorie de l’enquête ». L’auteure propose un cadre d’analyse permettant de comprendre comment des éléments qui ont émergé pendant les échanges entre pairs ont été intégrés au processus d’enquête d’un agriculteur en transition agro-écologique. Pour cela elle s’appuie sur une étude longitudinale menée auprès d’agriculteurs se rencontrant régulièrement lors de réunions « au champ et en ferme ». Elle propose aussi un cadre pour analyser le potentiel d’induction d’intermédiation au sein d’une communauté en ligne organisée au sein d’une coopérative pour soutenir les agriculteurs dans leurs transitions. Jeanne-Martine Robert, quant à elle, étudie la relance de la culture du tilleul dans les Baronnies provençales et aborde cette activité agricole et économique sur le mode d’une écologie du travail. Avec une approche visant à remonter dans le temps et à comprendre ce qui conduit ceux qui habitent, cueillent, commercialisent le tilleul, à parler de la vie et de la mort du tilleul dans ce territoire, elle s’attache à mettre en lumière comment le tilleul raconte des manières de « faire milieu ». Elle montre la diversité des liens tressés entre des humains et des arbres c’est-à-dire des manières de faire tenir ensemble cette multiplicité hétérogène qui rend possible la vie ce que cela veut dire aussi de faire avec tout ce qui nous traverse.

6Nous vous remercions de votre intérêt et de vos contributions à la revue et nous vous souhaitons une bonne lecture.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Marianne Cerf, Justine Forrierre, Yvon Haradji et Alexandre Morais, « Éditorial »Activités [En ligne], 19-2 | 2022, mis en ligne le 15 octobre 2022, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/activites/7899 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/activites.7899

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Auteurs

Marianne Cerf

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