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La constitution des collections méditerranéennes

Le médailler byzantin du musée départemental Dobrée1

Éric Limousin
p. 145-158

Résumés

Grand collectionneur nantais, Paul Soullard (1839-1930) s’est intéressé un temps à la numismatique byzantine. Constituée d’une trentaine de pièces, dont 14 sont éditées ici (du ixe siècle au xiie siècle), cette collection est caractéristique de la mode « orientalisante », voire « byzantinisante » qui ne se limite donc pas aux élites parisiennes mais atteint également une collectionneur autodidacte et provincial.

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Entrées d’index

Noms de lieux :

Nantes
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Texte intégral

  • 1 Liste des abréviations :
  • 2 Cet article doit beaucoup à la disponibilité et à la diligence des personnels du Musée Dobrée. Je p (...)

1Le médailler du musée Dobrée présente aux yeux de qui veut bien chercher des richesses parfois surprenantes. Ainsi, dans l’immense trésor numismatique du musée nantais, il existe un petit nombre de pièces byzantines2. Cette modeste collection peut se diviser en deux groupes : d’une part, les pièces de la période pré-iconoclaste, une petite vingtaine de pièces s’échelonnant entre Constantin et Justinien II († en 711) ; d’autre part, quatorze pièces datant du règne de Théophile (829-842) à celui de Manuel Ier Comnène (1143-1180). Ce sont ces dernières qui sont éditées ici.

  • 3 Voir la notice nécrologique dans le Bulletin Archéologique de Nantes, 1931, p. 11-16. Cette biograp (...)

2Cette collection correspond dans sa quasi totalité aux pièces byzantines de la collection de Paul Soullard. Né le 17 septembre 1839, à Nantes, cet homme est issu d’une famille de commerçants, son père étant ferblantier à Saumur. Paul Soullard possède la manufacture de plumes et duvets qui fournit certains lycées nantais en éléments de couchage. Il se retire très tôt, dès 1898, des affaires et se consacre dès lors aux études savantes. Déjà, le 7 janvier 1862, à 22 ans, il devient membre de la Société Archéologique de Nantes, société dont il sera le bibliothécaire-archiviste et le vice-président, il est également membre de l’Union régionaliste bretonne. Il devient également membre correspondant de la Société Française de Numismatique en 1904. Collectionnant les jetons et pièces occidentales, il devient rapidement un des spécialistes de la numismatique et de la sigillographie bretonne, ainsi que de l’histoire de Nantes. En 1911, selon les notes prises sur les « fiches » de sa collection, il profite d’un voyage à Constantinople pour acheter une série de pièces qu’il tente d’identifier, malheureusement cette velléité de diversification dans l’exotique s’arrête rapidement. Bref, ce fils de la petite bourgeoisie nantaise, formé au collège dit des Frères de Bel Air, cet « autodidacte de la science », selon l’éloge funèbre qui lui est consacré dans le Bulletin archéologique de Nantes, nous donne un parfait exemple de ces hommes qui sont les piliers des organismes de la culture dans les villes de province du xixe siècle. Comme nombre de ses contemporains, vivant de ses biens, il se consacre avec plus ou moins de bonheur à sa passion de l’étude, de l’érudition et à la fréquentation des cercles et sociétés savantes jusqu’à sa mort le 3 octore 19303.

3Nous avons donc un maigre corpus de 14 pièces qui se répartissent entre 5 pièces d’or dont 4 appartiennent à la collection Soullard et 9 pièces de bronze dont 3 ne proviennent pas de cette collection. Elles seront éditées et décrites selon leur type et selon la chronologie.

I- Les nomismata

1. Nomisma de Théophile

  • 4 Chlamyde: long manteau pourpre, attaché par une fibule sur l’épaule, c’est le vêtement civil symbol (...)
  • 5 Stemma: désigne à Constantinople les couronnes en bandeau avec croix.
  • 6 Akakia: Petite bourse en soie.

4Avers : buste de face de l’empereur Théophile, barbu, vêtu de la chlamyde4, portant le stemma5, dans la main droite une croix patriarcale et dans la main gauche akakia6.

5La légende circulaire :

6Revers : Deux bustes de face, vêtus de chlamyde, portant stemma, une croix dans le champ entre les deux têtes. L’un, barbu, est le prédécesseur de Théophile, son père Michel II (820-829). L’autre, plus petit, plus jeune et imberbe est Constantin, le fils aîné de Théophile qui meurt en 830/831.

7Légende :

8Transcription de la Légende : Qeofivlo~ basileu;~ É Micah;l (kai;) Kwnstanti~no~

9Poids et diamètre : 4,28 g. ; diamètre 2 cm.

10Je profite de cette pièce pour montrer la méthode de collectionneur de Paul Soullard. Chaque pièce est classée avec une fiche ronde comprenant le règne de l’empereur ; le type de la pièce ; la description de l’avers avec la légende et la description, même chose pour le revers ; la référence dans le Sabatier ; le prix d’achat ou l’estimation.

  • 7 DOC 3/1, p. 409.
  • 8 Les historiens se posent encore la question de l’âge de Théophile au moment de sa prise du pouvoir, (...)
  • 9 O. Delouis, « Byzance sur la scène littéraire française (1870-1920) », dans M.-F. Auzepy, Byzance e (...)

11De ces « petites » fiches et de ce premier exemple, on doit déduire que les compétences de Paul Soullard en histoire byzantine sont sujettes à caution. La première erreur d’attribution à Michel III au lieu de Michel II est excusable et compréhensible. En effet, la représentation d’un prédécesseur est difficile à connaître pour un non-spécialiste, d’autant plus que cette pratique n’est pas fréquente chez les empereurs byzantins. Cette habitude de former une « galerie de portrait » de tous les membres mâles de la lignée ayant régné, se retrouve en particulier chez les empereurs isauriens du viiie siècle7. De plus, la représentation d’un grand Michel et d’un petit Constantin interdit toute identification avec les deux fils de Théophile. En effet, parmi les 7 enfants répertoriés de Théophile, Constantin est l’aîné et Michel le septième enfant et second fils. Constantin, lui, est né avant la montée sur le trône de son père et meurt peut-être avant 830/831, sûrement avant 835, dans tous les cas avant la naissance de Michel qui a lieu en 8408. Mais il est surtout difficile de comprendre comment P. Soullard a pu attribuer cette pièce à Constantin VIII (1025-1028). C’est commettre une aberration chronologique de près de 200 ans alors que les ouvrages d’initiation à la période byzantine sont d’accès assez facile dans les premières années du xxe siècle9.

12En revanche, les compétences de lecture de Paul Soullard sont bien meilleures, la légende est parfaitement lue, ajoutant même la marque d’atelier de Constantinople (Q), atelier qui domine pendant cette période.

13Il s’agit du nomisma de type 04 selon C. Morrisson, de classe III/d selon le DOC). C’est un des rares exemples d’utilisation dans le monnayage byzantin de la représentation du prédécesseur de l’empereur, ici Michel II son père. Selon les spécialistes, il s’agit très probablement d’une pièce commémorative qui peut être destinée à l’Occident. Cela peut d’autant plus se comprendre que Michel comme Constantin sont à l’époque de cette frappe de commémoration tous les deux décédés. Très fréquente dans les différentes collections, cette pièce a probablement été frappée jusqu’à l’avènement du jeune Michel III en 840.

14Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 514-515, 523, pl. LXXII, DOC 3/1, p. 407-412 ; 425-427, pl. XXII ; Sabatier, pl. XXIII, n° 13 ; A. I Dikiguropoulos, « The Constantinopolitan solidi of Theophilus », DOP 18 (1964), p. 353-361.

2. Nomisma de Constantin VII Porphyrogénète

15Avers : Buste du Christ trônant, avec le nimbe crucigère de trois perles dans chaque montant, il tient les Évangiles en main gauche.

16Légende :

  • 10 Iôros : vêtement consulaire, réduite à une longue écharpe cloisonnée portée sur le divitision.

17Revers : Buste de deux empereurs un barbu, plus grand, portant stemma et lôros10 (Constantin VII Porphyrogénète) et un légèrement plus petit, portant stemma et chlamyde, imberbe (Romain II) tenant tous les deux par la main droite une croix patriarcale à long manche.

18Légende :

19Transcription de la Légende : ∆Ih(sou~)~ Cr(istov)~ rex regnantium É Kwnstantivno~ (kai;) ÔRwmavno~ Aujg(oustouv~) b(asilei~~) ÔR(wmaivwn)

20Poids et diamètre : 4,35 g, 1,9 mm

21Cette pièce n’appartenait pas à la collection de Paul Soullard mais sa provenance n’a pas été précisée. Il s’agit d’un nomisma de Constantin VII Porphyrogénète de Classe XV, très commun et au dessin très classique, frappé à partir du 6 avril 945 et jusqu’au 9 novembre 959.

22Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 564-565 et 569, 523, pl. LXXVII, n° 16 ; DOC 3/2, p. 535-536 et 552-553, pl. XXXVII.

3. Nomisma histamenon de Romain III Argyros

  • 11 Kolobion: longue tunique avec ou sans manche, notamment du Christ sur la croix.

23Avers : le Christ nimbé crucigère, assis sur un trône à dossier, portant tunique et kolobion11, bénissant de la main droite et tenant les Evangiles.

24Légende circulaire :

  • 12 Præpendoulia: Accrochées à la couronne, elles sont de nouveau utilisées à partir du ixe siècle.
  • 13 Maphorion: manteau pourpre, couvrant la tête et les épaules, porté traditionnellement par la Théoto (...)

25Revers : Empereur, main droite sur la poitrine, portant le lôros modifié, le stemma et præependoulia12 tenant le globe crucigère, couronné de la main droite par la Vierge, nimbée portant tunique et maphorion13 au dessous des Sigles. Sur les deux faces, double bordure de grènetis.

26Légende circulaire :

27Transcription de la Légende : ∆Ih(sou~)~ Cr(istov)~ rex regnantium É Q(eotov)ke bohvq(ei) ÔRwmanw/~

28Poids et diamètre : 5,03 g 3,4 cm.

  • 14 Michel Psellos, Chronographie, I, 3.7-11.

29Cette pièce, montée en médaillon, attire l’œil du collectionneur P. Soullard par son aspect esthétique. La qualité de la frappe et la teneur en or ramène cette pièce à la période de Romain III Argyros (1028-1034) plutôt qu’à celle de Romain IV Diogénès (1067-1071). De plus, le premier de ces empereurs est connu pour son attachement à la Vierge, et l’iconographie mariale se développe sous son règne14. Sur les 33 nomismata repérés dans le DOC, 10 sont de ce type.

30Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 626, pl. LXXXIV, n° 4 ; DOC 3/3, p. 711-712 et 717 ; pl. LVI. Dobrée : N. 5402 Coll. P. Soullard

4. Nomisma hyperpèron d’Alexis Ier Comnène

31Avers : Christ barbu et avec le nimbe crucigère, portant tunique et kolobion, sur un trône sans dossier, bénissant et tenant les Evangiles en main gauche.

32Légende circulaire :

  • 15 Divitision: tunique de soie parfois confondue avec le skaramangion, ODB II, p. 639.
  • 16 Labarum: Cette enseigne militaire romaine christianisée par Constantin devient un des principaux em (...)

33Revers : Empereur debout portant tous les insignes impériaux : stemma, divitision15, chlamyde, en main droite labarum16 avec sceptre, en main gauche le globe crucigère, main de Dieu dans le champ.

34Légende en deux colonnes : à droite :

35à gauche :

36Comme souvent la légende se poursuit d’une face à l’autre, ce qui donne la légende complète suivante : K (uvri)e b(ohv)q(ei)Ô Alexiw/ despovth/ tw/~ Komnhnw/~

37Poids et diamètre : 4,34 g ; 3,1 cm.

38À noter que cette fois-ci, Paul Soullard commet une erreur de numismate, confondant avers et revers. En retirant la place d’honneur au Christ, Soullard commet une faute de lecture, preuve de sa maîtrise insuffisante de la grammaire grecque.

  • 17 Sur la question de la réforme monétaire d’Alexis Ier Comnène, voir C. Morrisson, « Monnaie et finan (...)

39Nous avons là un exemple du monnayage d’Alexis Comnène postérieur à la réforme de 1092. En effet, il prend à cette date une série de décisions monétaires qui visent à donner une nouvelle monnaie solide à l’empire : le nomisma hyperpèron tient compte des 50 ans de crise monétaire17.

40Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 676, pl. XCV, n° 01 ; DOC 4/1, p. 192-194, p. 214-216, pl. III, n°20b1, Sabatier, p. 186, n° 2

5. Nomisma hyperpèron de Manuel Ier Comnène

41Avers : Buste du Christ « emmanuel » imberbe et nimbe crucigère, avec croix et perles, bénissant de la main droite, il tient le volumen, entre les Sigles (IC XC),

42inscription circulaire :

43Revers : Figure en pied de l’empereur barbu, portant stemma, divitision et chlamyde, portant le labarum dans la main droite, dans la main gauche le globe avec une croix patriarcale, la main de dieu est représentée dans le coin droit.

44Légende : à droite :

45à gauche :

46Transcription de la Légende : K(uvri)e b(ohv)q(ei) Manouhvl despovt(h/) tw/~ porfurogennht(h/)

47Poids et diamètre : 4,37 g, 2,8-3 cm

48Paul Soullard commet la même erreur que sur la pièce précédente, maltraitant à la fois les règles de la numismatique byzantine et celle de la grammaire. Cette pièce doit dater des années 1160-1164.

49Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 707-708, 523, pl. XCVII, n° 8 ; DOC 4/1, p. 281 et 290-295, pl. XI, 1.C.2, Sabatier, p. 207, n° 3

II- Le monnayage de bronze

6. Follis de Léon VI le Sage

50Avers : Frappe légèrement décentrée. Buste de Léon, avec une courte barbe de face, vêtu de la chlamyde et portant couronne avec croix, sur l’épaule droite une « rondelle » avec une perle au centre. Dans la main gauche, l’akakia.

51Légende circulaire au dessus du buste :

52Revers : Inscription de 4 lignes :

53Transcription de la Légende : Lew~n basileuv~ ÔRwm(aviwn) É à Lew~n ejn Qew/~ basileuv~ ÔRwm(aviwn)

54Poids et diamètre : 6,03 g ; 2,5 cm

55C’est une pièce très commune, avec près de 63 modèles différents. Elle est à l’origine d’un type, le n° 3, qui est ensuite imité jusqu’à Constantin VII Porphyrogénète. On peut émettre l’hypothèse qu’il s’agit du dernier type du règne de Léon VI. L’akakia symbolise traditionnellement la souveraineté mais à partir des Macédoniens, elle cède peu à peu la place à la croix, au globe.

56Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 555, pl. LXXVI, n° 21 ; DOC 3/2, p. 510-511 et 518-519 ; pl. XXXV

7. Follis de Romain Ier Lécapène

57Avers : Buste de Romain Ier Lécapène barbu, assez effacé, portant chlamyde et lourde couronne avec croix. dans la main droite un sceptre trifolié, globe crucigère dans la main gauche.

58Légende circulaire au dessus du buste :

59Revers : Inscription de 4 lignes :

60Transcription de la Légende : ÔRwmavno~ basileuv~ ÔRwm(aviwn) É à ÔRwmavno~ ejn Qew/~ basileuv~ ÔRwm(aviwn)

61Poids et diamètre : 6,99 g ; 2,5 cm

62P. Soullard avait attribué cette pièce à Romain II (959-963), or à notre connaissance, il n’existe pas de monnayage de bronze de cet empereur. De plus, cette pièce ressemble à un type bien connu (follis de type 3 selon Morrisson) du règne de Romain Ier Lécapène (931-944) qui marque la transition entre le buste traditionnel et l’apparition du type de l’empereur âgé (type 25.a).

63Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 575-576, 523, pl. LXXVIII, n° 51 ; DOC 3/2, p. 538 et 562, pl. XXXVIII. Sabatier, p. 131, n° 2

8. Follis anonyme de classe A2-1-a

64Avers : un buste du Christ barbu « emmanuel » croix nimbée avec une perle, portant tunique et himation et tenant le livre avec traces d’épigraphie des Sigles de chaque côté,

65Inscription circulaire :

66Revers : Légende sur le modèle « Jésus Christ roi des rois », Inscription de 4 lignes :

67Transcription de la Légende : ∆Ihs(ou~)~ Crist(o)~ basileuv~ basile(w~n)

68Poids et diamètre : 11,68 g ; 3,1 cm

69Cette pièce de bronze a suscité une littérature surabondante. À l’origine, le follis anonyme est une innovation de Jean Ier Tzimiskès datant de 972. Ce type parcourt ensuite tout le xie siècle. Cet exemplaire correspond plus sûrement à une frappe de Basile II (976-1025) ou de Constantin VIII (1025-1028). Ce sont les considérations stylistiques qui permettent de différencier les nombreux types de follis anonymes : ici c’est la décoration finale de la légende (- -  - -) et le nombre de perles dans la croix du nimbe.

70Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 596-598 ; DOC 3/2, p. 635-647 et 650, pl. XLVIII ; Sabatier, p. 143, n° 8

9. Follis anonyme de classe A ?

71Avers et revers : voir pièce précédente

72Poids et diamètre : 10,88 g ; 3 cm, manque une partie

73Cette pièce semble être le même modèle que la pièce précédente mais l’usure rend la pièce beaucoup moins lisible. À noter la ré-attribution par P. Soullard de la pièce à Jean Ier Tzimiskès après une attribution à Justinien II (ou l’inverse). Il faut noter que les deux fiches ne sont pas de la même main.

10. Follis Anonyme de classe K

74Avers : Buste du Christ avec croix nimbée à une perle portant tunique (?), bénissant et tenant le livre entre les Sigles :

75Revers : Verge à mi-corps, nimbée, orante, portant tunique et maphorion, entre les Sigles (?), bordure de grosses perles.

76Poids et diamètre : 5,57 g ; 1,5 cm

  • 18 Voir note précédente et M. Hendy, Coinage and money in Byzantine Empire (1081-1204), Washington, 19 (...)

77Cette monnaie de bronze anonyme se situe à la fin de l’histoire des folleis anonyme et date du règne d’Alexis Ier entre 1085 et 109218. Elle n’appartenait pas à la collection Soullard.

78Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 586 et 605 ; DOC 3/2, p. 638 et 702-704, pl. LXVIII.

11. Tétartèron de Jean II Comnène

79Avers : Christ debout entre les Sigles, d’après les pièces parallèles, barbu et nimbé, portant tunique et kolobion, tenant les Evangiles dans la main gauche.

80Revers : Buste de l’empereur barbu portant chlamyde, stemma, labarum ou sceptre (?) et globe crucigère. Traces d’une légende qui indique :

81Transcription de la Légende : ∆Iw(avnnh/) despovth/

82Poids et diamètre : 1,78 g ; 1,5 cm

83Il s’agit d’une monnaie de Jean II, un tétartèron type A (le type B est à l’effigie de saint Dèmètrios). Cette pièce est frappée à Thessalonique entre 1122 et 1137.

84Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 698, pl. XCVI, n°AE/08 ; DOC 4/1, p. 249-251, pl. X (16 a.5).

12 et 13. Tétartèron noummion de Manuel Ier Comnène

85Avers : buste du Christ avec nimbe crucigère, portant tunique et kolobion, bénissant et tenant le Livre entre les Sigles.

86Revers : Buste de l’empereur imberbe, lôros en panneau, labarum (?) sur un long manche, globe crucigère. (d’après les pièces parallèles)

87Légende : illisible :

88dans la mesure du lisible (légende présente sur les pièces parallèles du DOC)

89Transcription de la Légende : Manouh;l desp(ovth/).

90Poids et diamètre : 3,15 g ; 2 cm ; Poids et diamètre : 3,12 g ; 1,5 cm

91Ces deux pièces s’apparentent au tétartèron noummion qui appartient au premier monnayage de Manuel Ier Comnène, entre 1143 et 1152. Le premier appartenait à la collection Soullard mais pas le second.

92Référence : C. Morrisson, Catalogue…, II, p. 715-716, pl. XCIX, n°AE/01 et 09 ; DOC 4/1, p. 283-284 et 323 ; pl. XVI 14.a.3, Sabatier, p. 207 ; n° 19.

14. Follis de Léon V

93Cette dernière pièce, découverte à Marzun, doit être éditée prochainement par G. Salaün.

Conclusion

94Cette brève incursion dans le domaine de la numismatique byzantine a pour principal résultat de faire le point sur la collection byzantine du musée Dobrée. Il est remarquable de noter qu’il s’agit essentiellement de la collection privée d’un homme, collection versée en bloc dans les collections, avec quelques rares ajouts ultérieurs.

95On peut considérer que la constitution par Paul Soullard de cette collection « exotique », est tout à fait dans l’air du temps. En effet, dans les années 1880-1930, Byzance est à la mode et cette mode se traduit par un développement de la connaissance de la culture byzantine chez les élites cultivées de la IIIe République avant et après la Grande Guerre. Ce « moment byzantin » laisse des traces dans l’historiographie française (Schlumberger, Diehl, Bailly), dans l’architecture (les construction néo-byzantines comme le Sacré-Cœur de Paris ou celui de La Roche-sur-Yon) et il atteint, avec plus ou moins de bonheur, les érudits locaux avec cet embryon de collection byzantine chez un numismate nantais.

96On est en droit d’espérer qu’une telle collection ne soit pas une météorite dans un ciel byzantin vierge. On peut espérer que la collaboration entre les universités et les musées permettent de repérer toutes les richesses notables concernant le Moyen Âge oriental dans les collections du grand Ouest.

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Notes

1 Liste des abréviations :

Sabatier: J. Sabatier, Description générale des monnaies byzantines frappées sous les empereurs d’Orient depuis Arcadius jusqu’à la prise de Constantinople par Mahomet II, 2 vol., Bologne, 1974 (fac-similé de l’éd. de Paris de 1862).

C. Morrisson, Catalogue… : C. Morrisson, Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque nationale, 2 volumes, Paris, 1970.

DOC 3 : P. Grierson (éd.) Catalogue of Byzantine Coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection, vol. 3, Leo III to Nicephorus III, 717-1081, Washington, 2e éd. 1983.

DOC 4 : M. Hendy (éd.), Catalogue of Byzantine Coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection, vol. 4, Alexius I to Michæl VIII, 1081-1261, Washington, 1999.

DOP : Dumbarton Oaks Papers.

2 Cet article doit beaucoup à la disponibilité et à la diligence des personnels du Musée Dobrée. Je profite de cette occasion pour remercier chaleureusement M. le conservateur Jacques Santrot ainsi que le responsable du médailler, M. Gildas Salaün.

3 Voir la notice nécrologique dans le Bulletin Archéologique de Nantes, 1931, p. 11-16. Cette biographie est à compléter avec G. Salaün, « Paul Soullard, numismate et sigillographe nantais », à paraître dans le deuxième volume consacré à l’histoire de l’archéologie dans l’Ouest de la France.

4 Chlamyde: long manteau pourpre, attaché par une fibule sur l’épaule, c’est le vêtement civil symbolisant la suprématie politique de l’empereur.

5 Stemma: désigne à Constantinople les couronnes en bandeau avec croix.

6 Akakia: Petite bourse en soie.

7 DOC 3/1, p. 409.

8 Les historiens se posent encore la question de l’âge de Théophile au moment de sa prise du pouvoir, il a seize ans c’est certain, mais est-ce en 821, lorsqu’il est associé à son père ou en 829 lorsqu’il règne seul ? Cette question implique une naissance plus ou moins tardive de Constantin, mort noyé accidentellement dans une citerne du palais.

9 O. Delouis, « Byzance sur la scène littéraire française (1870-1920) », dans M.-F. Auzepy, Byzance en Europe, PU Vincennes, 2003, p. 101-151 ; dans le même ouvrage, on peut également consulter l’article de S. Ronchey, « La “femme fatale”, source d’une byzantinologie austère », p. 153-191.

10 Iôros : vêtement consulaire, réduite à une longue écharpe cloisonnée portée sur le divitision.

11 Kolobion: longue tunique avec ou sans manche, notamment du Christ sur la croix.

12 Præpendoulia: Accrochées à la couronne, elles sont de nouveau utilisées à partir du ixe siècle.

13 Maphorion: manteau pourpre, couvrant la tête et les épaules, porté traditionnellement par la Théotokos et qui indique sa dignité royale.

14 Michel Psellos, Chronographie, I, 3.7-11.

15 Divitision: tunique de soie parfois confondue avec le skaramangion, ODB II, p. 639.

16 Labarum: Cette enseigne militaire romaine christianisée par Constantin devient un des principaux emblèmes byzantins.

17 Sur la question de la réforme monétaire d’Alexis Ier Comnène, voir C. Morrisson, « Monnaie et finances dans l’Empire byzantin xe-xive siècle », dans V. Kravari, J. Lefort et C. Morrisson (dir.), Hommes et richesses dans l’Empire byzantin, vol II, Paris, 1991, p. 291-315.

18 Voir note précédente et M. Hendy, Coinage and money in Byzantine Empire (1081-1204), Washington, 1967, p. 75.

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Table des illustrations

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Pour citer cet article

Référence papier

Éric Limousin, « Le médailler byzantin du musée départemental Dobrée »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 115-2 | 2008, 145-158.

Référence électronique

Éric Limousin, « Le médailler byzantin du musée départemental Dobrée »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 115-2 | 2008, mis en ligne le 30 juin 2010, consulté le 15 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/abpo/342 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/abpo.342

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Auteur

Éric Limousin

Maître de conférences en histoire médiévale, université de Bretagne sud, centre de recherche d’histoire et de civilisation byzantine et du Proche Orient

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