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Bourgeois à Angers et seigneurs dans les Mauges. Le rayonnement de la famille issue du marchand Andefroy (XIe-XIIe siècles)

Teddy Véron
p. 35-53

Résumés

Déjà étudiée par deux historiens, la famille issue du marchand d’Angers Andefroy est un cas exceptionnel en Anjou du fait du grand nombre de textes qui l’éclairent, nous donnant la possibilité d’en reconstituer le lignage sur six générations. Cela représente une chance presque unique d’apercevoir les prérogatives des bourgeois que les sources du Moyen Âge central taisent le plus souvent. Il est dès lors possible d’échafauder des hypothèses sur l’origines des biens de cette famille par la proximité avec le pouvoir comtal et de conduire des réflexions sur les caractéristiques plutôt bourgeoises ou à l’inverse déjà très aristocratiques de plusieurs de ses membres. Cela nuance la lecture traditionnelle d’une opposition entre élites urbaines et élites rurales tout en renforçant l’image d’une société féodale pas encore figée dans laquelle les ascensions sociales pouvaient être assez fulgurantes.

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Texte intégral

1Étudier la société au Moyen Âge central (xie-xiie siècles) se limite le plus souvent à s’intéresser aux familles puissantes, celles de la plus haute aristocratie, les seules à être éclairées par assez de sources matérielles ou écrites pour qu’il soit possible d’analyser en profondeur leurs comportements et leurs prérogatives. Territoire relativement restreint géographiquement parlant, l’Anjou n’en demeure pas moins très bien documenté pour cette période grâce à la conservation d’un grand nombre d’actes de la pratique émanant de plusieurs abbayes – Saint-Aubin, Saint-Serge, Saint-Florent de Saumur, Le Ronceray, Saint-Nicolas, Fontevrault et en Touraine Marmoutier – pour ne citer que les plus célèbres. La richesse des cartulaires angevins permet ainsi de reconstituer le lignage de certaines familles de rang plus modeste comme celles des chevaliers, vassaux des seigneurs châtelains, mais aussi d’approcher l’univers des bourgeois. Au-delà de l'enquête passionnante, mais un peu vaine, qui est nécessaire à la reconstitution des généalogies, la possibilité de suivre ces familles sur plusieurs générations est en effet riche d’enseignements et surtout de questionnements.

  • 1 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers aux xie et xiie siècles », Annales de (...)
  • 2 Miyamatsu, Hironori n’a pas rejeté comme fausse une notice du cartulaire de Saint-Aubin (Bert (...)
  • 3 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10.
  • 4 Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers aux xie et xiie siècles : en (...)
  • 5 Ibidem, p. 12.

2La famille du bourgeois d’Angers Andefroy (Andefredus) est relativement bien connue car deux historiens l’ont déjà étudiée dans le cadre de leurs recherches sur la bourgeoisie de l’Ouest. Le premier à s’y être intéressé est le Japonais Hironori Miyamatsu qui, après avoir rappelé utilement l’historiographie de la question, entreprend la généalogie de cette famille de bourgeois d’Angers sur cinq générations (par les femmes) en les suivant pas à pas dans les chartes1. Il détaille de manière fort intéressante la fortune d’Aimery le Riche et de son frère Andefroy, bien qu’on ne puisse suivre l’auteur pour ce qui est de leurs dates d’apparition dans les sources2. Hironori Miyamatsu décrit ensuite la richesse des fils d’Andefroy, Bernier et Giraud, et montre enfin comment les nièces de ces derniers et leurs descendants se sont intégrés, souvent par mariage, à la petite aristocratie terrienne de la zone où la famille possédait des biens héréditaires3. Plus récemment, Bruno Lemesle a repris le dossier de cette famille pour démontrer que la bourgeoisie angevine était un groupe assez hétérogène, politiquement fragmenté et globalement plutôt modeste, tout en présentant des pistes stimulantes sur le devenir des bourgeois d’Angers au xiie siècle4. Ce travail met par ailleurs en lumière une relation particulière entre cette catégorie de population et la ministérialité comtale, en particulier avec le poste de prévôt d’Angers, sur laquelle nous reviendrons. Bruno Lemesle relativise enfin l’ascension sociale des descendants d’Andefroy. S’il leur accorde de s’être fondus dans l’aristocratie, il ne les qualifie que de « petits seigneurs vraisemblablement situés tout à la base de l’aristocratie5 ». Cette dernière affirmation semble devoir être nuancée au regard de nouvelles sources qui permettent de suivre cette famille sur davantage de générations.

Figure 1 – Généalogie de la famille issue du bourgeois Andefroy

Figure 1 – Généalogie de la famille issue du       bourgeois Andefroy

Une place importante dans le dispositif féodal des Mauges

  • 6 Sur la localisation des domaines angevins, voir Miyamatsu, Hironori, « Les premiers (...)
  • 7 Saint-Quentin-en-Mauges, département de Maine-et-Loire, arrondissement de Cholet, canton de (...)
  • 8 Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier (Touraine) et ses prieurés dans l’Anjou médiév (...)
  • 9 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 26, édité dans Véron, Teddy, L’intégration…, op. c (...)
  • 10 Sur les seigneuries des Mauges, nous nous permettons de renvoyer à Véron, Teddy, L’intégrat (...)
  • 11 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 1, édité dans Véron, Teddy, L’intégration…, (...)
  • 12 La « pyramide féodale » n’est qu’une métaphore utilisée ici par simple commodité.
  • 13 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 35, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutie (...)
  • 14 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 20, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n (...)

3En effet, malgré leur grande rigueur, les deux travaux de ces deux auteurs ne reposaient pas sur la connaissance de l’ensemble des possessions de cette famille qui, en plus de ses domaines à Angers et alentour, était bien implantée dans les Mauges6. C’est d’abord aux environs de Saint-Quentin-en-Mauges7 que Giraud, fils d’Andefroy, ainsi que ses descendants semblent bien possessionnés, comme le révèlent les actes des moines de Marmoutier implantés ici depuis le milieu du xie siècle et dont le chartrier vient d’être édité de manière très rigoureuse par Claire Lamy8. Ainsi, lors du jugement de Lambert Galafridus, descendant des prêtres de l’église de Saint-Quentin-en-Mauges qui avait indûment arraché des vignes appartenant aux moines, un plaid est organisé dans le village voisin de Sainte-Christine à la cour de trois personnages importants : Roger de Montrevault, Geoffroy fils d’Eudes, le troisième étant Giraud, fils d’Andefroy9. Lambert est condamné à verser une amende de cinq sous que les moines remettent finalement à Giraud en personne. On comprend aisément la présence à ce plaid des deux premiers. Roger est en effet le châtelain du Petit-Montrevault, seigneurie de laquelle relève pour moitié la paroisse de Saint-Quentin10. Quant à Geoffroy fils d’Eudes, il était le seigneur de Guy de Boeria, un chevalier qui autorisa le prêtre Hardouin, peut-être l’ancêtre de Lambert Galafridus, à vendre sa part de l’église de Saint-Quentin aux moines de Marmoutier, ce qui est à l’origine de la fondation du prieuré11. Mais comment expliquer la présence de Giraud à un tel niveau de la « pyramide féodale » sinon en considérant qu’il était lui aussi un seigneur éminent de Saint-Quentin-en-Mauges12 ? L’examen minutieux des sources révèle en effet l’importance de ses biens fonciers et même de ses prérogatives judiciaires. On le voit ainsi détenir une aire dans l’oppidum de Saint-Quentin, recevoir trois sous pour l’octroi féodal d’une dîme, donner deux maisons (mansio et domus), des droits de sépulture et des dîmes près de cette église et même avoir comme vassal un chevalier (miles) dénommé Albert, qui était en outre le viguier du vicomte de Montrevault Raoul13. Les droits que Giraud et sa femme Adelaïde détiennent sur le territoire de cette paroisse sont même qualifiés de seigneurie (dominio) par les moines de Marmoutier14 !

  • 15 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 20 : Notandum, quod Campanus et Orricus filii Gira (...)
  • 16 Sur les biens de Champain sis à Saint-Quentin-en-Mauges, voir Arch. dép. de Maine-e (...)
  • 17 La Jubaudière, département de Maine-et-Loire, arrondissement de Cholet, canton de B (...)
  • 18 Cartulaire du Ronceray, n° 207 : Campanio domino illius terre.
  • 19 Bois-Pineau, lieu-dit, commune de la Jubaudière. Voir Cartulaire du Ronceray, n° 208 : […] (...)

4Orry était le seul des fils de Giraud, fils d’Andefroy, repéré par Hironori Miyamatsu, mais les archives du chartrier de Saint-Quentin permettent d’en identifier deux autres : Mathieu et Hubert, surnommé « Champain » (Campanus), qui était probablement l’aîné15. Bien possessionné comme son père à Saint-Quentin-en-Mauges, ce dernier apparaît plus puissant encore à La Jubaudière, où ses parents avaient donné la chapelle Saint-Martin aux moniales du Ronceray16. En effet, quand Aimery de Spirellio et sa femme Cerise firent religieuse leur fille Milesende, ils donnèrent au Ronceray la terre de La Jubaudière17, libre de toute coutume, sauf la taille de quinze deniers due au seigneur (dominus) dudit lieu qui n’est autre que Champain18. Et de la même manière, afin que sa propre fille Autrude prenne le voile, ce même Hubert Champain concède aux moniales du Ronceray toute la terre de Bois-Pineau ainsi que la viguerie (vicaria) de La Jubaudière avec les cas majeurs (le vol, le meurtre, l’adultère, le rapt), réservés d’habitude au seigneur éminent d’une terre, et les redevances sur les hommes du Ronceray19.

  • 20 Cartulaire de Saint-Aubin, n° 61 : Bernerius, filius Andefredi, et Giraudus, cognomento Ber (...)
  • 21 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 16, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de M (...)
  • 22 Le travail de Bernard d’Alteroche, De l'étranger à la seigneurie à l'étranger au royaume xi(...)

5Toutes ces caractéristiques feraient indiscutablement de Giraud ou de son fils Hubert / Champain de puissants aristocrates si l’on ne connaissait pas les origines « bourgeoises » de leur aïeul Andefroy et si l’on ignorait que les frères de Giraud, Bernier et Geoffroy, s’étaient vu obligés par les moines de Saint-Aubin de payer la taxe « que tous les bourgeois payent » sur des maisons héritées de leur oncle Aimery20. Si Hubert Champain n’est jamais désigné explicitement comme bourgeois, un scribe du prieuré de Saint-Quentin-en-Mauges le qualifia tout de même d’« habitant du pagus d’Angers21 ». Était-ce pour souligner ses racines bourgeoises ? Quoi qu’il en soit, il n’est pas anodin de qualifier ainsi le fils de Giraud qui fut pourtant seigneur à Saint-Quentin22.

  • 23 Chauvin, Yves, Cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers (xie-xiie siècles (...)

6D’ailleurs, pas plus que son fils Champain, Giraud ne porte explicitement le titre de bourgeois. Toutefois, il souscrit en 1095 un acte de Foulques le Réchin parmi ceux qui sont appelés les hommes du comte « chevaliers et bourgeois23 ». Un examen attentif de la liste des souscripteurs montre que Giraud se trouve pourtant dans la deuxième colonne, avec les ministériaux (péagier, prévôt…) et non dans la première, avec les seigneurs châtelains et chevaliers connus tels que Geoffroy Fouchard, Abbon de Briollay ou encore Pierre Rubiscallus, signe qu’il était peut-être davantage perçu par le rédacteur de l’acte comme bourgeois que comme chevalier. En tous les cas, cela oblige à une extrême prudence quant aux distinctions juridiques qui pouvaient opposer les bourgeois aux aristocrates à la fin du xie siècle. Il semble en effet, d’après l’exemple de Giraud, que l’on pouvait à la fois être pleinement seigneur féodal d’un domaine et, par ailleurs, considéré comme un bourgeois.

Des bourgeois au comportement très chevaleresque

  • 24 Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10, (...)

7Hironori Miyamatsu a démontré que le qualificatif de « bourgeois » est rarement employé dans les sources. Cela l’a amené à considérer que nombre d’entre eux apparaissent probablement sans qu’il soit fait mention de leur titre, conclusion à laquelle nous souscrivons pleinement. Il est donc extrêmement difficile et peut-être vain de vouloir distinguer cette catégorie de population par un comportement qui lui serait propre et qui la différencierait des chevaliers. En effet, Bruno Lemesle a bien repéré que la pratique militaire de Giraud devait s’apparenter davantage à celle des chevaliers qu’à celle des « simples piétons » car il dut verser une rançon pour racheter sa liberté24.

  • 25 Cartulaire du Ronceray, n° 310.
  • 26 Cartulaire de Saint-Aubin, n° 58 pour Aimery et son fils ; Cartulaire de Saint-Aubi (...)
  • 27 Cartulaire du Ronceray, n° 208 pour la fille de Hubert / Champain et Cartulaire du Ronceray (...)
  • 28 Dominique Barthélemy a repéré trois cas de religieuses qui ont été précédées au monastère (...)
  • 29 Sur son pèlerinage : Arch. dép. de Maine-et-Loire, 39 H 2-30 (originaux copiés au cartulair (...)

8La stratégie familiale de ce lignage de bourgeois est également très similaire à celle que l’on peut repérer dans l’aristocratie. Ainsi quand Geoffroy Banarius attaque la donation que la femme d’Aimery Le Riche avait faite au Ronceray pour le salut de l’âme de son mari, Andefroy, le frère d’Aimery, s’offre à prouver par un duel judiciaire à accomplir devant le comte que la réclamation était sans fondement25. La similitude avec la société chevaleresque s’observe aussi dans le soin avec lequel les membres de cette famille s’occupent du salut de leur âme, en recherchant l’appui des prières monastiques. Nous trouvons en effet des vocations monastiques à toutes les générations, sans avoir la certitude qu’aucune ne nous a échappé. Ainsi, Aimery prend l’habit monastique à Saint-Aubin d’Angers vers 1084, en même temps que son fils, tandis que son neveu Giraud fait de même le 20 décembre 1123, dans la même abbaye26. Hubert Champain donne une de ses filles au Ronceray à Angers, imité ensuite par son gendre Matthieu Sigebrand27. Il est à noter que, dans les deux cas, les filles ainsi consacrées portent le même prénom : Autrude28. En outre, au milieu du xiie siècle, Guillaume Bardoul, gendre de Matthieu Sigebrand, qui s’est notamment fait connaître pour son pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, préfère donner un oblat à Marmoutier. Le fait qu’il voue le petit Geoffroy « qu’il avait élevé » à servir dans l’église de Marmoutier pour le salut de l’âme de son fils Pierre décédé s’expliquerait ainsi29.

  • 30 Sur les toponymes, Barthélemy, Dominique, La société dans le comté de Vendôme de l’an mil a (...)
  • 31 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 39 H 2, n° A41 (originaux non copiés aux cartulaires), (...)

9Enfin, Giraud fils d’Andefroy a-t-il laissé dans la toponymie la trace de son lieu d’habitation à l’image de certaines maisons chevaleresques ? C’est possible car il se trouve sur la commune de La Jubaudière une maison noble qui porte le nom « la Giraudière ». Les toponymes en –ière et en –erie étant souvent forgés sur des patronymes, ce nom rappelle celui de Giraud, le père d’Hubert Champain30. Les sources angevines mentionnent à la même époque au moins un exemple de Giralderia qui a toutes les chances d’être devenue une Giraudière31. Étant donné la permanence de l’habitat aristocratique depuis le Moyen Âge, il semble possible d’y voir une référence à cette famille issue des bourgeois d’Angers et d’en faire leur « plessis » au tournant des xie et xiie siècles.

Figure 2 – Carte des possessions de la famille issue du bourgeois Andefroy

Figure 2 – Carte des possessions de la famille         issue du bourgeois Andefroy
  • 32 Pour Matthieu Giraudi, voir Urseau, Charles, Cartulaire noir de la cathédrale d’Angers, Par (...)
  • 33 La motte féodale y est très bien conservée (voir figure n° 3). La paroisse nouvellement fon (...)
  • 34 On sait que Matthieu de Belle-Noue avait un père du nom de Giraud et que Giraud, fi (...)
  • 35 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10.
  • 36 Cartulaire de la cathédrale n° 176. Les Essarts, lieu-dit, commune de Saint-Léger-des-Bois, (...)
  • 37 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 38 H 1, n° 11, édité par Lamy, Claire, L’abbaye de Ma (...)

10Les actes du prieuré de Saint-Quentin attestent qu’un des fils de Giraud porte le nom de Matthieu. Nous proposons de voir en lui Matthieu Giraud, c'est-à-dire « Matthieu, fils de Giraud », plus connu sous le nom de Matthieu de Belle-Noue32. Celui-ci s’était fait connaître juste avant de partir en croisade à Jérusalem, pour avoir demandé à l’évêque Ulger d’ériger une nouvelle paroisse sur sa terre de Belle-Noue, non loin de sa motte, encore parfaitement visible aujourd’hui, créant avec le prélat une co-seigneurie étudiée de manière très précise par Jean-Marc Bienvenu33. La croisade et la motte étant indéniablement deux éléments parmi les plus caractéristiques de la chevalerie, il reste toutefois à démontrer pourquoi nous faisons de ce Matthieu un descendant du bourgeois Andefroy. Notre intuition repose sur un faisceau d’indices plus que sur une preuve irréfutable. En sus de la coïncidence des patronymes Matthieu et Giraud, la chronologie est parfaitement compatible puisque Matthieu paraît agir seul dans les années 1120-1130, soit juste après la mort de son père supposé34. La localisation de Belle-Noue est à rapprocher de celle des possessions de la famille d’Andefroy, sur la rive ouest de la Maine, entre Bouchemaine, Le Plessis-Macé et Angers35. Nous voyons en outre le chanoine Bernier, patronyme porté par le frère de Giraud (et donc oncle supposé de Matthieu), donner au chapitre de la cathédrale, juste avant de mourir, « quelques terres et bois, entre Belle-Noue et la paroisse des Essarts, dans le territoire de Bécon36 ». Enfin, dans la seconde moitié du xiie siècle, un certain « G. Tancre », que l’on peut identifier comme étant « Geoffroy Tancred », époux de la cousine de Mathieu, donne aux moines de Marmoutier installés à Champtoceaux une prébende de froment sise à Belle-Noue37.

Figure 3 – La motte féodale de Belle-Noue vue du ciel

Figure 3 – La motte féodale de Belle-Noue vue         du ciel

(© GEOPORTAIL – Consultée le 23/01/2016 sur http://www.geoportail.gouv.fr/​)

Des traits typiquement bourgeois

  • 38 Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 11.
  • 39 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 8 ; Lemesle, Bruno (...)
  • 40 Il apparaît parmi l’entourage de Foulques, alors qu’il n’est encore que le neveu du (...)
  • 41 Cartulaire de Saint-Aubin, n° 8 (22/12/1087) : Girardus Follulus prepositus, juste après Giraud (...)
  • 42 Cartulaire de Saint-Nicolas (Labande-Mailfert, Yvonne, Cartulaire de Saint-Nicolas (...)
  • 43 Cartulaire de Saint-Nicolas, n° 160. Niermeyer, Jan-Frederik, Mediæ Latinitatis Lex (...)
  • 44 Cartulaire de la cathédrale n° 65 (1096) : Giraldus, praepositus, Oricus, filius ej (...)
  • 45 Cf. supra, note 25.

11Parmi les apports les plus intéressants de son article, Bruno Lemesle avançait que « le milieu des bourgeois apparaît étroitement associé à la ministérialité » et il était question des bourgeois qui « gravitent autour du comte d’Anjou38 ». Sa démonstration reposait sur Giraud, fils d’Andefroy, prévôt du comte en 1105-1106, mais aussi sur l’exemple de la parenté de Marbode, chanoine de la cathédrale devenu évêque de Rennes en 1096, dont l’origine était très probablement bourgeoise39. Ainsi, Geoffroy Rotundellus, beau-frère du prélat, fut prévôt du comte d’Angers Foulques IV le Réchin, probablement dès les premières années après son accession au principat40. Il est toutefois difficile de déterminer avec précision la date à laquelle Giraud fils d’Andefroy accéda à cette fonction, car un homonyme appelé de manière aléatoire Girard ou Giraud Follet est également attesté à ce poste dans le dernier quart du xie siècle41. Ce dernier s’était rendu célèbre en sauvant le comte Foulques le Réchin au retour du siège de La Flèche en 1076, alors que, gravement blessé à la jambe, le comte était rapatrié à Angers en barque par le Loir : Giraud Follet réussit en effet à dégager l’embarcation du comte qui était bloquée au niveau de la porte marinière de Corzé42. Ni bourgeois, ni chevalier, il est désigné parmi les serviens du comte par un scribe de Saint-Nicolas, terme qui peut signifier « serviteur », « serf » ou « ministerial »43. Il est difficile de distinguer ces deux prévôts dans des textes imprécis qui ne mentionnent parfois que le prénom Giraud. On peut toutefois avancer, grâce aux membres de sa famille présents à ses côtés dans certains actes44, que Giraud fils d’Andefroy était prévôt d’Angers dès 1096 et qu’il l’était encore vers 1107-1110. S’il est impossible de savoir précisément quand il a cessé d’exercer cette fonction, on sait en revanche qu’à la différence d’un autre prévôt d’Angers, il a survécu à l’affrontement survenu en 1116 entre les bourgeois d’Angers et le comte puisqu’il se retire à Saint-Aubin en 112345.

  • 46 Cartulaire de la cathédrale n° 99 : […] Contigit, anno ab incarnatione Domini mcxvi(...)
  • 47 Ibidem : […] Ipse igitur Salomon et Marbodus Redonensis episcopus cum caeteris amicis et pa (...)
  • 48 La faide désigne la pratique héritée des Francs qui consiste, pour un groupe familial, à se (...)
  • 49 Beautemps-Beaupré, Charles Jean, « Notice sur les prévôts d’Angers… », art. cit., p (...)
  • 50 Jarousseau, Guy, « Electio, voluntas et ordinatio. Quelques jalons sur les modes de (...)

12En effet, Hervé Rotundellus, le fils de Geoffroy Rotundellus, exerça la même fonction que son père entre les années 1100 et un samedi de la mi-carême 1116 (le 11 ou le 18 mars), date à laquelle une notice évoque son assassinat46. L’acte raconte comment son cousin Salomon vengea Hervé en poursuivant son meurtrier présumé jusque dans le cloître de Saint-Maurice pour l’éliminer. Un tel sacrilège entraîna en toute logique l’excommunication de Salomon. La notice raconte comment elle fut levée grâce à l’intervention de Marbode, évêque de Rennes et oncle des deux cousins, et à l’abandon d’un cens de vingt-trois sous sur des vignes situées près de Saint-Léonard au profit de l’évêque d’Angers Renaud [III] pour prix du rachat de la mort47. On peut noter au passage que cet exemple de faide48 montre l’importance de l’honneur familial pour ces bourgeois. Charles Jean Beautemps-Beaupré a probablement raison de mettre ce drame familial en lien avec les événements de 1116 rapportés par les annales de Saint-Serge et qui font état de « graves dissensions » entre le comte Foulques le Jeune et les bourgeois d’Angers49. On comprendrait aisément qu’Hervé Rotundellus se soit retrouvé en première ligne lors de cet affrontement, voire pris entre deux feux, en raison de ses origines bourgeoises présumées et de sa fidélité au comte du fait de ses fonctions de prévôt comtal… Quant à la violence des émeutes urbaines, elle était bien réelle si l’on en croit le récit que fait Guy Jarousseau de celle de 1101 provoquée par l’élection du nouvel évêque d’Angers. Le doyen Étienne, candidat malheureux, dut en effet se cacher dans un tonneau jusqu’au milieu de la nuit alors que l’archidiacre Guillaume sauva sans doute sa vie en se réfugiant au prieuré de l’Esvière, protégé par l’abbé de la Trinité de Vendôme50.

Figure 4 – Généalogie de la famille de l’évêque Marbode

Figure 4 – Généalogie de la famille de l’évêque         Marbode
  • 51 Cartulaire du Ronceray, n° 204 : Matheus filius Giraldi prepositi.
  • 52 Bibliothèque nationale de France (désormais BnF), Fonds Gaignière ms. fr. 27246, P. O. 762, (...)
  • 53 Voir l’analyse qu’en fait Chartrou, Josèphe, L’Anjou…, op. cit., p. 154-155.
  • 54 Cartulaire du Ronceray, n° 101 et n° 327 ; Cartulaires de Saint-Serge n° B 163 et n° B 244  (...)
  • 55 Parmi la douzaine de souscripteurs de cet acte, on trouve un certain Ranaldus Rufus de plax (...)

13Cette proximité avec la ministérialité du comte se confirme-t-elle pour les descendants de Giraud, fils d’Andefroy ? On a déjà pu repérer Matthieu « fils du prévôt Giraud » au bas de l’acte réglant un litige concernant le vicarius du comte, qui avait fait pêcher dans le vivier du Ronceray, comme s’il était amené un jour à se pencher sur ce type de problème51. Or, Josèphe Chartrou a édité un acte tiré du fonds Gaignières de la Bibliothèque nationale de France dans lequel Matthieu de Belle-Noue est qualifié de pretor Andegavensis, terme dont Jan-Frederik Niermeyer considère qu’il est synonyme de prévôt52. Cette charte du comte Foulques [V] est intéressante à plus d’un titre. Elle raconte comment Andefroy, fils de Guy, a obtenu gain de cause contre le comte qui revendiquait des coutumes sur son fief de Jerleta et sur le Champ de la Mayenne. Pour démontrer sa bonne foi, Andefroy sollicita soixante-treize hommes choisis parmi les fidèles de Foulques et les prud’hommes d’Angers, dont douze désignés par le comte, pour être entendus et pour jurer. Ils affirmèrent que les ancêtres d’Andefroy jouissaient de tous les droits énumérés sur les terres en question, ce que Foulques finit par reconnaître53. Il est d’autant plus frappant de retrouver Matthieu de Belle-Noue dans cet acte que sur la dizaine d’actes connus où apparaît cet Andefroy, fils de Guy, il est presque toujours accompagné du prévôt Giraud, fils d’Andefroy, en qui nous voyons le père de Matthieu54 ! La rareté du patronyme porté par les deux Andefroy laisse en outre supposer qu’ils pourraient être apparentés55.

L’origine des biens de la famille issue d’Andefroy dans les Mauges

  • 56 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois… », art. cit., p. 5 et 7, et Lemesle, Bruno, (...)
  • 57 Véron, Teddy, L’intégration des Mauges…, op. cit., p.  81.
  • 58 Cartulaire du Ronceray, n° 206 : […] dederunt Giraldus et Adelaildis uxor ejus cape (...)

14La richesse de cette famille en biens situés à Angers et à proximité de cette ville provient probablement de l’héritage paternel d’Aimery et d’Andefroy et de leur métier de marchand, comme l’ont montré successivement Hironori Miyamatsu et Bruno Lemesle, mais la question de l’origine de leur implantation dans les Mauges se pose toujours56. La fidélité à l’égard du comte d’Anjou serait une hypothèse tout à fait plausible dans la mesure où l’on sait que celui-ci a placé dans les Mauges un certain nombre de ses fidèles. Pour n’en donner qu’un exemple, on voit les Burgevin, des fidèles du comte souvent cités avec Giraud, fils d’Andefroy, posséder à Saint-Pierre-Montlimart des églises issues incontestablement du patrimoine de l’évêque d’Angers Renaud II, mort en 1005, et dont le comte Foulques Nerra57 avait accaparé l’héritage. Mais dans le cas de Giraud, fils d’Andefroy, il semble que son épouse Adelaïde ait joué un rôle non négligeable. En effet, dans l’acte par lequel la chapelle Saint-Martin de La Jubaudière est abandonnée aux moniales du Ronceray, on voit Giraud et Adelaïde opérer conjointement la donation pour la rémission de leurs péchés. Cela est fait à la vue et avec l’autorisation de Geoffroy, dont le scribe précise qu’il est le fils aîné d’Adelaïde, et non du couple. D’ailleurs, après la mort de sa mère, Geoffroy n’hésite pas à contester aux moniales la viguerie sur le bourg, avant d’y renoncer contre vingt sous58. Tout laisse donc penser que c’est grâce à son mariage avec Adelaïde, veuve avec enfants, bien possessionnée à La Jubaudière, que Giraud a pu détenir des biens sur cette église.

  • 59 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 35, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutie (...)
  • 60 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 18, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de M (...)
  • 61 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2 : n° 38, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmouti (...)

15Reste à étudier Saint-Quentin-en-Mauges, l’autre grand domaine rural de la famille. Force est de constater qu’Adelaïde joue ici aussi un rôle assez actif, comme l’attestent de nombreux actes. Ainsi, quand Giraud passe un accord avec les moines pour leur rendre divers biens, le scribe précise qu’Adelaïde donne son accord et qu’elle le fera ratifier par son fils Geoffroy59. Cette précision confirme que pour les moines, Geoffroy est un héritier important. De la même manière, quand les moines de Marmoutier règlent un différend avec Giraud Gasteus, il est spécifié que Giraud et sa femme Adelaïde, du fief de qui relevait la dîme contestée, ont reçu trois sous pour avoir donné leur accord60. Enfin, Giraud, accompagné de sa femme et du fils de celle-ci, se rend en Touraine pour donner au monastère de Marmoutier une maison bâtie à Saint-Quentin ainsi que les droits de sépulture et les dîmes qu’il détenait dans cette paroisse, pour après sa mort et celle de son épouse61. Tous ces éléments tendent à laisser penser que les possessions maugeoises de la famille ont été obtenues par le mariage de Giraud avec Adelaïde, sans doute une riche veuve de condition aristocratique. Ce mariage a d’ailleurs pu être facilité par le fait que Giraud évoluait dans la ministérialité du comte.

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16Il est très frappant de comparer cette situation avec celle de leur fils Hubert Champain qui a épousé Hildegarde, la veuve de Renaud de Cholet, chevalier et vassal des seigneurs de Beaupréau62. Les cartulaires de Saint-Serge conservent deux actes – assez proches par leur contenu – rapportant qu’Hildegarde a contesté certaines des donations de feu son mari Renaud, en l’occurrence celle des dîmes portant sur des terres de Beaupréau et une autre sur celle de Chandoiseau (Campo de Useo)63. Il est remarquable que les moines aient précisé dans les deux cas qu’elle a fait cela après s’être remariée avec Champain. De là à en faire le responsable de ces contestations, il n’y a qu’un pas que les bénédictins ne franchissent pas… tout en l’associant à la résolution des conflits, par prudence et pour éviter de nouvelles revendications64. Ces calumniae n’ont probablement pas beaucoup plu au frère aîné de Renaud, l’influent Geoffroy [III] Le Gras de Cholet, dans la main et sous le conseil de qui la femme et les fils de son puîné sont restés, car elles compromettaient en quelque sorte le salut de l’âme du défunt65. Il s’est senti obligé de concéder aux moines la dîme contestée en s’engageant à faire un plaid ou à chercher un accord avec les enfants de Renaud ainsi qu’avec leur mère66. Lui, ne mentionne en aucune manière le fameux Champain, mais leurs relations n’en étaient peut-être pas conflictuelles pour autant, car en tant que « seigneur » de sa belle-sœur, il a probablement dû consentir à son remariage. Champain, pour sa part, semble avoir entretenu de bons rapports avec les enfants de sa femme puisqu’il est présent en tant que « beau-père » (vitricus) quand l’aîné, Matthieu, demande l’aide matérielle du moine Robert de Beaupréau pour devenir chevalier. L’acte qui le relate précise en quoi consistait cette aide : dix sous pour acheter un écu, probablement pour l’adoubement67. On retrouve également Champain sur ses terres de Saint-Quentin-en-Mauges en compagnie, cette fois, du cadet Aimery [Le Roux]68.

  • 69 Cartulaire du Ronceray, n° 211. L’acte retrace la généalogie de Hubert Champain qui a eu de (...)
  • 70 Dans son ouvrage sur les veuves, Emmanuelle Santinelli n’évoque pas ce cas de figure. Il es (...)

17Le remplacement de Renaud de Cholet par Hubert Champain s’est traduit par l’apparition de certains membres de la famille issue des bourgeois d’Angers dans l’entourage féodo-vassalique des seigneurs de Beaupréau. Outre Champain, son frère Orry ou leur père Giraud que l’on voit dans les deux actes précités, apparaissent au xiie siècle Guillaume Sigebrand, petit-fils d’Hubert Champain, et son beau-frère Guillaume Bardol69. Le fait que Giraud fils d’Andefroy et son fils Hubert Champain aient tout deux épousé – en premières ou en secondes noces – une veuve ayant déjà eu des enfants constitue-t-il une simple coïncidence ? Il est évidemment impossible de généraliser à partir de ces deux exemples, mais il n’est pas impossible que ce type de pratique matrimoniale ait été utilisé par des bourgeois qui ambitionnaient de se rapprocher du groupe chevaleresque. Le mariage est un moyen d’ascension sociale bien connu et on comprend aisément dans les cas de Giraud et de Hubert Champain les avantages réciproques que chacune des deux parties pouvait en retirer70.

  • 71 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 11. L’auteur propo (...)

18Arrivée à son terme, cette enquête fournit un élément de réponse à la question posée par Hironori Miyamatsu qui s’interrogeait sur le fait que la généalogie des familles bourgeoises en ligne paternelle ne dépassait pas, selon lui, deux générations, puisque l’on peut désormais suivre le lignage issu d’Andefroy sur six générations de père en fils71. Les perspectives qui en découlent permettent donc d’en repenser la trajectoire et d’envisager que, malgré leurs origines bourgeoises, certains membres de cette famille ont pu accéder à un rang assez important au sein de l’aristocratie terrienne angevine, en particulier dans les Mauges. Si la prudence doit toujours rester de mise, tant les sources dont nous sommes tributaires sont parfois lacunaires, l’impression qui prévaut est que les membres de cette lignée pourtant issue du marchand Andefroy adoptent très souvent un comportement semblable en de nombreux points à celui des chevaliers. Cette similitude dans les pratiques rend indéniablement plus ardue l’identification des bourgeois dans les sources, mais ce constat ne doit toutefois pas nous exempter de rechercher des traits propres à cette catégorie ou au moins récurrents comme pourrait l’être l’appartenance à la ministérialité du comte ou le recours au mariage hypergamique. Ces hypothèses, qui méritent bien entendu d’être étayées par des exemples supplémentaires, montrent la nécessité que d’autres travaux puissent éclairer l’histoire de nouveaux lignages bourgeois.

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Notes

1 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers aux xie et xiie siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 97, n° 1, 1990, p. 1-14.

2 Miyamatsu, Hironori n’a pas rejeté comme fausse une notice du cartulaire de Saint-Aubin (Bertrand de Broussillon, Arthur, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Aubin d’Angers, Paris, Picard, 1903, 3 vol., Documents historiques sur l’Anjou, publiés par la Société d’Agriculture, Sciences et Arts d’Angers, t. i à iii), qui mentionne en 1037, aux côtés de Foulques Nerra, un certain Aimery le Riche, l’un des ancêtres de la famille bourgeoise étudiée (acte n° 1). Or, cette falsification, déjà suspectée par Louis Halphen (Halphen, Louis, Le comté d’Anjou au xie siècle, Paris, 1906), a été démontrée par Olivier Guillot (Guillot, Olivier, Le comte d’Anjou et son entourage au xie siècle, Paris, 1972, 2 vol. t. ii-6, p. 283-284. Le raisonnement sur le fait qu’Aimery soit déjà qualifié de « riche » dans sa jeunesse peut donc être remis en question. En ce qui concerne Andefroy, le frère d’Aimery, Hironori Miyamatsu soutient qu’il était présent dès 1028 lors de la fondation de l’abbaye du Ronceray en se fondant sur un acte du cartulaire du Ronceray qui, s’il fait référence à la fondation de l’abbaye, règle surtout devant le comte Foulques [IV] le Réchin un litige entre les moniales et les moines de Saint-Nicolas quant à l’étendue de leur droit de sépulture et dont la date est comprise entre 1075 et 1081 : voir cartulaire du Ronceray (Marchegay, Paul Cartularium monasterii beatae Mariae caritatis Andegavensis, dans Archives d’Anjou, t. iii, Angers, 1856) n° 47 et Guillot, Olivier, Le comte…, op. cit., t. ii, C 329, p. 206 pour la datation.

3 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10.

4 Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers aux xie et xiie siècles : entre stratégie et opportunité », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 116, n° 4, 2009, p. 7-17, voir notamment p. 11, 13 et 15-16.

5 Ibidem, p. 12.

6 Sur la localisation des domaines angevins, voir Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 5-8, et Lemesle, Bruno, « L’intégration politique.. », art. cit., p. 10-11. Les Mauges étaient un pagus situé au sud-ouest d’Angers. Anciennement poitevin, ce territoire avait été intégré à l’Anjou au début du xie siècle par le comte Foulques Nerra qui y avait implanté un grand nombre de fidèles. Voir sur ce sujet Véron, Teddy, L’intégration des Mauges à l’Anjou au xie siècle, Limoges, 2007.

7 Saint-Quentin-en-Mauges, département de Maine-et-Loire, arrondissement de Cholet, canton de Montrevault.

8 Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier (Touraine) et ses prieurés dans l’Anjou médiéval (milieu du xie siècle-milieu du xiiie siècle), thèse de doctorat, université de Paris iv, 2009 (ouvrage dactylographié, à paraître).

9 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 26, édité dans Véron, Teddy, L’intégration…, op. cit., acte n° 76, p. 310-311, et dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., prieuré de Saint-Quentin, acte n° 5, p. 704-706 (Sainte-Christine, département de Maine-et-Loire, arrondissement de Cholet, canton de Chemillé).

10 Sur les seigneuries des Mauges, nous nous permettons de renvoyer à Véron, Teddy, L’intégration…, op. cit., p. 109.

11 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 1, édité dans Véron, Teddy, L’intégration…, op. cit., acte n° 48, p. 264-265 et dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., prieuré de Saint-Quentin, acte n° 4, p. 702-703.

12 La « pyramide féodale » n’est qu’une métaphore utilisée ici par simple commodité.

13 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 35, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., prieuré de Saint-Quentin, acte n° 1, p. 695-697 ; Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 18, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 18, p. 723-724 ; Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 31, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 31, p. 739-740 ; Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 38, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 19, p. 725-726 : Ibidem tunc Albertus miles Giraldi ipsius et vicecomitis Rodulfi vicarius donavit decimam et sepulturam de domo sua, quas de Giraldo tenebat, et totam terra sua decimam, annuente eodem Giraldo, Adelede atque Gaufredo quantum ad ipsos pertinebat.

14 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 20, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 29, p. 736-737.

15 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 20 : Notandum, quod Campanus et Orricus filii Giraldi filii Andefredi, et Hildeardis uxor Campani […]. Les textes parlant de Campanius, Campanus ou Champanus, le désignent sous le patronyme « Champagne » ce qui est parfaitement plausible (Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit.). Cependant, le nom de famille « Champain » semble plutôt mieux implanté que « Champagne » dans l’Ouest ; c’est pourquoi nous avons opté pour lui, imitant en cela P. Marchegay dans le cartulaire du Ronceray, p. 335. Pour Matthieu, voir Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 31 et n° 32, édités dans Lamy, Claire, Ibid., prieuré de Saint-Quentin, acte n° 31 [2] et n° 31 [3], p. 739-740, et voir Cartulaire du Ronceray, n° 204 (Matthieu, fils du prévôt Giraud), car on sait que Giraud fils d’Andefroy fut également prévôt d’Angers, cf. infra.

16 Sur les biens de Champain sis à Saint-Quentin-en-Mauges, voir Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 16, édité dans Lamy, Claire, Ibid. acte n° 16, p. 721 (un cens de seize deniers) ; Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 18, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 18, p. 723-724 (il est seigneur de Girard Gasteus pour une vigne) ; Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 40, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 21, p. 727, et Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 32, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 31, p. 739-740 (il a des droits sur la terre de Bersageria) ; Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 20, édité dans Lamy, Claire, Ibid., acte n° 29, p. 736-737 (il rend également la dîme de l’avoine et la dîme mineure des agneaux, des porcs et des veaux) et Cartulaire du Ronceray, n° 208 (il possède une maison à Saint-Quentin qu’il donne à sa sœur Barbota pour obtenir son consentement). Sur la donation de la chapelle Saint-Martin, voir Cartulaire du Ronceray, n° 206, et Véron, Teddy, L’intégration…, op. cit., p. 109.

17 La Jubaudière, département de Maine-et-Loire, arrondissement de Cholet, canton de Beaupréau.

18 Cartulaire du Ronceray, n° 207 : Campanio domino illius terre.

19 Bois-Pineau, lieu-dit, commune de la Jubaudière. Voir Cartulaire du Ronceray, n° 208 : […] quando Hubertus Campanus fecit filiam suam, nomine Altrudem, sanctimonialem in monasterio S. Marie Karitatis, donavit et in perpetuum concessit Deo et gloriose virgini Marie et sanctimonialibus in ejusdem monasterio die nocteque […] illam terram de Bosco Pinelli totam vicariam de Ingelbauderia et latronem et sanguinem et furtum et raptum et mestivam hominum S. Marie […]. Interea predictus Hubertus donavit sanctimonialibus panagium porcorum hominum S. Marie pro nemore […].

20 Cartulaire de Saint-Aubin, n° 61 : Bernerius, filius Andefredi, et Giraudus, cognomento Bersaguina, comtempnentes reddere costumas de domibus Haimerici patrui sui quas ceteri burgenses solvebant, venerunt ad placitum in auditorio Sancti Albini et, non valente raciocinare, guadiaverunt abbati Otbranno supradictas consuetudines, audientibus et videntibus istis : Girardo preposito, Christiano vicario, Ingelberto Porta Carnem, Lanberto Episcopo, Haimmaro Malpetit, Rotberto cellarario.

21 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 16, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., prieuré de St-Quentin, acte n° 16, p. 721 : […] vir quidam Campanius nomine Andegavensis pagi incola.

22 Le travail de Bernard d’Alteroche, De l'étranger à la seigneurie à l'étranger au royaume xie-xve siècle, Paris, lgdj, 2002, 347 p. (Coll. Bibliothèque de droit privé, n° 360) permet d’envisager une autre hypothèse. Cette désignation pourrait signifier que Hubert Champain est un étranger par rapport à la seigneurie dans laquelle le bien est situé. Son père Giraud étant déjà implanté à Saint-Quentin avant lui, il faudrait donc considérer que dans le cas d’un possesseur de biens, le fait d’être « étranger » puisse se transmettre à la génération suivante, ce qui n’est pas totalement exclu.

23 Chauvin, Yves, Cartulaires de l’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers (xie-xiie siècles), Angers, 1997 (désormais Cartulaires de Saint-Serge), t. i, acte n° B 163, p. 147-150.

24 Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10, d’après Cartulaire de Saint-Aubin, n° 59.

25 Cartulaire du Ronceray, n° 310.

26 Cartulaire de Saint-Aubin, n° 58 pour Aimery et son fils ; Cartulaire de Saint-Aubin, n° 438 pour Giraud fils d’Andefroy.

27 Cartulaire du Ronceray, n° 208 pour la fille de Hubert / Champain et Cartulaire du Ronceray, n° 211.

28 Dominique Barthélemy a repéré trois cas de religieuses qui ont été précédées au monastère par une tante homonyme (Barthélemy, Dominique, « Éléments d’anthroponymie féminine d’après le cartulaire du Ronceray d’Angers (1028-1184 environ) », dans Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, t. 2, Persistance du nom unique ; Désignation et anthroponymie des femmes. Méthodes statistiques pour l’anthroponymie. Études réunies par Bourin, Monique et Chareille, Pascal, Tours, 1992, p. 74-75).

29 Sur son pèlerinage : Arch. dép. de Maine-et-Loire, 39 H 2-30 (originaux copiés au cartulaire vélin), édité par Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., t. II, actes du prieuré de Chemillé n° 166, p. 384-385 ; sur le don du petit Geoffroy : Arch. dép. de Maine-et-Loire, 39 H 2-A7 (originaux non copiés aux cartulaires de Chemillé), édité par Lamy, Claire, op. cit., n° 165, p. 383-384.

30 Sur les toponymes, Barthélemy, Dominique, La société dans le comté de Vendôme de l’an mil au xive siècle, Paris, 1993, p. 196-197.

31 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 39 H 2, n° A41 (originaux non copiés aux cartulaires), vers 1093-1107 d’après Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., t. ii, p. 293 (acte n° 1 du prieuré de Chemillé). Même si cette borderie de terre appelée Giralderia n’est pas la Giraudière située à la Jubaudière, cela atteste l’existence de ce toponyme dès le début du xiie siècle, soit à l’époque où Giraud, fils d’Andefroy, a vécu.

32 Pour Matthieu Giraudi, voir Urseau, Charles, Cartulaire noir de la cathédrale d’Angers, Paris-Angers, 1908 (Documents historiques sur l’Anjou), (désormais Cartulaire de la cathédrale), n° 179 (1125-1136) (Belle-Noue, lieu-dit, commune de Saint-Martin-du-Fouilloux, arrondissement d’Angers, canton de Saint-Georges-sur-Loire).

33 La motte féodale y est très bien conservée (voir figure n° 3). La paroisse nouvellement fondée correspond au lieu-dit Le Petit-Paris, toponyme situé non loin (Cartulaire de la cathédrale n°179). Bienvenu, Jean-Marc, « Un défrichement angevin au temps de la Réforme grégorienne : la co-seigneurie de Belle-Noue », Annali di storia economica e sociale, 8, 1967, p. 74-89.

34 On sait que Matthieu de Belle-Noue avait un père du nom de Giraud et que Giraud, fils d’Andefroy, père de Matthieu, se retira à l’abbaye Saint-Aubin le 20 décembre 1123 (Cartulaire de Saint-Aubin, n° 438).

35 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10.

36 Cartulaire de la cathédrale n° 176. Les Essarts, lieu-dit, commune de Saint-Léger-des-Bois, arrondissement d’Angers, canton de Saint-Georges-sur-Loire.

37 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 38 H 1, n° 11, édité par Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit., t. ii, p. 150 (acte n° 11 du prieuré de Champtoceaux) : G. Tancre unum prebendarium siliginis apud Bellam Noam.

38 Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 11.

39 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 8 ; Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 11, d’après Cartulaire de Saint-Aubin, n° 111. Cartulaire de Saint-Aubin, n° 218 : Girardus, prepositus Andecavensis.

40 Il apparaît parmi l’entourage de Foulques, alors qu’il n’est encore que le neveu du comte Geoffroy Martel (voir Cartulaire de Saint-Aubin, n° 160 (1056-1060) et l’on sait que le prévôt Robert a été massacré le 4 avril 1067, lors de l’éviction du comte Geoffroy le Barbu par son frère (voir Beautemps-Beaupré, Charles-Jean, « Notice sur les prévôts d’Angers », Revue de l’Anjou, n° 42, 1901, p.  434).

41 Cartulaire de Saint-Aubin, n° 8 (22/12/1087) : Girardus Follulus prepositus, juste après Giraud fils d’Andefroy, parmi les fidèles du comte ainsi que son sénéchal Pierre et son connétable Sigebrand. Cartulaire de la cathédrale n° 121 (1084-1086) : Giraldus Folet praepositus.

42 Cartulaire de Saint-Nicolas (Labande-Mailfert, Yvonne, Cartulaire de Saint-Nicolas d’Angers (xie-xie siècles) « Essai de restitution précédé d’une étude historique », mémoire de thèse de l’École nationale des Chartes, 1931, 3 volumes, ouvrage dactylographié) n° 14 : […] Girardus Folet, praepositus Andegavis, fecit unum servicium comiti Fulconi in fluvio Leuge quando comes Fulco percussus est in crure a quodam caballo cum obsideret Fissam Johannis. Fortiter vulneratus fecit se de exercitu navigio Andecavis asportari per fluvium Leuge. Cumque fuisset comes et qui cum eo erant ad portam Corziaci aquae fortitudine repulsi periclitari ceperunt quia unus ex nautis quannum suum incaute miserat in transverso qui eos depellebat a transitu portae. Omnes qui ibi erant timore percussi erant, quid facerent ignorantes. Tunc Girardus Folet quannum qui eos disturbabat confregit et ita portam transeuntes evaserunt […]. Une porte marinière (porta) est « une ouverture pour le passage des bateaux dans un barrage fait de pierre et de branchage » selon Comte, François, « Recherches sur la topographie d’Angers au haut Moyen Âge (vie-milieu du ixe siècle) », dans Prigent, Daniel et Tonnerre, Noël-Yves (dir.), Le haut Moyen Âge en Anjou, Rennes, 2010, p. 133. Le nautis quannum qui barrait la porte est peut-être un bâton de quartier, sorte de grosse perche en chêne très solide dont les marins de la Loire et de ses affluents se servaient pour guider les bateaux navigant vers l’aval en prenant appui sur le fond du cours d’eau. Voir aussi Halphen, Louis, Le comté d’Anjou…, op cit., p. 183, note 2, et Guillot, Olivier, Le comte…, op. cit., t. ii, p. 199-200 (C 316 et C 317).

43 Cartulaire de Saint-Nicolas, n° 160. Niermeyer, Jan-Frederik, Mediæ Latinitatis Lexicon Minus. Lexique Latin Médiéval – Français/Anglais, Leiden (Pays-Bas), 1984, p. 962. Guillot, Olivier, Le comte…, op. cit., p. 415, précise qu’il s’agit d’un agent non libre.

44 Cartulaire de la cathédrale n° 65 (1096) : Giraldus, praepositus, Oricus, filius ejus, et Cartulaire de Saint-Aubin, n° 626 (1107-1110) : Giraudus prepositus, Hucbertus Bos, nepos ejus. Cela infirme l’idée avancée par Charles Jean Beautemps-Beaupré selon laquelle il n’était que prévôt du jeune comte Foulques (Beautemps-Beaupré, Charles Jean, « Notice sur les prévôts d’Angers », art. cit., p. 437-438). Voir généalogie ci-dessus (fig. n° 1).

45 Cf. supra, note 25.

46 Cartulaire de la cathédrale n° 99 : […] Contigit, anno ab incarnatione Domini mcxvi, ut Salomon, filius Salomonis, propter mortem Hervei Rotundelli, consanguinei sui, dolore incensus et odio, Hugonem, quem exinde suspectum habebat, miseranda caede perimeret, quo non decuerat loco vel tempore ; nam in claustro beati Mauricii factum est hoc et in sabbato mediantis Quadragesimae […].

47 Ibidem : […] Ipse igitur Salomon et Marbodus Redonensis episcopus cum caeteris amicis et parentela sua pro infractione cimiterii et immunitatis claustri dederunt domino Rainaldo episcopo quandam censivam xxiii solidorum de vineis, quae sunt juxta Sanctum Leonardum.

48 La faide désigne la pratique héritée des Francs qui consiste, pour un groupe familial, à se venger afin de recouvrer son honneur, y compris et surtout en ayant recours à la violence. Durant tout le Moyen Âge, la justice institutionnelle a tenté de réguler la faide sans y parvenir complètement, en particulier chez l'aristocratie dont elle est le plus souvent l'apanage.

49 Beautemps-Beaupré, Charles Jean, « Notice sur les prévôts d’Angers… », art. cit., p. 439-440. Chroniques des églises d’Anjou, éd. Marchegay, Paul et Mabille, Émile, Paris, 1869, p. 143, et Halphen, Louis, Recueil d’annales angevines et vendômoises, Paris, 1903 p. 95 : mcxvi : […] Eodem anno facta est gravis dissensio inter Fulconem comitem Juniorem et burgenses Andecavenses.

50 Jarousseau, Guy, « Electio, voluntas et ordinatio. Quelques jalons sur les modes de désignation des évêques en Gaule de l’époque mérovingienne au début du xiie siècle », dans Libertas Ecclesiae. Esquisse d’une généalogie (1650-1800), Morgain, Stéphane-Marie (dir.), Limoges, 2010, p. 64.

51 Cartulaire du Ronceray, n° 204 : Matheus filius Giraldi prepositi.

52 Bibliothèque nationale de France (désormais BnF), Fonds Gaignière ms. fr. 27246, P. O. 762, fol° 74 r° sous le titre « Montreuil-sur-Maine », édité par Chartrou, Josèphe, L’Anjou de 1109 à 1151, Paris, 1928, p. 374-375 (pièces justificatives n° 42). Pour le terme pretor, voir Niermeyer, Jan-Frederik, Mediæ Latinitatis Lexicon Minus…, op. cit., p. 845.

53 Voir l’analyse qu’en fait Chartrou, Josèphe, L’Anjou…, op. cit., p. 154-155.

54 Cartulaire du Ronceray, n° 101 et n° 327 ; Cartulaires de Saint-Serge n° B 163 et n° B 244 ; Cartulaire de Saint-Aubin, n° 203 et n° 626 ; British Museum, additional manuscripts 21 198, fol. 147, édité par Marchegay, Paul, Choix de documents inédits sur l’Anjou, 1876, « Chartes angevines des XIe et XIIe siècles », n° 24, p. 147-148.

55 Parmi la douzaine de souscripteurs de cet acte, on trouve un certain Ranaldus Rufus de plaxitio Campani, camerarius comitis. Il s’agit de Renaud Le Roux, seigneur du Plessis-Macé qui était alors chambrier du comte. Mais pourquoi est-il désigné « du Plessis de Champain », dont c’est l’unique mention dans les sources ? Nous n’avons pas trouvé d’éléments le liant avec Hubert Champain et la famille issue du bourgeois Andefroy.

56 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois… », art. cit., p. 5 et 7, et Lemesle, Bruno, « L’intégration politique des bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 10-11.

57 Véron, Teddy, L’intégration des Mauges…, op. cit., p.  81.

58 Cartulaire du Ronceray, n° 206 : […] dederunt Giraldus et Adelaildis uxor ejus capellam quondam sancti Martini que vulgo dicitur Ingelbauderia [et] omnia que ipsi habebant sine ulla retinuatione. Hoc dederunt, pro remissione peccatorum suorum, in capitulum S. Marie Andegavensis : videntibus cunctis, auctorizante Gaufrido filio Adeleldis qui erat major natu fratribus suis. Post mortem autem Adeleldis, calumpniavit eis predictus Gaufridus vicaria burgi. […] Et hanc concordiam fecit domna abbatissa Theburgis et domna Ermengardis de Castro Gunterii, que erat preposita loci : id est XX solidos dedit Gaufrido pro ipsa calumpnia revestivitque eum coram multis […].

59 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 35, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit. ; Prieuré de Saint-Quentin-en-Mauges, acte n° 1 [3], p. 695-697 : […] Adeleddis uxor illius auctorizavit et in conventione habuit ut faceret auctorizare Gosfrido filio suo […].

60 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 18, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit. ; Prieuré de Saint-Quentin-en-Mauges, acte n° 18, p. 723-724 : […] necnon Giraldo Andefredo et Adelaisi uxori sua de quorum fevo erat ipsa decima III solidos pro auctoramento […].

61 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2 : n° 38, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit. ; Prieuré de Saint-Quentin-en-Mauges, acte n° 19, p. 725-726 : Notum sit omnibus quod Giraldus filius Andefredi et uxor eius Adeladis et Gaufredus ipsius Adeladis maior filius venientes in capitulum Majoris Monasterii Sancti Martini donaverint loco ipsi unam mansionem juxta ecclesiam Sancti Quintini, in pago Andegavensi, ab omnibus liberam consuetudinibus et quietam, et quicquid ex sepultura ipsius ecclesia suum erat, ac totius terra decimam quam in parechia ipsius habebant, ita ut post obitum sive Giraldi sive Adeladis tota sit sancti Martini et monachorum iam dicti Majoris Monasterii, interim autem dum ambo illi vivunt solum habeant inde redecimum. Concesserunt etiam quicquid eidem loco dederant antecessores ipsorum. […].

62 Véron, Teddy, Les seigneuries angevines (xie-début du xiiie siècle). L’exemple de Beaupréau, université d’Angers, 2012 (Mémoire de master 2 sous la direction de Jean-Michel Matz, dactylographié), p. 172.

63 Cartulaires de Saint-Serge, t. ii, n° 17 B’ 39 et n° 17 B’ 43. Chandoiseau, lieu-dit, commune de Chaudefonds-sur-Layon, arr. d’Angers, canton de Chalonnes-sur-Loire.

64 Cartulaires de Saint-Serge t. ii, n° 17 B’ 39 : Post mortem vero prefati Rainaldi uxor ejus Hildegardis accipiens alium maritum abstulit monachis supradictam decimam quod cernens donnus Robertus monachus Sancti Sergii, qui tunc Belli Pratelli cellam procurabat, fecit cum ea et cum viro suo Canpano nomine tale concordiam […] et pour le second Ibid. n° 17 B’ 43 : Post mortem illius uxor ejus abstulit illam decimam ideo quod non concesserat. Postea vero quam cepit alium virum concessit monachis solidam atque quietam ipsa et filius ejus, Aimericus [Le Roux], et vir ejus Campanus […].

65 Sur l’importance de ce personnage, voir Brunterc’h, Jean-Pierre, « Les origines de la seigneurie de Clisson (xie-xiiie) », Mémoires de la société historique et archéologique de Bretagne, t. lxxxii, 2004, p. 5-55.

66 Cartulaires de Saint-Serge, t. ii, n° 17 B’ 39 : Illud quoque sciendum est quod Gaufridus Crassus, frater jamdicti Rainaldi de Choleto, in cujus manu et consilio uxor et filii fratris remanserant, rogatus a donno Robertus monacho concessit pro anima fratris sui illam decimam quam dederat monachis Sancti Sergii in elemosinam et quam abstulerat uxor ejus, si posset facere placitum vel concordiam cum nepotibus suis filiis scilicet Rainaldi et matre eorum.

67 Cartulaires de Saint-Serge, t. ii, n° 17 B’ 39 : Illud quoque sciendum quod Matheus filius ejusdem Rainaldi de Choleto quando fuit miles venit ad Robertum monachum et quesivit ei adjutorium et ille Robertus monachus dedit ei x solidos ad unum scutum emere […]. Testes : […] Campanus victricus ejusdem Mathei […].

68 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 18 : Hujus rei testes sunt : Champanus, Haimericus filius Rainaldi de Cauleto […].

69 Cartulaire du Ronceray, n° 211. L’acte retrace la généalogie de Hubert Champain qui a eu deux filles. Il en a donné une au monastère du Ronceray et l’autre comme épouse à Matthieu Sigebrand. Ce dernier a eu deux filles et un fils : Guillaume Sigebrand. L’une de ses filles est également devenue moniale au Ronceray et l’autre a épousé Guillaume Bardoul. (Notum sit omnibus fidelibus in Christo quod Hubertus Canpen habuit duas filias. Unam earum, scilicet Hodeart, dedit Deo et Sancte Marie Andegavensi in monialem, cum qua dedit S. Marie in elemosinam boscum de Emjobauderia de Boolez. Alteram filiarum dedit Matheo Seebran in uxorem, de qua Matheus habuit duas filias et unum filium. Quarum unam, scilicet Autru, Matheus consecravit Sancte Marie cum qua etiam concessit hoc donum supradictum ; et etiam filius suus, scilicet Guillermus Sebram, confirmavit. Alteram filiarum dedit Guillermo Baldol in uxorem). On retrouve les deux Guillaume à Saint-Quentin avec des chevaliers de Beaupréau (Arch. dép. de Maine-et-Loire, 45 H 2, n° 36, édité dans Lamy, Claire, L’abbaye de Marmoutier…, op. cit. ; Prieuré de Saint-Quentin-en-Mauges, acte n° 34 [1], p. 744-745) et Guillaume Bardoul à Beaupréau lors de la fondation en 1138 du prieuré de la Pierre-Aubrée, donné aux moniales de Saint-Sulpice-la-Forêt, près de Rennes (BnF, Fonds Gaignière 5446, p. 123-124, édité par Véron, Teddy, Les seigneuries angevines…, op cit. ; recueil d’actes C 25 p. 294-295).

70 Dans son ouvrage sur les veuves, Emmanuelle Santinelli n’évoque pas ce cas de figure. Il est vrai que son étude porte sur l’aristocratie et non la bourgeoisie mais elle fait plusieurs constats qui peuvent éclairer le destin de cette famille bourgeoise et montrer les similitudes de son comportement avec celui de la chevalerie : « Aux échelons moins élevés de la société aristocratique, les veuves détiennent aussi la capacité de transmettre certains droits, pouvoirs et patrimoines à leur second époux. Celui-ci récupère la gestion et donc la jouissance des biens détenus et apportés par son épouse ainsi que la tutelle des enfants mineurs. […] Celui qui épouse une veuve peut espérer jouir de revenus, voire de puissance supplémentaire et les gérer à son profit, d’une part, élever et placer les enfants de celle-ci pour servir ses intérêts propres d’autre part. […] Si l’attrait pour les veuves existait déjà aux vie-viiie siècles, il est possible qu’il ait été particulièrement vif […] au xe et au xie siècle dans le contexte de la mise en place des lignages. » (Santinelli, Emmanuelle, Des femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Villeneuve d’Ascq, 2003, p. 251).

71 Miyamatsu, Hironori, « Les premiers bourgeois d’Angers… », art. cit., p. 11. L’auteur proposait comme explication de relier ce constat au système familial des bourgeois.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 – Généalogie de la famille issue du bourgeois Andefroy
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Titre Figure 2 – Carte des possessions de la famille issue du bourgeois Andefroy
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Titre Figure 3 – La motte féodale de Belle-Noue vue du ciel
Crédits (© GEOPORTAIL – Consultée le 23/01/2016 sur http://www.geoportail.gouv.fr/​)
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Titre Figure 4 – Généalogie de la famille de l’évêque Marbode
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Pour citer cet article

Référence papier

Teddy Véron, « Bourgeois à Angers et seigneurs dans les Mauges. Le rayonnement de la famille issue du marchand Andefroy (XIe-XIIe siècles) »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 123-1 | 2016, 35-53.

Référence électronique

Teddy Véron, « Bourgeois à Angers et seigneurs dans les Mauges. Le rayonnement de la famille issue du marchand Andefroy (XIe-XIIe siècles) »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 123-1 | 2016, mis en ligne le 22 avril 2018, consulté le 16 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/abpo/3204 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/abpo.3204

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Auteur

Teddy Véron

professeur d’histoire-géographie au lycée de La Pommeraye (49)

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Droits d’auteur

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