Introduction : La rhétorique en-dehors des sentiers battus
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- Introduction: Challenging Rhetorical Traditions [en]
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1. La rhétorique au défi
1Ce numéro spécial de la revue Argumentation et Analyse du Discours (2024/32) intitulé « La rhétorique en-dehors des sentiers battus » sort à double titre de l’ordinaire. Tout d’abord par sa problématique. Il présente en effet une série de travaux qui, bien qu’ancrés dans une tradition millénaire, ont tenté d’en réélaborer les principes tantôt de l’intérieur de la discipline, tantôt en croisant la rhétorique (ou l’argumentation rhétorique) avec des disciplines adjacentes. S’en dégagent des conceptions novatrices, voire iconoclastes, d’un champ d’études traditionnellement voué à l’exploration des modalités selon lesquelles les êtres humains peuvent exercer une influence mutuelle, gérer les dissensus et construire les modalités d’un vivre-ensemble – ou encore acquérir un savoir-faire menant à la maîtrise de la communication. C’est pourquoi nous avons intitulé ce dossier « La rhétorique en-dehors des sentiers battus ».
2Le présent numéro se distingue deuxièmement par son format : il est entièrement composé d’entretiens avec des chercheurs connus dans leur discipline qui dialoguent avec l’un de leurs pairs. Le genre de l’entretien autorise des libertés par rapport aux normes de l’article scientifique ; il permet à l’interviewé de développer, au sein d’un échange informel, une réflexion de type synthétique sur le travail accompli au cours des ans dans un contexte mouvant. Cette démarche n’est pas neuve. Diverses revues l’ont adoptée dans le passé en publiant de façon systématique, ou épisodique, des entretiens scientifiques avec des spécialistes de différents domaines dont l’analyse du discours, la rhétorique et l’argumentation. La particularité de ce dossier est qu’il est entièrement composé d’entretiens. Si ceux-ci se proposent de faire ressortir la singularité de chaque trajet, c’est cependant leur juxtaposition qui constitue ici un facteur primordial. La diversité des questionnements, leurs recoupements et leurs écarts devraient permettre de montrer comment les champs disciplinaires concernés ont été reconfigurés par des innovations théoriques souvent très différentes.
3Sans doute les chercheurs interviewés ne sont-ils pas les seuls à avoir tracé de nouvelles pistes. Une part d’arbitraire subsiste nécessairement dans chaque sélection. Un principe clair a néanmoins présidé au choix. Il ne s’agissait pas de se tourner vers les grands spécialistes de rhétorique et d’argumentation qui avaient nourri, développé et enrichi leur discipline dans l’espace de questionnement qui était originellement le sien. Nombreux sont ceux qui, au 20e et au 21e siècle ont, dans différents pays, contribué à faire renaître les disciplines de la rhétorique et de l’argumentation, à les refonder et à construire un champ d’étude cohérent doté de ses principes, de ses règles et de ses procédures. Notre projet était néanmoins de privilégier les remises en question radicales, ou tout au moins assez audacieuses pour effectuer une rupture voyante avec la norme. Il s’agissait de voir comment et au nom de quoi ont été mis en cause des principes de base, et en quels termes sont justifiés les franchissements de certaines limites disciplinaires. En bref, ont été retenues quelques-unes des démarches les plus marquantes parmi celles qui ont tenté de réorienter radicalement les recherches et de redéfinir sur de nouvelles bases le travail du rhétoricien et/ou du spécialiste d’argumentation.
4Encore faut-il d’abord reconnaître que les domaines de spécialité dans ce que nous appelons rhétorique ou argumentation rhétorique diffèrent, et qu’il faut prendre en compte le terreau sur lequel a poussé chaque initiative pour comprendre quels sont le sens et la portée de la transgression manifestée. C’est d’autant plus nécessaire, que les domaines dans lesquels œuvrent les spécialistes retenus dans ce dossier sont pluriels, même si le titre unifie sous une même étiquette des approches qui divergent (et souvent se méconnaissent).
5En gros, on peut dire qu’il y a d’un côté la rhétorique qui plonge ses racines dans l’antiquité grecque et romaine, et qui s’est prolongée et renouvelée dans des travaux contemporains aujourd’hui largement diffusés. Dans la grande tradition aristotélicienne, elle s’écarte d’une vision restreinte limitée à une rhétorique des figures (à l’elocutio) et perçoit la rhétorique comme un art de persuader s’appuyant certes sur la raison mais aussi sur l’ethos (la présentation de soi) et le pathos (les émotions). C’est de cet héritage que part, par exemple, la réflexion d’Emmanuelle Danblon ou de Marc Angenot, tous deux nourris de la nouvelle rhétorique de Chaïm Perelman. C’est aussi de cette tradition que part, pour s’en écarter, la réflexion féministe de Sonja Foss et de ses collaboratrices, qui s’est développée dans l’espace nord-américain où la rhétorique est de longue date enseignée dans les départements de communication.
6D’un autre côté, il faut faire une place à part à une conception de la rhétorique qui insiste sur les vertus communicationnelles au sens large du bien dire, et se donne comme une technique d’apprentissage permettant de maîtriser l’art de la parole, y compris, mais de façon non exclusive, celui de la persuasion. Elle promeut une pratique fondée sur la compréhension et la production des discours, et sur la capacité à les intégrer efficacement dans une interaction ou une action sociale. C’est dans ce sillage que se situe l’étude des littératies rhétoriques dont se réclame Stuart Silber, un domaine qui subit un renouvellement spectaculaire à l’ère des nouvelles technologies.
7L’œuvre de Michael Gilbert et de Christopher Tindale, quant à elle, a comme point de départ la logique informelle, une théorie de l’argumentation qui se distingue expressément de la rhétorique pour se concentrer sur les types d’arguments, le repérage et la description des fallacies (les sophismes) et, de façon générale, sur les voies de la pensée rationnelle telles qu’elle se déploie dans la vie courante en langage naturel. Faut-il rappeler que dans l’académie nord-américaine, l’argumentation a été coupée de la rhétorique par un parti-pris qui se traduisait aussi dans les découpages institutionnels (la logique informelle, contrairement à la rhétorique qui se partageait au départ entre les départements de communication et d’anglais, s’enseigne principalement dans des départements de philosophie) ?
8Au-delà, cependant, de ces découpages disciplinaires et de ces différences d’approche, ces travaux remettent tous sur le tapis un ensemble de questions fondamentales. Il s’agit de la capacité des humains à élaborer, à communiquer et à partager des raisonnements ou des façons de voir. Comment les gens abordent-ils une question qui prête ou peut prêter à controverse, comment construisent-ils un point de vue, vérifient-ils sa validité et cherchent-ils à y faire adhérer les autres ? Clairement, ces questions sont cruciales dans ce que Perelman appelait « les affaires humaines ». Elles mettent en jeu les possibilités de leur bonne gestion sous l’égide de la raison. D’elles dépendent les chances d’un vivre-ensemble dans des sociétés démocratiques et multiculturelles où coexistent des opinions différentes et souvent antagonistes. Les divers courants de la rhétorique et/ou de l’argumentation mettent l’accent sur l’une ou l’autre des dimensions de cette problématique. Certains s’interrogent essentiellement sur la nature et la validité des arguments, d’autres sur les voies, les littératies et l’infrastructure technique de la persuasion rationnelle, d’autres explorent les techniques communicationnelles qui régulent les relations humaines. Mais tous sont ancrés dans l’interrogation fondamentale esquissée ci-dessus. Nous allons tenter d’en retracer les contours en nous concentrant sur deux notions fondamentales : la persuasion et la Raison, avant d’examiner le changement radical qu’introduit le numérique dans la conception traditionnelle de la rhétorique.
2. Repenser ou dépasser la persuasion
9La rhétorique dans sa dimension argumentative cherche-t-elle nécessairement à persuader ? C’est ce qu’affirmait Aristote, pour qui elle consistait dans la capacité à déceler tout ce qui est propre à persuader. Ou encore Chaim Perelman Perelman et Olbrechts-Tyteca 1970 [1958]) qui y voyaient l’ensemble des moyens discursifs permettant l’adhésion des esprits à une thèse proposée à leur assentiment. Le site de la Rhétorique américaine1 reprend entre autres cette définition du grand rhétoricien Kenneth Burke : “the basic function of rhetoric [is] the use of words by human agents to form attitudes or to induce actions in other human agents.” Ou encore celle-ci, de Douglas Ehninger: “[Rhetoric is] that discipline which studies all of the ways in which men may influence each other’s thinking and behavior through the strategic use of symbols.” D’autres définitions découpées et retenues par le site insistent moins sur la persuasion, étendant les limites du domaine à des types de communication plus diversifiés où la persuasion n’est pas le but unique ni même principal de l’activité langagière. Il n’en reste pas moins que la tentative des interactants d’exercer une influence mutuelle l’un sur l’autre, ou celle de l’orateur de provoquer une adhésion à ses façons de voir, sont le plus souvent considérées comme le levier de la rhétorique.
10C’est avec cette tradition que rompent les travaux présentés dans ce dossier. Ils proposent une démarche qui ne se contente pas d’élargir la définition de l’argumentation rhétorique, comme le font désormais de nombreux chercheurs à une époque où la rhétorique en vient souvent à se confondre avec la communication au sens large. En repensant les relations de la rhétorique à la persuasion, ils repensent en profondeur les finalités et les méthodes de la discipline en lui ouvrant de nouveaux horizons.
11Ainsi la féministe américaine Sonja Foss, dont les premiers défis à la rhétorique traditionnelle remontent aux années 1990, part d’une vision critique de la notion même de persuasion, Elle y dénonce un essai de contraindre l’autre en essayant de lui faire adopter son propre point de vue. « La persuasion implique souvent », dit-elle dans son entretien avec Helene Shugart, « un désir de contrôle et de domination - l’acte de changer quelqu’un établit notre pouvoir sur cette personne ». En cherchant à modifier les vues d’autrui, on discrédite ipso facto ses perspectives, et on l’engage de façon paternaliste à les transformer. Cette approche va, selon Foss, à l’encontre de l’engagement féministe qui rejette toute idée de domination.
12C’est pourquoi elle et ses collègues établissent, aux côtés de la rhétorique de la persuasion, une rhétorique dite de l’invitation ou « invitationnelle ». Elle ne consiste ni dans une confrontation, ni dans une tentative d’influer sur les façons de penser de l’auditoire, mais dans « une invitation à la compréhension ». Chaque partie expose son point de vue, et écoute celui de l’autre en essayant de voir les choses à travers ses yeux. Il s’agit donc d’une interaction « non critique et non contradictoire » qui accorde de la valeur au point de vue d’autrui et vise à faciliter la compréhension. Foss souligne que cette option n’entend pas, comme l’ont prétendu certains de ses détracteurs, se substituer complètement à la persuasion : celle-ci continue à jouer un rôle dans les circonstances où elle semble s’imposer. Le cadre nouveau vient plutôt fournir des clés dans des situations où la persuasion est vouée à l’échec. Il propose une voie alternative et ouvre des possibilités nouvelles aux échanges humains. Dans les années où a été élaborée cette approche, la conception quelque peu iconoclaste que présentait Foss permettait d’englober des types d’éloquence féminine auxquelles la tradition ne faisait alors pas place. Loin de se limiter aux discours publics généralement réservés aux hommes, la rhétorique pouvait élargir ses corpus en englobant des types d’interaction divers, et souvent informels, comme une conversation entre une mère et son enfant, par exemple. Les études de rhétorique ne pouvaient qu’être modifiées en profondeur par la redéfinition de ses objectifs de persuasion et l’extension des types et genres de discours désormais compris dans la discipline.
13C’est aussi du dépassement radical des frontières traditionnelles, et d’une redéfinition des enjeux de la rhétorique au profit de l’ouverture à l’autre, que relève la « rhétorique coalescente » de Michael Gilbert, également fondée dans les années 1990 (l’ouvrage du même nom date de 1995). Ce modèle ne se fonde pas sur la tentative de faire triompher une thèse en prouvant sa supériorité, mais bien plutôt sur une approche où les partenaires de la discussion tentent de s’ouvrir à leurs vues réciproques au sein d’une démarche qui vise à la « coalescence », c’est-à-dire à la jonction ou fusion de positions différentes. Pour cela, il ne suffit pas selon Gilbert de connaître la thèse de l’autre et les (bonnes ou mauvaises) raisons sur lesquelles elle se fonde. Il faut déceler la « position » dont dérive cette thèse, ce qui implique de comprendre la vision du monde, les valeurs, les émotions qui sont au fondement du point de vue dont émane la thèse ; il faut faire preuve d’empathie. L’exploration de la position sur laquelle repose la thèse du partenaire peut mener à un accord sur la base de l’information glanée, et de la compréhension en profondeur de ce que recherche l’allocutaire. Il n’est pas question de l’emporter sur l’autre, mais de discerner ses objectifs au sein de sa vision du monde et de ses dispositions affectives pour rechercher des solutions négociées dans lesquelles chacun peut se retrouver.
14Contrairement à la féministe Sonia Foss qui voit dans la persuasion une forme de coercition, Emmanuelle Danblon, dans le sillage de Chaïm Perelman, en fait au contraire le socle des sociétés démocratiques pluralistes. Elle accorde toute sa valeur à la tradition qui examine les moyens de faire adhérer un auditoire à une thèse grâce aux vertus du logos, de l’ethos et du pathos. Mais dans ses récents travaux, elle propose d’emprunter une autre voie pour tenter de résoudre les apories des dialogues de sourds et déjouer les discours manipulatoires en tous genres. L’innovation consiste ici, paradoxalement, à revenir aux exercices de rhétorique empruntés à l’Antiquité (et originellement aux Sophistes), les progymnasmata. Ces exercices, où on joue à adopter le point de vue de l’autre, où on s’offre le plaisir du récit et du mythe, constituent une pratique qui ne vise pas à persuader. Bien plutôt, ils permettent une « meilleure compréhension des mécanismes de la persuasion ». Ils ont, aux yeux de Danblon et de son équipe de recherche, une fonction importante et une vertu citoyenne. Tout d’abord, les participants gagnent en lucidité face à leurs propres positions : l’exploration des raisonnements de l’autre, l’imitation de ses pratiques argumentatives contribuent à mieux éclairer leur propre point de vue. Les exercices développent en même temps « la capacité d’écoute, l’empathie, le sens de la nuance et l’esprit critique » ; ils favorisent l’ouverture à l’autre et posent les jalons d’une hypothétique intercompréhension. En découle un assouplissement de la « capacité à changer de point de vue, ce qui pourrait contribuer à rendre le citoyen moins dogmatique, moins conformiste et à le préparer à engager des débats moins polarisés et plus nuancés ». Les exercices de rhétorique peuvent dès lors constituer un rempart contre le dogmatisme et la radicalisation, empêcher les polarisations et promouvoir le modèle de la coopération au détriment du modèle de la lutte.
15Dans ce cadre, les exercices de rhétorique remplissent bien la vocation première d’exercices préparatoires que leur assignaient les Anciens ; ils se situent en amont des débats argumentés qui se déploient sur la place publique. Mais ils sont repris dans une perspective différente, qui dépasse l’objectif d’entraînement pur et simple. En repensant les usages d’un pan tombé en désuétude de la rhétorique, cette approche le met au service de la résolution des problèmes d’une société où se multiplient les incompréhensions, les désaccords profonds, les risques de dichotomisation.
16On trouve une réflexion qui va également dans le sens de l’ouverture à l’autre plutôt que de la persuasion dans les derniers travaux de Christopher Tindale, qui s’intéresse aux interactions entre groupes provenant de deux cultures radicalement différentes. Dans le cadre anthropologique d’une communication interculturelle, faire adhérer l’Autre à sa thèse est une mission par définition impossible. L’argumentation ne peut se déployer dans un espace où les individus ne partagent pas a priori un certain nombre de croyances et de valeurs, et où ils n’ont aucun environnement cognitif commun. En privilégiant les situations où les parties en présence appartiennent à des cultures complètement étrangères l’une à l’autre, Tindale examine un cas radical de ces désaccords profonds dont Fogelin soulignait le caractère insoluble dans un article qui avait jeté le trouble dans le royaume de la logique informelle. Mais là où Fogelin concluait que ces cas de figure ne permettaient tout simplement pas de parvenir à un accord raisonné, Tindale, quant à lui, cherche une voie permettant de sortir de l’impasse. S’aventurant sur le terrain des cultures qui ne relèvent pas de la tradition occidentale, il tente d’élaborer une rhétorique « de la rencontre », où priment le respect et la reconnaissance de l’autre. Il y voit un préalable pour arriver non pas à emporter l’adhésion, mais à « combler les lacunes de l’incompréhension ».
17Selon lui, en effet, un environnement cognitif commun peut « émerger au fil du temps » dans ces échanges, et « permettre l’argumentation ». Dans les cas de coupures cognitives, le chercheur n’abandonne donc pas la rhétorique argumentative qui reste son horizon. Mais au sein de cette réflexion à dimension anthropologique, il subordonne la possibilité du raisonnement partagé à une pratique préalable que résume l’étiquette « rhétorique de la rencontre ». Celle-ci devrait à long terme contribuer à rétablir la possibilité, mise en échec par la différence des cultures, de dialoguer et d’argumenter avec l’autre. On peut se demander dans quelle mesure cette approche de la communication interculturelle peut avoir une incidence sur les nombreux cas de coupures cognitives qui se font jour aujourd’hui dans les dissensions qui déchirent nos États pluralistes.
18Dans un autre cadre, les travaux de Marc Angenot – qui, dans Dialogues de sourds avance que les deux parties d’une confrontation polémique ne parviennent jamais à un accord – explorent aussi le problème des relations avec ceux qui « non seulement n’ont pas les mêmes raisonnements, mais donnent même l’impression de ne pas appartenir au même monde mental, au même monde intellectuel que moi ». Selon lui, les modes de raisonnement sont tributaires d’argumentaires indissociables de l’idéologie dont ils se nourrissent. Ils doivent de ce fait être abordés dans un cadre où la rhétorique croise l’Histoire des idées. Angenot n’isole pas des discours particuliers pour les soumettre à une analyse discursive et argumentative : il travaille sur de larges corpus (par exemple, tout ce qui se disait et s’écrivait des Juifs ou des femmes en 1889) par rapport auxquels il a une distance géographique et/ou temporelle. Le choix de corpus importants dérive du fait qu’à ses yeux, la logique d’un raisonnement, le sens d’un texte, ne peuvent être dégagés hors contexte : « les discours font sens par rapport à des états de société caractérisés par des façons de penser et de dire le monde structurées et éventuellement concurrentes ». C’est parce que les argumentaires et les modes de raisonnement des discours sont ancrés dans des espaces socio-culturels et historiques particuliers qui déterminent leur logique, que l’analyse rhétorique ne peut selon lui être dissociée de l’Histoire des idées. Croiser ces deux disciplines permet de saisir le sens des raisonnements qui se déploient chez les membres de groupes ou de fractions sociales différents et éventuellement antagonistes, et de voir dans les cas de dissensus pourquoi la divergence entre les logiques internes propres à chacun ne permet pas d’arriver à un accord.
19Angenot pose donc que l’étude du discours social, en tenant compte des prémisses et des modes de rationalité de groupes sociaux et politiques, ou d’un état de société, permet de mieux comprendre pourquoi les tentatives d’amener l’autre à son point de vue achoppent sur des échecs répétés. On voit que la persuasion est ici saisie sous un aspect très particulier. L’analyste dévoile à la fois ce qui fonde le consensus dans un groupe ou une époque donnée à l’intérieur d’un même discours social, et ce qui sous-tend les dialogues de sourds où les coupures cognitives empêchent toute entente. A la limite, et en radicalisant un peu les positions d’Angenot, l’analyse du discours et l’Histoire des idées amènent à repenser la notion rhétorique de persuasion en en subordonnant les modalités, et les possibilités, à l’idéologie ambiante. Pour l’analyste du discours et l’historien des idées, il ne s’agit plus comme chez Foss, Danblon ou Tindale de trouver des solutions aux problèmes d’une société où l’argumentation persuasive est mise en échec, mais d’analyser la façon dont naissent et se poursuivent les dialogues de sourds dans un état de société donné.
20Dans le cadre de sa discipline-mère, la pragmatique cognitive, Steve Oswald ne se contente pas d’étudier les malentendus et d’édifier une théorie de la compréhension. Il l’articule sur la notion rhétorique de persuasion, dont il modifie néanmoins en profondeur l’étude en la dotant d’un éclairage psychologique et de méthodes expérimentales. Ce sont les mécanismes de l’adhésion dans ses rapports avec la compréhension que se propose d’explorer celui qui se dit plus « argumentativiste » que linguiste. Il reprend ainsi à nouveaux frais la notion de perlocution forgée par Austin et selon lui négligée par les pragmaticiens. Austin y voyait un acte de langage provoquant des effets sur les sentiments, les pensées, ou les actes de l’auditoire – catégorie dans laquelle se range la persuasion. Dans son sillage, Oswald substitue le plus souvent à « persuasion » les syntagmes nominaux « effet de persuasion » ou « effet rhétorique ». Tout en admettant qu’il s’agit d’expressions vagues, il les définit « comme un effet qui est déclenché par un énoncé dans une situation de communication et qui affecte ce qui se passe dans l’échange en aval, notamment dans des contextes argumentatifs ». Au niveau de l’analyse de ces effets de persuasion, l’apport de la pragmatique à la rhétorique consiste en grande partie dans le fait qu’elle étudie en profondeur de précieuses ressources de sens comme l’implicature, la présupposition, l’insinuation, la métaphore et bien d’autres, dont l’usage en contexte varie selon le but que poursuit le locuteur.
21Mais il y a plus. Le chercheur ne se contente pas de décrire des procédures verbales visant à agir sur le public. Il se donne comme ambition de mesurer leur degré de réussite et leur impact réel. Il s’avance ainsi sur un terrain où la rhétorique ne se risque pas : celui de la mesure des effets de persuasion. Il ne suffit plus d’analyser des stratégies argumentatives qui visent à ébranler l’auditoire en en supputant l’efficacité, il faut utiliser des méthodes expérimentales pour voir quels sont leurs résultats concrets au niveau de la réception effective. En croisant la rhétorique avec la pragmatique cognitive et une tradition expérimentale, Oswald redéfinit ainsi les méthodes et les enjeux de la discipline.
3. Revisiter la conception et le rôle de la Raison (le logos)
22La réélaboration de la notion de persuasion et de ses modalités est étroitement liée à la notion de Raison et à sa centralité dans le processus argumentatif. L’argumentation rhétorique la pose au centre des échanges au gré desquels les humains tentent de parvenir à un accord. Elle y voit le nerf de la délibération, et le fondement des domaines juridique et politique. Cela suppose que la Raison soit la chose du monde la mieux partagée, qu’elle soit une, universelle, et que ses modes de fonctionnement soient communs à tous les êtres humains. Or, les cadres édifiés par les chercheurs de ce volume remettent justement en question la conception de la Raison sur laquelle était fondée leur discipline, que ce soit la logique informelle ou la rhétorique d’inspiration aristotélicienne. En déviant de ce qu’il était coutume de considérer comme le droit chemin, ils nous obligent à repenser la nature du raisonnement et à réévaluer sa place et son importance dans la communication rhétorique.
23Angenot et Tindale s’avancent très loin en posant qu’il existe des logiques différentes qui empêchent l’un de saisir le raisonnement de l’autre, et à plus forte mesure de se l’approprier. Le premier fait un constat qui porte sur les façons de raisonner incompatibles qui se font jour à l’intérieur d’une même culture (ou d’une même nation, à une même époque) ; le second se penche sur les logiques différentes qui animent les membres de groupes appartenant à des cultures sans points de contact les unes avec les autres. Impossible de faire adhérer à mon raisonnement celui dont la logique repose sur d’autres prémisses et d’autres principes que les miens. Il n’en ressort pas pour autant que ceux qui ne raisonnent pas comme moi sont illogiques ou dénués de raison. Simplement, ils suivent une autre logique régie par d’autres règles. Angenot comme Tindale pensent que l’analyste se doit de dégager cette logique pour l’éclairer et la comprendre en-dehors de tout jugement de valeur. Pareille position décentre la suprématie d’un logos pris comme universellement partagé, et assigne à la rhétorique d’autres objectifs que ceux auxquels elle se consacrait traditionnellement. En particulier, elle appelle à pénétrer les arcanes d’une façon de penser autre, d’une manière alternative de déchiffrer le monde liée à son contexte culturel, socio-historique et idéologique. Cette approche de la Raison et de son fonctionnement ébranle en profondeur le cadre de la rhétorique classique fondée sur le logos, et demande de la repenser sur de nouvelles bases.
24Emmanuelle Danblon décentre aussi, bien que de façon différente, la notion d’une rationalité fondée sur les seuls impératifs du logos. Elle offre une réflexion approfondie sur la question en la liant aux exercices de rhétorique qui visent à développer un savoir-faire, une pratique, plutôt qu’une connaissance livresque. En posant que la rationalité ne se limite pas au savoir théorique mais englobe aussi des compétences d’ordre technique et des dispositions, elle propose « un élargissement et un assouplissement de la notion de rationalité ». Cette démarche doit procurer au citoyen qu’il s’agit de former un ensemble de ressources comme l’intelligence émotionnelle, la capacité d’intuition, l’adaptabilité, etc. – toutes ressources qui lui sont nécessaires en raison de la complexité des « affaires humaines » dont la Raison cartésienne seule ne suffit pas à résoudre les problèmes. Danblon reprend ainsi la notion de « raisonnable » dans son opposition au « rationnel », telle que l’avait posée Perelman ; mais elle l’étend au-delà de ce que la nouvelle rhétorique y englobait. En effet, le sujet rhétorique est pour elle « un sujet incarné, mis en scène dans des situations concrètes qui font émerger des affects, des enjeux personnels et collectifs mais aussi des imaginaires ». En prenant en compte le caractère complexe et situé du sujet rhétorique, la représentante de l’École de Bruxelles dit défendre un modèle « réaliste » selon lequel le sujet n’accepte la vérité que si elle ne choque pas son sens du vraisembable. Selon elle, « des débats échouent, non pas à cause d’une carence intellectuelle dans l’accès à la vérité, mais par une difficulté psychologique à admettre une réalité qui nous blesse ». L’approche qui se ressource aux progymnasmata constitue dans cette perspective une façon innovante de repenser l’accès à la vérité en saisissant la rationalité dans des situations concrètes où elle est en prise sur des affects et des imaginaires qui contribuent à dessiner pour les participants les contours du vraisemblable.
25Une autre façon de saisir et d’évaluer le statut d’une Raison dite universelle ressort du travail de Sonja Foss. Sa rhétorique invitationnelle refuse la toute-puissance de l’argument rationnel visant à mener vers une conclusion avérée pour emporter l’adhésion de l’auditoire. Détrôner la persuasion au profit d’une ouverture à l’autre centrée sur l’écoute rompt avec la tradition qui voit dans l’argumentation rationnelle la seule voie valable vers la résolution des conflits et la possibilité d’un vivre-ensemble malgré les divergences. Cette position est exposée de façon encore plus radicale par Michael Gilbert et sa rhétorique multimodale, qui redéfinit la notion d’argument en posant que le logos n’en est qu’une facette parmi d’autres. Bien qu’issu comme Tindale du courant de la logique informelle, Gilbert développe l’idée qu’il existe quatre modes d’arguments différents parmi lesquels un seul relève de la Raison.
- 2 Christopher Tindale. 2022. “On the Kisceral Mode of Argumentation”, Informal Logic 4:3, 603–621.
26S’il met ainsi au défi la logique informelle, il bouleverse également la tradition rhétorique dont il se sent plus proche que de sa discipline de départ. En effet, dans son système multimodal, les « modes » énumérés, en plus du logos, ne sont pas seulement l’émotion (le pathos) dont fait état la rhétorique ; ils peuvent être « viscéraux » : (un roulement d’yeux, par exemple) ou « kiscéraux » (de ki, énergie) – à savoir un mode de communication qui relève de l’intuitif, du religieux, du spirituel, du mystique. Ce dernier, qui contourne complètement les processus rationnels, est selon Tindale, le plus audacieux et le plus difficile à saisir2. Le scandale qu’ont suscité ces positions provient essentiellement du fait qu’elles bouleversent de fond en comble la notion même d’argument en en reconnaissant différentes formes aux antipodes de la conception occidentale de la logique et de la raison.
27Quant à l’approche ancrée dans la pragmatique de Steve Oswald, elle n’accorde aucun statut privilégié au raisonnement. Interrogé sur la question de la Raison à la suite de son entretien dans Argumentation et Analyse du Discours, Oswald se réfère à la rationalité communicative de type instrumental dont parle Grice. Elle consiste dans le fait que les interactants respectent les maximes conversationnelles afin de satisfaire un but qui est la compréhension mutuelle. Il s’agit d’une rationalité communicative instrumentale. Dans une perspective rhétorique, il faudrait alors étendre le but inhérent à cette rationalité à la gestion des réactions que chacun veut provoquer chez l’autre, que ce soit au niveau de l’adhésion à un point de vue, de la construction d’une image de soi ou de réponses émotionnelles. Dans ce cadre, la pragmatique expérimentale que développe Oswald explore les effets rhétoriques aussi bien de l’ethos ou du pathos que du logos. Dès lors, on peut considérer que non seulement le logos n’occupe pas une place centrale, mais encore que le sens de Raison y est minoré. Le terme est pris principalement dans son sens de parole : de discours pris dans toutes ses dimensions verbales, mis en œuvre pour produire divers effets sur l’allocutaire. Tel est le résultat d’une approche pragmatique qui n’entend pas comme l’analyse rhétorique reconstruire de façon abstraite ou contextuelle les schèmes argumentatifs susceptibles de faire adhérer l’autre à une thèse, mais explorer le fonctionnement du perlocutoire sur le terrain. Le croisement avec la pragmatique cognitive transforme manifestement les objectifs et les procédures de la rhétorique classique.
4. Rhétorique et littératie : les bouleversements causés par le numérique
28Au-delà de ces écarts par rapport à la rhétorique envisagée sous son aspect de persuasion et de raisonnement donné en partage, ce dossier présente une percée d’un ordre différent. Elle se détache sur une autre tradition rhétorique elle aussi héritée de l’Antiquité : l’art de bien dire. L’art oratoire exige une formation, que possède et prodigue le rhéteur. Il faut apprendre à maîtriser les codes et les procédés qui permettent de bien s’exprimer ; il ne suffit pas de trouver les arguments qui portent (inventio), il faut savoir les disposer (dispositio), les mettre en mots en les coulant dans un style qui frappe (elocutio), et utiliser toutes les ressources de la voix et du corps dans la présentation orale (actio qui comprend des éléments comme l’intonation et la gestuelle). La rhétorique classique accorde une place importante à la production : la production orale qui comporte ses propres impératifs (le rythme, le ton, …), mais aussi la production écrite au sens large du terme. Ce pan de la rhétorique, qui avait longtemps fait partie de l’enseignement scolaire avant de tomber en désuétude, s’est développé dans divers pays et principalement aux États-Unis, au sein de formations aux « littératies ». L’étude des littératies comprend aussi bien la capacité à produire des discours oraux et des textes que celle de comprendre les discours et les textes auxquels nous sommes confrontés, et d’intégrer cette compréhension en société dans nos discours et nos actions. Selon la définition bien connue de l’OCDE (l’Organisation de Coopération et de Développement économiques, 2000) « la littératie est l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités ».
29C’est sur ce terrain que les avancées des nouvelles technologies ont bouleversé l’enseignement des littératies prodigué dans les études de rhétorique. Dans cette perspective, nous avons jugé nécessaire d’intégrer un entretien avec l’un des grands spécialistes actuels de la littératie numérique, Stuart Selber, interrogé par Jim Ridolfo qui a lui-même apporté une contribution importante au domaine. Ces deux chercheurs américains présentent une vision de la rhétorique associée à la maîtrise des technologies numériques au sein d’un apprentissage qui permet de comprendre, utiliser et produire des discours, des vidéos, des sites web, etc. sur une variété de supports numériques. C’est donc une formation à la communication dans ses aspects numériques et ses incessants développements technologiques qui est proposé aux étudiants. La persuasion est loin d’en être exclue, mais elle n’est pas un objectif exclusif ; elle peut le céder à, ou s’allier avec, des visées fonctionnelles ou descriptives.
30Stuart Selber théorise de façon intéressante la place de la rhétorique dans les nouvelles pratiques numériques. Il considère en effet que « même les projets à orientation technique ont une dimension rhétorique, dont la compréhension est cruciale pour la rédaction des textes numériques du 21e siècle ». Dans cette perspective, l’analyse ne peut être dissociée de la production. Cette activité analytique examine aussi la façon dont la persuasion fonctionne dans des contextes où on n’a pas tendance à la repérer. Ainsi, par exemple, « les interfaces logicielles sont rhétoriques dans la mesure où elles persuadent par leur contenu et leur structure, définissant, conditionnant et façonnant la manière dont les gens pensent à la tâche à accomplir ». L’analyse rhétorique se porte également sur le codage, ou encore sur ce que le discours accomplit dans ses modes de circulation. Selber pose ainsi une « littératie rhétorique » à côté de la littératie fonctionnelle » et « critique », dévoilant son fonctionnement et ses fonctions dans ce contexte inédit. En même temps, il montre comment certaines notions empruntées à la rhétorique classique doivent être repensées, et des notions rhétoriques nouvelles développées, dans le contexte numérique. Une nouvelle vision de la rhétorique, de ses limites et de ses fonctions se dégage de ce travail novateur en prise sur les bouleversements de la communication contemporaine.
5. En guise de conclusion
31En conclusion, on voit que la conception et les usages de la rhétorique sont repensés différemment dans chacun de trajets de recherche présentés dans les entretiens. Pour certains, elle reste essentiellement un instrument analytique, et doit nous permettre d’appréhender des façons de voir et de penser dans leur contexte culturel et/ou idéologique (Angenot), ou de mesurer des effets de persuasion tels qu’ils se traduisent sur le terrain (Oswald). L’attention aux données discursives prime, qu’il s’agisse d’analyse du discours ou de recherche empirique : on explore les discours argumentatifs pour dévoiler leur fonctionnement et leurs effets sans visée normative. Pour d’autres, la rhétorique telle qu’ils la redéfinissent est appelée à remplir une fonction sociale au-delà de ses pouvoirs de persuasion. Elle doit par exemple remédier à l’incompréhension qui bloque le dialogue en ouvrant des possibilités nouvelles de rapport à l’autre. De fait, la notion d’ouverture à l’autre revient chez plusieurs chercheurs – Foss, Gilbert, Tindale ; l’idée de saisir la logique de l’autre en contexte culturel et idéologique sans jugement normatif apparaît aussi chez ces chercheurs, comme d’ailleurs chez Danblon qui y voit un moyen de former des citoyens capables d’investir la logique de l’autre et moins portés à la polarisation et au dogmatisme. Pour d’autres encore, la rhétorique est une dimension intégrante de l’apprentissage des littératies qui permettent de communiquer efficacement à travers les nouvelles technologies. Elle devient un levier de production dans les domaines communicationnels les plus divers et sans doute les plus inattendus dans une perspective traditionnelle, et infuse à la production numérique une dimension réflexive indispensable à sa réussite. A la lumière de tous ces bouleversements, qui ne sapent pas la discipline en tant que telle mais l’orientent vers des voies radicalement nouvelles, il semble que la rhétorique a encore de beaux jours devant elle.
- 3 Les citations dans cette introduction sont toutes empruntées aux entretiens publiés dans notre numé (...)
32L'ordre selon lequel sont présentés les entretiens est en partie aléatoire. Nous avons cependant choisi de commencer par les travaux élaborés au sein même de la rhétorique et des théories de l’argumentation. Les premiers textes présentent des travaux relativement anciens qu’on peut qualifier de pionniers et dont le caractère subversif reste entier : la rhétorique féministe invitationnelle de Sonja Foss et la rhétorique multimodale et coalescente de Michael Gilbert. Ils sont suivis des exercices de rhétorique d’Emmanuelle Danblon, et de la rhétorique dite de la rencontre de Christopher Tindale, qui revoient dans leur cadre disciplinaire les notions de rationalité et de persuasion au sein de tentatives innovantes. Ces quatre articles sont suivis de deux autres qui placent au premier rang une discipline autre que la rhétorique – l’Histoire des idées et l’analyse du discours chez Marc Angenot, la pragmatique chez Steve Oswald – en les croisant avec la rhétorique d’une façon qui revivifie celle-ci en en modifiant les objets, les méthodes et les enjeux. En fin de parcours, nous avons placé l’entretien qu’a mené Jim Ridolfo avec Stuart Selber, où ces deux spécialistes américains de la rhétorique numérique montrent comment la rhétorique s’est trouvée non seulement enrichie, mais aussi transformée en profondeur dans ses pratiques par le développement des technologies contemporaines.3
Notes
1 https://www.americanrhetoric.com/rhetoricdefinitions.htm
2 Christopher Tindale. 2022. “On the Kisceral Mode of Argumentation”, Informal Logic 4:3, 603–621.
3 Les citations dans cette introduction sont toutes empruntées aux entretiens publiés dans notre numéro spécial. Une riche bibliographie figure dans chacun des entretiens.
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Référence électronique
Ruth Amossy, « Introduction : La rhétorique en-dehors des sentiers battus », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne], 32 | 2024, mis en ligne le 15 avril 2024, consulté le 25 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/aad/8413 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/aad.8413
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