Le sous-titre de cet article reprend celui que le Rassemblement (bulletin intérieur hebdomadaire du Rassemblement du peuple français [RPF]), périodique gaulliste, publia le 21 mai 1949. Il illustre à bien des égards la polémique ayant entourée le financement, le tournage et la production de ce film hors normes, Alice au pays des merveilles, symptôme de la chasse aux sorcières alors en cours à Hollywood et de l’atmosphère de « guerre froide » qui régnait en France à la même époque. Car si le film a bien été tourné en France et financé en grande partie par de l’argent public français, la plupart des artistes ayant participé à son élaboration sont des Américains chassés par le maccarthysme à la fin des années 1940 qui trouvèrent des appuis en France auprès de la mouvance communiste du cinéma. La réception mitigée du film et son échec en salles créa une polémique accusant le jeune CNC d’avoir dilapidé des fonds qui auraient pu servir à des films « vraiment » français, alors qu’il inaugu...
Retour sur la coproduction franco-anglo-américaine d’Alice au pays des merveilles de Lou Bunin (1949)
Résumés
L’article revient sur la production, en 1947-1949 d’un film d’animation franco-anglo-américain, Alice au Pays des merveilles, réalisé par Lou Bunin, sculpteur et marionnettiste américain d’extrême-gauche, ami de Diego Rivera et Tina Modotti, qui a fui l’Amérique de la « chasse aux sorcières ». Accueilli par des techniciens, acteurs, cinéastes et producteurs membres du PCF ou proches de lui, Bunin fait venir des États-Unis des animateurs licenciés par Walt Disney pour fait de grève et d’autres « black-listés » comme lui. Le film devait inaugurer une production d’animation française originale. Tourné en deux langues il bénéficie du système d’aide du Crédit national et de la distribution par l’UGC récemment constituée après la saisie par l’État des biens allemands notamment ceux de la Continental, qui participe à son financement. Dans le climat de « guerre froide », le film rencontre l’hostilité de la presse de droite qui s’indigne que les fonds publics aient financé un film « américano-communiste » tandis qu’aux États-Unis Walt Disney fait tout pour entraver la diffusion du film de Bunin qui tomba dans l’oubli. Grâce à l’exploitation inédite des archives du Crédit national et d’autres fonds ainsi que du dépouillement de la presse de l’époque, cet article retrace les conditions de production de ce film et le sort qui fut le sien.
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Sébastien Roffat, « Retour sur la coproduction franco-anglo-américaine d’Alice au pays des merveilles de Lou Bunin (1949) », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 91 | 2020, 96-131.
Référence électronique
Sébastien Roffat, « Retour sur la coproduction franco-anglo-américaine d’Alice au pays des merveilles de Lou Bunin (1949) », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 91 | 2020, mis en ligne le 02 janvier 2025, consulté le 12 septembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/1895/8020 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/1895.8020
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