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Notes de lecture

Pascal Laborderie, le Cinéma éducateur laïque

Paris, l’Harmattan, 2015, 284 p.
Valérie Vignaux
p. 200-201
Référence(s) :

Pascal Laborderie, le Cinéma éducateur laïque, Paris, l’Harmattan, 2015, 284 p.

Texte intégral

1L’ouvrage de Pascal Laborderie est tiré d’une thèse de doctorat dirigée par Roger Odin – qui préface l’ouvrage – et Michel Marie, présentée en 2009 au cours d’une soutenance à laquelle j’ai eu le grand plaisir de participer, découvrant que les recherches précédemment réalisées sur Jean Benoit-Lévy, étaient interrogées par une nouvelle génération de chercheurs. L’ouvrage de Pascal Laborderie parce qu’il s’inscrit dans les recherches récentes évite nombre d’écueils, comme la confusion entre cinéma scolaire et éducateur, soit entre séance en classe destinée à un jeune public et projection hors temps scolaire, pour les adultes et relevant de l’éducation populaire. La particularité de ses recherches tient assurément dans l’articulation d’une visée historienne avec la volonté de modéliser ces œuvres à partir d’un concept générique, à savoir le film-parabole. Dans une première partie, Laborderie entreprend une histoire du cinéma éducateur laïque, en s’intéressant en particulier aux Offices, soit des organismes gérant les copies diffusées gratuitement par les cinémathèques ministérielles (agriculture, santé, instruction) et bénéficiant de subsides municipaux. L’étude menée grâce à des sources inédites lui permet de montrer le fonctionnement de ces institutions, s’intéressant plus particulièrement aux Offices de Saint-Étienne, Lyon et Nancy, montrant comment le premier peut être dit exemplaire en raison de son équipement, de son implantation, mais également à la suite de l’étude de son catalogue ou des usages qui furent faits des films. L’auteur montre ainsi comment la constitution des Offices du cinéma éducateur laïque en France durant l’entre-deux-guerres a participé à l’aménagement géographique, économique, juridique mais également idéologique du territoire, puisque le cinéma était le lieu d’une rencontre entre l’école, vecteur de la laïcité, et le peuple. Or l’étude des brochures, des discours des animateurs du cinéma éducateur, mais aussi les commentaires rédigés par les directeurs des Offices comme Gustave Cauvin, Louis Colin ou Eugène Reboul, permettent à l’auteur de constater une tension entre les visées éducatives ou instructives des prescripteurs et les désirs récréatifs des spectateurs. Clivage que les films paraboles venaient résoudre puisqu’ils s’apparentaient, par leur forme, au cinéma spectaculaire, au long métrage de fiction, tandis que les narrations véhiculaient les recommandations de bonnes conduites sociales. Dès lors, dans une seconde partie, Laborderie s’attache à définir les caractéristiques de cette catégorie générique du film parabole, en étudiant plus en détail plusieurs films de Jean Benoit-Lévy, comme Pasteur, la Future maman, Âme d’enfants et le Voile sacré. Benoit-Lévy, on le sait, fut durant l’entre-deux-guerres, le réalisateur privilégié des cinémathèques ministérielles, et son œuvre, amplement diffusée au sein des Offices, ce qui permet de supposer que ses films ont été très largement projetés devant des spectateurs de tous ordres. Or, comme le montre Laborderie ces films paraboles parce qu’ils ont des objectifs propagandistes, concilient les attentes du public et les intentions des instances productrices. Leur analyse sémiologique fait émerger des figures rhétoriques, qu’elles soient narratives comme la fable par exemple, mais également figuratives, à l’instar de la ronde enfantine entre autres. Autant de films qui auront contribué à transmettre des valeurs républicaines tout en servant des visées politiques, en l’occurrence celles du cartel des gauches. Ainsi, en conciliant deux approches méthodologiques distinctes, soit une étude historique et une analyse sémiologique d’un même phénomène filmique, Laborderie contribue à une meilleure connaissance de ces instances régionales que furent les Offices du cinéma éducateur, et montre de surcroît comment les images témoignent des dispositifs pour lesquelles elles ont été produites et dans lesquelles elles ont été diffusées. Ouvrage qui clôt une thèse mais non la recherche, puisque Laborderie s’est à présent attelé à l’étude de la Ligue de l’enseignement dans ses relations au cinéma, un colloque étant annoncé pour cet hiver, dont nous ne manquerons pas de rendre compte des actes lors de leur parution.

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Pour citer cet article

Référence papier

Valérie Vignaux, « Pascal Laborderie, le Cinéma éducateur laïque »1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 77 | 2015, 200-201.

Référence électronique

Valérie Vignaux, « Pascal Laborderie, le Cinéma éducateur laïque »1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 77 | 2015, mis en ligne le 29 janvier 2016, consulté le 01 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/1895/5095 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/1895.5095

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Auteur

Valérie Vignaux

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CC-BY-SA-4.0

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