Studies in Russian & Soviet Cinema, vol. 6, n° 2, 2012
Texte intégral
1Cette nouvelle livraison de la précieuse revue anglophone consacrée aux cinémas russe et soviétique propose une étude d’Anna Kovalova consacré au scénariste Nikolai Erdman (qui signe plusieurs scénarios de Barnet qu’il écrit avec Volpine), en particulier à ses travaux pour les films destinés aux enfants. Alexander Graham examine la question de « l’immersion dans le temps » (histoire et mémoire) et de la « réadaptabilité » dans les films d’Alexei Guerman. Deux études de Nikolaï Mayorov s’intéressent à des aspects techniques. Celui du relief dont l’histoire est retracée de 1911, où l’électro-théâtre « Tanagra » de Saint-Pétersbourg montre des images stéréoscopiques selon le système Oskar Messter, au Robinson Crusoe de 1947 selon le système Semen Ivanov, puis par la suite dans les années 1950 et continûment jusque dans les années 1990, notamment en 70 mm, une trentaine de villes de l’Union étant équipée d’écran « stéréo ». Une enquête du même type est menée sur la couleur, apparue dans les salles dans les années 1910. C’est en 1931 que l’industrie soviétique commence à développer des recherches au sein de l’Institut de recherche scientifique pour le cinéma et la photo (NIKFI), lesquelles aboutissent à la fin des années 1930 (Medvedkine réalisant le premier documentaire). Dans la partie « Documents » Jamie Miller examine la question politique dans le studio de la Mejrabpom en publiant plusieurs sources. La charte du studio définissant ses tâches, ses moyens, son capital ; une lettre de 1924 de B. Pavlovski, au nom du parti bolchévique adressée à Madiaru du Komintern, rappelant l’origine de la Compagnie Rouss et ses relations avec le Mejrabpom et la nécessité de séparer les deux entités et d’unifier la Mejrabpom et le Proletkino pour produire des fictions, organiser les actualités internationales et d’aider le Komintern à développer sa propagande. Le troisième document provient du Glavrepertkom et a pour objet le Miss Mend de Barnet et Ozep qui, en l’état, présente une « distorsion de la lutte révolutionnaire » et ne saurait être diffusé sur les écrans soviétiques ni exporté. Une série de modifications visant à faire mieux apparaître le lien entre le fascisme et le capitalisme dont il procède sont préconisées ainsi que des coupes (dont des scènes qualifiées de « sadiques », une scène de danse d’une femme noire, des gros plans de coups de poing, etc.). Un télégramme de 1936 de Molotov à Kerchentsev et Choumiatski juge le film l’Accordéon « stupide, vulgaire et étranger [aux valeurs soviétiques] » et demande qu’il soit retiré des écrans et interdit d’exportation. La réponse de Choumiatski deux jours plus tard précise que ce film a été produit par la Mejrabpom « qui ne relève pas de la juridiction du GUFK », qu’il a été accepté par la Commission du cinéma et le Glavrepertkom, qu’il a été montré à une série de camarades et de dirigeants du Komsomol. Enfin il informe des mesures qu’il a prises visant à faire retirer le film de la distribution et interdire de le vendre à l’étranger. Plusieurs articles sont ensuite repris concernant la Mejrabpom parus dans Sovietski ékran (de 1929), Vertcherniaïa Moskva (de 1930 et 1933) faisant état globalement de la production du studio, de sa politique et de sa situation financière (les dépassements de coûts sont relevés, des primes dénoncées) et des purges effectuées en son sein. Enfin deux documents illustrent la fin de la Mejrabpom avec une lettre de Münzenberg au secrétaire du Comité Central du parti communiste, Ejov, datée de 1935, relevant un certain nombre de difficultés liées à l’autonomie et la direction de la Mejrabpom ainsi qu’à la fermeture d’un second studio et le décret de juin 1936 du parti communiste signant la liquidation de la Mejrabpom.
Pour citer cet article
Référence papier
François Albera, « Studies in Russian & Soviet Cinema, vol. 6, n° 2, 2012 », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 69 | 2013, 219-220.
Référence électronique
François Albera, « Studies in Russian & Soviet Cinema, vol. 6, n° 2, 2012 », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 69 | 2013, mis en ligne le 15 avril 2014, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/1895/4663 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/1895.4663
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page