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Ismail Xavier, Glauber Rocha et l’esthétique de la faim

Paris, L’Harmattan, « Recherches Amériques latines », 2008, 216 p.
Claire Angelini
p. 218
Référence(s) :

Ismail Xavier, Glauber Rocha et l’esthétique de la faim, Paris, L’Harmattan, « Recherches Amériques latines », 2008, 216 p.

Texte intégral

1Préfacée par Mateus Araújo Silva, cette édition française d’un livre paru en 1983 au Brésil, par l’un des commentateurs essentiels du Cinema Novo, par ailleurs grande plume de la critique dans ce pays, a curieusement été publiée dans le champ des études latino-américaines, ce qui en a rendu la parution invisible jusqu’à ce jour auprès des spécialistes français du cinéma. Or cet ouvrage mérite à plus d’un titre une lecture attentive.

2Privilégiant d’emblée l’analyse individuelle de certains films-clé de Rocha, en particulier Barravento, ou le Dieu noir et le diable blond (Deus e o Diabo na Terra do Sol), le livre cherche à dégager, dans le contexte du cinéma brésilien de son temps, la spécificité du projet esthético-politique de Glauber, et pour cela, va développer une méthode d’analyse au plus près de son objet, et dans la relation aux productions de son temps (tel que O Cangaceiro de Lima Barreto).

3De quoi s’agit-il, en effet ? Posant d’emblée les éléments de contradiction observables dans l’œuvre de Rocha comme ferments de la réflexion qu’il développe, Xavier se livre à une étude minutieuse de ce que la matière des films comme organisation d’images, de sons, de plans délivre. Cette méthode, qui n’est pas sans rappeler le postulat benjaminien selon lequel il s’agit de tirer enseignement d’un matériau donné et non d’appliquer à celui-ci une grille d’interprétation préétablie, porte ici ses fruits tout au long du livre en ce qu’elle nous montre (et nous démontre) comment l’invention stylistique est bien, chez Rocha, la condition de son art politique, via la texture même des œuvres et dans les agencements effectifs d’images et de sons producteurs de sens, et comment le passé et la violence sont, chez lui, « l’objet d’une réflexion tendue et dramatique » qui ne prétend pas résoudre mais porter à leur incandescence les contradictions d’un pays (le Brésil) et d’une époque (les années 1960), en récusant justement le partage entre l’invention formelle et la vivacité politique. Cette conjonction comme projet de cinéma, nous est rappelée ici dans un livre qui, tout en permettant une relecture de Rocha aujourd’hui, s’offre donc aussi comme un possible manifeste en direction du jeune cinéma actuel et de son rapport au politique, au-delà d’un simple « partage du sensible ».

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Pour citer cet article

Référence papier

Claire Angelini, « Ismail Xavier, Glauber Rocha et l’esthétique de la faim »1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 69 | 2013, 218.

Référence électronique

Claire Angelini, « Ismail Xavier, Glauber Rocha et l’esthétique de la faim »1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 69 | 2013, mis en ligne le 01 juin 2016, consulté le 11 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/1895/4660 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/1895.4660

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Auteur

Claire Angelini

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